Introduction :
Ces messages ont été reçus
par Jeanne Marie Tachet.
Son surnom était Jeannette.
Elle est née le 17 avril 1924 à Ortoncourt.
Le 18 juin 1940 a eu lieu le premier appel de Notre Seigneur à Jeannette,
qui lui a dit :
"Ma fille, quitte tout et suis-Moi"
puis, le 27 novembre 1942,
Jeannette se sentis poussée à demander dans quel ordre.
Il lui fut répondu, très net, et très clair:
« Chez les
épouses très chères à mon coeur, les Clarisses. »
Monastère du Val d'Ajol Jeannette est entrée au Monastère du Val d'Ajol (88) comme postulante, pendant le mois de décembre 1945.
C'est en 1957 qu'elle a prononcé ses voeux dans un autre Monastère : Notre Dame de la Charité à Chevilly-Larue (94).
Photo ci-dessus : Chapelle du Monastère de Chevilly-Larue
Le nom de religieuse que Notre Seigneur lui avait donné était SŒUR MARIE IMMACULEE DE l’EUCHARISTIE. Jeannette deviendra alors Soeur Marie de l'Eucharistie. Les apparitions dureront jusqu'à la fin de l'année 1945. (Jeannette vivra jusqu'à l'âge de 71 ans; décédée le 29 décembre 1995).
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L'abbé de la paroisse à cette époque était l'abbé Rhote. |
Les messages avaient été dactylographiés par l’Abbé Pierre Paul Briot de Domptail.
Photo ci-dessus : le Père Lamy et l'Abbé Briot en 1922
L'abbé Pierre Paul Briot, connu aussi comme responsable national du Mouvement Sacerdotal Marial (MSM), avait fait ériger une statue en l’honneur de Notre Dame de Domptail pour remercier la Très Sainte Vierge de Sa protection durant la guerre.
A cette époque, on désignait les évêques comme "princes de l'Eglise"
Pour Ortoncourt, entre 1940 et 1945, le prince de l'Eglise était Emile Blanchet .
Mgr Emile Blanchet
Le prince de l'Eglise est cité dans le message donné par la Vierge Marie le 30 novembre 1945 :
"(...) Je bénis tout particulièrement le Prince de l'Eglise qui croit à tes messages.
C'est celui qui habite la Ville Lumière. Sur sa paroisse, je fais descendre beaucoup de grâces.
Lui-même, Je l'enveloppe dans Mon manteau et Je le soutiens dans sa lourde tâche (...)"
Dans l'attente d'une procédure de reconnaissance des apparitions d'Ortoncourt de 1940 à 1945 par l'Eglise Catholique, vous pouvez consulter les messages.
Nous remercions toutes les personnes qui par leur prière se joindront à cette demande qui a été transmise aux Evêchés concernés.
Les prières et litanies publiées sur ce site internet attendent l'Imprimatur.
Le village d'Ortoncourt fait partie de la paroisse
Notre-Dame-de-la-Mortagne qui appartient au Doyenné de Rambervillers et compte
20 villages dont 17 églises :
Anglemont, Bazien, Clézentaine, Deinvillers, Domptail, Doncières, Fauconcourt,
Hardancourt, Ménarmont, Ménil sur Belvitte, Moyemont, Nossoncourt, Ortoncourt,
Romont, Roville-aux-Chênes, Saint-Genest, Saint-Maurice-sur-Mortagne,
Saint-Pierremont, Sainte-Barbe et Xaffévillers.
Le curé modérateur actuel de cette paroisse est le Père Antoine Viry.
Pour information :
Au sujet du Dictionnaire des Apparitions de la Vierge Marie du Père Laurentin :
Ce dictionnaire donne de fausses informations sur Ortoncourt en 1940.
Therese Coat est mentionnée alors qu'il s'agit en fait de Jeanne-Marie Tachet comme indiqué ci-dessus.
Avec les 3 apparitions dont la dernière en 1946, ces erreurs ont été signalées à
Patrick Sbalchiero co-auteur ainsi qu'à l'éditeur Fayard.
Au sujet du Dictionnaire Encyclopédique de Marie
de Pascal-Raphaël Ambrogi et Dominique Le Tourneau, aux éditions Desclée de Brouwer,
erreurs identiques signalées à l'éditeur.
Au sujet du livre :
Lorsque Marie paraît : La grande et étrange histoire des apparitions de la Vierge
de Daniel Costelle c'est encore Therese Coat qui est citée pour Ortoncourt.
Cette erreur a été signalée à l'éditeur Robert Laffont.
Les Messages
(D'après les manuscrits
de Jeanne-Marie Tachet; "Jeannette")
Commentaires, descriptions et ajouts entre parenthèses :
Jeanne-Marie Tachet et Père Briot
Voici les messages classés par dates :
Accès direct par année : 1940 1942 1943 1944 1945
18 Juin 1940 : Fête du Cœur Eucharistique de Jésus. 15h. 1er appel
Etant seule à la salle à manger, en train de tricoter, j'étais toute occupée à mon ouvrage, et ne pensais à rien; pourtant mon âme était dans un bien-être et un calme profond ;
puis il se fit en moi un grand recueillement, et une douce joie m’envahit,
mon ouvrage glissa de mes mains, et j’entendis très nettement,
prononcées par une voix très lente, très douce ces paroles :
"Mon enfant, quitte tout, et suis moi."
Quel moment: mon corps semblait être séparé des choses qui m’entouraient,
je sentais mon coeur bondir dans ma poitrine; et mon âme était si près de son Jésus,
qu'elle était toute embrasée d’amour.
J'étais toute heureuse, et j'aurais voulu crier mon bonheur à mes parents,
mais quelque chose en moi m'empêchait de parler.
Ce fut l'instant d'un éclair, tout en moi redevint dans le calme et la paix, mais je me sentais comme environnée d’une douce lumière;
je ne pouvais me remettre à tricoter, car mes mains tremblaient, je sentais fortement que Jésus me voulait Son épouse.
Je remerciai Dieu de cette grande grâce, car moi, si pauvre et si indigne, je ne méritais pas d'être placée parmi des âmes qui Lui sont si agréables.
Que Sa volonté soit faite et non la mienne.
24 Septembre 1942 : Fête de Notre Dame de la Merci. 21h
Il m’a été donné ce soir-là de comprendre une fois de plus la grande bonté de N.S. à mon égard.
Seule dans ma chambre, au pied de mon lit, je faisais comme chaque soir quelques minutes de méditation; je me rappelle que mon sujet de méditation était sur l'enfer, tout en moi était très calme, quand subitement tout changea, j’entendis intérieurement:
"Mon enfant, quitte tout ".
Ces paroles furent dites tristement, lentement, et malgré que mon âme était dans la joie, je me mis à pleurer, toute la nuit je ne pus dormir, j’avais peine à croire à la réalité, et le lendemain j'éprouvai une joie que je ne puis décrire. Malgré mes infidélités sans nombre à me reprocher, je ne puis dire comme je me vois indigne des grâces que le Bon Dieu m'a faites.
II est véritablement la Bonté infinie.
27 Novembre 1942 : Fête de la
Médaille Miraculeuse. 21h
Je ne pourrai jamais assez
remercier Dieu pour tout ce qu'il fait pour moi.
Au pied de mon crucifix, je me sentais bien recueillie, la présence de N.S.
remplissait mon âme, de telle sorte que je ne pouvais penser à rien qu’à Lui
seul, puis toute intimité disparut, je fus comme plongée dans un trou noir;
voulant me relever, puisque je ne pouvais plus prier, je
fus comme repoussée par une main invisible au pied de mon lit, et à ce même
moment, au fond de mon âme je fus pénétrée d'un grand recueillement, et d'un
silence profond, et j'entendis ces paroles très lentes, très persistantes, et
comme empreintes de tristesse, de douleur :
"Ma fille, quitte tout et suis-moi " et au même instant, au fond de moi-même je me sentis poussée à demander dans quel ordre. Il me fut répondu, très net, et très clair:
"Chez les épouses très chères à Mon coeur, les Clarisses . "
Je ne puis décrire ce que j'ai ressenti, car je ne trouve pas les mots qui puissent dire la joie que j'ai éprouvée. Ce que je puis mettre c'est que mon coeur me faisait mal, car je croyais qu'il voulait sortir de ma poitrine. Je m’humiliai profondément devant ce Jésus, reconnaissant ma misère, devant cette sainteté infinie qui veut bien s'abaisser jusqu’à moi. La nuit, ces paroles revenaient sans cesse à mon esprit. Je sentais que je devais m’abandonner à N.S. et me soumettre à sa sainte volonté.
Comment exprimer le bonheur qui
a rempli mon âme dans ces quelques minutes où Jésus est encore venu m’appeler.
21h30 sonnaient, j'étais dans ma chambre, et comme je revenais de l'église où
j'avais passé une heure dans la prière et la méditation, je n'avais aucun
attrait pour me recueillir, je m'apprêtais à me déshabiller quand je me suis
sentie poussée à me mettre à genoux, c'était bien malgré moi, car je n'avais pas
envie de prier; pourtant, j'étais heureuse, je me mis donc à genoux, et la tête
dans les mains je cherchais à parler à Dieu, mais aucune prière ne vint; au
contraire, tout changea, une grande tristesse m'envahit, et mon coeur fut comme
chargé d'un poids lourd; à ce même moment j’entendis intérieurement une voix qui
me dit :
"Viens, Mon enfant, dans une profonde solitude, pour voir ce que tu es, et pour mieux apprendre à Me connaître. "
Cette phrase fut
prononcée encore plus lente que les précédentes, il me semblait qu’il y avait
beaucoup de tristesse, c’était pour moi une supplication; devant ce nouveau
trait de lumière, je fondis en larmes, car je compris que N.S. me voulait toute
à Lui. Toute tristesse s'évanouit, je me suis sentie bien recueillie, je me
trouvais si près de Lui, que je jouissais d’un bonheur incompréhensible, tout ce
que je vous écris là, mon Père, ne me parait rien à côté de ce que j'ai éprouvé.
Je ne puis vous décrire toutes les joies que j'ai ressenties car c'est au dessus
de mes forces.
Mon désir est d'être une petite hostie, et de consacrer le reste de ma vie à lui
faire réparation, et à m'immoler à Sa gloire et à Son amour.
Accès direct par année : 1940 1942 1943 1944 1945
(Suite des messages)
Dimanche soir, étant très fatiguée, je n’avais aucune envie d'aller à la messe le lendemain.
Pourtant, en m’endormant, je
sentais une force qui me poussait à vaincre ma paresse.
A 6h30 du matin, ne pouvant rester dans mon lit malgré le peu de force et de
courage, je me levai, j'assistai à la messe sans plus de piété ni de
recueillement que les autres jours. Au contraire, il me fallait faire un certain
effort pour ne pas rêver. Quand arriva l'Elévation, au moment où le prêtre élève
la Sainte Hostie, j'entendis intérieurement une voix très distincte, très claire
qui prononça lentement ces quelques mots : « Je suis tant offensé. » Puis il y
eut une seconde d'arrêt, et la voix reprit plus tristement : "Mon enfant, viens
Me consoler."
Cela acheva de briser mon âme, mon coeur se mit à battre très fort. Je n'ai
jamais autant souffert qu'à ce moment-là. Je ne trouve pas de paroles ni de
comparaison pour l'exprimer. Cela a été jusqu'au plus intime de mon âme. Cette
souffrance fut si poignante, que souffrant déjà dans mon corps, je me sentis
partir en faiblesse. Malgré tous mes efforts pour rester à l’église, il fallut
que je sorte. Quand je fus couchée, mon âme revint dans la paix, et fut inondée
d'une grande joie. Je me sentis disposée à ne rien refuser à Jésus, à faire tous
les sacrifices qui se présenteront et qu'Il demandera de moi.
Je vois de plus en plus que je suis la plus indigne et la moins bien disposée
pour recevoir les lumières et les grâces, et si le Bon Dieu veut le faire
quelquefois à mon égard, c'est un pur effet de Sa miséricorde, qui a encore bien
à faire pour me convertir. Je comprends que la plus grande grâce que Jésus
puisse m'accorder, c’est de me faire souffrir pour Son amour.
22 Mars 1944 :
A 1 heure de l'après midi, je
fis mon chemin de Croix, si distraite, si dissipée, qu'il me tardait à ce que ce
fut fini. En moi, tout était sombre, je ne pouvais prier, tellement mon esprit
était occupé des choses de la terre.
Au pied du Maître-Autel je me sentis plus recueillie, j'éprouvais comme une
force surnaturelle qui me tirait au dessus de moi-même. Mon âme fut remplie d'un
grand calme, et la tête dans les mains, je restai un long moment silencieuse,
unie à Notre-Seigneur.
Dans cette grande paix, j'entendais très distinctement une voix qui m’appelait :
« Jeannette.» Croyant que c'était Françoise qui venait me chercher, car je
n'avais pas fait attention d'où venait l'appel, je me retournai, puis ne voyant
rien, et croyant que je rêvais, je voulus me remettre à prier, mais à ce moment
là, il sortit du tabernacle ces paroles, prononcées par la même voix très douce,
très pénétrante : "Regarde, comme les pécheurs me traitent." II y eut une
seconde de repos, puis la voix reprit, plus lentement : "Ma fille, Me veux-tu
bien donner ton coeur, pour faire reposer Mon amour souffrant que le monde
méprise." Les yeux attachés sur le tabernacle, j'aurais voulu ouvrir la porte,
tellement cette voix attirait, je m'anéantis aux
pieds de Jésus, le visage baigné de larmes, comprenant mon indignité.
Quel moment. Mon âme était dans une joie que je ne puis décrire. Cela passa
comme un éclair.
J’ai beaucoup souffert de sentir Notre Seigneur outragé, et aussi de mon
impuissance à réparer, et à Le consoler, moi qui ne suis que misère et pauvreté.
Mon esprit ne pense plus qu'à ces paroles, qu'à cette voix. Comme j'aurais tout
quitté pour la suivre.
En passant devant la statue de la Très Sainte Vierge, je lui demandai sa
bénédiction, et au fond de mon cœur, il sembla qu'elle me disait : « Pleure mon
enfant, pleure les douleurs de mon Divin Jésus, douleurs qui sont si oubliées."
"Regarde, comme les pécheurs Me traitent."
Après une seconde d'arrêt, la voix reprit plus
lentement :
" Ma fille, me veux-tu bien donner ton cœur, pour
faire reposer Mon Amour Souffrant que le monde méprise."
20 Mai 1944 :
« Ma fille, sois plus silencieuse. »
11 Juin 1944 : Solennité de la
Fête-Dieu à Fauconcourt, au pied du reposoir :
« Mon enfant, Je vous bénis
tous. Ayez grande confiance. »
16 Juin 1944 : Fête du Sacré-Cœur.
Pendant que le prêtre récitait l'Acte de Consécration :
« Ma fille, Mon Cœur Sacré qui, dans une infinie
dilection pour les hommes a institué au Cénacle cette merveilleuse Eucharistie,
(une pause) en cette heure
solennelle, de cet océan d'amour, s'épanche des fleuves de tendresse.
18 Juin 1944 :
« Ma fille, je renouvelle Ma demande : QUITTE TOUT... ET SUIS-MOI. »
20 Juin 1944 :
« Ma fille, sois en paix. Pour le pasteur, Je veille sur lui, et le protège.
Ayez une ferme espérance. Mon Sacré-Cœur ne vous abandonne pas, car Il est plus
proche de vous, lorsque vous souffrez que lorsque vous jouissez. Je suis le
Maître des Cœurs, Je les mène doucement où Je veux. Sois tranquille. »
27 Juin 1944 :
« Ma fille, prie seule, prie la nuit. Aime, chéris la prière nocturne et
solitaire. Quand tout sommeille sur la terre, veille et prie. Il est si doux
d'être en tête-à-tête avec ceux qu'on aime, au milieu du silence. Pendant que
tout se tait, que tout est noyé dans l'ombre, viens à Mes pieds, épanche ton
cœur dans Mon Amour, Me disant que tu M'aimes. Sois simple, sois « toi » avec
Moi. J'aime tant qu'on soit naturel. Car Je t'aime, mon enfant bien aimé, Je
t'aime .... »
2 Juillet 1944 :
« Ma fille, dis à ta sœur que Ma Divine Mère veille sur elle, qu'elle reprenne
courage, je la bénis ainsi que le pasteur et le petit groupe de privilégiés.
Venez à Moi ; vous tous qui souffrez, et qui êtes accablés, et Je vous
consolerai. »
4 Juillet 1944 :
« Mon enfant, ne pleure plus, l'âme qui t'est très chère à de grandes
difficultés. Prie pour elle. Bientôt tu recevras une lettre. Je vous bénis. »
8 Juillet 1944 :
« Ma fille, Ma Divine Mère vous bénis. »
12 Juillet 1944 :
Maman recevait hier après-midi, un coup de téléphone la prévenant que sa sœur
habitant Moyenmoutier venait d'être transportée d'urgence à Raon L'Etape et
qu'elle allait au plus mal. Le soir après avoir dit mes prières, je me couchai
et m'endormis bien vite, quand, vers 11 h ; sonnant, je fus réveillée
brusquement par un bruit de chaînes, et une voix en détresse, m'appelait :
«
Jeannette ». Je bondis de mon lit, je courus ouvrir la porte de ma chambre, car
ce bruit de chaînes continuait toujours, mais tout devint calme ; seule maman ne
dormait pas, en entendant du bruit, elle ouvrit sa porte, me demandant ce que
j'avais, mais j'étais déjà retournée dans ma chambre. je ne pus dormir, j'avais
dans la tête ce bruit de chaînes, et cette voix qui semblait m'appeler au
secours. J'eus peur, des frissons me prirent, je pris mon chapelet et j'invoquai
ma bonne maman du Ciel, qu'Elle me protège. (Je ne pensais pas du tout à ma
tante). Quand dans le calme de la nuit, une voix très douce vint frapper à mes
oreilles et me dit : « Ma fille, prie. L'âme qui est très chère à ta maman vient
de quitter la terre. Elle est entrée au Purgatoire. »
Devant cette grande
lumière, je me mis à pleurer et récitai mon chapelet avec plus de ferveur. Ce
matin, je gardai le silence, car Françoise partait à Moyenmoutier pour avoir des
nouvelles. Voici ce qu'elle rapporta :
A 11 h. sonnant, ma tante mourait à l'hôpital, sans aucun membre de sa famille,
seule, une religieuse l'assistait.
16 Juillet 1944 :
« Ma fille, considère la dignité, la grandeur
et la sainteté du prêtre.
Etre prêtre, c'est être ange, Je veux être environné et accompagné d'anges en la
terre, comme Je le suis au Ciel. Ces anges de la terre, ont un pouvoir plus
grand que les anges, que les chérubins et les séraphins du ciel. C'est pourquoi
ils devraient être plus purs que les anges, plus lumineux que les chérubins, et
plus embrasés de l'amour divin que les séraphins.
Dis au pasteur qu'il doit être de plus en plus LUCERNAE ARDENTES LUCENTES, pour
éclairer, pour enflammer les autres, de la lumière et du feu du ciel. Je te
bénis. »
21 Juillet 1944 :
« Mes enfants, priez, priez, répétez indéfiniment à Marie votre humble Ave, et
de ce grain de blé obscur, une grande paix germera, une Mère comprend tout, et
ne refuse rien. Ma fille, que de ruines accumulées en France. Que de larmes et
de sang versé. »
25 Juillet 1944 :
« Mon enfant, tiens-moi fidèle compagnie, car Je suis tant offensé, si rebuté.
(La voix reprit plus lentement) : Je veux que tu Me consoles. »
28 Juillet 1944 :
« Mon enfant bien aimé, sois toujours prête et disposée à Me recevoir, car je
veux désormais faire Ma demeure en toi.
Je veux que tu me serves d'instrument pour attirer des cœurs à Mon Amour. Je Te
bénis ainsi que le pasteur. »
1° Août 1944 :
« Mes enfants, veillez sur vous, tout spécialement par rapport à la
charité, et
soyez sûrs que chaque fois que vous êtes durs en pensées ou en paroles pour le
prochain, votre cœur n'est pas inspiré par Mon Sacré-Cœur qui est un océan de
compassion pour vos misères, et qui aime particulièrement les âmes qui ne se
permettent jamais de juger durement le prochain.
Au Cénacle où Mon Cœur débordait d'amour et de douleur ; sur le point de quitter
Mes disciples, Je leur donnai une sublime leçon d'amour qui contenait ses
enseignements. Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez les
uns les autres, comme moi-même Je vous ai aimés. Tout le monde reconnaîtra que
vous êtes Mes disciples, si vous avez de l'affection l'un pour l'autre. La
charité n'est pas seulement le don d'une aumône au prochain. Elle est l'amour du
prochain jusqu'au don de soi, au don de sa vie même. Aux âmes ferventes, Je leur
demande de plus en plus la prière, surtout le chapelet, elles feront au Cœur de
leur Mère un plaisir indicible. Priez pour ceux que la douleur écrase. Comme
Marie au pied de la Croix restez debout".
2 Août 1944 :
« Mon enfant, le message que J'adresse est pour la maman
qui n'est pas là, mais dont le cœur est broyé de douleur, ton frère et ta sœur.
L'enfant que vous pleurez est infiniment heureux, car, à ses derniers moments,
il a goûté la présence de Marie, il a senti la main de sa Divine Mère lui fermer
les paupières et le guider vers le Ciel. Lorsque les poussins sont menacés, ils
se réfugient sous les ailes de leur Mère. Cet enfant a fait de même et s'est mis
sous la garde de sa Mère du Ciel. Dans vos peines, et vos angoisses, allez à
Marie, tout doucement ; Elle guérira vos plaies, fortifiera votre cœur et vous
remplira d'un nouveau courage. (Il y eut une petite pause, et Jésus reprit, il
me semblait qu'il regardait chaque pasteur : ) Je désire que les pasteurs soient
de plus en plus des âmes victimes pour consoler Mon Divin Cœur. Mes enfants, Je
vous bénis. »
6 Août 1944 :
« Mon enfant, tu vois comme le pasteur est persécuté. Ce
n'est que jalousie, soupçons injustifiés, ingratitude et méchanceté. (Ici Notre
Seigneur semblait regarder avec bonté Monsieur le Curé). Pourtant Mes prêtres
sont dignes de tout respect. Ils sont les pères spirituels des chrétiens, l'âme
et la vie du monde.
Ma fille passe cette journée en réparation, en adoration, en amour".
9 Août 1944 :
« Mon enfant, dis au pasteur que Ma Divine Mère la guérira ».
10 Août 1944 :
« Mon enfant, dis au pasteur que ces personnes restent à leur foyer. Ma Divine Mère les protège ».
13 Août 1944 :
« Ma fille, pour ce jeune homme et cette jeune fille, que le pasteur n'en parle pas au public, mais qu'il soit très sévère, car ce sont les péchés de la chair qui se commettent le plus ». (La voix se fit plus douce) Mon cœur si aimant, se voit payé de tant de mépris et d'outrages. Pourtant c'est le foyer d'où jaillissent tant de merveilles d'Amour, sur le monde des âmes. Mon enfant, satan va te tendre des pièges. Ferme bien la porte de ton cœur, pour que rien de créé n'entre dans Mon Domaine, car Je veux y régner tout seul ».
14 Août 1944 :
« Ma fille, dis au pasteur, qu'il ne se tracasse pas. Je veille sur lui ».
15 Août 1944 :
« Ma fille, en ce beau jour de l'Assomption Ma Divine Mère est avec vous, présente au-dessus de l'autel, portée par une légion d'anges, escortée d'une foule innombrable d'esprits célestes, et de saints. De Ses mains se répand sur les âmes et sur la terre entière des torrents de grâces. Mon enfant, écoute chanter Ma Mère très aimée et les anges ». (J'entendis une douce musique, puis une seule voix très mélodieuse entonna le Magnificat, ensuite un immense chœur reprit une à une les strophes). Les voix s'évanouirent, oh, comme j'aurais voulu m'envoler. Je n'entendis pas la fin du chant, car la voix de Jésus reprit : « Ma Mère est si grande, si heureuse au Ciel. L'humble Vierge, la petite servante est Reine du Ciel et de la terre, Elle sourit à tous ses enfants, et avec tendresse Elle vous bénit. Confiance, l'heure du Triomphe est proche. Je vous bénis ».
17 Août 1944 :
« Mon enfant, Ma Divine Mère est infiniment heureuse de voir Ses enfants prier à Ses pieds ; elle incline la tête et vous regarde en souriant. L'Ave Maria, c'est un baiser que vous lui donnez, une rose vermeille que vous Lui présentez, une perle précieuse que vous Lui offrez ; le chapelet est la chaîne d'or qui vous relie à votre souveraine et le long de laquelle les grâces et les bénédictions descendent du Ciel. Son désir est que Ses enfants viennent La prier souvent dans cette intimité. Avec Amour, nous vous bénissons ».
18 Août 1944 :
« Mes enfants, priez, car la France souffre et l'orage approche. Ma Divine Mère ne cesse de verser, sur la terre, les flots de Sa Miséricorde. Lorsqu'un enfant, de tout son cœur dit à sa mère : « Je t'aime » et que, pour sceller cette déclaration, il imprime un baiser sur le front maternel, est-il une chose que sa mère peut lui refuser ? Mes enfants, demandez et vous serez comblés. Pour toi, Ma fille, Je désire que tu te tiennes cachée. Dis au pasteur qu'il peut parler de toi à certaines personnes du groupe. Qu'il soit très prudent. Ames très chères, Je vous bénis ».
18 Août 1944 :
« Mon enfant, dis au pasteur que j'approuve la liste. Je vois que tu es inquiète. Tu as peur. Ma Jeannette, ne crains rien, Je suis Ton protecteur".
19 Août 1944 :
« Ma fille, pour ta sœur qui est dans une cruelle
épreuve, qu'elle mette sa confiance toute entière en Marie et qu'elle ne craigne
pas. En ce moment, elle est plongée dans la nuit où tout est agonie ; les heures
du chemin de Croix, les heures du crucifiement et les nuits du sépulcre sont
longues. Qu'elle reprenne courage, elle verra bientôt par delà les cimes de son
calvaire le splendide soleil du Triomphe. Je veille sur celui qui lui est très
cher ».
20 Août 1944 :
« Ma fille, dis au pasteur, à ton frère et à ta sœur, qu'ils prient beaucoup pour toi, car tu vas en avoir grand besoin. Je vous bénis ».
22 Août 1944 :
« Ma fille, ce message, Je l'adresse à tes chers parents. Je vous donne Ma paix, ne craignez pas. Votre fille a choisi la meilleure part et elle ne lui sera point ôtée. C'est un Dieu crucifié qu'elle veut épouser, et c'est pourquoi il lui faut dire adieu à tous plaisirs de la vie. Je la veux dans une complète solitude et c'est au Val d'Ajol parmi Mes épouses très chères que je l'attends. Certes, le sacrifice sera dur, mais Mon Cœur s'ouvre à vous. C'est la source de la confiance, de la paix et de la joie. Réjouissez-vous, car c'est une fleur que Je cueille, une fleur chargée de la goutte de rosée qui n'a réfléchi que le dernier rayon du soleil levant et qu'aucune poussière terrestre n'a ternie. Mes enfants, ayez grande confiance. Priez. Je vous bénis ».
22 Août 1944 :
« Mon enfant, abandonne tout à Mon bon plaisir, sans t'occuper de Mes desseins, car J'aurai besoin de toi. Je vous demande de prier pour votre sœur (Adeline), car elle a de grandes difficultés. Je vous bénis ».
24 Août 1944 : A FAUCONCOURT :
« Ma fille, pour cette jeune fille, qu'elle fasse ce que
les « maquis » lui ont dit, mais qu'elle ne craigne pas. Je veillerai sur elle
».
Chez Monsieur Cholley :
« Ma fille, pour ton frère (Monsieur Rhote), qui a eu une si grande confiance en
toi, Je lui réserve de grandes joies ».
25 Août 1944 :
A une dizaine pour M. le curé de X... après la messe :
« Ma fille, pour le pasteur, Je lui accorderai les grâces qu'il désire. Lui
aussi verra de beaux jours. »
A 12 h., à une demande du pasteur :
« Ma fille, Je conseille au pasteur d'envoyer la lettre qu'il a écrite. Ta sœur
monte son Calvaire, la croix devient plus lourde, mais qu'elle se réfugie chez
ses parents et qu'elle attende. Priez, Je vous bénis. »
Le soir, à 9h. au chapelet familial, chez M. C. à la 4° dizaine :
« Mes enfants, vous ne passez aucun soir sans venir adresser à Marie la pieuse
série des salutations angéliques, vous lui procurez une joie infinie. Vous avez
répondu si bien à son appel, qu'elle verse sur chacune de vos âmes une pluie de
grâces, priez pour le Dauphin, priez, car l'orage GRONDE. Mais gardez le sourire
malgré les heures terribles qui vont venir.
Ma Divine Mère étend sur votre petit village son manteau bleu. Je vous bénis. »
27 août 1944 :
« Ma fille, dis au pasteur que pour ce jeune homme qui
veut s'engager dans le maquis, qu'il n'attende pas, car le dénouement est
proche.
Pour ta sœur qui souffre, Ma Divine Mère veille sur elle. J'ai besoin de ses
souffrances. Petit groupe privilégié, priez. Je vous bénis".
28 août 1944 :
« Ma fille, pour ton frère qu'il ne s'inquiète pas pour
l'avenir. Ma Divine Mère ne l'abandonnera pas. Qu'il reste chez lui, confiant et
calme.
(Avec plus de tendresse, plus douce, la voix se tourna vers Monsieur le Curé,
puis vers moi et Jésus dit) : « Mes deux enfants, Je vous bénis. »
28 août 1944 :
« Ma fille, pour ta sœur qui souffre, qu'elle suive les conseils de ce jeune homme. Qu'elle soit confiante et qu'elle prie, Je la protègerai. »
29 août 1944 :
« Mes deux bien-aimés, consolez-Moi, car Je suis tant
offensé. Je demande au pasteur d'attendre avant de prendre une décision".
A une dizaine pour Mr. le Curé de D...
« Ma fille, dis au pasteur que Ma Divine Mère veille sur ses paroissiens. Elle
étend aussi son manteau bleu sur son village.
Pour mon futur pasteur, qu'il ne parte pas.
Pour le pasteur, qu'il ne se tracasse pas. Je veille sur lui.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Dans la nuit du 30 août :
Je dormais profondément, quand brusquement, je fus éveillée en sursaut. J'entendis tout près de moi, un rire forcé, j'allumai, puis croyant que je rêvais, j'essayai de dormir, mais je sentis une force qui me terrassait, je ne pouvais plus bouger, j'avais du mal à respirer, je tremblais, je voulais crier, aucun son sortait de ma gorge, quand le rire sonna plus fort et, plongée dans l'obscurité, un voix railleuse me dit : « pourquoi veux-tu prier et t'immoler pour les autres, misérable que tu es. Le Bon Dieu n'écoute pas tes prières. Elles ne lui sont pas agréables. Tu es trop mauvaise pour obtenir des grâces aux autres. (La voix se fit plus douce) Quitte tout cela, viens à moi, je te donnerai des joies beaucoup plus belles. » Sans aucun doute, c'était satan, car il parlait très vite. Je le sentais tout près de mon visage, car je recevais ces paroles comme des coups de vent. Je fis mon signe de croix, alors, il se fit un grand bruit, puis j'entendis un cri de rage et tout devint calme.
30 août 1944 :
« Ma fille, dis au pasteur (X...)
qu'il se rassure. Je veille sur ses deux paroisses. Pour la grâce qu'il désire,
je lui accorderai. Mes enfants, priez, car les heures graves approchent. Je vous
bénis".
Puis un peu plus tard :
« Ma fille, satan te guette et te donne des distractions. Voici la phrase : Dis
au pasteur qu'il se rassure. Je veille sur ses trois paroisses. Pour la grâce
qu'il désire, Je la lui accorderai. Pour toi ne crains pas. Je veille sur Ma
Jeannette. »
31 août 1944 :
« Ma fille, dis à ta sœur (Mlle. L.) que Ma Divine Mère
veille sur sa famille et protège les 2 enfants qui sont en exil.
Courage, Ma fille, l'amour fait tout supporter. Je t'ai créé pour souffrir dans
le temps et pour M'aimer dans l'éternité".
31 août 1944 à 3h30 :
« Mes deux enfants, comme Je suis heureux de vous voir à Mes pieds égrener vos Ave. Ma Divine Mère est là qui vous regarde, les bras étendus vers vous et les mains chargées de grâces. Avec amour, nous vous bénissons".
1er septembre 1944 :
« Mes enfants, Je vous demande de réserver un chapelet pour votre sœur, pour le Roi et le futur Pape. Le jour de la Nativité sera un grand jour, car la France sera délivrée. Ames très chères, Je vous bénis".
1er septembre 1944 :
« Mes enfants, ne vous laissez pas troubler par les
événements qui menacent. Mettez votre confiance en Marie quoique le monde et
l'enfer grondent. Quand la souffrance viendra vous visiter (Ici Jésus d'arrêter,
puis reprit plus lentement, avec de la souffrance dans la voix, il me semblait
même qu'il regardait certaines personnes), et elle
viendra, allez à Marie, jetez votre cœur dans son Cœur, vous serez
soulagez et compris. Cela fait tant de bien d'être compris.
Ma Divine Mère a été ce que vous êtes. Elle a travaillé, Elle a souffert. Elle a
pleuré. Plus vous serez humbles, plus vous permettrez à Marie d'être Mère.
L'enfant est d'autant plus à sa Mère qu'il est plus faible et plus petit. Je
vous adresse un dernier appel : priez, priez, priez plus que jamais. Je vous
bénis. »
2 septembre 1944 :
« Mes deux enfants, étant rebuté, chassé d'un grand
nombre de cœurs chrétiens et même de cœurs qui M'appartiennent dans un état plus
parfait, Je vous demande d'être de ces âmes qui se livrent entièrement à la
grâce, Me donnent la consolation d'offrir avec mon immolation vos continuels
sacrifices à Mon Père Eternel pour couvrir les crimes dont la terre est remplie.
Ma fille, tous les 1° vendredi, Je te priverai de ces moments si doux que tu
passes auprès de Moi. Mes 2 enfants, Je laisserai vos âmes abreuvées de
souffrance et, en apparence, seules sur la croix, car J'aurai besoin de ces
sacrifices pour quelques âmes qui négligent Mon service. Je désire que Mes âmes
consacrées, Me cherchent dans le combat, dans la souffrance et dans le travail.
Courage, Je suis près de vous. Je vous bénis".
2 septembre 1944 :
"Mon enfant, dit à ta sœur que l'âme qui lui est très chère est sous le manteau de Ma Divine Mère."
3 septembre 1944 :
"Ma Jeannette, si tu savais l'envie que J'ai de Te donner
un peu de joie. Verse ton âme dans la Mienne. Que J'entende le son de ta voix.
Mon enfant bien aimé, Je t'aime. N'hésite pas à Me demander ce que tu désires.
Il y a tant d'âmes qui souffrent. Je puis tout donner et Je donne toujours quand
ces biens sont utiles pour rendre les âmes plus saintes. Parle-Moi simplement.
Il n'est pas nécessaire de savoir beaucoup pour Me plaire; il suffit de M'aimer
beaucoup. Il faut Me parler toujours. Je veux tout savoir. Ce qui te touche, Me
touche. J'ai des lumières pour tes ténèbres, des baumes pour tes blessures, des
flammes pour consumer toutes tes misères. Mon enfant, parle, Je t'écoute. Tu
éprouves ce vague effroi qui n'est pas raisonné, mais qui oppresse. Confie-toi
complètement à Moi. Je suis là. Je vois tout. Je ne te délaisserai pas. Petite
Jeannette, donne-Moi un sourire et que ta devise soit : Un seul cœur, un seul
amour, un seul Dieu. Je vous bénis".
4 septembre 1944 1h30 :
"Ma fille, si J'avais demandé à ta sœur de se réfugier chez ses parents, c'était à cause des heures graves. Puisque ses beaux-parents ne la comprennent pas, Je lui demande de rester à son foyer, car Je la protégerai. Je vous bénis".
4h30 :
"Dis au Pasteur de Domptail que Ma Divine Mère étend Son
manteau bleu sur Ses 2 paroisses. Pour Mon futur Pasteur (Abbé M.), qu'il ne
craigne donc pas, puisqu'il sait que Ma Divine Mère le protège.
Aux 2 Pasteurs, ils pourront venir (Domptail et Xaffévillers) dans ton village,
car l'Archange Saint Michel sera à leurs côtés.
Pour ton frère (François...), il aurait du partir plus tôt au Val d'Ajol, car,
vois-tu maintenant, l'orage gronde. Mais qu'il ne craigne pas. Je veillerai sur
lui. Pour le Pasteur de Xaffévillers, dis-lui que Je veille sur sa chère maman
et Je lui donnerai de grandes grâces. Mes enfants, de beaux jours vous
attendent. Je vous bénis".
5 septembre 1944 :
Après le chapelet de 11h30, M. le Curé demande une
assurance pour ses villages, surtout pour Fauconcourt, occupé par les Allemands.
On récite une dizaine : "Mes enfants, dis au Pasteur qu'il se rassure. Les
Allemands ne sont que de passage. Bientôt ils quitteront la France".
Au chapelet de 6 h., chez Mme Pothier qui a la statue de la Très Sainte Vierge,
Jeannette qui n'avait fait que disputer parce que les allemands avaient
réquisitionné sa chambre reçoit le message suivant : "Ma fille, ne t'agites pas
ainsi. Tu es trop attachée à ta chambre; c'est pourquoi J'ai permis que l'on te
l'occupe. La nature se révolte, ton esprit ne pense qu'à cela et tu es trop
distraite en récitant ton chapelet. Sois moins attachée aux choses de la terre
et sois-Moi plus unie. Rappelle-toi ton néant et que tu es la victime de Mon Cœur, pour être toujours disposée et immolée pour la charité".
(A remarquer qu'aucun allemand n'a occupé la chambre. Nous avions récité une
dizaine à cette intention, après le chapelet de 5 h. N'étais-ce pas une épreuve
? Elle devait être occupée le 8 septembre, par d'autres).
Mercredi 6 septembre 1944 :
Au chapelet de 4h30, à la 3 dizaine :
"Mon enfant, le Pasteur peut prendre sans crainte sa bicyclette, car l'Archange
de Ma Très Sainte Mère veillera sur lui.
Mes deux enfants, qui récitez avec une grande ferveur votre chapelet, Je vous
comblerai. Demandez à Ma Divine Mère de vous apprendre à M'aimer comme Elle d'un
Cœur tout épris de Mon Cœur. Je voudrais que vous deveniez de petites sources,
où Je puisse venir y puiser la consolation. Je suis si méconnue. Soyez-Moi des
âmes rayonnantes. L'heure grave approche. Priez, car vous avez charge d'âmes. Je
vous bénis".
Jeudi 7 septembre 1944 :
Au chapelet de 6 h. chez Monsieur Pothier, à la 4 dizaine :
"Ma fille, sais-tu à quelle fin Je te donne Mes grâces si abondamment ? C'est
pour te rendre comme un sanctuaire, où le feu de Mon Amour brûle
continuellement. Demain, Je te réserve une surprise. Sois attentive à
l'Elévation. Je vous bénis".
Vendredi 8 septembre 1944 : NATIVITE DE LA TRES SAINTE VIERGE
Jeannette écrit :
Magnificat. Quelle grande grâce. Notre Seigneur M'a dévoilé Son Divin
Cœur. Après avoir chanté le Benedictus, mon cœur se mit à battre très fort, cela
dura quelques minutes, car je fus très calme, recueillie et attentive. Je ne
voyais plus rien; il semblait que des mains invisibles avaient jeté un voile
autour de moi. Au moment où le prêtre élevait l'hostie - ici je ne puis dire ce
qui s'est passé - je vis l'hostie s'entrouvrir et, ô merveille, le Cœur vivant
de Mon Jésus m'apparut, entouré de rayons, surmonté d'une petite croix et
couronné d'épines. C'était un vrai brasier, tellement ces rayons étincelaient.
Ce qui me toucha, c'est que je voyais ce Cœur battre. Je ne puis décrire mon
bonheur, puis, quand le prêtre éleva le calice - car je voyais très bien
Monsieur le Curé - du côté du Cœur percé par la lance, trois gouttes de sang,
lentement, tombèrent dans le calice et une voix triste dit : "Ma fille, tu vois
Mon Cœur, surmonté d'une croix, couronné d'épines et percé par la lance. Ce Cœur
veut chasser de la terre cette immense souffrance pour faire affluer la grande
joie de la paix. Mes deux enfants, aidez-Moi, soyez-Moi des calices ouverts par
la confiance et la générosité à Mes épanchements sauveurs. Vos âmes Me seront
ainsi calices et consolation. La France, Ma pauvre brebis égarée, Je veux te
refaire plus belle.
Contemplez le Cœur Immaculé de Marie, Elle qui est la vraie Aurore, qui commence
le jour de la Grâce, le modèle de l'âme vibrante. Avec Amour, Nous vous
bénissons".
Remarque : chose curieuse (que l'on remarque déjà en des messages antérieurs)
ici, on trouve des expressions et des phrases de Cum Clamore valido. On pourrait
dire que ce message est composé avec des passages divers et textuels du livre.
"Chasser de la terre... " Page 263 - "Soyez-Moi des calices....
P.268
"Vos âmes seront " Page 268 - "Ma France P.105
"Je veux te " Page 270 - "Le modèle de l'âme P.277.
Interrogée, Jeannette a affirmé qu'elle avait donné son livre à une amie il y a
un certain temps (en réalité elle l'avait mis dans une caisse il y a un mois).
Elle ne s'est pas rendue compte du fait et ne se souvient pas d'avoir lu ces
passages.
Ortoncourt n'est-il pas un lien entre Bouxières et la Mission d'Adeline d'un
côté et les révélations de
Cum Clamore d'autre part ?????
C'est ainsi que Marie a composé son Magnificat. Curieuse ressemblance.
Samedi 9 septembre 1944 :
On prie avec Messieurs les Curés de X... et de D... :
"Mes enfants, Je vois que vous êtes déçus parce que la France n'est pas
délivrée. Le déluge de feu a beau fondre sur les villes et sur certains
villages, les âmes, au lieu de venir chercher la paix, la consolation dans Mon
Divin Cœur, se révoltent et beaucoup ne savent plus réciter le chapelet. Le
Châtiment n'est pas terminé. Mon Bras ne peut plus s'arrêter. Mais pour vous,
gardez toujours le sourire. Et confiance, Ma Divine Mère ne vous abandonnera
pas.
Pour Mon futur Pasteur, il aurait du attendre et doit rentrer. Je le protège.
Mes enfants, Je vous bénis".
Au chapelet de 1 heure :
"Mon enfant, que le Pasteur n'aie point d'inquiétude, Ma Divine Mère veille sur
tous les Pasteurs de la Mission.
Il peut sans crainte prêter les messages à ton frère (Colonel C.). Il ne
désobéira pas au Prince de l'Eglise, puisque ce sont des étrangers.
Pour ta sœur, certes, une personne la soulagerait beaucoup, mais dis au Pasteur
que Je le laisse à lui-même. Ce qu'il fera sera bien. Qu'elle ne croie pas que
le Ciel l'abandonne. Il faut souffrir ici-bas. Qu'elle espère puisqu'elle
guérira. Je vous bénis".
Au chapelet de 18 heures chez Monsieur Pothier :
"Mon enfant, Je bénis ce foyer. Je me choisis, parmi ces enfants que tu
as au catéchisme, le plus pieux. Demain, Ma Très Sainte Mère Te donnera une
grande joie".
Dimanche 10 septembre 1944. SOLENNITE
DE LA NATIVITE
Je ne tiens plus de bonheur, depuis que j'ai vu la Très Sainte Vierge,
je suis transformée. Ce fut une grande joie.
C'est à la Messe à Fauconcourt, à l'Elévation, poussée par une main invisible,
mes yeux se posèrent sur la statue de la Très Sainte Vierge qui est au-dessus de
l'Autel, une grande lumière toute blanche l'environnait. Cela changea lentement,
et ce furent des rayons lumineux qui l'entourèrent. Cela était très doux à la
vue. Elle arrêta longtemps Son regard sur l'assemblée, qu'Elle regarda avec
beaucoup de tendresse et de bonté, et dans Ses yeux se lisait tant de choses.
Puis ce qui me ravit, ce fut Son sourire, la tête penchée, les mains jointes.
Elle resta quelques minutes dans cette pose. Une magnifique étoile dorée était
au-dessus de Son front.
Son regard revint vers Monsieur le Curé, puis Ses yeux très doux se posèrent
sur moi, mais Son sourire avait disparu; Elle baissa les yeux, puis
étendit Ses bras comme pour dire (Venez, Mes enfants, vous réfugier sur Mon
Cœur). Un nuage la cacha. La Très Sainte Vierge avait disparu.
Je n'étais plus sur terre. J'ai chanté la messe avec un bonheur, une joie que je
ne puis exprimer, mais je n'avais rien entendu. Ce fut à Ortoncourt à la messe
que Notre Seigneur, à l'Elévation de l'Hostie, me dit très doucement :
"Ma Jeannette, soit de plus en plus une petite hostie d'amour, consacrée du
matin au soir, dans l'accomplissement de Mon bon plaisir".
Dimanche 10 septembre 1944.
Au chapelet du soir, au Magnificat, chez Mme Gal............ Jeannette
voit au-dessus de la statue de la Très Sainte Vierge une magnifique étoile dorée
qui dure pendant tout le Magnificat.
Lundi 11 septembre 1944.
Au chapelet de 4h30 :
"Mon enfant, Je comprends que le Pasteur soit impressionné par le presbytère de
Charmes détruit, puisque Ma Très Sainte Mère était descendue et que tous les
endroits où Elle apparaît sont prédestinés. Il y a quelque temps, ce pasteur
n'avait pas cru à ta sœur. Il n'avait pas eu la confiance des autres Pasteurs
que Ma Divine Mère comblera. L'épreuve est tombée sur lui, ainsi que la
souffrance puisqu'il est blessé. Je ne veux pas l'abandonner, mais il faut qu'il
souffre.
Hier, Ma Divine Mère s'est manifestée à toi et sur ce petit village, Elle étend
Sa protection. Dis au Pasteur que Je suis infiniment heureux de voir un grand
nombre de Mes brebis, venir à chaque heure, réciter le chapelet. Demain, il peut
partir sans crainte.
Pour toi, Ma fille, ton désir sera exaucé. Je vous répète. Confiance. Je vous
bénis".
Mardi 12 septembre 1944 :
A 1h30 après avoir récité seule mon chapelet aux pieds de Notre Dame de
Bouxières, une main invisible me poussa jusqu'à l'autel.
"Ma fille, ne cache rien à ton père; l'affection que tu as pour lui m'est
agréable, surtout quand cette affection fait pratiquer le respect, l'ouverture
du cœur plus entière, l'obéissance plus aveugle, puisqu'il est mon représentant
et le dépositaire de Mon autorité. Plus tu seras unie à lui, plus tu Me plairas.
Je voudrais que ton âme soit pour Moi comme une petite fleur qui s'épanouisse au
pied de Mon tabernacle, qu'elle soit sans cesse tournée vers Moi, pour ne
recevoir d'autre contact que le Mien et qu'elle vive de Mes divins rayons.
Je désire être aimé, d'une religieuse clarisse surtout plus que de toute autre,
d'un amour exclusif, sans mélange, sans interruption et avec tout le détachement
que peut lui procurer la pratique d'une grande pauvreté intérieure et
extérieure.
Je voudrais que Mon épouse privilégiée pensât à Moi et que tout ce qu'elle fait,
tout ce qu'elle dit et tout ce qu'elle souffre soit uniquement pour Me plaire et
pour accomplir Ma Sainte Volonté; en un mot, que l'amour soit le mobile de sa
vie et qu'elle fasse tout par amour.
Aime, pratique la prière solitaire et secrète, où nul ne te voit, sinon (que)
moi, où tu seras absolument seule (en un) tête à tête secret, délicieux, où tu
répandras ton cœur en liberté, loin de tous les yeux, à Mes genoux.
L'âme la plus humble et la plus méprisée sera la plus avant dans Mon Cœur
adorable. Ma Jeannette, incline la tête. Je te bénis".
Remarque : Jeannette ne voulait pas me dire ce désir que Notre Seigneur
avait exaucé au message précédent et je lui avais demandé de prier pour
connaître la volonté de Notre Seigneur. La suppression du (que) et l'addition de
(en un) est de moi. Je suppose que Jeannette s'est trompée, le message étant
très long et ayant été transcrit plusieurs heures après la réception.
Mercredi 13 septembre 1944 :
A 6 h. chez Mme Galland, au chapelet familial :
"Mon enfant, ne crois pas que Je reste sourd à tes prières. Tu sais très bien
que j'exaucerai toujours tes demandes et que Je donnerai les lumières aux âmes
pour lesquelles tu pries. Ce prêtre de la Mission qui est au maquis devait
rester au milieu de ses brebis et avoir plus de confiance en Ma Divine Mère. Il
aurait eu beaucoup à souffrir, mais J'aurais veillé sur lui. Que le Pasteur
garde le calice, car le danger est très proche. L'orage est éclaté et sera
terrible. Priez, Je vous bénis".
Remarque : Il s'agit du Curé de Sercoeur, qui, du maquis de Clézentaine m'avait
demandé un calice pour célébrer la messe. Pendant 12 heures, il était resté à
terre dans son jardin, pour échapper aux Allemands; il avait réussi à s'enfuir
et avait passé au maquis.
Jeudi 14 septembre 1944 (A Ortoncourt)
Jeannette écrit : A 11h30 après avoir récité le chapelet pour la Mission, en
reconnaissance de notre délivrance, nous avons dit une dizaine. En commençant le
1° Ave, une lumière enveloppa la statue de Notre Dame de Lourdes, puis la statue
s'évanouit et je vis la Très Sainte Vierge portée sur un nuage. Elle était
habillée d'une longue robe blanche, toute vaporeuse et retenue à la taille par
une large ceinture bleu azur dont les pans touchaient le bord de Sa robe. Sur
Ses épaules retombait un voile blanc qui coiffait Sa tête. Une magnifique étoile
dorée était posée sur Son front. Elle était très jeune -je Lui donne 16 ans -
Ses joues étaient diaphanes, je les compare à des pétales de roses blanches,
toutes veloutées et un peu rosées. Ses lèvres rosées s'entrouvrirent en un
sourire qui allait en s'accentuant. Ses yeux très limpides regardaient très
loin, Elle inclina doucement Sa tête et nous fixa. Son sourire se fit plus doux,
plus attirant. Dans Ses mains jointes, pendait un chapelet très grand, aux
grains transparents. Tout près d'Elle, une voix suave dit : "Mes enfants, soyez
dans l'allégresse : vous êtes délivrés".
Puis peu à peu, la vision se fendit et sembla reculer. Je ne vis plus rien que
la statue qui est vraiment bien laide.
Au chapelet de 5h30, à la 3 dizaine :
"Mes enfants, Je vous ai dit ce matin : soyez dans l'allégresse, ne craignez
plus et faites chanter les cloches. Vous entendrez encore dans le lointain le
canon. La souffrance n'est pas finie, car la Révolution et la Famine vont sévir
sur les villes. Ce sera affreux. Votre petit village sera préservé; ne vous
lassez pas de réciter le chapelet, car des milliers d'âmes tombent chaque jour
en enfer. Le pasteur peut mettre ta sœur au courant des messages, cela lui fera
un grand bien.
Toute sa famille est en bonne santé. Pour les deux âmes qui ne veulent pas
croire à la Mission, elles auront bientôt de grandes preuves et seront les
premières à tomber à genoux pour remercier le Ciel. Je donnerai les lumières à
ta sœur pour sa vocation, qu'elle prie, car il me faut des âmes d'élite. Je vous
bénis".
Vendredi 15 septembre 1944 : Notre Dame des Sept Douleurs
Après la messe, pendant le Magnificat chanté en reconnaissance de la délivrance
et protection du
village, Jeannette vit une magnifique étoile au-dessus du tabernacle et Notre
Seigneur dit :
"Ma Divine Mère, dont le Cœur est percé répand sur vous, du haut du Ciel, sa
Divine Bénédiction".
Au chapelet de 4h30 :
"Mon enfant, dis à ta tante que ses enfants ont eu beaucoup à souffrir surtout
de la faim. Mais qu'elle se tranquillise. Ils sont tous les quatre en parfaite
santé.
L'enfant qui est en exil M'est très cher et cette mère aura bientôt la joie de
le presser sur son cœur. Pour ta sœur, Ma Divine Mère a veillé sur sa famille.
Mes deux enfants, Je vous bénis".
Samedi 16 septembre 1944 :
Au chapelet de 6 h. chez Madame Galland :
"Mon enfant, dis au Pasteur que j'approuve son sermon; qu'il n'aie pas peur de
parler surtout pour la sonnerie des cloches, car un grand nombre de ses brebis
l'ont critiqué. Tu as entendu toutes ces méchancetés et tu en as souffert,
puisque tu es venue à mes pieds pour réparer. Vous êtes dans la joie de la
délivrance, mais beaucoup d'âmes sont dans la souffrance et les larmes. Je Me
penche surtout sur ces familles où la mort a fauché un ou plusieurs membres. Si
tous ces foyers avaient récité le chapelet le soir en famille et n'avaient pas
travaillé le dimanche; si dans beaucoup de paroisses cruellement éprouvées, les
pasteurs avaient cru à la Mission et avaient fait leur devoir, Je te le dis, ils
auraient moins souffert.
Mon bras ne se relèvera plus. Le châtiment n'est que commencé. Sur le monde
révolté et qui ne veut pas revenir à la prière, Je ferai descendre la nuit et
l'épouvante.
Pour votre sœur (Adeline), je resterai silencieux. Mais vous aurez bientôt la
joie de la revoir. Je vous bénis ainsi que ce foyer".
Remarque : J'avais exprimé à Jeannette mon désir de prier pour connaître si
les ténèbres viendraient, car j'ai toujours pensé qu'elles étaient nécessaires
pour la réalisation de la Mission. Notre Seigneur, dans Son infinie
condescendance, a daigné nous fixer. Deo gratias.
Dimanche 17 septembre 1944 :
Jeannette vit au-dessus de la tête du pasteur, pendant tout le sermon, une
magnifique étoile brillante et jetait des feux très doux. Elle ne peut retenir
ses larmes et sentit que la Très Sainte Vierge guidait le pasteur.
A 7 h. du soir, chez le pasteur, à une dizaine demandant un mot de réconfort,
après l'arrivée de tancks allemands qui avaient jeté l'effroi dans le village :
"Mes enfants, je vous répète; confiance. Ma fille, passe la nuit en
adoration et en réparation".
Remarque : Jeannette passa la nuit tout entière à genoux en prières : "Mes bas
étaient tout troués aux genoux". Et les tancks qui avaient reçu l'ordre de tirer
à deux reprises, repartaient en rebroussant chemin sans avoir tiré.
Lundi 18 septembre 1944 :
A 4 h. seule dans sa chambre, Jeannette priait en implorant Jésus de venir
à notre secours; car les Américains venus après le départ des tancks avaient tué
dans le village deux allemands qui passaient en moto et étaient repartis à
Haillainville, laissant les cadavres. La population était en émoi. "Ma
Jeannette, tu es triste et ton cœur est lourd. Les souffrances continuent ;
l'ennemi est en déroute et battu comme jamais il ne l'a été. C'est pourquoi, tu
vois tous ces chars, ces soldats envahir les petits villages; ils sont
complètement perdus et ne savent où se sauver.
Ne t'ais-je pas dit maintes fois que cette paroisse était sous le manteau de Ma
Divine Mère; vous êtes délivrés, c'est pourquoi j'avais demandé que l'on fasse
chanter les cloches. La guerre n'est pas finie; c'est une épreuve que Je vous
envoie et Je constate qu'il y a peu d'âmes courageuses et confiantes. Les heures
sont graves. Tes deux frères (les deux soldats allemands pour qui nous avions
prié) qui sont tombés sous la mitraille sont dans le purgatoire. Ma Très Sainte
Mère n'abandonne pas les malheureux. Que le pasteur soit en paix. Je lui demande
la prudence : qu'il ne parte pas demain célébrer la messe; ce n'est pas qu'il y
ait beaucoup de danger, mais un accident est bien vite arrivé.
Dis à ta sœur que Ma Divine Mère donnera les grâces à son neveu pour cette
grande épreuve. Qu'elle prie pour lui, car nombreux sont ceux qui se révoltent
et qui ne reverront pas la maison, où des êtres chers n'ont plus qu'un seul
désir; les serrer dans leurs bras.
Je M'adresse aussi au pasteur. Mes deux enfants, encore quelques jours à passer
dans la nuit. Je comprends et je partage votre souffrance. Je vous bénis".
Remarque : C'était d'autant plus une épreuve que la veille dans son sermon,
le pasteur avait dit : "Vous êtes délivrés, les allemands sont partis, vous ne
les reverrez plus". J'avais l'intention de demander au chapelet de 4h30 si je
pouvais aller à Fauconcourt célébrer la messe le lendemain. Je... n'en savais
rien. Notre Seigneur avait répondu à 4 h à mon désir secret. Admirable bonté.
Mardi 19 septembre 1944 : Au chapelet de 11h30 :
"Mon enfant, n'avais-Je pas raison de te dire hier que le pasteur soit prudent :
il y a tant de soldats cachés dans les bois et qui n'ont qu'une haine :
s'entretuer.
Je vous avertis encore : Restez chez-vous : car Je ne puis empêcher ces
escarmouches et une balle perdue peut faire beaucoup de mal.
Les allemands sont furieux et, tu vois, ils vont au devant de la mort.
Mes deux enfants, que la guerre est une chose affreuse et, pour purifier le
monde, il faudra Moi-même le châtier.
Réfugiez-vous dans Mon Divin Cœur, vous serez à l'abri de toute crainte. Mes
deux bien-aimés, Je vous bénis".
Au chapelet familial, chez M. Galland, à la 5 dizaine, les bras en croix :
"Mon enfant, que le pasteur fasse le sacrifice de ne pas aller célébrer la messe
dans sa paroisse voisine, tant que les alentours de ton village seront menacés.
Qu'il divise les hosties, car vous serez plusieurs jours sans pouvoir voyager.
Mes deux enfants qui êtes épris de l'union divine et qui voulez monter les
sentiers escarpés de la sainteté, risquer de vous ensanglanter parfois aux
cailloux du chemin, allez à votre Mère du Ciel. Elle est la voie directe et
sûre, la route douce et ensoleillée et Son sourire vous sera nécessaire. Je vous
bénis".
Mercredi 20 septembre 1944 :
A la 3è dizaine, alors que je regardais la statue de la Sainte Vierge, je vis une
lumière blanche l'envelopper, cela s'évanouit et la Très Sainte Vierge
m'apparut, portée sur une boule dorée, il n'y avait aucun rayon autour d'Elle ;
Elle était habillée comme le jour de la Nativité; seule une couronne de petites
étoiles toutes scintillantes l'auréolait.
Ses yeux infiniment tristes, mais remplis de bonté et laissant échapper des
pleurs regardèrent Monsieur
le Curé de Domptail, un sourire se dessina sur ses lèvres qui ne dura pas
longtemps. Du tabernacle,
Jésus, la voix voilée, mais confiante, me dit : "Mon enfant, dis au pasteur
(Curé de Domptail) que J'ai admiré sa confiance et son courage dans les heures
d'agonie qu'il vient de traverser.
Qu'il rentre au milieu de ses brebis, pour leur apporter la consolation. Ces
barbares n'ont pas eu le
temps de mettre le feu au village et plusieurs familles sont bien éprouvées. Ma
Divine Mère n'a pas
abandonné Son futur pasteur ni sa bonne, mais ils ne vivent plus dans
l'angoisse.
Il fallait que ce village souffre. C'est pourquoi J'ai envoyé cette grande
souffrance. Chacun a porté sa croix.
Ma fille, J'ai choisi ton âme pour M'être un lieu de délices et ton cœur un
trône pour faire reposer Mon Divin Amour. Je vous bénis".
Je n'avais pas cessé de fixer la Très Sainte Vierge. Comme Elle est belle dans
cette tristesse. Ses mains qui étaient jointes s'ouvrirent et Elle bénit très
lentement Monsieur le Curé de Domptail. Elle ne fit pas le signe de la croix,
mais Elle donna la bénédiction comme font les prêtres. J'étais plongé dans un
profond silence quand j'entendis les voix prier. La Très Sainte Vierge s'éleva.
Elle regarda tous Ses enfants, fit un sourire, puis disparut.
Jeudi 21 septembre 1944 :
A 9h30 du matin, dans ma chambre, je recopiais les premiers messages écrits au
crayon.
Mon cahier était posé sur mes genoux, quand un coup de canon me fit sursauter,
ma plume tomba par terre et j'eus l'impression que mes feuilles s'envolaient. Je
posai ma main sur mes genoux. Mes
messages étaient disparus. Je cherchai partout. Je retournai mes caisses
remplies de livres. Je
bouleversai la chambre. Je regardai dans les moindres recoins, mais je ne vis
rien.
L'idée me vint que le démon me l'avait caché ou rendu invisible. Je ne m'étais
pas trompé, puisque ce matin Notre Seigneur m'a découvert la cachette.
Vendredi 21 septembre 1944 :
Au chapelet de 1h30, à la 2 dizaine, du tabernacle, Jésus, la voix grave, un peu
mécontente, me dit : "Ma fille, que le pasteur (de Domptail)
soit patient. Son
village ne veut pas tarder à être délivré. Je lui demande de ne pas commettre
d'imprudence, car il y a encore du danger. Je fais passer son cœur par le
creuset de la lenteur.
Le moment favorable n'est pas encore venu. Chaque chose a son temps, et son
point de maturité qu'il
ne faut pas prévenir. L'homme est toujours pressé, parce que ses vues sont
courtes.
Dans le message, je ne lui avais pas donné la date. C'était donc qu'il ne
pouvait pas encore partir.
C'est une rude et pesante croix que J'ai mis sur ses faibles épaules, mais Je
suis assez puissant pour la
soutenir. Qu'il ne craigne pas et Me laisse faire tout ce que Je voudrai de lui
et en lui.
Dis au pasteur (Ortoncourt) qu'il ne partage plus les hosties, car il pourra
s'en procurer.
Dimanche, soyez-tous dans la joie, mais Je vous le répète. Priez, priez.
Beaucoup d'âmes abandonnent le chapelet. Ma fille, répare, car le monde va se
jeter dans les plaisirs. Je vous bénis".
Samedi 22 septembre 1944 :
Au chapelet de 11h30 avec Monsieur le Curé de Domptail qui ne pouvait repartir,
nous récitons le chapelet pour la Mission. En priant, je me sentais recueillie
et calme, quelque chose de doux pénétra dans mon âme, puis les voix baissèrent
et autour de moi, ce fut un profond silence. Jésus, du tabernacle, la voix douce
me dit :
"Mon enfant, le pasteur peut aller dans sa paroisse (Fauconcourt)
et chercher
des hosties.
Le démon est furieux. C'est une de ses ruses. Ton cahier de messages est caché
dans la chambre
voisine, dans un tiroir où tu ranges tes livres.
Il te jouera plus d'un tour. Tu en souffriras, car il s'acharnera contre toi.
J'ai établi Mon règne de paix dans ton âme. Personne ne pourra la troubler et
celui de Mon amour dans ton cœur qui te donnera des joies que nul ne pourra
t'ôter.
Je penserai à ceux qui auront confiance en tes prières, afin que tu t'occupes et
t'emploies toute à Mon Amour. Je vous bénis".
Au chapelet de 4h30, nous récitons le chapelet avec Messieurs les curés de
Domptail, Saint-Genest, puis je croyais que M. le Curé de Xaffévillers priait
avec nous, je fus très surprise après le chapelet de voir un jeune homme.
En commençant le 1° Ave fleuri, je vis un
éclair passer devant moi, puis mes yeux se posèrent sur la Très Sainte Vierge,
entourée de rayons dorés et très doux à la vue. Ses pieds posaient sur un
demi-cercle. Cela ressemblait à un quartier de lune.
Elle étendait les bras et Son grand chapelet pendait à Son bras. Elle était
habillée comme le jour du 14 Septembre quand Jésus m'annonça que nous étions
délivrés. Il n'y avait rien autour de Sa tête.
Ses yeux infiniment doux se posèrent sur moi, Son sourire me ravit, puis
Elle regarda chaque pasteur. Elle fixa plus longuement Mrs. les Curés
d'Ortoncourt et de Domptail. Tout près d'Elle, Jésus dans l'ombre me parla
gravement :
"Mon enfant, dis au pasteur (Domptail) qu'il rentre demain parmi ses brebis.
Dans ce futur foyer, Je me réserve le Ier chérubin.
A tous Mes pasteurs qui désirent de grandes grâces, Ma Divine Mère les comblera.
Ils auront beaucoup souffert. Je leur réserve de grandes joies".
Notre Seigneur s'arrêta et ce fut la Très Sainte Vierge qui parla pour la
première fois. Sa voix plus musicale, plus fine, moins forte, plus douce que
celle de Notre Seigneur me dit : "Je vous bénis". Elle donna la bénédiction
comme les prêtres.
Je pleurais de joie et quand cette divine Mère disparut, Mon cœur se serra et
j'eus une vague de tristesse, mais Son regard fut si confiant, si poignant que
je l'ai toujours devant les yeux. Je suis encore sous l'émotion de cette grande
grâce.
Vendredi 22 septembre 1944 :
A 10 heures du soir, après avoir récité le chapelet pour M. le Curé de Domptail
: "Ma Jeannette que le pasteur (Domptail) parte demain matin. Qu'il prenne pour
plus de sûreté la route de Clézentaine. L'Archange de Ma Très Sainte Mère le
gardera. Il fera un grand bien en allant porter des nouvelles à l'autre pasteur
(Xaffévillers). Je l'aide à porter sa croix, mais il fallait que ses paroisses
expient. A Mes deux pasteurs (Domptail et Xaffévillers) Je leur dis :
"Réjouissez-vous et faites chanter les cloches. Fêtez la libération samedi soir
ou dimanche. Vous serez critiqués, mais venez dans Mon Cœur. C'est l'asile de la
Paix. Mon futur pasteur doit retourner chez ses parents.
Mon enfant bien aimé, Je te souhaite une bonne nuit. Ton ange gardien te
protèges de ses ailes. Je vous bénis".
Samedi 23 septembre 1944 :
A 6 heures au chapelet familial, chez M. G.
"Mon enfant, demain va chanter la messe à Fauconcourt. J'aime que Mon jour, tu
l'occupes tout entier à Mon service. Que ton âme et ta vie ne soient qu'un
perpétuel chant d'amour pour Moi ou pour tout ce qui dans l'humilité souffre,
aime et pleure. Que la joie profonde habite en toi.
Sois l'alouette ennemie de la nuit, qui, toujours annonce l'aurore et réveille
en chaque créature l'amour de la lumière et de la vie. Tu seras ainsi éveilleuse
d'âmes.
Dans ce foyer, Ma Divine Mère a pleuré, car ce père et cette mère de famille
n'ont pas fait leur devoir et ont trop peu de confiance en Mon pasteur. Je vous
bénis".
Lundi 25 septembre 1944 :
Dimanche, après la messe, j'avais dit à Jeannette de pas revenir aux Vêpres à
Fauconcourt, car la route était très mauvaise et il pleuvait ; d'autre part, je
pensais faire plaisir à mon organiste de F.. en la faisant accompagner les
vêpres. Jeannette n'avait rien dit, comme quelqu'un qui est heureux d'échapper à
une corvée. Je lui avais reproché de ne pas être au chapelet de 1h30.
A 1h30, Jeannette qui récitait seule son chapelet se mit à pleurer et Jésus, la
voix grave et triste dit : "Ma fille, tu éprouves une profonde tristesse, car tu
sais que tu M'as fait pleurer. Il faut que Mon jour, Tu l'occupes tout entier à
Mon service. Hier, tu n'es pas allée au chapelet de 1h30, tu n'as pas fait le
sacrifice d'aller chanter les Vêpres; tu as pourtant senti au fond de ton cœur
que Je t'appelais. Je te priverai pendant plusieurs jours de Mes douceurs. Je ne
puis souffrir le moindre détour et surtout Je ne puis supporter les âmes tièdes
et (que) si Je suis doux à supporter tes faiblesses, Je ne serai pas moins
sévère et exact à corriger et punir tes infidélités.
Reconnais donc que tu ne peux rien sans Moi, qui ne te laissera point manquer de
secours, pourvu que tu tiennes toujours ton néant et ta misère abîmés dans Ma
force.
Le pasteur peut aller à Domptail en prenant le chemin ordinaire. Qu'il ne
s'attarde pas.
Mon enfant, Je me retire. Je te laisse seule sur la croix; ce sera à toi à Me
consoler. Mes deux enfants, Je vous bénis".
Remarque : 1) Jeannette a du mettre le que en plus... ou passer un verbe
comme "sache que...". 2) J'ai divisé les hosties et cessé quand Notre Seigneur
me l'a dit. Or, quand J'ai pu consacrer de nouveau, il me restait juste cinq
hosties dans le ciboire. N'est-ce point admirable ?
Mercredi 27 septembre 1944 :
Vu une étoile au-dessus de la Très Sainte Vierge, au Magnificat qui suit le
chapelet familial chez M. M. Poirot. De bonne augure.
Jeudi 28 septembre 1944 :
Pendant Son action de grâces, Jésus, d'une voix suave, pleine de tendresse, me
dit : "Mon enfant, Je voudrais que tu sois à l'avenir plus généreuse à
correspondre à Mon Amour, afin que Je puisse librement opérer dans ton âme, en
ôter tout ce qui est mauvais et imparfait et y mettre Mon pur amour, dans la
mesure que Je désire, afin que tu ne vives plus que de Moi et que tu consoles
Mon Cœur, qui a une si grande soif de recevoir de l'amour, surtout l'amour
exclusif de Ses Epouses. Ma Jeannette, vivre d'amour n'est pas toujours en avoir
le sentiment, en sentir la douceur ou les ardeurs, mais vivre véritablement
d'amour, c'est Me chercher purement en tout, Moi seul et l'accomplissement
fidèle de Ma volonté, quelques peines ou souffrances qu'il faille endurer pour
cela. C'est s'humilier, s'anéantir en toute rencontre, mettre tous ses intérêts
propres de côté, pour ne désirer que Ma gloire et le salut des âmes.
C'est aussi ne rien vouloir de soi-même, mais se livrer et s'abandonner
entièrement à Mon Bon Plaisir Divin.
Entre plus avant dans Mon Cœur pour y entendre Ses secrets et pour y recevoir
les pures flammes de Son Amour.
Pour ton frère qui a si grande confiance en tes messages, Ma Divine Mère fut
touchée par cette belle âme; dis-lui qu'il récite chaque jour son chapelet, il
recevra de grandes grâces. Je lui promets une grande joie, celle de sa guérison.
Le pasteur peut faire son repas avec de la viande ; qu'il accepte ce que cette
personne lui offre; il lui
fera un immense plaisir.
Mes deux enfants, Je vous bénis".
Vendredi 29 septembre 1944 :
FETE de SAINT-MICHEL ARCHANGE
Pendant la Messe solennelle.
C'est à l'encensement, pendant que je jouais l'offertoire que tout près de mes
oreilles, une voix douce me dit :
"Ma fille, quand tu auras terminé ton morceau, lève les yeux sur le
Maître-Autel, tu auras la grande
joie de contempler Ma Très Sainte Mère.
L'Archange Saint-Michel est à ses côtés, mais il restera invisible.
A l'Elévation, Je te parlerai. Ma Divine Mère sera présente toute la Messe. Sois
très calme". Au-dessus de l'autel, la Très Sainte Vierge, toute blanche portée
sur un nuage. Elle avait autour d'Elle, une immense couronne d'étoiles. Elle
avait les mains jointes et priait, car je voyais Ses doigts glisser sur les
grains.
A l'Elévation, Jésus me dit :
"Mes enfants, vos âmes sont dans la joie. Chantez votre reconnaissance à
Saint-Michel. C'est lui qui chasse l'ennemi de France. C'est le messager de Ma
Divine Mère qui transmet les ordres à ta sœur, car elle est mon soldat.
Tous les villages de Mes pasteurs sont sous sa protection.
Pendant les heures graves, sous le commandement de Sa Divine Maîtresse il a
écarté tous les périls et les dangers qui vous menaçaient.
Il est là qui vous sourit, infiniment heureux de voir un grand nombre de fidèles
venir le remercier. C'est lui qui sauvera la France. Beaucoup de villes ont
encore à expier. C'est pourquoi, la délivrance tarde. Mes enfants, priez, car
chaque jour, un grand nombre d'âmes tombent en enfer. A Mes prêtres, Je veux
leur donner une grande joie".
Au chapelet de 4 h. la Sainte Vierge Elle-même :
"Mon enfant, dis à Mes pasteurs que j'exaucerai leurs prières. Certes, ils sont
bien éprouvés, mais dis-leur que Je ne les abandonnerai pas. Qu'ils repartent en
paix. Mon Archange sera à leurs côtés. Mes enfants, Je vous bénis".
Samedi 30 septembre 1944 : A
3h30 seule, dans sa chambre :
"Mon enfant, dans le message de la messe, tu as oublié une phrase :
A Mes prêtres, Je veux leur donner une grande joie. L'an prochain, Je veux que
vous fassiez le sacrifice de vos paroisses, pour venir dans ce village qui est
un lieu béni, célébrer la messe de Saint-Michel, en reconnaissance de la France
qui sera sauvée. C'est ici que tu ne t'es plus rappelé et tu as cru que ce qui
continuait était pour eux. (secret)
Ma fille, Je t'avais prévenue d'être calme, en ce moment où Je te parle, tu es
agitée. Pense que c'est ton Père qui te cause; le démon rôde et profite de tes
distractions pour te brouiller. Je comprends que le pasteur n'ait pas comprit le
message. Sois donc plus attentive à l'avenir.
Pour ta sœur Ma Très Sainte Mère lui donnera les grâces pour assister à la
messe. Quelle ne craigne pas, elle sera soutenue.
Il n'y a que dans le silence que J'aime à venir M'entretenir avec toi. Seul à
seul, cœur à cœur, il fait si bon et c'est là, que Ma Jeannette est le plus à
Moi.
Je n'oublie pas Mon pasteur, il est aussi Mon enfant très cher; comme toi, il
souffre.
Vous êtes dans la tristesse, Mon Cœur la ressent; vous versez des larmes, c'est
Moi qui les verse, parce que c'est Moi qui fait tout en vous. Plongez-vous en
Moi.
Soyez-Moi comme l'éponge dans le sang de Mon Cœur.
Mes deux enfants, je vous bénis".
Nota. La phrase concernant les pasteurs du message précédent :"Ma fille, si
tu voyais..., ne s'adresse pas à tous les prêtres, mais à un seul pour lequel
Jeannette avait prié et dont elle ne veut pas révéler le nom. Je respecte son
secret, qu'elle a bien voulu me confier.
Samedi 30 septembre 1944 :
A 6 heures du soir, au chapelet familial, chez M. Poirot.
"Ma fille, en réparation de la faute de la semaine dernière, Je te demande
d'aller communier à la messe
demain à Fauconcourt. Je vous bénis".
Dimanche 1er octobre 1944 :
Aux Vêpres, à Fauconcourt, pendant la récitation des
Litanies de la Très Sainte Vierge, devant le Saint Sacrement, la Très Sainte
Vierge apparaît au-dessus de l'Ostensoir. Elle priait. Puis Elle joignit les
mains et bénit l'assemblée en faisant le signe de la croix comme les prêtres.
A 9 h. du soir, seule dans sa chambre :
"Mon enfant, Je suis tellement heureux, que dans
l'intimité, Je viens te faire partager Ma joie. C'est dans la nuit, dans le
profond silence que J'aime à venir à toi et ce soir, Je voudrais te faire
connaître les charmes du Rosaire.
Le Rosaire est modeste, il se soumet aux risées de l'orgueil, il est immense et
il est bon. Le Pater, cette fine fleur, qui est la prière dominicale,
définitive.
L'Ave Maria où se rejoignent les deux plus belles salutations qu'ait jamais
reçues Ma Divine Mère,
celle que lui fit l'Ange de l'Annonciation et celle que lui fit sa cousine à la
Visitation; paroles inspirées
que vient soutenir de sa grande clameur unanime la voix de toute la chrétienté.
Enfin l'éclatant Gloria.
La forme ajoute à la matière.
Car c'est une trouvaille que cette cantilène d'Ave scandée par les Pater et
rehaussée des Gloria. Je les compare à ces mélopées dont se servent les grandes
personnes pour s'entraîner au labeur et les enfants au jeu.
C'est le mendiant qui répète sa monotone et lancinante supplique : le Rosaire
fait de vous des mendiants.
C'est aussi l'être aimant qui fredonne toujours sans le répéter jamais le mot de
son Amour et le nom de l'Aimé. Il y a là un charme de prière.
Quand tu récites les Ave, va doucement, car ce sont des roses qui montent vers
Ma Très Sainte Mère. Mes deux enfants, l'Ave Maria est une rosée céleste qui
arrose vos âmes et les rend fécondes en toutes sortes de vertus.
Cueillez les roses de ces mystères et tressez des couronnes à votre Mère
glorieuse du Bel Amour. Je vous bénis".
Lundi 2 octobre 1944 :
Dans sa chambre à 9 h. du soir :
"Mon enfant, ce soir Je vais te parler
de Ma petite Thérèse. Je suis l'Aigle Divin et elle était comme toi, une petite
proie.
C'était un cœur, une âme tendrement enfantine qui était en même temps
apostolique jusqu'à l'héroïsme. Elle était toute remplie, toute vibrante
d'amour, d'un amour tendre et fort, simple et profond, qui lui a inspiré des
transports d'abandon filial et des gestes magnifiques d'apôtre et de martyre.
Elle a compris que l'essentiel dans la vie chrétienne c'était d'aimer Ma
volonté, de s'y conformer avec un abandon filial, jour par jour, heure par
heure.
La perfection consiste à demeurer toujours comme des enfants sur mes genoux,
prenant tout de Moi avec un abandon filial, toujours confiant en Mon Amour.
Ma petite Thérèse avait la grâce de dilater les âmes, de les lancer sur les
flots de l'amour, de la confiance et de l'abandon.
Elle a trouvé le bonheur, quand elle commença à s'oublier. Elle aimait tant la
souffrance. Et voici ce qu'elle disait : "Nous qui courons dans la voie de
l'amour, il ne faut jamais nous tourmenter de rien. Si je ne souffrais pas de
minute en minute, il me serait impossible de garder la patience". Elle s'est
offerte au tranchant du glaive, ou plutôt comme une victime attendant de
l'Archer Divin, la flèche embrasée dont elle a voulu mourir.
Prie-la tous les jours, afin d'obtenir cette science qui
fait les saints et donne à l'âme tant de paix et de bonheur.
Dis au pasteur que sa petite Sainte préférée effeuillera sur lui, pendant le
Saint Sacrifice de la Messe, une pluie de roses blanches.
Tu auras la joie, à la communion du prêtre, de voir ces pétales que sa petite
Thérèse fera tomber du
Ciel.
Mes deux enfants, Je vous bénis".
Mardi 3 octobre 1944 :
Quand le prêtre se baissait pour communier, Jeannette vit descendre de la voûte
du chœur, 2 roses blanches, l'un blanc immaculé et d'une beauté qu'elle n'a
jamais vue. Elles s'arrêtèrent au-dessus de l'autel et là, une main invisible
détacha les pétales qui volèrent autour du prêtre. Un doux parfum s'exhala dans
l'église qui dura quelques instants.
Ces pétales veloutés, très blancs s'évanouirent et elle vit un bouton de rose
rouge au pied du crucifix qui est sur le tabernacle. Il s'ouvrit et devint une
magnifique rouge sang.
Mercredi 4 octobre 1944 :
A 6 h. chez M. Poirot, au chapelet familial :
"Mon enfant, conserve le recueillement dans tes occupations extérieures. Sois
encore plus occupée de Moi que de tout le reste. Si tu veux Me faire plaisir, il
faut faire deux choses : La première, tenir ta nature dans une mortification
continuelle de tant de petites choses qui se succèdent et qui ne nuisent pas à
la santé, et par ce moyen, la mettre dans une immolation complète et dans une
mort incessante à elle-même.
La seconde, tenir ton esprit et ton cœur sans cesse occupés de Moi et unis à
Moi, en sorte que Je puisse satisfaire cette soif que J'ai de trouver dans Mes
Epouses l'immolation et le sacrifice capables de Me dédommager. Il faut
descendre et descendre toujours dans ton néant.
Dis au pasteur que J'aime ce chapelet récité à toutes les heures. Qu'il le
continue. Hélas, beaucoup d'âmes le délaissent. Je te le dis, il faut prier. Tu
vois ces villes sous le bombardement de l'ennemi qui est furieux plus que
jamais. Le sang coule dans les rues. Les français contre français vont se tuer,
et les femmes seront encore plus terribles et plus traîtres.
Le pasteur pour le chapelet perpétuel ne fait que son devoir, car dans le
danger, la prière est nécessaire et par ces Ave les âmes obtiennent de grandes
grâces. Je châtie les villes et certains villages par la peur, la souffrance et
la faim. Car, tu entends, Je suis irrité et Mon bras frappera, car dans les
villes délivrées, la jeunesse ne pense qu'à s'amuser. (Plus tristement)
Pauvre
jeunesse, que tu me fais souffrir. Pour ton frère, mort pour la France, c'est ma
petite Thérèse, le jour de sa fête qui l'a introduit au Paradis. Je vous bénis".
Jeudi 5 octobre 1944 :
Au chapelet de 4h30 pour Melle C...
"Ma fille, ce message sera pour ta sœur que J'ai choisie pour épouse : 'Mon
enfant, Je veux que tu sois toute Mienne, pour Me consoler de tant d'outrages
que Je reçois surtout des âmes qui sont à Moi. J'aimerais à ce que tu entres
dans la solitude. Prie, Je te dirai l'ordre où Je t'attends. La vie religieuse
n'est pas un chemin de roses; au contraire, c'est une mort continuelle à
soi-même. Il faut t'attendre à toutes sortes de souffrances, d'humiliations et
contradictions, car en t'unissant à Moi, tu épouses la Croix'. Pour Mes deux
filles, Je vous rendrai ce que vous désirez : des épouses crucifiées. Pour ses
parents, qu'ils ne retournent pas à Dijon pour le moment, car ils auraient
beaucoup à souffrir. Mes enfants, Je vous bénis".
A 9h30, seule, dans sa chambre, Jeannette souffre de ne pouvoir s'unir à Jésus :
"Malgré la tempête qui te donne (de) la difficulté pour te recueillir, Je veux
que tu sois fidèle au poste que Je t'ai assigné, savoir, de Me consoler en
M'ayant toujours dans ton esprit pour penser continuellement à Moi et dans ton
cœur pour M'immoler dans quelque chose. Or, cela t'est rendu habituellement
facile par Ma présence. Tu dois ramener sans cesse ton esprit à Mes pieds et
sans te lasser aussi souvent qu'il s'en retire, tout simplement par amour. Ce
genre d'union Me sera agréable et s'il Me plaît que tu le passes à combattre de
cette manière, ne le veux-tu pas ? Courage donc. L'âme Me plaît plus par le
combat que par le repos, et les consolations. Heureuse est l'âme à qui Je puis
Me cacher sans la décourager, ni lasser son attente. Si tu es fidèle à Me
chercher ainsi, quoiqu'il te semble que tu ne Me trouves point, réjouis-toi
quand même, car mon amoureux regard te contemple avec consolation et Je saurai
récompenser ta généreuse attente bien au-delà de ce que tu peux espérer.
Demain, Je te laisse seule. Tu souffriras dans ton cœur et dans ton corps. J'ai
besoin de ces sacrifices pour quelques âmes qui refusent de franchir une
barrière qui les sépare de Moi. Mes deux enfants, Je vous bénis".
Samedi 7 octobre 1944 :
Solennité du Saint-Rosaire
A 6 heures chez M. André Poirot, pendant le chapelet familial, à la 4è dizaine,
je me sentis poussée à être plus recueillie, je baissai la tête et du côté de la
statue, Jésus, la voix grave, un peu triste, parla : "Ma fille, dis au pasteur
que J'aime beaucoup quand il parle de Ma Très Sainte Mère. Qu'il continue
demain, son sermon sur le Magnificat. Il procurera une grande joie à sa Mère du
Ciel qui lui enverra les lumières qu'il désire.
Mes enfants, priez, égrenez vos Ave, chez vous, dans les champs, mais
n'abandonnez pas; car chaque jour ce sont des villages qui brûlent et des foyers
sans abris.
Pauvres malheureux, si vous aviez récité le chapelet, Je ne vous punirais pas.
Je vous bénis, ainsi que cette humble chaumière".
Au chapelet de 11h30 avec Melle Dubach, nous avons récité les deux premières
dizaines à ses intentions.
En commençant la 4è dizaine, je vis un voile blanc couvrir la statue de N.D. de
Lourdes, puis lentement il se partagea en deux, une grande joie me souleva de
terre, car je contemplais la Très Sainte Vierge portée sur un léger nuage. Elle
était entourée de rayons lumineux et très doux, sa robe était toute blanche et
vaporeuse et retenue par une ceinture blanche. Sur Ses pieds étaient posées deux
petites roses blanches qui dégageaient un parfum très doux. Elle tenait les
mains jointes et entre ses doigts pendait son grand et transparent chapelet.
Elle nous regarda en souriant, puis, au tabernacle, Jésus, la voix douce, pleine
d'amour et de tendresse, Me dit : "Mon enfant, dis à ta sœur, que Je lui demande
le sacrifice de rester. Les alentours de la ville voisine ne sont que bombardés,
le danger, de ce côté est très grave, même en passant par les bois, car le sol
est couvert de mines et les sentinelles américaines ne la laisseraient pas
passer. Son village n'est pas encore délivré, mais Je veille sur sa maison et
donne les grâces de force à sa chère maman.
Qu'elle prenne patience, dans quelques jours, elle aura la grande joie, de
serrer dans ses bras ceux qui lui sont chers". (La Très Sainte Vierge, pendant
que Notre Seigneur parlait, ne regardait que Melle Dubach, avec un sourire
profond, puis Elle pencha un peu Sa tête, ce qui lui donna une pose encore plus
charmante et dit de Sa voix si douce : "Mes enfants, Je vous bénis". En faisant
le signe de la Croix sur nous, Son sourire disparut, Son regard regarda très
loin, puis Elle s'éleva, le nuage posé sous Ses pieds s'évanouit, le voile,
petit à petit, l'enveloppa qui devint transparent à mesure qu'il cachait la Très
Sainte Vierge et ce fut la statue bien imparfaite qui se montra.
Dimanche 8 octobre 1944 :
A la messe, à Fauconcourt, quand M. le Curé commença son sermon sur le
Magnificat, une magnifique étoile vint s'arrêter au-dessus de sa tête. Elle dura
tout le temps qu'il parla et quand il fit le signe de la Croix qui terminait son
sermon, elle s'évanouit.
Pendant la communion des fidèles, je me sentis poussée, à regarder la statue de
la Très Sainte Vierge, je La vis toute rayonnante, toute blanche, les bras
étendus et le chapelet entre les doigts. C'est avec un magnifique sourire,
qu'Elle regardait Ses enfants. Je ne pouvais détacher mes yeux de cette beauté.
Elle resta tant que M. le Curé donna la Sainte Communion, puis, quand il revint
vers l'Autel, Elle fit sur Elle, un signe de Croix, deux larmes vinrent tomber
dans le calice. Elle joignit les mains, puis les yeux vers le Ciel, Elle s'éleva
dans un nuage qui me La cacha. Mon cœur se serra et j'éprouvai une grande
tristesse, car j'avais vu la Très Sainte Vierge pleurer.
A 6 h. au chapelet, chez M. Clévert, je fus très dissipée et fut prise d'un
fou-rire qui dura presque tout le chapelet.
A la 5è dizaine que nous récitons les bras en croix, brusquement, Jésus, la voix
voilée, me dit, sur un
ton de reproche :
"Mon enfant, sois plus sérieuse.
Pense que Ma Divine Mère te regarde.
Tu ris et Moi Je pleure, car cette journée J'ai été beaucoup offensé. Je vous
bénis".
Je sentais que Notre Seigneur souffrait de me voir si distraite. J'ai
passé une grande partie de la nuit en prières pour réparer car je sens que
j'aurais pu faire l'effort de ne pas rire.
Lundi 9 octobre 1944 :
9h30 du soir. Je viens de faire mes prières, malgré le cœur lourd, je sentis une
grande paix descendre en moi et Jésus, d'une voix touchante me dit :
"Ma Jeannette, pourquoi ces sanglots qui déchirent ton cœur. Tu sais bien que Ma
grande joie est de venir s'entretenir avec toi, dans ta chambre, quand tu es
seule. Dis à ta sœur que Je partage sa souffrance. Qu'elle se soumette à Mes
ordres en retournant à Nancy; ne lui-ai-Je pas dit qu'elle reverrait bientôt sa
famille.
Je sais que son devoir d'état l'appelle auprès des siens et J'admire son
courage, car elle était prête à franchir tous les obstacles, mais Je ne veux pas
qu'elle s'expose sous le feu de l'ennemi, à côté étant très dangereux.
Demain, l'Archange de Ma Très Sainte Mère veillera et guidera ses pas.
Pour le pasteur, Je ne désire pas qu'il parte voir son frère. Ne courez donc pas
au devant du danger. Restez chez vous. Combien se sont déjà aventurés sur les
routes et dans les bois et ne sont pas revenus. Il aurait du te parler de la
visite de Monsieur le Curé de Domptail et de sa grande joie. Tes parents n'ont
pas fait leur devoir. Voyant que les pasteurs désiraient te voir, ils auraient
dû venir te chercher dans les champs, car tu n'es plus à eux, mais entièrement à
Moi. Je n'aurais qu'un mot à dire et Je t'enlèverais à leur affection. Sois-Moi
plus unie et répare, car nombreux sont les péchés qui Me font souffrir. Je te
bénis".
Mercredi 11 octobre 1944 : Fête de la Maternité Divine de Marie. A 15h30 :
"Ma fille, dis au pasteur, qu'il mette sa chère maman chez sa tante, elle sera
très bien. Son séjour dans ton petit village sera très court. Qu'elle ne craigne
pas, Je lui donnerai les grâces pour surmonter cette épreuve. Je vous bénis".
A 18 h.
"Mon enfant, dis au pasteur que Je suis touchée de son acte de charité. Il a
accepté de grand cœur cette personne. Je l'en récompenserai. Mes deux enfants,
Je ne voudrais pas laisser cette journée sans vous parler de Ma Très Sainte
Mère. Quand Elle reçut de l'ange ces paroles : "le Saint-Esprit sur vous et vous
couvrira de son ombre", Marie était déjà le temple de Mon Père, parce qu'elle
était pleine de grâces Il avait préparé ce temple par une consécration spéciale.
Pour cette intimité unique, Mon Père avait arrêté le fleuve de boue, Il l'avait
faite pure et Immaculée dès le premier instant de Sa Conception. Il s'était
constitué jalousement ce jardin fermé et Il entendait le garder sans réserve.
C'est pour Moi, que Ma Divine Mère fut faite si belle, mais c'est pour vous
aussi puisqu'Elle est votre Mère. Mon Père a fait pareille exception en Sa
faveur pourqu'elle soit associée à l'œuvre de votre salut et pour qu'Elle puisse
largement mériter votre rédemption.
Elle n'a été faite si éclatante de grâce que pour Me donner, donner Son Jésus
tout entier, Son Christ, le frère aîné et aussi tous les Christs que vous êtes;
frères cadets de Celui qui vous acquit miséricorde et grâce.
C'est bien pour vous par conséquent que Mon Père le prédestina. L'Immaculé est
la gloire de votre race, Elle est la garante de votre prédestination chrétienne.
A Elle donc votre hommage, votre supplique. A Elle l'offrande de votre vie pure
et sans souillure dans la grâce divine.
Mes enfants, je vous bénis".
Jeudi 12 octobre 1944 :
Au chapelet de 4h30 :
La Très Sainte Vierge souriante et tout en blanc portée sur un nuage. Ses yeux
regardaient très loin. Puis, Elle posa Son regard sur Monsieur le Curé de
Domptail. Du tabernacle, Jésus, la voix confiante et très douce me dit :
"Mon enfant, dis ce simple mot au pasteur de Domptail : "Je n'approuve
pas"... Il comprendra. Pour le pasteur de Xaffévillers, Je partage la grande
souffrance de Ses brebis. Qu'il soit confiant. Je veille sur chacune d'elles.
Cette enfant qui fut tuée par les bombardements s'était offerte en victime.
J'avais accepté son sacrifice et J'ai cueilli ce lys pour en orner Mon jardin de
délices. La Très Sainte Vierge dit : "Je vous bénis".
Vendredi 13 octobre 1944 :
"Mon enfant, ce soir, dans l'intimité de ta petite chambre, Je veux te faire
comprendre ce qu'est le don de soi comme tu le désires.
Le don de soi naît non seulement dans l'accomplissement de tes devoirs envers
tous, non seulement dans les œuvres charitables, non seulement dans la prière,
mais encore dans toute ton attitude, ta façon d'être. Les idées grandes ou
saintes, les convictions profondes ont souvent pour véhicule auprès des âmes, le
charme et l'influence personnelle de ceux qui les représentent. Vous jugerez
l'arbre à ses fruits, à ses fruits de dévouement, de charité, de foi rayonnante,
mais aussi aux fleurs qui frappent d'abord le regard et précèdent le fruit, ces
fleurs-là s'appellent douceur, grâce, noblesse et distinction extérieure des
manières et de l'allure, sérénité, égalité d'humeur, charme de l'accueil, du
sourire et de la simplicité.
Si ton âme devient profonde et sanctifiée, maîtresse absolue par la grâce divine
de ton corps et des entraves que celui-ci oppose, ton âme, sans jamais se
répandre, rayonnera au dehors et donnera à tous le parfum délicat de ces fleurs
dont Je parle. Elle attirera les cœurs et les préparera par sa douce influence à
la venue que tu obtiendras ensuite par tes prières.
Imitez Ma Divine Mère. Il y en a qui font des prières à Marie, mais qui restent
froids, c'est qu'ils n'ont pas la dévotion d'imitation. Quand on aime quelqu'un,
on est heureux de lui voir faire les mêmes choses que soi. Ma Très Sainte Mère
aime voir dans Ses enfants, les vertus qu'Elle a pratiquées surtout Sa pureté,
Son humilité, Sa charité.
La pureté, cette belle vertu qui L'a rendue si agréable à Mon Père et si chère à
Son Cœur.
L'humilité, c'est comme une balance : plus on s'abaisse d'un côté, plus on est
élevé de l'autre. Abaisse-toi, comme Ma Divine Mère et tu seras élevée.
La charité ; imite Son amour pour Moi si ardent. Prie-la et Elle te donnera les
grâces. Dis au pasteur que Mon désir est de voir Ma Très Sainte Mère retourner
dans chaque foyer ; Ses enfants l'ont reçue et l'ont priée avec une grande joie
et une grande ferveur ; pour Elle, c'est un bonheur infini, car Elle aime ce
chapelet familial.
Pour les foyers qui l'ont refusé, qu'il ne fasse aucune démarche. Plus tard, ils
comprendront.
Pour ces évacués qui sont dans ton village et qui sont dépouillés de tout, le
pasteur doit faire un appel à ses brebis. Donnez-tout ce que vous pourrez; cela
vous sera rendu au centuple. Ce sont de belles âmes
très humbles qui ne se révoltent pas et qui ont tout accepté ; hélas, ces âmes
soumises sont très rares,
mais Je leur réserve une belle couronne.
Ma Jeannette, assez pour ce soir.
Mes deux enfants, Je vous bénis".
Lundi 16 octobre 1944 :
A 4h30 avec M. le Curé de Xaffévillers :
"Mon enfant, dis au pasteur que Ma Divine Mère désire retourner dans chaque
foyer. Je vous bénis".
A 6 h. à la 3 dizaine, M. le Curé venait d'indiquer l'intention. Je fus prise
d'un grand frisson. Tout près de Mon oreille, Jésus, suavement, me parla :
"Ma Jeannette, soit très recueillie; prie doucement. Je vais te plonger dans le
silence et tu entendras Ma Divine Mère réciter le chapelet avec Ses enfants".
Dans cette paix profonde, la voix musicale de la Très Sainte Vierge s'éleva.
Je l'entendais prier très lointainement, puis peu à peu la voix se rapprocha et
Elle me dit : "J'aime beaucoup la prière de ces petits. Ce sont des âmes très
pures qui touchent Mon Cœur et Me font pleurer.
Leurs Ave ont formé une couronne de roses qui auréolent Ma tête. Priez, car
beaucoup d'âmes souffrent. Je vous bénis".
Mardi 17 octobre 1944 :
A 10 h. du matin, au presbytère, dans la chambre de M. le Curé, avec sa nièce et
sa sœur, nous avons récité le chapelet.
Au 2è Ave fleuri, Jésus gravement me dit : "Ma fille, dis à ta sœur que
l'Archange de Ma Très Sainte Mère veillera sur son retour.
Pour ses enfants, Je Me choisis pour épouse la dernière petite fille.
Dis au pasteur que toute sa famille et ses amis sont sous le manteau de Ma Très
Sainte Mère. Mes enfants, Je vous bénis".
Mercredi 18 octobre 1944 :
Au chapelet de 11h30, avec M. le Curé, nous le récitons aux intentions de la
Mission.
A la 3è dizaine, une grande joie m'envahit. Je me sentis devenir plus recueillie,
à prier plus doucement.
Puis venant du tabernacle, Jésus, la voix pleine de tendresse, me dit :
"Mes 2 enfants, Je vais vous découvrir le ciel de vos âmes intérieures.
Vos âmes sont deux lis parfumés. Sans sortir de sa place le lis parfume
l'atmosphère, ainsi vos âmes parfument autour d'elles; quand vous sortez de
l'oraison, vous êtes tout embaumés des parfums du
Ciel.
Quand une personne passe quelques instants dans une atmosphère parfumée, elle en
demeure tout imprégnée et quand le parfum demeure, il faut qu'elle fasse
provision d'essence ; sans cela tout s'évapore promptement. Si, de même, dans
l'oraison, vos âmes ne savouraient que les douceurs et les bons sentiments, le
parfum se dissiperait bien vite. Mais puisque vos âmes forment de solides
résolutions, le parfum se maintient et vous répandez la charité, la suavité, la
condescendance. La monnaie avec laquelle vous achetez le flacon d'essence, est
la mortification. Ce sont les pratiques de renoncement que vous faîtes dans la
journée.
Vos âmes qui font tout en Ma volonté et qui ne se contentent pas de l'accomplir,
mais étudient ses moindres désirs sont des âmes d'oraison.
Mes deux enfants, tournez sans cesse vos âmes vers votre Bien Aimé comme
l'aiguille aimantée et toujours attirée vers le pôle Divin. Ainsi fixées et
dirigées, elles ne pourront s'égarer. Je vous bénis".
Vendredi 20 octobre 1944 :
A 11h30 avec M. le Curé et un séminariste soldat, nous récitons le chapelet pour
la Mission. C'est au 2è Ave fleuri, que lentement, je me sentis pénétrée d'une
grande paix, puis les voix baissèrent et du tabernacle, Jésus, la voix grave, me
dit : "Ma fille, dis à Mon futur pasteur que Je suis infiniment touché de la
grande confiance qu'il a mise en ta sœur et en toi.
Ma Divine Mère veillera sur lui et Je lui accorderai les grandes grâces qu'il
désire. Mes enfants, Je vous bénis".
Samedi 21 octobre 1944 :
A 6 h. au chapelet familial, chez Mme Pierron, à la 3è dizaine, je sentis en moi,
une douce joie, puis lentement les Ave s'évanouissent et je fus plongée dans le
silence. Du côté de la statue, Jésus, d'une voix pleine de tendresse, me dit :
"Ma fille, Je Me penche vers cette maman qui souffre en silence et dont le cœur
est percé de mille glaives. Dis lui que ses enfants souffrent de nombreuses
privations, surtout celle de l'exil. Qu'elle médite Ma fuite en Egypte. Je l'ai
voulu ainsi pour vous apprendre à savoir vous passer de tant de choses dont vous
croyez avoir besoin. J'ai voulu qu'en Me regardant, pauvre et méprisé, inconnu
de tous, vous sachiez accepter pour Mon Amour, le mépris du monde.
Ses enfants se sont abandonnés entre Mes bras. Je suis près d'eux et porte leur
lourde Croix. Pour Mon futur pasteur, et pour ton frère, le pasteur peut leur
parler de la Mission et leur faire connaître tes messages, mais sous le sceau du
secret.
Mon enfant, habitue-toi à faire ce qui te coûte. Tu connais ton défaut, engage
chaque jour une bataille ardente en ayant cœur de le vaincre.
Fais-toi un tempérament de lutte. Sais-tu que c'est séduisant de cueillir des
victoires cachées, dans le champ clos de son cœur, sous Mon regard.
Tu seras tout de suite récompensée, par une douceur intérieure. Je n'attends pas
le Ciel pour payer ceux qui se donnent à Moi. Je vous bénis ainsi que ce foyer".
Dimanche 22 octobre 1944 :
A 4h30 seule dans ma chambre, j'écrivais mes messages, quand une main invisible,
me fit mettre à genoux, puis je fus inondée d'une grande lumière intérieure et
Jésus, d'une voix triste, me dit :
"Ma fille, dis au pasteur qu'il a distribué
paternellement le pain de Ma parole; beaucoup d'âmes ne l'ont pas comprise et se
sont ri de Moi.
Quand ton Père parle, ce n'est plus lui, mais c'est Son Dieu qui lui envoie les
lumières. Le dimanche qui se termine sans les Vêpres est un jour tronqué. C'est
comme un pan de mur qui menace et dont on précipiterait l'écroulement. La maison
ne s'écroulerait peut-être pas du coup, mais si on ne répare pas la brèche, si
l'on ne comble pas le vide ainsi produit, il y a tout lieu de craindre pour la
solidité de l'édifice.
Grand nombre de fidèles veulent Me servir à leur fantaisie, sans consulter Mes
volontés. Je ne bénirai leurs œuvres que si Mes enfants Me rendent l'honneur et
le culte qui M'est dû. Mes deux enfants, consolez Mon Sacré-Cœur. Venez au
jardin des Olives, près de Moi et offrez-vous pour expier les péchés du monde.
Je vous bénis".
Lundi 23 octobre 1944 :
A
9h30. Après avoir récité ma prière une voix intérieure me poussa à dire mon
chapelet pour les 2 futurs pasteurs et les 2 soldats.
Dans la nuit et le calme profond de ma chambre, j'égrenais mes Ave, quand je vis
une douce lumière
envelopper le crucifix et Jésus, d'une voix pleine d'amour, me dit :
"Ma Jeannette, ce soir, ce message sera pour Mes 2 futurs pasteurs et tes 2
frères".
"Mes enfants, votre confiance est la source de bénédictions que Je répands sur
vous.
Mes 2 fils, il appartiendra à votre vocation divine de préparer dans le cœur des
hommes la voie à l'amour.
Votre mission sera de remplacer sur tous les champs de l'apostolat les
moissonneurs exténués qui laissent tomber la faucille de leurs mains, de
ramasser les épis dorés qui penchent la tête dans les sillons et qui n'ont
personne pour les mettre en gerbe et les rentrer dans les greniers du père de
famille, de verser Mon sang au âmes assoiffées, d'arrêter les pêcheurs riant,
chantant dansant sur la large voie qui conduit à l'enfer, de rompre le pain de
la doctrine aux petits enfants et le pain du Ciel aux malades et aux mourants.
Pour Mon futur pasteur que J'appelle dans les missions, de s'enfoncer dans les
forêts lointaines et de grimper aux sommets des montagnes sauvages, à tous deux
de Me faire connaître au monde. Efforcez-vous chaque jour à M'aimer davantage, à
avancer en degré et en perfection dans Mon amour. Témoignez-Moi plus d'amour
aujourd'hui qu'hier et plus demain qu'aujourd'hui, en pensant plus assidûment à
Moi et en faisant généreusement les sacrifices que Je vous demanderai. A Mes 2
autres enfants : Je connais la largeur de votre cœur, plus tard, vous aurez une
Mission à remplir et vous comprendrez pourquoi vous avez fait partie du groupe
de privilégiés. Je ne soulève qu'un coin du voile, mais vous verrez de belles
choses.
Mes enfants, que Je suis heureux de contempler vos âmes pures et embaumées. Je
vous bénis".
Mercredi 25 octobre 1944 :
Au chapelet de 3h30 au presbytère en présence des curés de Xaffévillers et de
Domptail et d'un soldat :
"Mon enfant, dis au pasteur de Domptail que tous ces
Ave qui montent continuellement vers Moi touchent Mon Cœur et Je répands sur
chacune de ses brebis des torrents de grâces. Plusieurs familles ont été
touchées par le feu, mais dans leur dépouillement, elles ont tout accepté et Je
Me penche sur elles pour leur apporter la consolation.
Combien de fois ai-Je répété à Mes deux pasteurs que Mon Manteau s'étendait sur
leurs villages. Je n'ai pas voulu écarter les obus parce qu'il fallait que
plusieurs familles expient, mais les épreuves seront bientôt terminées.
Au frère du pasteur de Domptail : Je suis heureux qu'il n'ait pas accepté. Ne
vous plongez pas dans les choses matérielles, mais récitez et ne vous lassez pas
d'égrener vos Ave.
Je souris de contempler ce cadre posé à Mes pieds. (Cadre contenant une rose qui
fut trempée dans les pleurs de la Statue du Pailly lors d'une apparition de la
Très Sainte Vierge au Père Lamy). C'est un Mystère pour toi, mais tu sais, Mon
enfant, que Mes désirs sont toujours écoutés. Je demande au pasteur (Domptail)
de t'éclairer.
A ton frère, Je bénis toutes ses intentions. Plus tard, Je le chargerai d'une
grande Mission. Qu'il reste toujours confiant. Je veillerai sur lui. Mes
enfants, Je vous bénis".
Mercredi 25 octobre 1944 :
A 6 h. du soir, au chapelet familial.
"Ma fille, le futur pasteur que J'appelle à s'enfoncer dans les forêts
lointaines est celui qui entre dans la Congrégation des Pères Blancs. J'attends
beaucoup de cette âme.
A tous deux : dis-leur que Ma petite Thérèse qui aime beaucoup les missionnaires
sera toujours à leur côté pour les aider dans leur lourde tâche.
Pour ton frère, qui connaît la Mission, Je le compte parmi Mes brebis
privilégiées. Je lui demande de réciter plus souvent son chapelet et Ma Très
Sainte Mère protégera son cher papa et sa famille qui souffre.
A tous : J'exaucerai leurs plus chers désirs ; Je les guiderai, puisqu'ils sont
revêtus par Moi d'une Mission universelle.
Ma Jeannette, Je suis bien triste, car dans cette chambre, ta maman du Ciel a vu
de bien tristes choses ; pauvre prisonnier, quand tu reviendras combien ton cœur
saignera.
Dans ton village, il y a plusieurs femmes dont les maris sont en exil et qui ne
viennent plus à la messe le vendredi, que ton père célèbre pour eux. Depuis que
les soldats sont là, la prière est oubliée. Elles rient aujourd'hui et demain
verseront des larmes ; à celles-là, Je te dis : Je les laisserai de côté, car Je
suis écoeuré du manque de volonté de ces jeunes mères.
Mes deux enfants, vous qui M'aimez d'un amour pur et détaché, Je vous tends Mes
bras. Jetez-vous sur Mon Cœur et écoutez Ses plaintes. Je vous bénis".
Vendredi 27 octobre 1944 :
A 6 h du soir, au chapelet familial, chez Madame Litaize, au commencement de la
3è dizaine, les Ave devenaient très doux, puis cette mélodie lointaine, Jésus,
d'une voix grave me dit :
"Mes enfants, Je parle de ton père, de Mon futur
pasteur et de ton frère. devenez de beaux vases de cristal bien purs, tout grand
ouverts de Mon côté, pour que Je M'y verse sans cesse et les remplisse ; et un
peu incliné du côté des créatures, pour que la liqueur divine découle sur elles,
les éclaire, les purifie, les rafraîchisse et les console.
Le pasteur, pour son séminariste, doit chercher une maison où l'on dirige et où
l'on instruit les âmes à la sainteté et à la dignité du Prêtre. Je lui nomme
deux villes, Nancy ou Epinal. Qu'il n'attende pas, car Mon futur pasteur doit
travailler. Pour cette maman qui désire que sa fille connaisse tes messages, Je
lui donne l'autorisation. Je connais la grande souffrance de cette âme. Dans
quelques temps elle aura une grande joie. Je sais récompenser ceux qui ne
cessent de prier leur Maman du Ciel. Pour cette personne dont ta sœur n'a point
de nouvelles, Je resterai silencieux. Mon enfant, il est des choses que Je ne
puis dévoiler. Qu'elle prie pour elle. Avec Amour, Je vous bénis".
Samedi 28 octobre 1944 :
Veille de la Fête du Christ-Roi.
9 h. du soir. Je viens de réciter mon chapelet à plusieurs intentions,
particulièrement pour Melle Dubach.
En commençant la 4è dizaine, une grande paix inonda mon cœur, puis dans
l'obscurité de ma chambre, Jésus, d'une voix pleine d'Amour me dit :
"Ma Jeannette, dans le cloître, tu seras enveloppée de silence et d'oubli pour
mieux vivre cette vie intérieure qui t'uniras davantage à ton Epoux crucifié.
L'amour de la Croix. L'espérance t'en arrachera ce cri. Pour jouir, il faut
mourir ; pour aimer souffrir. Je veux t'apprendre cette science d'aimer. Toute
ta vie sera désormais d'aimer et de Me faire aimer. Je ne te ménagerai ni les
épreuves, ni les secours.
Tu lutteras pour sacrifier à ton Epoux les tendances naturelles de ta nature
ardente.
Il te faudra briser beaucoup pour l'atteindre, car c'est un Royaume d'amour et
J'y veux des hosties bien sacrifiées.
Dans ce Royaume d'amour, tu seras Hostie, en te cachant, en t'oubliant. Ce sera
là ton champ d'immolation.
Voici ce que fait l'Amour : il anéantit, il souffre, il agit. Celui qui aime se
détruit, s'anéantit lui-même. C'est le signe que Je considère chez Mon épouse.
C'est la pierre de touche de l'Amour. Je demande deux choses : agir pour Moi et
souffrir à cause de Moi. L'épouse doit devenir l'image de l'époux, c'est Ma
volonté, c'est là ce que J'attends d'elle. Elle ne doit pas se tenir à distance.
C'est en Mon Amour qu'elle doit chercher l'amour. Pour cela, il suffit d'une
chose, c'est que l'épouse ne quitte jamais l'Epoux.
Pour que cette union se contracte, il faut l'humilité du cœur. L'humilité est le
sceau qui scelle l'union entre l'Epoux et l'Epouse.
Dans ce cloître où Je t'attends, tu seras mon Rubis, ignoré de la terre, mais
qui aura tout son éclat dans Mon Ciel. Mon Amour Divin dévore ton âme. Tu es le
lis pur croissant au milieu des épines. Passons, puisque tu le désires, aux
questions de la terre.
Ta sœur conforme son être et sa volonté à Mes divins conseils. C'est une âme
débordante de charité, d'une charité qui livre son âme à une sainte ivresse,
elle est pour elle une source intarissable de foi, un océan d'humilité.
Une mère dont le cœur est tout de tendresse, n'aime pas tant à serrer dans ses
bras et à presser sur son cœur un enfant, qu'une âme remplie de charité ne se
complait à s'unir à Moi. Je la laisse libre, sa grande joie est de presser sur
son cœur sa chère maman. Qu'elle parte demain, mais elle pourra trouver des
surprises. Que ce petit mot n'assombrisse pas sa joie, car Je la sais prête à
surmonter tous les dangers. L'Archange Saint Michel saura la défendre".
Dimanche 29 octobre 1944 :
Fête du Christ-Roi.
C'est aux Vêpres, à la bénédiction, quand le Prêtre fait avec l'Ostensoir le
signe de la croix sur les fidèles que de l'Hostie, Jésus, d'une voix grave, me
dit : "Mes enfants, Je vous bénis".
A 9 h. du soir, au presbytère, avec M. le
Curé, deux soldats et un futur pasteur, Mme Petitnicolas et Melle Rhote, nous
avons récité une dizaine de chapelet pour les 5 privilégiés qui avaient ordre de
partir. En commençant le 1er Ave, je sentis quelque chose de doux qui
m'enveloppa, puis les Ave s'estompèrent devant moi, je vis la statue du
Sacré-Cœur se recouvrir d'un nuage qui s'entrouvrit et laissa apparaître la Très
Sainte Vierge toute blanche, rayonnante, les mains jointes et son beau chapelet
entre les doigts. Ses yeux étaient baissés et de grands cils faisaient un léger
ombrage sur Ses joues diaphanes ; tout près d'Elle, Jésus, suavement, me dit :
"Mon enfant, dit à Mes deux pasteurs et à tes frères que Je les appelle à
coopérer à Mes desseins, mais Je ne veux pas les leur révéler. Abandonnez-vous à
Mes appels divins. Travaillez pour Moi. Je saurai vous récompenser de votre
filial abandon. Aux heures de grandes souffrances, prenez votre chapelet. Ce
sera votre bouclier et Ma Divine Mère qui vous sourit vous enveloppera dans Son
Manteau".
(Ici, la Très Sainte Vierge leva les yeux et maternellement regarda chacun, avec un profond sourire, surtout le soldat qui est de la J.O.C. - Pendant ce temps, Notre Seigneur continuait)
"Tous les matins, vous êtes des ciboires : toute la journée soyez des ostensoirs
Me rayonnant partout. Reproduisez autour de vous, Ma bonté, Ma charité, Ma vie
de prière. Chaque soir, Ma petite Jeannette priera pour vous. Je vous bénis".
Mardi 31 octobre 1944 :
Au chapelet de 11h30 que nous récitons pour la Mission, à la 4 dizaine, je me
sentis plus unie à notre Seigneur, puis la voix de Monsieur le Curé s'évanouit
et dans ce silence profond, du tabernacle, Jésus, d'une voix douce, me dit :
"Mes deux enfants, plus vous serez humble et doux, plus Je vous donnerai, et vous
attirerez à Moi. Ce sont les petits qui sont les privilégiés de Mon Cœur, car
J'aime à trouver dans Mes créatures la conscience de leur néant. J'en demande
l'aveu humble et sincère. Alors Ma grâce toute puissante s'incline et opère des
merveilles. Ce qui n'était rien devient sublime sous Mon influence sacrée. C'est
une âme enflammée, un cœur embrasé, capable de tous les héroïsmes et des plus
grandes vertus. Inclinez-vous au pied de Mon tabernacle. Humiliez vos âmes et
vos cœurs et vous vous releverez sanctifiés. Mon Royaume est au-dedans de vous.
Je connais dans vos consciences vos efforts, vos ennuis et Je compte vos larmes.
Aux heures de souffrance, de découragement, de lutte, posez sur Ma poitrine ;
vos têtes alanguies et enfiévrées. Si les forces vous manquent, Je saurai vous
porter. Voilà l'amoureuse filiale union à Ma Volonté.
Pour votre sœur qui connaît votre secret, ne craignez pas. Je veille. Pour cette
âme qui manque de confiance, les épreuves ne sont pas terminées. Je vous bénis".
Mercredi 1° novembre 1944 :
Fête de la Toussaint.
"Mon enfant, ce message sera pour ton Père et pour toi.
Cette fête de la Toussaint est bien douce ; c'est la fête de ceux qui vivent en
Moi, de ceux que vous avez aimés et qui ont atteint la Lumière et le Bonheur.
Le ciel est un rassemblement fraternel, un enveloppement de tendresse d'un à
l'autre, de chacun à tous, de tous à chacun. Vos morts sont vivants, ce sont les
grands vivants éternels, sur qui le mal n'a plus d'action, ni la douleur, ni la
fatigue du temps. Ils jouissent de Ma propre joie, ils vivent dans la charité
parfaite, offrant perpétuellement à Mon Père l'hommage de leur ardent amour que
Lui-même allume en leur poitrine et vous aiment encore plus qu'ils ne vous ont
jamais aimés. Votre souvenir habite en leurs cœurs restés fidèles à toutes les
affections qui n'exclut leur sainteté. Vos noms se murmurent perpétuellement en
leurs prières. Leurs regards vous suivent sur les chemins de l'exil, autant
qu'il plaît à Mon Père de leur découvrir vos images en la pleine vision qu'Il a
Lui-même.
Dis à ton Père que ses parents et l'enfant qui est cher à toute sa famille,
n'oublient pas ceux et celles qui gisent encore couchés dans la vallée de
larmes. Sous le manteau de leur maman qui dans ce beau jour s'étend sur toute la
terre, ils portent une couronne incorruptible de gloire et prennent part à leurs
innombrables misères.
De leur grande Patrie, ils leur sourient et leur donnent une part de leur joie.
Mes deux enfants, la paix, c'est la fleur de la charité, c'est le Ciel dans vos
âmes.
Priez pour toutes les âmes et elles sont nombreuses, celles qui me ferment la
porte de leurs cœurs. Je vous bénis".
Jeudi 2 novembre 1944 :
Au presbytère, au chapelet de 3 h. avec Messieurs les Curés de Xaffévillers et
de Domptail :
"Ma fille, ce message sera pour Mes 3 pasteurs.
Mes enfants, ne mettez aucune limite à vos immolations.
Le sacrifice absolu vous apportera Mon amour, Mes joies divines et les
rayonnements de Ma Vie en vous. Vous serez des Hosties vivantes. Pour Mon amour,
tous les sacrifices vous seront faciles. Avec cet amour, vous aimerez toutes les
âmes et vous serez heureux de vous sacrifier pour les sauver. Hosties vivantes,
c'est l'expression de Mon Sacré-Cœur : transformez-vous comme l'hostie. Dans la
consécration, le Pain n'existe plus. Il n'y a plus que la forme et la blancheur
; la substance matérielle n'est plus. Je suis seul présent et tout entier. De
même, en quelque sorte, si vous êtes des hosties saintes par le sacrifice, par
la disparition de vous-mêmes, Je passerai en vous. L'Hostie parlera par vous.
L'Hostie se traduira dans toutes vos actions et l'Hostie, c'est MOI.
Alors, vous serez des hosties vivantes, des holocaustes d'amour par la
destruction de vous-mêmes. Mon amour s'édifiera en vous, car, en vérité, vous
pourrez redire : "C'est Jésus Christ qui vit en moi". Si vous pratiquez cette
parole, vous sauverez le Monde.
Le dernier mot de la vertu est celui-ci : "Ne songez aux autres que pour les
aimer et à vous-mêmes que pour vous oublier". N'ayez pas peur du couteau qui
immole.
Dis au pasteur de Xaffévillers qu'il doit ramener sa chère maman, car J'avais
dit que son séjour serait court. Pour ses 3 petits, Je les appelle à Moi. Qu'il
fasse les démarches pour qu'ils puissent travailler. Mes enfants, Je vous
bénis".
Dimanche 5 novembre 1944 :
"Mes deux enfants, vos âmes sont des maisons de prière. La prière doit sans
interruption s'élever de vos âmes vers le Ciel, comme une fumée d'encens et
combien de fois, les distractions, les pensées terrestres, les occupent, les
remplissent de bruit.
Efforcez-vous de toute votre puissance, de faire (en sorte) que vos esprits
soient toujours occupés de Moi ou de ce que Je vous charge de faire pour Mon
service et même qu'en faisant ce dont Je vous charge, vous jetiez sans cesse un
regard vers Moi, sans jamais détacher votre cœur en aucune façon et les yeux le
moins possible, ne les attachant à vos occupations qu'autant que c'est
nécessaire et votre cœur pas du tout. Que Je sois le Roi de vos pensées et que
Ma pensée ne vous quitte pas et que tout ce que vous dites, faites, pensez, soit
pour Moi, soit dirigé par Mon Amour.
Soyez deux petites lampes au pied de l'Ostensoir et si la petite flamme fait
mine de vouloir s'éteindre, demandez le souffle de l'Esprit-Saint pour la
ranimer. Je vous bénis".
Lundi 5 novembre 1944 :
Monsieur le Curé de Domptail a proposé à Jeannette de la conduire au Monastère
du Val d'Ajol. On prie. La Très Sainte Vierge apparaît. Notre Seigneur parle :
"Mon enfant, dis au pasteur que Je suis heureux qu'il te conduise chez Mes
Epouses très chères. Votre voyage se fera sous la protection de Ma Divine Mère.
Pour le jour, à eux de choisir. Mais faîtes ce voyage le plus tôt possible.
Je veux que tu sois toute abandonnée à Moi et que tu Me laisses faire tout ce
que Je voudrai dans ton âme et dans tout ton être. Je désire qu'à l'avenir tu
sois Ma Petite Hostie et lorsqu'elle sera bien blanche J'y marquerai Mon
empreinte et Je la mangerai (ces derniers mots avec une grande douceur).
Pour
cette belle âme que le pasteur de Domptail a initié, Je veille sur lui et Je Me
réserve ce petit bouton de rose.
Pour le pasteur de Xaffévillers, Je protège sa famille. Mes enfants, Je vous
bénis".
On prie de nouveau pour savoir si l'on doit coucher en route et si M. le Curé de
Xaffévillers doit nous accompagner. Notre Seigneur :
"Ma fille, dis au pasteur de Domptail de ne pas changer son itinéraire, mais
qu'il se mette en règle. Pour l'autre pasteur, Ma volonté est qu'il vous
accompagne. Ne craignez pas. Tu verras l'étoile tout le long du parcours".
Mardi 7 novembre 1944 :
"Mon enfant, cette pluie qui ne cesse de tomber, c'est une épreuve pour ton
village ; les calamités sont commencées et vous passerez par des heures encore
douloureuses, car Je veux voir l'amour et la confiance de tous ces foyers.
Ton père peut donner la permission à ses brebis de travailler le dimanche, mais
qu'elles ne manquent pas les principaux offices, car les châtiments seraient
encore plus terribles.
Il y a plusieurs mois, Je t'avais annoncé que la souffrance viendrait, plusieurs
familles sont cruellement touchées, beaucoup d'autres le seront, car on manque
de respect, surtout de confiance envers Mon pasteur.
Plusieurs foyers n'auront plus cet élan pour recevoir une deuxième fois Ma
Divine Mère. Voici le froid, puis on aime sa tranquillité, son petit chez soi,
il fait si bon au coin du feu quand le vent et la pluie font rage.
Maintenant que l'ennemi est parti, tous se croient délivrés ; pauvres enfants,
vous ne pensez donc pas à des millions et des millions de femmes, d'enfants, de
vieillards qui meurent de faim et qui n'ont plus de toit pour s'abriter et...
tous ces français qui vont se tuer. C'est l'heure où il faut redoubler la prière
et le chapelet, car c'est l'Ave Maria qui sauvera la France.
Que le pasteur ne fasse aucune démarche. Je lui demanderais même de ne rien dire
et d'attendre les âmes ferventes qui voudront reprendre Ma Très Sainte Mère. Je
te le dis. Elles ne seront pas nombreuses.
Petit village, si tu savais le don que Je t'ai fait, combien tu tomberais à
genoux pour Me remercier. Je ne désire pas que ta sœur vous accompagne.
Maintenant, que le pasteur fasse comme il voudra : ce serait un acte de charité
qu'il ferait, mais, vois-tu, dans les messages, Je ne veux que Mes enfants.
Priez, consolez-Moi, car Je suis toujours plus offensé, surtout dans la personne
de mes représentants. Je vous bénis".
Mercredi 8 novembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial au presbytère. Au Mystère de l'Assomption, récité
pour un accroissement de la dévotion au chapelet dans la paroisse :
"Mon enfant, Ma Divine Mère n'a jamais déçu la confiance de Ses enfants.
Toutefois, cela ne veut pas signifier que Marie exauce toujours vos prières en
ce monde et selon vos vœux, car vos désirs actuels ne sont pas toujours ce qu'il
y a de meilleur pour Ma gloire et pour votre salut éternel. Votre Céleste
Avocate le sait. C'est pourquoi, elle vous obtient matériellement et selon vos
besoins présents les grâces qui vous sont le plus utiles dans le temps, dans la
mesure et de la manière qu'elle veut et qu'elle juge convenable. Une mère sait
beaucoup mieux que le petit enfant qu'elle porte dans ses bras ou qu'elle couche
dans son frêle berceau ce qui convient à son existence et à ses besoins. Par
suite, tout ce qu'il y a en vous d'espérance, ce qu'il y a de grâce, ce qu'il y
a de salut, tout, dis-je, et n'en doutez pas, vous vient de Celle qui s'élève
vers le Ciel inondée de délices. Donc, de toute la tendresse de vos cœurs, de
tout votre pouvoir d'aimer, de tous vos vœux les plus ardents, honorez et
vénérez votre Mère. Telle est Ma volonté qui a voulu que vous ayez tout par
Marie. Ma Divine Mère s'empresse partout et toujours d'apporter assistance à vos
misères, vous consolant dans vos craintes, réveillant votre foi, raffermissant
vos espoirs, chassant la défiance et relevant la pusillanimité.
Marie vous conduit comme par la main dans la voie étroite qui conduit à la vie.
Elle adoucit le sentier douloureux de la pénitence et du calvaire ; Elle vous
porte dans les bras de Sa miséricorde, vous comble des trésors de Ma grâce et en
vraie Mère ne se décourage jamais de vos résistances et de vos coups de tête. Je
vous bénis".
Jeudi 9 novembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial au presbytère. A la 3° dizaine dite pour Simone
Courtois, Jeannette vit un voile blanc sur le massif qui se partagea en deux, un
nuage descendit, Elle entendit comme du vent et doucement la Très Sainte Vierge
vint se poser sur le nuage. Elle fixa en souriant Simone Courtois et dit :
"Mon enfant, dis à ta sœur que mon Divin Fils attend Sa future épouse chez les
Clarisses du Val
d'Ajol.
Mes deux petites filles, soyez d'autres Christ, pour racheter les âmes, car ce
sont des milliers qui
sont sous la domination de satan".
(Puis Ses yeux se posèrent sur la sœur du pasteur) :
"Pour ta sœur qui souffre et qui porte courageusement sa lourde Croix, dans
l'invisible, Je suis près d'elle et bientôt elle verra luire cette aurore
tardive. Mes enfants, Je vous bénis".
(Puis la Sainte Vierge regarda chaque personne. Le voile qui formait tenture derrière Elle se ferma, puis s'éclaircit ; ce fut comme une fumée qui monta et Jeannette inondée d'une grande joie revint sur la terre).
Samedi 11 novembre 1944 :
Seule, dans sa chambre à 8 h. du soir, Jeannette qui ne s'était plus rappelé le
message donné au chapelet familial au presbytère, à 5h30, entendit :
"Mon enfant, sois en paix, ne crains pas, tu es entre les bras du Tout-Puissant
qui ne veut pas t'abandonner entre les mains de l'ennemi, puisque Je suis ton
Père, ton Maître et ton gouverneur qui te donne de continuelles preuves de
l'amoureuse tendresse de Mon Cœur. Je vais te redire le message : pour ton
Père. (Secret). Mes deux enfants pour plus de prudence, munissez-vous de
laissez-passer. Le pasteur doit s'adresser au capitaine.
Ma fille, sois très calme ; chaque fois que tu seras impressionnée, le démon en
profitera pour te troubler.
Maîtrise-toi et tu obtiendras de beaux résultats. Je vous bénis".
Lundi 13 novembre 1944 :
MMrs. les Curés de Xaffévillers et de Domptail viennent d'arriver. M. le Curé
d'Ortoncourt est retenu par un enterrement qui doit avoir lieu à Fauconcourt à
10 h. On prie :
"Mon enfant, Je tiens à ce que ton Père t'accompagne. Si Je
permets ces obstacles, c'est pour votre bien. Aussitôt que le pasteur sera
revenu, partez. Comme Je te l'ai dit, tu verras l'étoile et l'Archange sera à
vos côtés. Je vous bénis".
A Remiremont, chez Monsieur Briot, où l'on arrive vers 5h30, on hésite à
s'engager sur la route du Val d'Ajol. On prie :
"Mes enfants, partez pour le Val d'Ajol, malgré la nuit, n'ayez pas peur. Je
suis là. Pour le pasteur (Domptail) qui tient à sa famille, il pourra revenir.
Grande confiance ! Je vous bénis".
Dans le parloir du Monastère, avant le départ du Curé de Domptail et de son
frère qui l'a accompagné, on prie avec la Mère Abbesse :
"Mon enfant, dis au pasteur (Domptail) et à ton frère (M. Briot)
que leur retour
s'effectuera sous le manteau de Ma Divine Mère. Qu'ils récitent le chapelet tout
le parcours.
Ma Jeannette, grande est Ma joie de te voir chez Mes Epouses très chères. Je te
réserve de grandes grâces. Mes enfants, Je vous bénis".
Mardi 14 novembre 1944 :
A 2 h. du matin, Jeannette s'entend appeler :
"Mon enfant, dans cette arche sainte, tu éprouveras cet attrait qui te fera
retirer dans ton intérieur, dans la solitude de ton cœur pour y demeurer en Ma
présence.
Je te veux toute à Moi et J'ôterai tout emploi, tout souci matériel pour que tu
sois livrée entièrement en Mon bon plaisir. Il faudra que tu sois recueillie
intérieurement pour que Je puisse sans obstacle posséder les facultés de ton âme
et de ton corps et en disposer pour les faire jouir et souffrir pour les immoler
comme bon Me semblera.
C'est là l'emploi que Je te destine. C'est un lieu qu'il faut que tu compares à
une haute montagne si élevée et entourée de telle manière que quand l'âme s'y
trouve les bruits, les soucis et beaucoup de misères de la terre ne peuvent y
arriver ni distraire l'âme en Ma présence.
Le calme et la tranquillité que tu goûteras sont très grands, même dans les
moments de souffrance et de lutte.
C'est surtout intérieurement que tu devras mener cette vie, en te tenant dans ce
royaume d'amour, détachée et presque séparée de tout, en t'occupant comme cela
t'y porte à Me regarder, à M'aimer comme si tu étais seule au monde.
Je te retirerai de toutes choses extérieures afin que tu sois toute Mienne et
que Je sois tout tien. Ce que J'attends de Mes Clarisses c'est qu'elles soient
d'autres Christ ; de Mes prêtres : Je les aime tant dans Mon action sur les
âmes, Je veux être secondé par eux. J'aime à recevoir les âmes de leurs mains.
Soyez des âmes victimes, car rien n'est nécessaire que Mon Amour, l'Amour de Mon
Divin Cœur, non un simple amour de sentiment, mais un amour d'action, un amour
qui
vous presse de faire quelque chose pour Mon Divin Cœur, un amour qui ne recule
pas devant le sacrifice quand il s'agit de faire réparation à Mon Sacré-Cœur
pour les outrages innombrables dont il est abreuvé. Ma Jeannette, Je vais Me
retirer. Prie. Je te bénis".
(Omission) : Hier soir, au chapelet récité avec les Sœurs Clarisses, pendant les
trois dernières dizaines, la Sainte Vierge est apparue en blanc, les mains
ouvertes et de Ses mains des rayons descendaient sur les religieuses. Elle a
béni.
Ce matin, à la messe, le Cœur de Jésus est apparu dans l'Hostie que tenait le
prêtre pour la Communion, jusqu'au moment ou il la déposa sur les lèvres de
Jeannette. Il était rayonnant, surmonté de la Croix et de la couronne d'épines.
Vers 11 h. à l'arrivée de M. le Curé de Domptail on prie avec toute la
Communauté dans le parloir du Monastère. La Très Sainte Vierge se montre et
Notre Seigneur parle :
"Mon enfant, Je contemple avec un amoureux regard Mes
amantes de Mon Eucharistie et Je fais descendre sur chacune d'entre elles un
torrent de grâces.
Pour ce Père qui prêche la retraite (Le R.P. Meyer) Je suis heureux qu'il
s'abandonne entièrement à
Moi. Qu'il continue. Je l'inspirerai. J'attends beaucoup de lui. Plus tard, il
comprendra.
Mes enfants, votre retour se fera sous le regard de Ma Divine Mère.
Pour toi, Je ne veux pas te dire la date, car Je veux te laisser encore à ton
Père.
Je vous bénis". (Notre Seigneur et la Très Sainte Vierge ont béni).
A Remiremont, chez Monsieur Briot où l'on récite un chapelet vers 2 h. la Très
Sainte Vierge apparaît les mains jointes, sur un nuage, une étoile un peu
au-dessus de Sa tête. Elle dit :
"Mon enfant, comme Je suis heureuse de
contempler cette grande famille prier à Mes pieds et combien Je l'exaucerai dans
leurs plus grands désirs. L'âme qui leur est très chère est sous Mon manteau.
Mes enfants, Je vous bénis".
A Ortoncourt, l'étoile a continué de briller devant Jeannette jusqu'au moment où
elle entra dans la salle à manger du presbytère. Elle est venue se poser
au-dessus de la statue de la Très Sainte Vierge pour ne disparaître qu'au Gloria
du Magnificat que nous chantâmes avec ferveur et reconnaissance. Puis nous
récitâmes un chapelet, au cours duquel Notre Seigneur parla :
"Mon enfant, dis au pasteur (Domptail) qu'il aura de grandes difficultés pour
obtenir son permis, mais Je lui conseille de demander. Pour venir dans ton
village, il n'y a pas besoin de laissez-passer. L'Archange est toujours là. Pour
Mon futur pasteur, il peut retourner à Paris.
Pour ce jeune homme et cette jeune fille, Je bénis leur futur foyer et Je
choisirai un pasteur et une épouse.
Pour le séminariste de ton père, puisque les démarches ont échouées, qu'il le
garde près de lui pour le moment. Plus tard, Je lui donnerai les conseils".
Mercredi 15 novembre 1944 :
Vers 4 h. dans la salle à manger du presbytère, un chapelet est récité avec M.
le Curé de Domptail qui revient d'Epinal où il est allé faire des démarches en
faveur d'un de ses paroissiens : Notre Seigneur :
"Mon enfant, dis au pasteur que c'est Moi-même qui l'ai poussé à faire ces
démarches. Il n'y a pas à être inquiet. Qu'il attende. Qu'il prenne patience
puisque chaque chose arrive en son temps. Pour l'autre séminariste (de Domptail)
il doit suivre la voie de son frère. Je les protège. Pour sa voiture qui est
sous le Manteau de Ma Très Sainte Mère, il n'a pas à craindre. Il peut aller
dans sa paroisse voisine et emmener ton Père voir son frère. Mes enfants, Je
vous bénis".
Au presbytère d'Ortoncourt, à 4h30 :
La Très Sainte Vierge étant présente, Notre Seigneur parla :
"Mon enfant, Je veux que tu saches ce que deviendra Mon futur pasteur qui hélas
a du quitter le chapelet. C'est une âme que J'appelle à monter dans la voie de
la perfection et de l'amour. Pour tes frères qui ont eu grande confiance, les
souffrances ne sont pas finies et Je Me choisirai parmi eux des victimes. C'est
pourquoi J'ai permis qu'ils partent, afin qu'ils ne connaissent pas ce message.
Mais dans l'invisible, Je les ai bénis. Ce sont de belles âmes et Ma Divine Mère
elle-même fermera leurs paupières.
Pour le pasteur de Domptail, il peut venir tant qu'il voudra dans ton village.
Pour l'autre pasteur qui est bien éprouvé, il recevra de grandes grâces. Sa
paroisse qu'il aime tant se convertira et Je Me choisirai beaucoup de pasteurs
et d'épouses. Pour tous ces hommes, ses jeunes gens qui sont en exil, Je veille
sur eux. Certes, quelques-uns ne reverront pas le logis ou une chère maman les
attend, mais dans Mon Ciel ils veilleront sur les êtres chers et les béniront.
Pour ta sœur (Melle Dubach) elle aura son message ce soir. Mes enfants, priez,
car la souffrance est toujours plus grande, car chaque jour, chaque minute ce
sont des milliers d'âmes qui tombent de froid, de faim et fauchés par les obus.
Je vous bénis".
A 8 h30 du soir, dans la salle à manger du presbytère, avec Monsieur le Curé de
Charmes et Melle Dubach, nous avons récité le chapelet. A la 4° dizaine, alors
que mon esprit était bien loin de Notre Seigneur, je me sentis poussée, à
devenir plus recueillie et plus calme, mais malgré cela, je restai un peu
distraite. Les ave s'évanouirent et dans le silence j'écoutai la voix grave de
Jésus qui me donna ce message :
"Mon enfant, ce soir, Je vais te parler des souffrances des âmes du Purgatoire.
Quand une âme en état de grâce paraît devant Moi, la joie que J'éprouve est si
grande en voyant que cette âme est à Moi irrévocablement que Je l'investit d'un
regard si véhément d'amour qu'elle serait anéantie si Je ne l'avais pas faite
immortelle.
Elle en demeure tellement impressionnée que Mon Amour fait Son plus grand
supplice dans le temps qu'elle doit demeurer dans le purgatoire ; elle se sent
attirée à Moi avec une force qui est incompréhensible de la terre, et cet amour
fait souffrir ces âmes plus que tous les autres supplices. Il se fait leur
soutien, leur consolation, leur bonheur et cet amour leur communique avec une
grande estime et une vive affection Ma volonté, qu'elles désirent accomplir avec
un bonheur indicible. Les souffrances ne sont rien à côté de celles de la
privation de Ma vue, car ces âmes M'ayant contemplé et ayant été touchées de la
sainteté de Mon infinie beauté, ce qui a blessé leur cœur d'un trait si profond".
(Ici, je ne me rappelais plus, alors nous recommençâmes deux dizaines et Jésus
me dit) :
"Que Mon Amour leur fait trouver à chaque minute la souffrance d'une
longueur extrême. Je te montre clairement ces épreuves pour que tu sentes
croître en toi, le désir de faire ton Purgatoire sur la terre et d'effacer avant
ta mort les taches que le péché a marquées et cela par les souffrances qu'Il Me
plaira de t'envoyer.
Dis à ta sœur que Je suis heureux qu'elle n'ait pas manqué de confiance envers
Mon pasteur ; Je souffre de sentir que Mes prêtres sont persécutés ; qu'elle prie
pour lui, car il est dans l'agonie, mais Je veille et porte avec lui sa lourde
croix.
Pour ses filles, Je lui demande de les garder auprès d'elle. Elle a tellement
confiance. Car J'ai mesuré dans les dangers qu'elle vient de traverser sa
bravoure et sa foi.
Pour vous, pourquoi doutiez-vous, puisque Je vous avais dit qu'elle trouverait
des surprises. Vous n'aviez pas à vous inquiéter. L'Archange de Ma Très Sainte
Mère étendait ses ailes sur elle. Pour son retour, il se fera sous le regard de
sa maman du Ciel.
Pour Mon pasteur, qu'il (M. le Doyen de Charmes) agrandisse son église. Qu'il
suive intérieurement Ma voix. Je le guiderai, car il aura à célébrer de belles
cérémonies. Après avoir passé par le Tunnel de la souffrance, il sera bientôt
sur le Thabor. Je l'ai protégé, car sans sa blessure, il serait parmi ses brebis
emmenées par l'ennemi.
Ma Jeannette, prie, surtout pour Mes prêtres persécutés. Je vous bénis".
(Ce message restait incomplet et il restait un passage que les pasteurs ne
comprenaient pas).
A 10h30 avant de me coucher, je récitai 3 dizaines et Jésus gravement me dit :
"Ma fille, les pasteurs ne peuvent pas comprendre le message. Tu as oublié une phrase. Je n'ai pas voulu te la redire, car tu n'étais pas assez recueillie. Prends une plume. Je te la dicterai. Ce soir, vraiment, tu n'es pas à ce que Je voudrais et Je suis mécontent... Les souffrances du Purgatoire ne sont rien à côté de celles de la privation de Ma vue, car ces âmes M'ayant contemplé et ayant été touchées de Ma sainteté et de Mon infinie beauté, ce qui a blessé leur cœur d'un trait si profond que Mon Amour les fait soupirer avec une ardeur incroyable après Ma possession et leur fait trouver à chaque minute la souffrance d'une longueur extrême. Pour ton père, son désir est exaucé. Ma Très Sainte Mère enveloppera son petit dans Son manteau. Je te bénis".
Samedi 18 novembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial, chez Melle Luc, à la quatrième dizaine, les ave
s'estompèrent, puis recueillie, très calme, plongée dans le silence, j'écoutais
la voix de Jésus qui me parlait avec beaucoup d'amour :
"Ma fille, dans ce chapelet familial, Je te parlerai de Ma Mère Bien aimée,
l'Espérance des âmes du Purgatoire.
Le purgatoire est un dernier creuset où le feu purifie les âmes saintes de leur
dernières souillures, les rend blanches comme la neige et brillantes comme le
soleil. Marie, Reine de Miséricorde ne reste pas insensible au sort de ces âmes
bien aimées. Leurs souffrances, leurs cris, leurs supplications montent jusqu'à
Son Trône céleste. Leurs gémissements ont un douloureux écho dans Son cœur
maternel. Elle ravive et soutient l'espérance de ces âmes souffrantes, elle leur
promet une prochaine délivrance, le secours de Sa puissante médiation, l'appui
de Ses prières auprès de Son Fils. Ainsi le feu de Ma justice divine est tempéré
par la rosée de Sa miséricorde divine. Qu'elle est consolante la vision de Ma
Divine Mère pour ces âmes prisonnières, avec quel joyeux transport sont
accueillies Ses visites et Ses paroles d'encouragement. Mes enfants, aimez à
vous représenter Marie dominant comme une douce apparition les flammes du
Purgatoire, une main tendue vers ces brasiers ardents et de l'autre indiquant le
Ciel et disant à Sa fille martyre : "Ma fille, lève les yeux et regarde du côté
du Ciel. C'est la promesse du bonheur éternel ; c'est la confirmation de
l'espérance ; c'est l'avant-goût des félicités éternelles".
Elevez souvent vos yeux vers le Ciel et regardez votre chère patrie où sont vos
compagnons de route, vos parents et vos amis qui vous attendent. Comme le cerf
soupire avec ardeur les eaux, ainsi vos âmes doivent soupirer après Moi.
Pour ta sœur qui souffre, que son cœur soit Nazareth par la perfection de la vie
ordinaire ; qu'il soit
le Calvaire par le support des petites croix ; qu'il soit le Cénacle par la
fidélité aux bonnes
inspirations ; qu'il soit le Ciel par l'esprit d'adoration, de louange et de
reconnaissance.
Il n'y a que deux demeures où rien ne passe : l'une, humaine dans le cœur de
ceux qui aiment et
espèrent ; l'autre, divine, dans Mon Sein de l'Eternel Amour.
Je mets Ma bénédiction sur cette Maison et Je vous bénis".
A 10h30 chez Jeannette :
"Mon enfant, cette petite réunion très intime Me fut agréable. Ce qui Me touche
le plus, c'est de voir Mes enfants, malgré le sommeil qui alourdit leurs
paupières, avant de Me quitter se mettre à genoux et prier Ma divine Mère. Pour
ta chère maman, Je ne veux rien lui cacher : elle passera par des heures bien
dures, mais elle aura de grandes joies ; Mes enfants, Je vous bénis".
Lundi 20 novembre 1944 :
A 8 h. du soir :
"Ma Jeannette, ce soir, Je te parlerai de la Présentation de Ma Divine Mère.
Jamais, il ne s'est fait de la part d'une créature et jamais il ne se fera une
offrande comparable en grandeur et en sainteté à celle que fit dès l'age de
trois ans Ma Très Sainte Mère quand Elle se rendit au Temple, non pour présenter à Mon Père des parfums et de l'or, mais pour
se consacrer Elle-même en parfait holocauste et comme une victime perpétuelle à
la Divine Majesté. C'était la Vierge, non seulement de corps, mais aussi de
cœur, dont le sincère amour ne fut altéré par rien qui sentit le partage.
L'humilité était dans Son cœur, la gravité dans Ses paroles, la prudence dans
Son esprit. Elle parlait peu et lisait avec soin. Elle ne comptait pas sur les
richesses inconstantes, mais sur les prières des pauvres. Appliquée au travail,
modeste en Ses discours, c'est à Son Père, non à l'homme qu'Elle soumettait Son
esprit. Elle ne nuisait à personne, Elle voulait du bien à tous, se levait
devant les vieillards et ne portait point envie à Ses compagnes, Se gardait de
Ses forces, Elle se contentait des premiers mots venus, propres à écarter la
mort sans procurer aucun plaisir. Le sommeil n'excitait Ses désirs que quand la
nécessité commandait, et encore lorsque Son corps reposait, Son cœur veillait.
Elle commandait le respect par Sa démarche et Sa tenue. Elle semblait moins
poursuivre Sa route que gravir le sentier de la vertu. Voilà ce que fut Sa vie.
A Elle seule, Elle sert de modèle à tous.
Lorsqu'Elle répandait devant l'autel Ses hommages et Ses prières, Elle n'était
pas seulement un des membres de la famille humaine, de tous, le plus saint et le
plus agréable à Mon Père, déjà Elle représentait cette famille toute entière,
car c'était Son rôle, à la fois maternelle, royale et sacerdotale, de porter
Elle-même et de symboliser en la dépassant, toute la portion de l'humanité. Si
Je suis resté deux jours silencieux, c'était pour être consolé, car Mon Divin
Cœur est percé de mille glaives. Tu seras bien souvent dans la nuit, mais Je ne
t'abandonnerai pas.
Pour ton Père, il pourra écrire le message à Mon futur pasteur, et au petit que
Ma Divine Mère protège. Qu'il leur rappelle de tenir le secret, surtout envers
leurs frères que J'ai choisi pour orner Mon Jardin de Délices. Assez pour ce
soir. Ma fille, Je te bénis".
Mardi 21 novembre 1944 :
Fête de la Présentation de la Très Sainte Vierge
A 3 h. au presbytère:
"Mon enfant, ce message sera sur la Présentation de Ma Très Sainte Mère. Ce soir
Je laisserai les questions matérielles de côté. L'offrande que Ma Bien Aimée
Mère avait faite d'Elle-même à Mon Père, dès le premier moment de Ma conception
immaculée avait été secrète, mais, comme la vertu de religion, outre les devoirs
intérieurs et cachés, comprend des devoirs extérieurs et publics, Mon Père avait
voulu qu'Elle fasse Son offrande dans le Temple de Jérusalem, le seul sanctuaire
dans la vraie religion qu'il y eut dans le monde. Il lui inspira la pensée de
s'offrir à Lui dans ce saint Lieu. La donation qu'Elle fit d'Elle-même fut si
vive, si pressante, si ardente que Son âme fut dans les dispositions actuelles
et perpétuelles de se livrer entièrement à Son Père, d'être toujours à Lui,
croyant n'y être jamais assez et voulant y être davantage encore, s'il était
possible. Marie, fut comme une Hostie prête à être immolée en tout temps, ne
voyant jamais de victimes égorgées qu'Elle ne s'unit entièrement à Moi et
qu'Elle ne soupira d'être immolée avec Moi à la Gloire de Son Père. Quand tu
seras toute Mienne, tu connaîtras les douceurs de la Vie contemplative. A Mes
Pasteurs, ils auront chacun leur petit mot, mais plus tard. Mes enfants, Je vous
bénis".
Samedi 25 novembre 1944 : Au
chapelet familial :
"Mon enfant, tu ne sauras jamais la joie que J'éprouve quand Je contemple Mes
enfants fidèles, dans ce chapelet familial, prier avec une grande ferveur leur
Maman du Ciel. Ce soir, Je continuerai sur la beauté du chapelet. Le chapelet
est l'hommage de piété filiale. La principale prière est l'Ave Maria. C'est la
répétition des deux compliments, les plus beaux qu'on ait jamais entendus sur
terre. Je dis compliments, mais Je m'aperçois que ce mot est malheureux, car
beaucoup d'âmes attachaient - tant est fréquent l'abus qu'elles en font - l'idée
de mensonge et de vide. Mais ces deux défauts n'accompagnent que les compliments
humains, tandis que ceux qui composent l'Ave Maria sont des louanges célestes.
La première partie de ce salut du Ciel lui fut adressée par un ange au nom de Mon
Père. La seconde, le fut par une Sainte inspirée par Mon Père. Aussi, Marie,
malgré Sa modestie et Son humilité ne les repoussa pas. Au contraire, quand Sa
cousine la proclama "bénie entre toutes les femmes", Ma Très Sainte Mère
attesta, dans un hymne splendide toute la plénitude de Sa reconnaissance. Je
dirais volontiers qu'Elle a renchérit sur l'éloge reçu, en chantant la
magnificence des œuvres que Mon Père avait accomplies en Elle ; et, s'élançant
dans l'avenir, Elle assura, Elle, la pauvre fille ignorée de Judée, perdue dans
un coin de la terre que "toutes les générations l'appelleraient bienheureuse".
Mes enfants, vous ne faites autre chose que de constater la réalisation de cette
magnifique prophétie, lorsque vous perpétuez ces louanges, d'un commun accord
avec les anges et les saints de la terre qui ne cessent de les lui adresser.
Je vous bénis et Je mets une bénédiction spéciale sur cette maison".
Lundi 27 novembre 1944 :
Après la récitation de deux chapelets, au presbytère, Jeannette reçoit chez elle
le message suivant :
"Ma Jeannette, dis au Pasteur de Domptail que Ma Divine
Mère soulagera ce père de famille. Elle lui promet sa guérison, mais qu'il
récite souvent, très souvent les 3 ave fleuris. Je lui demanderai de dire une
dizaine sur "Je vous salue Marie, fille du Père Eternel", la seconde sur "Je
vous salue Marie, Epouse du Saint-Esprit", et la troisième sur "Je vous salue
Marie, Mère du Verbe Incarné". Il suffit à une Mère de soupçonner les besoins de
son enfant, pour qu'elle essaie de les soulager, et comme ici, la prière est
toujours efficace, les désirs seront toujours exaucés, car Marie connaît tous
vos besoins parce qu'Elle est votre Mère.
Que le Pasteur soit très sévère sur la tenue de ces jeunes gens et jeunes
filles. Qu'il prenne de fortes sanctions, même si les parents le critiquent.
Comme Je le lui ai déjà dit, qu'il ne parte pas sans avoir les papiers
nécessaires. Ma Divine Mère ne l'abandonnerait pas, mais il pourrait trouver des
ennuis. Qu'il attende avant d'emmener ton Père voir ses parents et amis, les
routes de ce côté sont encore dangereuses.
Mon enfant, écris ces messages lentement. Je n'ai pas voulu te répondre avec les
pasteurs, parce que Je te savais trop agitée. Je vous bénis".
Mercredi 29 novembre 1944 :
Au chapelet de 9h30 en présence de Melles Courtois et de l'abbé Mangin : Notre
Seigneur parle, alors que la Très Sainte Vierge est apparue :
"Mon enfant, dis à tes sœurs que Je suis touché de la beauté, de la simplicité
de leurs âmes qui reflètent comme une eau limpide et réfléchissent Ma grâce
divine.
Elles doivent profiter de cette occasion pour leur retour. Ma Très Sainte Mère,
dans l'invisible, les accompagnera.
Pour Ma future épouse, qu'elle sente de plus en plus ce besoin, cet attrait pour
l'humilité. C'est la vertu la plus nécessaire, c'est un abîme qui attire l'âme
et dans lequel plus elle se plonge, plus elle se sent facilement attirée à se
laisser engloutir. Ce que Je lui demande, c'est le dégagement complet de son
esprit et de son cœur, afin que Moi seul en soit l'occupation incessante. Que la
porte de son cœur soit fermée à tout ce qui n'est pas de Moi, afin que l'union
de son âme avec celle de Mon Divin Epoux ne soit pas troublée par les choses
créées ; quelle reste dans Mon Cœur débordant d'Amour, que toutes les puissances
de son âme y soient perdues et comme captives. J'élargirai son cœur pour qu'il
réponde à Mes désirs, et qu'il se consume sans cesse, et jusqu'à la fin dans Mon
pur Amour. Elle sentira Ma vie divine animer toutes ses actions et les révoltes
de la nature, elle finira par jubiler dans la souffrance, parce qu'elle
possèdera l'amour.
Pour mon futur pasteur, il recevra aussi de grandes grâces, mais qu'il réponde
toujours plus à Mes avances amoureuses. Pour son départ, Ma Divine Mère le
guidera et veillera sur lui. Mes enfants, Je vous bénis".
Mardi 28 novembre 1944 : Notre Seigneur :
"Mon enfant, dis à ce père de famille que c'est un fils que Je leur enverrai,
que Je Me réserve ce chérubin, car Il Me faudra de saints prêtres.
Pour son fils, qu'il n'ait pas d'inquiétude pour son avenir. Je le guiderai dans
la voie qu'il suivra. Comme Je suis profondément ému de la confiance, de
l'abandon de cette famille. Mon Divin Cœur ne les abandonnera jamais, et aux
heures de souffrance, ils trouveront près de Moi la source de consolation. Mes
enfants, Je vous bénis".
Jeudi 30 novembre 1944 :
Au chapelet de 3h30 avec M. le Curé de Domptail, en l'absence de M. le Curé
d'Ortoncourt :
"Mon enfant, que Mon pasteur dise à cette famille qu'elle doit
s'abandonner toujours plus entre Mes Bras et qu'elle accepte en silence toutes
les croix qu'il Me plaît de lui envoyer. Pour ces 2 corps qui souffrent, ce sont
les jours de crucifiement, mais bientôt ils sortiront du tombeau, pleins de vie.
Qu'ils prennent courage. J'ai promis la guérison, mais les souffrances ne sont
pas terminées.
Pour son voyage, l'Archange Saint Michel couvrira de ses ailes la voiture de Ma
Divine Mère. Mes enfants, Je vous bénis ainsi que ton père".
Au chapelet familial, à 5h30 :
"Mon enfant, dis à ta sœur que celui qui lui est cher a son trône auprès de Ma
Très Sainte Mère. Avec Mes anges et les saints, il ne cesse de chanter Mes
louanges.
Le Ciel est un enveloppement de tendresse, et de là-haut il prie pour les êtres
chers qu'il a laissé sur la terre.
Toutes les âmes ferventes qui ont cru à la mission de ta sœur ne restent pas
longtemps au purgatoire, car Ma Très Sainte Mère les visite souvent, et c'est
Elle-même qui les conduit par la main jusqu'à Mes pieds. Mes enfants, Je vous
bénis".
Samedi 2 décembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial, chez Mme Augustin COLIN, à la 4 ° dizaine je me
sentis inondée d'une grande joie, puis autour de moi, les ave s'évanouirent,
plongée dans le silence, toute à Mon Jésus, j'écoutai Sa voix suave et très
douce qui me dit :
"Ma fille, Je vais te donner une poésie sur le Rosaire.
Le Rosaire est la fleur qu'un archange
Fit éclore un jour de printemps radieux
Par l'ave, doux salut de louange
Qu'à la Vierge, il dit s'inclinant tout joyeux.
Nazareth un matin la vit naître
Cette fleur que Mon Père réservait aux humains
Et modeste, Elle dut apparaître
Pour orner aux jours de l'exil vos chemins
Par ses grains, le Rosaire est la chaîne
Rappelant au cœur oublieux du mortel
Qu'un bonheur est suivi d'une peine
Au sentier qui seul, vous conduit au Ciel.
C'est l'amour assurant la victoire
Bouclier qui sauve en tout temps les chrétiens
Le Rosaire est toujours votre gloire
Pour jamais qu'il soit la terreur des païens
C'est aussi le bouquet fait de roses
Que là-haut vous verrez dans les mains des élus
Il redit : les ave, fleurs écloses
Au séjour béni par le sang de votre Jésus.
Le Rosaire est la fleur symbolique
De la Vierge au cœur maternel et si doux
Dans les cieux, d'une main angélique
Vous la cueillerez à genoux.
Dis à tes sœurs qu'elles ne s'inquiètent pas pour leur voyage, qu'elles prient
le long du trajet et leur Maman du Ciel, veillera.
Je fais descendre sur ce foyer une bénédiction toute spéciale. Je vous bénis".
(Les demoiselles Luc avaient demandé la protection du Ciel pour un voyage).
Lundi 4 décembre 1944 :
Au presbytère d'Ortoncourt :
Au chapelet de 3 h. avec Messieurs les Curés de Xaffévillers et de Domptail :
"Mon enfant, ce message sera pour Mes pasteurs.
Mes enfants, la vue de vos misères ne doit pas diminuer votre confiance. La
confiance parfaite voilà une forme insoupçonnée d'amour réparateur et
consolateur que vous Me devez, vous, les privilégiés de Mon Cœur. C'est la
preuve et la pratique d'une très grande charité que J'espère toujours plus de
vous et que vous Me devez à Mon amoureuse bonté. Celui qui a compris et senti
Mon amour infini, Mon amour tout pénétré de bonté, de tendresse et d'une
condescendance inouïe, doit, pour bien aimer en retour, non seulement éprouver
et témoigner une grande affection, mais aussi une confiance entière. La mesure
de l'amour, c'est d'aimer sans mesure. Soyez noyés, perdus, enveloppés dans
l'amour. Ce mot fait tressaillir, mais les tressaillements ne suffisent pas pour
prouver que l'on aime. Ils ne suffisent pas non plus aux desseins de Celui qui
aime. L'amour veut des actes et l'amour, c'est un acte. Je travaillerai vos
âmes. Je limerai, cisaillerai, parce que Je veux des chefs d'œuvres. Je ne veux
pas vous torturer, mais simplement façonner des saints. Lorsque la Croix vous
pèse, que les coups de marteau pleuvent sur chacun de vos cœurs ou que Mon
ciseau les fouille jusque dans leur profondeur, ayez le courage de dire chacun :
"Seigneur, je vous comprends et je me tais. Je sais que Votre bonté me forme
pour le Ciel". La Croix n'est pas absente du sommet béni de l'abandon, mais elle
est transfigurée par l'amour du Plaisir Divin. Je vais vous montrer comment
Marie symbolise pour vous l'avent de l'âme. Elle M'a attendu dans le silence et
l'intimité de la prière et Je ne vous visite par Ma grâce que lorsque vos cœurs
sont silencieux et recueillis. Plongez plus souvent vos âmes dans le silence,
surtout dans les jours qui suivent et attendez votre Dieu dans le silence et le
recueillement de Marie.
Dis à ton Père qu'il n'ait pas d'inquiétude pour son séminariste. J'avais nommé
cette ville, car Je
savais, malgré les grandes difficultés, qu'il trouverait une école pour
travailler.
Pour Mes épouses, Je vais être un peu dur, mais puisqu'elles ne veulent pas
croire à la Mission, Je
les laisserai dans la nuit. Qu'il ne leur parle pas de tes messages. Plus tard,
elles auront les lumières.
Je demande au pasteur de Domptail de ne pas changer ses clercs. Pour son malade,
il doit encore
souffrir, mais il aura de grandes joies (il s'agit du chantre de Domptail auquel
la guérison a été
promise).
Ma Divine Mère désire vous voir à la Colline Bénie la semaine prochaine. Elle
vous laisse à vous-
même pour choisir le jour, pourvu que ce soit dans l'Octave de l'Immaculée
Conception.
Ma fille, Je répondrai au pasteur de Xaffévillers quand tu prieras au pied de Ma
Très Sainte Mère
qui est dans ta maison.
Mes enfants, Je vous bénis".
Mardi 5 décembre 1944 :
A l'église, à 8 h. du matin avec mon père, nous avons récité une dizaine de
chapelet pour demander à Notre Seigneur si mon père pouvait m'accompagner à
Rambervillers. Au 2° Ave fleuri, Jésus me répondit :
"Ma fille, dis à ton père que Je ne veux pas lui imposer Ma Volonté, qu'il fasse
comme il pense. Je vous bénis".
A Rambervillers, à 2h30 chez M. St Dizier, avec sa famille, nous avons récité le
chapelet.
A la 3° dizaine un voile blanc vint se poser sur la statue de la Sainte Vierge, qui dura quelques minutes, puis une main invisible écarta les deux pans et laissa apparaître dans toute sa beauté Notre Maman du Ciel. Toute lumineuse, d'une blancheur immaculée, Elle apparut souriante et fixant Ses doux yeux sur Sa petite enfant. Dans Ses mais fines, diaphanes pendait un chapelet aux grains très gros et transparents. Ses pieds reposaient sur un léger nuage et sur chacun s'épanouissaient deux petites roses blanches qui laissaient évaporer un parfum très discret. Sur Sa tête était posé un voile très léger, par moments il se soulevait comme s'il passait une brise légère. Son voile était très en arrière et j'ai pu apercevoir de magnifiques cheveux blonds. Tout près d'Elle, dans l'invisible, Jésus doucement parla :
"Mon enfant, de Mon Divin Cœur se répand sur ce foyer des torrents de grâce.
Pour ta sœur, Je contemple avec un grand amour son âme toute pure, si elle
écoute Ma voix et si elle répond à Mes divins appels, Je saurai la combler. Mes
enfants, Je vous bénis".
(La Très Sainte Vierge regarda assez longtemps mon père, puis Madame, et Melle
St-Dizier, ensuite
Elle bénit, recula et le voile revint sur Elle, qui me cacha Sa radieuse beauté.
Une grande joie me soulève quand la Très Sainte Vierge m'apparaît : c'est un
bonheur que je ne puis
expliquer).
Jeudi 7 décembre 1944 :
A 5h30 pendant le chapelet récité devant Notre Dame d'Ortoncourt qui est à la
maison, à la troisième dizaine toute recueillie, je récitais avec une grande
joie mes Ave, toujours plus à Jésus. Je m'humiliais devant Sa Majesté. Les voix
s'évanouirent et dans ce léger murmure, Notre Seigneur tendrement me dit :
"Ma fille, pour que Mon pasteur de Xaffévillers corresponde aux grâces de la
mission et qu'il puisse obtenir les deux grâces que Je lui presse de Me
demander, il faut que l'Amour imprègne toutes ses actions.
Ma Jeannette, l'Amour c'est une douce tyrannie : aimer, c'est livrer sa vie, se
donner sans réserve, chercher l'agrément de l'Ami, ne rien faire qui ne soit
pour lui un hommage et une preuve d'attachement.
Pour Mon pasteur, Je suis son Ami : la charité le lie indissolublement à Moi.
Rien de lui-même ne peut M'être soustrait. Ses pensées doivent Me chercher, son
cœur M'appeler tendrement, ses actions implorer Mon regard et Ma complaisance.
Je regarde tout ce que vous faites sous l'angle de l'Amour. A travers vos
actions, Je vois vos cœurs qui Me les offre. Ne n'est pas précisément leur
valeur humaine qui les désigne à Mon attention divine, mais avant tout l'amour
qui les anime et l'intensité même de cet amour. Il peut initier en toute
confiance Mon futur pasteur. Les messages lui feront un grand bien et l'aideront
à monter dans la voie du sacrifice même de cet amour.
Pour ses trois enfants, Je les veux à Mon Service, ils n'ont pas cet élan que Je
voudrais pour répondre à Mes divins Appels, que le pasteur les guide et les
enflamme de Mon Divin Amour. Il Me faudra de nombreux prêtres qui ne reculent
jamais devant la Croix.
Pour ce petit, vase brillant d'innocence, J'attends beaucoup de lui et Mon désir
serait qu'il quitte le monde pour s'enfermer dans la solitude.
Je l'encourage à reprendre les cercles d'études de ses jeunes gens. Qu'il ne
soit pas inquiet. Mon Esprit-Saint l'éclairera. Je vous bénis".
Vendredi 8 décembre 1944 :
Fête de l'Immaculée Conception.
A la messe solennelle, pendant que je chantais l'offertoire, mes yeux quittèrent
le livre pour se poser sur l'autel. Je vis descendre un voile blanc qui se posa
sur la niche au-dessus du tabernacle, une main invisible tira les deux pans et
la Très Sainte Vierge apparut, dans une blancheur plus prononcée que les autres
fois. Elle était très grande, une immense couronne de roses blanches
L'encerclait, puis au-dessus de Sa tête une banderole bleue où était écrit en
lettres blanches "Je suis l'Immaculée Conception", Ses pieds posaient sur la
tête du serpent. Elle était entourée d'un parterre de lys et de rosiers blancs
qui exhalaient un parfum doux et enchanteur.
J'entendis une douce musique et des voix d'anges que je ne voyais pas chantèrent
avec des nuances que je ne puis décrire l'Ave Maria dont je ne connaissais pas
le ton.
La Très Sainte Vierge recula et vint se mettre à droite de l'autel, puis dans
l'invisible Jésus d'une voix suave, tendre, nuancée me dit :
"Ma fille, Ma Très Sainte Mère a passé au milieu des flots de la mer impure sans
être souillée. C'est l’Immaculée Conception. Marie a reçu de Mon Père toute la
plénitude de grâce en vue de Sa future maternité. Il lui fallait une grâce digne
de Son privilège.
Elle a reçu une plénitude de grâces semblable à la Mienne. Je possède cette
grâce de source par rejaillissement de l'Union hypostatique, Je reste la tête
unique du genre humain, mais premièrement et avant tout c'est sur Ma Divine Mère
que se dresse Ma plénitude de grâces. Le Cœur de votre Maman n'est qu'Amour et
Miséricorde. Elle ne désire que vous voir heureux. Il suffit seulement de se
tourner vers Elle pour être exaucée. Je possède la justice, mais Elle possède
Mon Amour".
(Je sentais une onction de bonheur si grande que j'en étais toute confuse à
cause du sentiment de ma grande misère qui ne me quitte jamais. J'étais
transportée de joie, car je savais que c'était une journée remplie de grandes
grâces).
A 10 h. chez M. Courtois, à Fauconcourt, nous avons récité le chapelet en
commençant le I° Ave fleuri, un voile descendit sur le massif de fleurs qui
ornait la statue de la Très Sainte Vierge, il s'évapora et je m'extasiai devant
l'apparition. Une auréole ineffable rayonnait autour d'Elle, dont la splendeur
était sans limites, dont la douceur était infinie. Comme toujours Son voile et
Sa robe aux chastes plis avait la blancheur des neiges, plus blanc et moins
brillant. Devant l'extase, la beauté sans tache, j'avais oublié la terre.
La Très Sainte Vierge avait les mains jointes et le visage dans le rayonnement splendide de la béatitude infinie. Dans l'invisible Jésus, doucement, je sentais Sa joie et Son bonheur, me dit :
"Mon enfant, pour ta sœur, dont l'âme est un
miroir où se reflètent les divins rayons de Ma grâce, qu'elle se donne et se
dévoue toujours plus et dans la mesure qu'elle fera le don de soi Je la
comblerai.
Pour ton frère, il aura une mission importante à remplir ; qu'il prie souvent Ma
Divine Mère et ses désirs seront exaucés. Dis à tous que leur Maman veillera sur
leur retour, ils n'ont pas besoin de laissez-passer, le chapelet sera leur
bouclier. Mes enfants, Je vous bénis".
(Pendant que Notre Seigneur parlait, la Très Sainte Vierge avait disjoint les
mains, faisant glisser sur Son bras droit le chapelet au fil d'or et aux grains
d'une blancheur de sa robe. Elle ouvrit alors Ses deux bras et les inclina vers
le sol comme pour montrer à la terre Ses mains virginales pleines de
bénédictions. Ses yeux d'une douceur infinie se posaient sur mon père et sur
moi. Elle regarda avec un profond sourire chaque membre de la famille, puis
élevant les bras vers le Ciel, Elle les rejoignit avec ferveur et regardant la
Céleste Patrie avec le sentiment d'une indicible joie. Elle prononça lentement,
très doucement ces paroles : "Je suis l'Immaculée Conception". Elle s'éleva
comme une fumée d'encens, le voile L'enveloppa et tout s'évanouit.
Mon âme était comme perdue dans un globe de feu qui l'embrasait en lui faisant
goûter des joies inexprimables. Quand la Très Sainte Vierge s'en va, je voudrais
moi aussi devenir fumée pour m'élancer sur Ses pas et la suivre dans Son Ciel).
A 11 h. chez M. Chaulez, tous réunis aux pieds de la statue de la Vierge, nous
récitions avec une grande ferveur une dizaine de chapelet pour Melle Marguerite.
Au "Je vous salue Marie, Epouse du Saint Esprit, ma joie redoubla, car la Très
Sainte Vierge apparut de la même façon que chez M. Courtois et tout près d'Elle
Jésus plein de bonté me dit :
"Ma fille, J'aime à contempler dans ta sœur cette grande vertu d'humilité.
Qu'elle s'abîme toujours
plus dans son néant et Je l'élèverai. Je fais de grandes choses dans les âmes
petites.
Sur ce foyer, Je fais descendre une bénédiction pleine d'amour. Je vous bénis".
(Pendant tout le message, la radieuse beauté n'avait cessé de regarder avec un
sourire inimitable
Melle Marguerite).
Avant de nous quitter Elle bénit et disparut derrière le voile. Sur le chemin du
retour, en reconnaissance avec mon père, nous récitâmes le Magnificat car il n'y
a pas d'autre cantique qui pouvait exprimer notre bonheur.
A 17h30 à la prière du soir, pendant tout le chapelet récité devant l'Ostensoir,
je le vis surmonté d'une étoile dorée qui laçait autour d'elle mille petits
feux, puis un peu plus bas s'épanouissaient deux roses blanches, qui exhalaient
dans l'église un parfum très discret.
A 10h30 dans notre salle à manger avec mon père, sa sœur et toute sa famille.
Réunis aux pieds de Notre Dame d'Ortoncourt, nous récitâmes le chapelet aux
intentions de chacun. A la 4 dizaine au-dessus du vase de fleurs qui domine le
massif, le voile aux mille petits plis se posa lentement. Une main glissa les
deux pans et dans un cercle de roses l'Immaculée. La douce vision du matin
apparut. Une grande auréole de lumière L'enveloppait. Elle était portée par un
nuage qui s'étendait derrière Elle et formait un grand tapis, Sa robe tombait
jusqu'à Ses pieds et elle était serrée au cou par un ruban qui retombait jusqu'à
la taille. Ses mains étaient jointes à la hauteur de Sa poitrine et entre Ses
doigts pendait Son chapelet. Elle me regarda avec une expression de bonté et Sa
voix s'éleva pure, musicale et me disant :
"Ma fille, Mon désir serait que ta sœur vous accompagne à votre pèlerinage,
qu'elle ne craigne pas. Je lui donnerai les grâces pour venir jusqu'à la Colline
Bénie. Tout le long du trajet tu verras Mon étoile surmontée de deux roses
blanches.
Pour ce soldat, Je lui destine la jeune fille à qui il cause. Je bénis ce futur
foyer et Mon Divin Fils se réserve un pasteur et une épouse.
Pour ta sœur, Mon Divin Fils ne veut pas lui imposer de devenir organiste, mais
son grand désir serait qu'elle te remplace. Il lui donnera les grâces
nécessaires. Plus tard, elle deviendra une mère de famille et Je mettrai sur son
chemin celui qui devra la conduire. Dans son futur foyer, Je veux de nombreux
enfants et parmi eux, Je Me choisirai des saints.
Ma Jeannette, Je fais descendre sur ce foyer et sur tous ceux qui sont là Ma
bénédiction très chère. Je vous bénis".
La Très Sainte Vierge fit le signe de la Croix sur nous, donna un dernier
sourire, puis regarda les deux roses blanches qui étaient sur Ses pieds, ensuite
le nuage s'éleva et tout remonta au Ciel. Dans mon âme, je possédais un grand
bonheur, car je me sentais sous le regard de notre maman du Ciel.
A 9 h. du soir, au presbytère, avec mon père, Melle Phaté et sa nièce, nous
avons récité les prières de la Mission. Aux Ave fleuris, un voile couvrit la
statue de la Sainte Vierge qui lentement s'éclaircit et je vis apparaître dans
toute Sa beauté et Sa blancheur la Très Sainte Vierge. Ses pieds étaient posés
sur un nuage qui s'élevait derrière Elle, de chaque coté se dressaient deux lys
d'une blancheur immaculée, sur le bord de Sa robe qui tombait très bas
s'épanouissaient deux roses blanches. Elle avait les mains jointes et dans Ses
doigts pendait Son chapelet. Ses yeux restèrent baissés et il y avait dans Son
visage une empreinte de tristesse. C'est en nous bénissant qu'Elle regarda
chacun de Ses enfants, s'éleva comme une fumée d'encens et disparut derrière le
voile.
"Mon enfant, demain dans votre voyage, Je vous envelopperai dans Mon Manteau
blanc.
Pour ta sœur, Mon Archange veillera sur elle, Je fais descendre sur sa petite
famille Ma bénédiction
pleine d'amour.
Mon Divin Fils est resté silencieux, car dans ce dimanche Il a été très offensé
et dans certaines villes, ce sont des tabernacles et des hosties qui ont été
saccagés.
Mes enfants priez, car il y aura des heures bien sombres et Mon Divin Fils sera
toujours persécuté. Pour Moi, Mon Cœur saigne et c'est avec des larmes de sang
que Je contemple Ma pauvre France. Je vous bénis".
Lundi 11 décembre 1944 :
Dans l'église de Bouxières :
Au deuxième Ave fleuri, un voile blanc descendit sur Notre Dame de Bouxières,
qui fut tiré par une main invisible et la Très Sainte Vierge apparut tout en
blanc, avec un grand manteau doublé d'hermine. Elle était couronnée d'une
couronne de roses blanches, à Ses pieds s'élevaient deux lys blancs. Elle nous
regarda tendrement, avec un profond sourire. Elle avait les bras étendus et de
Ses mains partaient des rayons qui arrivaient sur nous. Sa voix pure, musicale
s'éleva et Elle me dit :
"Mes deux enfants, Je suis infiniment heureuse de vous voir à la Colline Bénie
et surtout de sentir votre amour toujours plus grand pour Mon Divin Fils.
Plongez-vous dans Mon Cœur et vous trouverez des trésors inépuisables. Je vous
bénis".
(Jeannette était allée prier avec son pasteur). Elle fit sur nous le signe de la
croix, s'éleva portée par un nuage, nous donna encore un dernier sourire, puis
disparut cachée dans le voile.
Après le déjeuner, dans la salle à manger du presbytère de la Colline Bénie. A
la quatrième dizaine apparaît la Très Sainte Vierge qui montre Son Cœur percé
par les glaives. La Voix de Notre Seigneur se fait entendre, cependant que
Jeannette voit la Très Sainte Vierge regarder vers le fond de la salle à manger,
dans la direction de M. Jean tandis que deux larmes tombent de Ses yeux :
"Mon
enfant, dis à Mon pasteur de la Colline Bénie que Je partage ses souffrances et
ses ennuis, mais J'admire sa patience et son courage. Bientôt il aura passé le
Tunnel et il verra de beaux jours et sentira de grandes joies.
Plongez plus avant dans le Cœur de votre Mère toutes les fibres de vos âmes, vos
désirs et vos aspirations et puisez plus abondamment le suc surnaturel.
Pour ton frère (M. Jean), qu'il chasse tous ces nuages qui viennent assombrir
ses joies. Lui aussi, Je lui promets de belles choses, mais Je souffre en voyant
qu'il se décourage.
(S'adressant à lui-même) : "Mon enfant, prends patience, Je suis près de toi et
dans l'invisible Je porte ta croix. Moi aussi, Je suis outragé et Mon Cœur ne
fait que saigner, car nombreux seront Mes pasteurs et Mes Epouses qui verseront
leur sang.
Je vous le dis, les heures sombres sont proches. Ce sera terrible, car ce sont
des rivières de sang qui couleront dans les villes et même dans certains
villages les pasteurs qui ont refusé la grâce et qui n'ont pas été touchés par
les bombardements seront encore plus atteints. Je vous adresse un dernier appel.
Confiance surtout, courage et redoublez le chapelet.
Ma Divine Mère, comme tu vois, Son Cœur est percé d'un glaive : ce sont Ses
enfants qui refusent Sa Miséricordieuse bonté. Comme J'aime à vous contempler
tous à Ses genoux, petit groupe privilégié et vous, Mes pasteurs, ta sœur et
toi, Ma fille qui, malgré le froid, la neige, avez fait le sacrifice pour venir
à la Colline Bénie. Je saurai vous récompenser, surtout pour ta sœur (la sœur de
M. le curé d'Ortoncourt), Je lui promets une meilleure amélioration.
Elle passera encore par des semaines bien noires et Je veux qu'elle porte avec
Moi la lourde croix. Pour ton Père (M. le curé d'Ortoncourt, car on avait
demandé s'il fallait avertir l'évêque de Saint Dié des révélations de
Jeannette), l'heure n'est pas encore venue de prévenir le Prince de l'Eglise.
Moi-même Je l'avertirai (M. le curé), car tes messages lui feront un grand bien
et seront des lumières pour bien des choses.
Mon enfant, Je Me retire. Soyez tous en paix. Je vous donne Ma bénédiction".
(La
Très Sainte Vierge a alors béni).
Lundi 11 décembre :
A 16 h. en l'église de Bouxières :
"Mes enfants, pour votre retour, Ma Divine Mère vous accompagnera de Son
sourire. Tu verras l'étoile et les deux roses. Je vous bénis".
Mercredi 13 décembre 1944 :
A 4h. dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Messieurs les Curés de
Domptail, de Xaffévillers, de Mademoiselle Lucie, servante du presbytère de
Domptail et de Mademoiselle Rhote, nous avons récité trois dizaines à leurs
intentions.
A la 3 dizaine, je sentis un grand recueillement, puis les yeux fixés sur la
statue de la Très Sainte Vierge, je vis doucement descendre un voile qui se
partagea en deux, et laissa apparaître la Très Sainte Vierge, portée sur un
nuage, et ayant autour de la tête une auréole de petites étoiles. Elle apparut
les yeux baissés et les mains jointes et le bord de Sa robe était couronnée de
petits boutons de roses, dont celle du milieu était la plus épanouie. Notre
Seigneur d'une voix grave, me dit :
"Mon enfant, dis à ta sœur qu'elle reste
attachée à Ma Divine Mère par la prière continuelle et par le désir incessant de
recevoir Ma Vie en elle. (Il s'agit de Melle Lucie Courtois). Voyez comme la
plante jette ses racines au sein de la terre qui la porte ; simple plante, elle
a reçu de Mon Père comme un instinct secret pour diriger ses racines, car elle a
besoin de la terre pour la nourrir. Quel exemple pour vous.
Voyez comme la plante en grandissant se développe et jette ses racines plus
nombreuses et plus profondes, car plus elle se développe, plus elle a besoin de
la terre pour qu'elle grandisse. Ainsi, en grandissant spirituellement,
enlacez-vous par les multiples bras de vos prières dans les bras de Ma Divine
Mère.
Mais ces prières, ces supplications doivent être humbles ; reconnaissez vos
misères à l'égard de votre Maman.
Je bénis le voyage de Mon Pasteur (M. le Curé de Domptail).
Plus tard Je lui donnerai un message spécial pour celui que j'appelle à Mon
Divin Service. Je vous bénis".
La Très Sainte Vierge regarda chacun de Ses enfants, ne fit aucun sourire, et
s'éleva vers le Ciel soulevée par le nuage. Le voile se referma et lui-même
comme une fumée s'évanouit.
Vendredi 15 décembre 1944 :
A 3h30 au presbytère avec Mon Père, M. Saint-Dizier et Melle Rhote, nous avons
récité la première dizaine du chapelet aux intentions de M. Saint-Dizier. A la 4
° dizaine alors que je commençais le 3° Ave fleuri, un grand recueillement se
fit dans mon âme les Ave s'éloignèrent, puis comme je disais Rose, Jésus
tristement me dit :
"Mon enfant, dis à ton frère privilégié de Mon Divin Cœur que dans les heures
sombres qui vont surgir, Je serai près de lui et de tous ceux qui lui sont chers
pour les soutenir et les guider C'est dans ces heures-là qu'il devra montrer sa
foi et son amour pour Ma Divine Mère. Qu'il soit un vase débordant de charité
pour les âmes apeurées et qui n'ont pas confiance en leur Père du Ciel. Oui, Je
vous le dis, ce sera terrible, c'est pourquoi il me faut des âmes remplies
d'Amour.
J'attends beaucoup de lui, car il devra porter la parole de réconfort et
soutenir ses frères pendant ces heures où tout semblera être la fin du monde.
Pour Moi, Je continue à souffrir, car, Je te le dis, Je suis toujours plus
condamné. Mes enfants, priez, Je ne Me lasserai jamais de vous le redire. Je
vous bénis".
A 5h30 du soir, au chapelet familial chez Monsieur Ginaro, à la 3° dizaine,
toute unie à Notre Jésus, je vis lentement un voile descendre sur le buffet, les
Ave doucement pieusement s'éloignèrent dans le lointain ; ensuite plongée dans
le silence, le voile s'écarta et j'admirai la Très Sainte Vierge qui avait les
bras étendus, semblant m'attendre avec un profond sourire nuancé et plein
d'amour. Toute lumineuse l'Apparition était portée sur un tapis floconneux, ce
n'était pas le nuage, je le compare à des flocons de neige réunis et formant une
grosse boule, mais qui derrière Elle s'étendait en nappe, en petit lac car cela
formait comme des vagues. Autour d'Elle était un cercle lumineux et un peu
au-dessus de Sa tête était une étoile à cinq branches et lançant des rayons qui
venaient jusqu'à nous. Elle baissa Ses yeux et se recueillit, car Notre Seigneur
d'une voix lente, amoureuse, me dit :
"Mes deux enfants, ne vous contentez pas
de Ma présence, mais appliquez-vous à M'imiter. C'est dans Mon Cœur Sacré, dans
ce livre divin que vous étudierez la grande science de l'humilité, de
l'abnégation de vous-mêmes qui sont les fondements de la vie intérieure.
Formez-vous toujours plus à l'esprit de recueillement et d'oraison. Je vous ai
véritablement choisis. Je vous ai marqués pour étendre Mon règne, pour Me
conquérir des âmes.
Ces âmes, vous ne les connaissez pas. N'importe. Vous les atteignez sûrement.
Vous ne savez pas le chemin que prennent vos prières, vos immolations secrètes,
vos appels fervents devant l'autel. Ces incertitudes doublent votre mérite,
décuplent vos influences. Mais vos influences sont réelles ; rien ne se perd
ici-bas. Un cri jeté dans un micro peut faire tressaillir toute l'humanité qui
l'écoute, et celui qui pousse ce cri ne connaît pas les visages tendus qui le
suivent. De même, un acte d'amour jeté par vous provoque des grâces, des ondes
célestes qui bouleversent des cœurs. Je l'ai voulu ainsi : vous êtes réellement
reliés au reste du monde, les âmes se touchent et s'influencent à travers
l'espace. C'est la Communion des Saints. Je vous demande de M'aimer infiniment.
Dis à ton Père qu'il célèbre la messe de Minuit au Lieu Bénit. Ce sera pour toi
la dernière Messe. L'Aigle divin viendra bientôt fondre son Rubis pour l'avoir
toute à Lui, car il a soif de Son Amour. Mon enfant, Je laisse la parole à Ma
Très Sainte Mère".
La Très Sainte Vierge rejoignit les mains, jeta un doux regard vers le Ciel,
puis regarda avec amour Monsieur et Madame Ginaro et sa voix aux intonations
nuancées, pure, musicale, comme infinie s'éleva dans le silence et prononça ces
paroles :
"Mon enfant, dis à ton frère, modèle d'humilité et à ta sœur, vase d'amour que
Je veille sur leur famille ; ils n'ont pas à être inquiets. Mon Manteau bleu est
très grand et il couvre ceux qui restent confiants en leur Maman du Ciel. Ils
auront à souffrir de la faim, mais ils se retrouveront tous en bonne santé.
Je renouvelle Ma promesse : Je guérirai ta sœur. Qu'elle continue toujours plus
à prier et Je la comblerai.
Je fais descendre sur ce petit foyer Ma bénédiction débordante d'Amour et une
pluie de grâces. Je vous bénis". (Elle fit sur nous un grand signe de croix,
regarda Mon Père ainsi que moi, Ses yeux en nous fixant se firent plus profonds,
je les compare à un champ de lin en fleurs sur lequel passe le vent. Le voile
qui formait tenture de chaque coté d'Elle se glissa lentement sur l'Apparition,
s'éleva comme une fumée, puis les Ave devinrent plus forts, j'étais revenue sur
la terre, toute heureuse mais ayant une vague de tristesse en songeant à mon
départ. Je m'abandonne, et me laisse guider par Notre Jésus : Ecce ancilla
Domini.)
Lundi 18 décembre 1944 :
A 2h. après avoir récité le chapelet fraternel, je me sentis poussée à aller
m'agenouiller au pied du tabernacle. Je restai un long moment silencieuse, toute
unie à Jésus, puis transportée de joie, une voix douce, très douce vint frapper
mes oreilles et me dit :
"Ma Jeannette, que Je suis heureux de te voir à Mes pieds, il y a si longtemps
que tu n'es pas venue tout près de Moi, approche toi, colle ton oreille contre
Ma porte, tu seras ainsi sur Mon Cœur, là Je te dirai de douces choses".
(M'approchant je mis ma tête contre la petite porte du tabernacle et j'écoutai
en silence la voix de Notre Seigneur).
"Je vais te faire connaître l'épanouissement d'une âme dans l'Amour. Plus une
âme se soumet généreusement à Moi, plus elle s'unit étroitement, mais plus elle
s'unit à son Dieu plus elle se rapproche par contre-coup des autres âmes qui
demeurent et respirent comme elle dans l'atmosphère des tendresses divines. Ce
sont les rayons d'un même cercle d'autant plus unis entre eux qu'ils s'unissent
davantage au centre. L'Amour, s'il est véritable ne se contente pas de beaux
rêves ou de beaux discours, il veut comme toute force vraie agir, se manifester,
produire des actes. La petite force corporelle d'un enfant veut déjà faire
quelque chose, la force spirituelle du génie veut créer. De même la force la
plus noble, la force de l'amour a en elle un mouvement vers l'action. Cette
force veut aider, guérir, servir, donner, protéger et consoler. Si tu sens cette
poussée intérieure vers les actes d'amour, c'est là un signe certain que l'amour
est en toi.
Tu ne peux te faire une idée convenable de l'excellence de la vie surnaturelle,
de la dignité et de la beauté de ton âme en état de grâce. Quand le soleil se
réfléchit dans un pur cristal il le fait resplendir de tous ses feux ; quand un
morceau de fer est plongé dans une fournaise ardente il acquiert toutes les
propriétés du feu ; quand un arbuste est greffé, il se transforme et reçoit une
vie et une fécondité nouvelles. Ainsi, ton âme unie intimement à celle de ton
Epoux par la grâce sanctifiante participe en toute vérité à Ma beauté, à Ma vie,
et à Ma nature. Elle est un être divin, fille de Mon Père et Sœur des Anges,
l'adorable Trinité se penche vers elle avec amour et en fait sa demeure et son
sanctuaire.
Pour la Révérende Mère du Val d'Ajol, Ma Très Sainte Mère lui donnera une
amélioration, et Je puis dire qu'Elle la guérira. Qu'elle sache attendre et en
attendant qu'elle se prête au marteau du divin sculpteur, et au ciseau du divin
vigneron.
Pour Mon Epouse qu'elle reste confiante dans Ma méthode, qu'elle se laisse faire
et qu'elle traverse sans défaillance la période crucifiante. Sans les coups de
marteau sur la pierre qui la meurtrissent, comment le sculpteur ferait-il un
chef-d'œuvre ? Dans ce cloître, Je veux des saintes. C'est pourquoi, aimant ces
âmes Je désire opérer toute destruction qui doit combler Mes désirs amoureux.
Cela demande un travail long et douloureux, mais qu'elles secondent ces
opérations et y soient fidèles autant qu'elles le peuvent.
Si tu vas avec Ton Père, prier, Ma Divine Mère chez Mon Pasteur de Domptail, tu
nous feras un plaisir immense. Puisque le pasteur offre de venir te chercher,
accepte, puisque c'est la voiture du Ciel.
Dis à ton Père qu'il peut en toute confiance encourager ta sœur pour son départ
; les événements ou plutôt le volcan ne bouillonne encore pas, mais il commence
à cracher et plusieurs villes sont déjà sous les laves. Qu'elle parte en toute
tranquillité. Je veille sur elle et sur toute sa famille, même sur la brebis
égarée.
Ta sœur reviendra prochainement. Je puis te dire que le dénouement se fera très
vite. Ce sera tellement horrible que pour certains endroits, Je serai obligé
d'intervenir.
Ma Jeannette, assez pour ce soir, immole-toi toujours plus, car dans Mon Cœur
les épines se font plus profondes. Je te bénis ainsi que Ton Père, et Mes deux
autres Pasteurs".
Le soir à 10h30 au presbytère avec mon Père, son cousin, sa nièce et Melle
Rhote, nous avons récité le chapelet aux intentions demandées. N'ayant rien reçu
pendant le chapelet, c'est aux Ave fleuris qu'un voile blanc descendit sur la
statue de la Très Sainte Vierge. Une main invisible sépare les deux pans et au
milieu, dans une blancheur et douce lumière apparut la Très Sainte Vierge. Les
mains jointes, Elle me fit un sourire très profond, puis les baissa et se
recueillit pendant quelques minutes. Ses pieds posaient sur un tapis formé de
flocons de neige qui derrière Elle s'étendait comme un petit lac formant des
vagues. C'est vraiment très impressionnant. Autour de Sa tête, était une
couronne de roses et jetant des rayons très doux, ce qui illuminait les roses.
Au bout de quelques temps de silence, la Très Sainte Vierge regarda chacun de
Ses enfants, puis fixa tendrement le cousin de Monsieur le Curé. Ensuite Sa
douce voix s'éleva et lentement Elle me dit :
"Mon enfant, pour ton frère, Je suis très heureuse de le voir prier avec Mes
enfants préférés. Je le comblerai de grandes grâces, surtout dans son fils. Pour
le futur foyer, Je mets Ma bénédiction pleine d'amour sur ces époux et plus
tard, dans leurs enfants, Je Me choisirai un chérubin et un bouton de rose. Dans
les heures noires, Mon Archange qui n'a jamais cessé de veiller sur leur foyer
se manifestera encore et plus fort. Je lui demande de prendre quand il s'en va
son chapelet. C'est l'arme la plus nécessaire et qui bravera les dangers. Vous
ne saurez jamais ce que vaut un Ave Maria. Je vous le dis, et J'aime beaucoup à
vous le redire, quand vous Me priez ce sont des couronnes de roses qui viennent
M'encercler. C'est pourquoi Je Me présente si souvent entourée de roses blanches
et qui symbolisent la pureté.
Pour ta sœur, qu'elle soit confiante. L'épreuve sera courte, mais il Me faut des
âmes qui acceptent avec amour la croix de Mon Divin Fils. C'est le cœur serré
que Je vous dis qu'il est très offensé. Soyez des hosties vivantes et rachetez
des âmes à Mon Père en n'ayant pas peur de la croix et même du sacrifice
sanglant.
Mes enfants, Je verse sur chacune de vos âmes un torrent de grâces. Je vous
bénis".
20 décembre 1944 :
Dans la salle à manger du presbytère de Domptail, au chapelet de midi ; avec mon
Père et Melle Lucie, nous avons récité le chapelet devant Notre Dame de
Domptail. A la 4 dizaine que nous récitons avec Je vous salue Mère du Verbe
incarné, un voile blanc couvrit la statue de la Très Sainte Vierge. Fait de
mille petits plis, ce voile tiré par une main invisible se sépara en deux et
dans une douce clarté, je vis la Très Sainte Vierge portée par une boule
blanche. Autour d'Elle, s'épanouissaient trois cercles de roses. Le premier
était de roses blanches, le second de roses rouges et le troisième de roses aux
reflets jaunes. C'était vraiment merveilleux. A Ses pieds s'étendait un parterre
de lys qui autour de Sa robe formaient une couronne et baissaient leur tête,
puis venaient des rosiers de boutons blancs.
Elle arriva les bras étendus et les mains dirigées vers le sol où s'échappaient
des rayons dorés qui nous atteignaient. Son visage était d'un charme, d'une paix
infinie, Ses lèvres s'entrouvrirent en un sourire nuancé et très profond.
Ensuite, après avoir regardé longuement Monsieur le Curé de Domptail, Elle
baissa Ses yeux et se recueillit. Dans l'invisible, Jésus, d'une voix très
calme, suave, me dit : "Mes enfants, préparez-vous à la Fête de Noël par la
prière et l'augmentation de la vie intérieure. Appelez-Moi au fond de vous-mêmes
pour que Je fasse vivre la vie pleine de vos âmes et que J'opère un
renouvellement intime et si profond que d'autres en sentent l'influence. Agissez
surtout par Mon influence divine en vous et demandez-moi d'illuminer par vous et
à travers vous d'autres âmes.
Noël, c'est la fête de l'humilité, de la douceur et de l'amour. Noël, c'est la
Fête des petits et des pauvres. C'est une des trois grandes étapes de la
Rédemption. Tel qu'un rayon pénètre un pur cristal sans le ternir, tel qu'une
étoile envoie sa douce clarté, tel qu'une rose de printemps exhale son suave
parfum, telle fut Ma Divine Mère M'enfantant. En célébrant Ma Nativité, vous
plaisez tout spécialement à Marie, car vous Lui rappelez l'inoubliable jour où
comme un rayon de soleil, Je suis sorti de Son sein. Vous Lui rappelez le
précieux privilège qui La place au-dessus des anges et des saints : Sa divine
Maternité. Mes enfants, Je vous bénis".
(Pendant le message, à Ses pieds, deux roses blanches s'ouvrirent et furent deux
têtes d'enfants qui se montrèrent : une petite fille et un petit garçon. A la
fin du message, les pétales se refermèrent, puis le voile revint sur la Très
Sainte Vierge qui nous bénit sans aucune parole. Le voile s'éleva et disparut en
une légère fumée).
Le même jour, à 2h. de l'après-midi, nous prions avec M. le Curé de
Xaffévillers, Mme Colin d'Ortoncourt et sa fille, Mme Yvonne Domptail.
En commençant le I° Ave fleuri, le voile revint se poser sur la statue de Notre
Dame de Domptail, puis je vis descendre le Cœur de Notre Seigneur palpitant et
entouré de rayons plus ardents que ceux qui partaient des mains de la Très
Sainte Vierge. il vint se poser sur deux larges plis, puis des épines venant de
tous côtés vinrent piquer et encercler le Cœur Sacré de Jésus. Des gouttes de
sang perlèrent et pendant que Notre Seigneur parlait, les épines arrivaient
toujours, ce qui à la fin forma une couronne. Notre Seigneur, la voix un peu
voilée, ayant des nuances tristes donna ce message. A la fin, le voile enveloppa
le Divin Cœur qui monta légèrement, s'éclaircit, puis s'évanouit. J'ai senti que
Notre Seigneur souffrait beaucoup, car ces épines montraient qu'il est vraiment
outragé : "Mon enfant, tu vois Mon Cœur méconnu, rebuté, outragé et percé. Ces
épines qui viennent faire une couronne ce sont ces âmes qui Me trahissent et
combien, hélas, elles sont nombreuses. Je vous demande, ô Mes Pasteurs, de Me
consoler toujours plus. Je ne puis vous faire sentir les souffrances que Je
ressens ni la sueur de sang qui couvre Mon visage : "Mon Père, que ce calice
s'éloigne de Moi. Mais non, que Votre volonté soit faite et non la Mienne". Pour
ces deux roses que tu as vu s'ouvrir et qui ont représenté une petite fille et
un petit garçon, c'est une future épouse et un futur pasteur. Dans ce village,
Je Me choisirai des saints. Que le pasteur les enflamme de Mon Divin Amour, de
Ma soif des âmes, car il me faudra plus tard des pasteurs qui ne reculent jamais
devant un sacrifice. Beaucoup n'ont pas fait leur devoir, même le Prince de
l'Eglise. C'est pourquoi son diocèse a tant souffert. Ce n'est pas fini, car Je
lui montrerai des épreuves : il souffrira encore beaucoup. J'aurais tant aimé
qu'il eut confiance en ta sœur. Combien les événements auraient mieux marché.
Plus tard, il se repentira, mais ce sera très dur, mais Je lui donnerai des
lumières. Pour ta sœur, ici présente (Mme Pierre Domptail) Je protègerai celui
qui lui est cher. Qu'elle ait grand espoir. Bientôt elle aura la joie de la
presser sur son cœur. Mes enfants, Je vous bénis".
Vendredi 22 décembre 1944 :
A 12 h. dans la salle à manger du presbytère, avec mon Père, Melle Janine
Gourmand de Charmes, nous avons récité une dizaine pour demander des lumières
sur sa vocation, et la 2ème dizaine pour la conversion de son père et la
protection de son frère. N'ayant rien reçu pendant le chapelet et les trois Ave
fleuris, nous recommençâmes une dizaine. Au 3è Ave un voile se posa sur la
statue qui s'ouvrit comme dans les apparitions expliquées sur les messages. Sur
un tapis de flocons de neige, nimbés d'une douce lumière, encerclée d'une
couronne de roses blanches, apparut dans une apothéose de rayons la Très Sainte
Vierge. Souriante, les mains jointes, Elle regarda avec une bonté infinie mon
Père et Melle Gourmand, puis Elle baissa légèrement la tête et resta dans cette
pose pendant que Son Divin Fils doucement d'une voix profonde, chaude, me dit :
« Ma fille, dis à ma future épouse que Je la veux dans le silence, ce sera une
petite violette qui, cachée, répandra un doux parfum. Ce sont chez les Clarisses
de Nancy que Je l'appelle. Qu'elle s'abandonne toujours plus sur Mon Divin Cœur
et elle goûtera sur ce trésor d'amour des joies ineffables, qu'elle ne craigne
pas ; par moments, la croix sera lourde, mais qu'elle se réfugie dans Mes bras
et qu'elle écoute en silence Ma voix qui lui donnera les paroles de réconfort.
Pour celui qui lui est cher, elle obtiendra sa conversion et pour son frère qui
est en exil, Je veille et le protège.
Pour Mon pasteur de Charmes Je n'ai rien à rectifier dans ses plans. Il a suivi
intérieurement tous Mes appels et dans ce qu'il fait Je n'ai pas le droit
d'intervenir. Mes enfants, Je vous bénis ».
Quand Jésus se fut retiré, la Très Sainte Vierge s'éleva, soulevée par le tapis
d'un blanc immaculé, toujours recueillie, Elle disparut derrière le voile qui
lui-même s'évapora. En mon âme chantait un grand bonheur ; quand cette douce
Maman disparaît, j'ai mis dans mon cœur un peu de lumière qui l'enveloppe, c'est
si doux, si pénétrant que jamais je ne saurais décrire la beauté infinie de la
Très Sainte Vierge, la joie que je ressens, et la tristesse que j'éprouve quand
Elle remonte dans les Divins Parvis du Ciel.
Le même jour, à 9h. du soir, chez Melle Luc, avec le petit groupe de
privilégiées qui venaient d'écouter les messages expliqués par Mon Père, devant
la statue du Sacré-Cœur, nous avons récité le chapelet aux intentions de
chacune. A la 4 dizaine, le voile descendit, puis tout se passa comme les
précédents, continuant toujours à prier, j'entendis faiblement les Ave qui
s'estompèrent, puis comme je commençais Rose d'Amour, le voile s'entr'ouvrit et
laissa apparaître dans un rayonnement infini la Très Sainte Vierge, toute
blanche, d'une bonté et d'une douceur attirante et nuancée. Les bras étendus et
les mains d'où s'échappaient mille petits rayons étaient inclinés vers la terre.
Une ombre de tristesse était empreinte sur Son visage ; pourtant un léger
sourire s'épanouit sur Ses lèvres roses, Ses yeux regardèrent dans le lointain.
C'était profond, infini, comme quand je regarde l'horizon qui s'étend à perte de
vue. Une couronne de roses rouges l'entourait en exhalant un discret parfum, et
au-dessus de Son voile une étoile à 5 branches envoyait sa douce clarté. Ce que
J'admire surtout c'est Sa robe très large et formant de larges plis qui arrivant
à Son cou d'une ligne pure deviennent petits et sont retenus par un cordon de
soie blanche. Ses manches sont très larges et sont bordées d'un mince cordelet
de soie plus brillante. La robe en arrivant à Ses pieds s'élargit, les plis sont
plus profonds et le bord est entouré de petites étoiles, la robe couvre les
pieds et sur chacun d'eux bien discrètement sont posés deux petits boutons de
roses blanches. Je m'arrête, car je cesserais de décrire bien imparfaitement
hélas, la radieuse beauté de notre Maman. Ce n'est que lumière, lumière,
lumière, c'est le cri de mon cœur, ces trois mots prouvent combien l'Apparition
est toute pure.
Dans le silence profond, la Très Sainte Vierge me regarda, puis Sa voix, d'une
profondeur insondable, faisant soulever mon pauvre cœur de joie, me dit :
« Mon enfant, Je bénis spécialement ce groupe d'âmes fervents. Je leur
demanderai de prier surtout pour les villes et les villages occupés une deuxième
fois par l'ennemi ou plutôt par le lion déchaîné. Ce n'est que feu et sang, tu
ne peux te figurer les souffrances, les cris et la peur de toutes ces âmes qui
partent devant l'envahisseur.
O mes enfants (la voix se fit suppliante), récitez sans vous lasser le chapelet
(ces paroles furent dites très prononcées). La guerre n'est pas finie, car ce ne
sont ni les américains, ni les anglais mais ce sont les français qui sauveront
la France (le mot français fut dit très fort, cela résonna à mes oreilles comme
un mot victorieux). La Mission de ta sœur s'accomplira bientôt ; ce sera plus
terrible que la première fois, car la Révolution et la famine vont sévir sur les
villes, ce sont des millions d'âmes qui vont tomber et combien, hélas, sont en
état de péché mortel. Car dans les villes délivrées la jeunesse - pauvre
jeunesse - ne pense qu'à s'amuser. C'est ce qui blesse le Cœur de Mon Divin
Fils. Préparez-lui votre cœur par vos sacrifices, vos privations, car Il a tant
besoin d'amour ; même Ses meilleurs amis le délaissent.
Je veille sur les prisonniers ; et Je partage la souffrance de cette maman qui
n'oublie pas son fils si loin. Ne crains pas, il est le privilégié de Mon Cœur,
il est plongé dans Mon Manteau. Chaque soir, au pied de la photo de ceux qui lui
sont chers, son cœur s'en va vers le petit village où il a connu tant de joies.
Les épouses de Mon Divin Fils sont là et ne cessent de l'implorer pour garder
leur petit frère. Pour tes sœurs, c'est de même ; malgré la cruelle épreuve, Je
saurai les récompenser. Pour ces autres âmes qui ont grande confiance en toi,
dans les heures un peu noires, Je serai près d'elles pour les encourager. Ma
fille, Je te laisse et Je bénis avec Amour Mes enfants ».
La Très Sainte Vierge fit un grand et lent signe de croix, regarda maternellement Ses enfants, puis doucement, monta, soulevée par le tapis ondulé et fut cachée par le voile qui s'évanouit.
Samedi 23 décembre 1944 :
Au chapelet familial, chez Monsieur Vautrin, à la 2è dizaine, je sentis en mon
âme un grand recueillement, dans une paix profonde les Ave lentement devinrent
lointains et dans cette douce mélodie, Jésus, très suavement, me dit :
« Mes enfants ; Ma Divine Mère est avec Moi dans l'œuvre de votre restauration ;
non seulement, Marie est le chef d'œuvre de la rédemption, l'idéal de l'humanité
régénérée, Elle en qui et en qui seule la réparation a eu tout son effet,
combien beau et magnifique, mais elle y coopère avec Moi. Comme Eve est avec
Adam dans l'œuvre de ruine, ainsi Marie, pour remplir un rôle actif est dans
l'œuvre de la restauration. Ce n'est pas Elle qui sauve, mais c'est Moi ; Je
veux avoir Ma Mère indissolublement à Moi. Non seulement Elle coopère de loin à
votre rachat en Me donnant pour vous sauver, mais Elle y coopère directement et
prochainement. Et Sa coopération ne se borne pas au premier acte de grand' œuvre
: l'incarnation ; elle s'étend à tout ; à la Rédemption par Sa mort sur la
Croix, à la distribution des grâces, à votre salut enfin qui est le terme et le
but final de la réparation. Mon Père a voulu que la femme première victime de
satan, et par là, cause de ruine pour l'humanité entière, ait aussi sa part dans
Ma grande victoire sur le démon. Je vous bénis, ainsi que ce foyer ».
Dimanche 24 décembre 1944 :
A la Messe de Minuit, pendant l'offertoire mes yeux se posèrent au-dessus de
l'autel. Le voile blanc était déjà arrivé et même entr'ouvert majestueusement.
Il s'ouvrit, faisant un grand A. La pointe était toute plissée et dans une
clarté céleste rayonnait une grosse étoile. Dans la profondeur du voile était un
chœur d'anges qui formait une grotte, puis au milieu de tous ces esprits
célestes, le royaume des anges s'ouvrait pour un heureux instant, et les cieux à
cette heure de Minuit étaient inondés des flots d'une mélodie surnaturelle,
cette mélodie était si belle qu'elle ravissait mon cœur. Dans cette lumière si
douce, je vis couché dans une crèche de bois ou de pierre, car je n'ai pas bien
distingué, forme ovale, sur un peu de paille, dans une auréole de lumière,
l'Enfant Jésus. C'était un gros poupon tout rose et tout nimbé d'une grande
paix. De chaque côté s'extasiaient, dans une adoration profonde la Très Sainte
Vierge tout en blanc, les mains jointes, à genoux. Elle regardait avec
admiration le Divin Enfant. A gauche priait Saint-Joseph, habillé de brun, Il
avait le visage d'une paix infinie, Ses cheveux étaient bruns mêlés de quelques
fils blancs. Le tour de Son visage était couronné d'une légère barbe brune. Quel
modèle d'humilité. Je sentais cette vertu émaner de Lui, les mains jointes, les
yeux baissés, tout en Lui était plongé dans le silence. Cette Sainte Famille
était portée sur le tapis de flocons de neige et le bord du voile était entouré
de têtes d'anges.
L'enfant Jésus se souleva sur Son bras droit, Il était vraiment attirant, avec
des yeux d'un bleu horizon, Il me regarda avec un sourire nuancé, puis la tête
toute bouclée de cheveux blonds, légèrement inclinée, d'une petite voix qui
m'enchantait, la voix cristalline, pure, d'un tout petit, me dit :
«Mon enfant, Je viens à toi dans le silence de la nuit. C'est dans le silence
solennel que tu t'approches de ton Dieu. Dans la bruyante Jérusalem, dans le
palais sonore d'Hérode le berceau d'or reste vide ; c'est dans le silence de la
paisible Bethléem, au milieu de Marie et de Joseph silencieux que Je descendis.
Le silence est la clôture de ton âme, pour que Je vienne dans ton cœur, il faut
qu'un silence profond enveloppe ton cœur. Silence dans ta volonté parfois
rebelle, silence soumis, silence dans le monde de tes passions. Il était minuit
quand Je descendit sur la terre. Je ne fais rien au hasard. Je viens volontiers
dans le silence de la nuit, les grands événements de salut s'accomplissent dans
l'obscurité ; le silence et la nuit sont le manteau sombre dont J'aime me
revêtir pour venir à toi par la grâce.
C'est dans la nuit sombre que Moi, Le Verbe du Père, la seconde personne de la
Sainte Trinité descendit sur Son Trône Royal semé d'étoiles sur la pauvre terre.
Ton Père, ta sœur (Melle Dubach), ton frère (M. François Rhote)
qui sont venus
passer les fêtes de Noël sont la troupe des adorateurs, des anges. Chantez avec
des esprits célestes votre Gloria in excelcis.
La simplicité des bergers vous tend les bras ; allez avec zèle vers eux et
retournez avec joie dans la compagnie des autres.
Ecoutez-Moi, contemplez-Moi et en M'admirant, laissez-Moi ravir votre cœur.
Ma Jeannette, l'an prochain, tu seras dans le cloître. Comme J'ai hâte de
t'avoir à moi seul ; tu
goûteras de grandes joies.
Je bénis tous ces fidèles. Qu'ils viennent Me recevoir souvent dans la Sainte
Communion. C'est le Pain de vie et de réconfort.
Bonne nuit, Ma Bien-Aimée. Je te presse sur Mon Cœur".
(L'Enfant-Jésus fixa mon Père avec un regard plein d'Amour, puis Ses yeux
insondables donnèrent une lumière plus brillante en regardant Melle Dubach,
Melle Rhote et M. François Rhote, un mot vient de me venir à l'esprit, le Divin
Enfant fit un sourire plein de tendresse à Françoise. Qu'il était charmant, tout
de Lui respirait l'Amour, la pureté, la simplicité et la charité. Comme j'aurais
aimé le presser sur mon cœur afin que le sien l'embrase. De Sa petite main toute
mignonne, Il fit un long signe de croix sur les fidèles, puis se recoucha, cela
dura jusqu'à la Communion. Les Anges chantèrent pendant que je recevais la
Sainte Hostie, le Gloria in excelcis ; quand toutes les âmes eurent reçu le
Divin Enfant, le voile me cacha la Sainte Famille qui était toujours en
adoration. Quel charmant tableau, la nuit mon âme ne fit que chanter le
Magnificat en reconnaissance de ces grandes grâces).
25 décembre 1944 :
A 6 h. du soir, au presbytère, dans la salle à manger avec mon Père, Melle
Dubach, Melle Rhote, M. François Rhote, nous avons récité le chapelet aux
intentions de chacun, surtout pour la vocation et l'avenir de François.
La Très Sainte Vierge apparaît souriante et faisant glisser lentement les grains
de Son chapelet. La voix de Jésus, gravement, me dit :
"Mon enfant, dis à ton frère (M. François Rhote) que sa vocation n'était pas
d'être un de Mes disciples, mais Je le choisis pour fonder une sainte famille.
Dans quelques temps, Je mettrai sur sa route la jeune fille ou plutôt une perle
qui sera son soutien. Qu'il se perfectionne dans le dessein, Je le comblerai et
lui enverrai des lumières. Qu'il continue à prier toujours plus Ma Divine Mère.
Qu'il aime le silence et dans cette solitude, il comprendra de grandes vérités".
Pour ta sœur (Melle Dubach), Je l'ai choisie pour victime, mais Je ne veux pas
lui révéler l'heure où Je viendrai ou plutôt où Mes anges viendront chercher son
âme.
C'est un lys de candeur et d'amour. Je ne cesse de M'admirer dans son âme, pur
rayon de soleil, rose de charité, violette d'humilité. Qu'elle M'aime toujours
plus. Qu'elle s'enfonce plus profondément dans Mon Cœur. Je l'attends à Mon
tabernacle les soirs de fatigue, de lassitude, d'émoi ou de découragement.
Qu'elle vienne se jeter dans Mes bras. Là, Je saurai avec des paroles douces
l'encourager, la réconforter, afin qu'elle soit vaillante et courageuse. Mes
enfants, Je vous bénis".
La Très Sainte Vierge nous regarda de Son sourire
profond et nous bénit par un grand signe de croix, puis remonta au Ciel.
Le même soir, à 21 h., avec mon Père, Melle Dubach, M. François Rhote, maman et
Françoise, sur un grand désir de Melle Dubach qui voulait réciter un chapelet
dans ma chambre, nous montâmes tous et là, au pied de mon lit, nous récitâmes
une dizaine de chapelet. Dans la nuit, je restai seule avec Melle Dubach et nous
continuâmes pieusement notre chapelet.
A la 4 dizaine, le voile vint se poser sur le mur et je vis descendre, entouré
de flammes et couronné d'épines le Divin Cœur de Jésus, vivant et palpitant. Une
auréole de lumière le couronnait, puis dans un profond silence, la voix de Jésus
se fit entendre :
"Mes deux enfants, dans la paix infinie de cette petite chambre où J'aime tant
descendre pour venir M'entretenir avec Ma Jeannette, ce soir, Je suis touché
jusqu'aux larmes en contemplant Mes deux lys, Mes deux roses parfumées, Mes deux
vases débordants d'Amour.
Mes deux enfants, consolez Mon Divin Cœur. Dans la nuit où Je suis descendue sur
cette pauvre terre, nombreuses sont les âmes qui M'ont fermé leur cœur. Dans les
vôtres, Je n'ai trouvé que l'Amour, berceau bien blanc, orné des fleurs les plus
délicates et exhalant leur suave parfum.
Pour ta sœur (Melle Dubach), Je veille toujours sur son pasteur. Qu'elle soit en
paix, Je suis le petit Jésus plein de bonté et d'une infinie charité.
Pour ces âmes (son beau-frère et son neveu) qui sont en exil, le manteau de Ma
Divine Mère les enveloppe. Ils sont bien près de Son Cœur, car chaque soir, les
Ave montent comme une fumée d'encens vers leur Maman du Ciel.
Dis-lui que Je la comblerai et que J'exaucerai ses plus chers désirs.
Je bénis son voyage de demain. Elle sera accompagnée par le sourire de Ma Très
Sainte Mère. Mes deux bien-aimés, Je vous bénis".
(Le voile qui formait tenture derrière le Sacré-Cœur, le recouvrit de ses pans,
puis monta doucement jusqu'à ce que je ne vis plus rien).
Mercredi 27 décembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial, chez M. Arthur Colin, la 2 ° dizaine fut offerte
pour les deux familles (M. Grandidier et M. Didier) sinistrés de Fauconcourt par
une bombe d'avion, dans la nuit de mardi à minuit.
Au commencement de la dizaine, un grand calme se fit dans mon âme, puis les Ave
s'évanouirent. Plongée dans le silence, loin de la terre, Jésus la voix pleine
de bonté, de compassion me dit :
"Mon enfant, pour cette famille douloureusement
atteinte par le feu, Je viens leur donner une parole de réconfort. C'est à la
maman que Je m'adresse :
Ma fille, cette épreuve pénible que tu endures est d'un très grand prix auprès
de ton Dieu. Tu as eu soin de l'unir et de la mêler au Calice auquel J'ai collé
Mes lèvres au Jardin des Oliviers, sur la Croix et pendant tout le cours de Ma
vie mortelle.
Cette épreuve que tu endures avec soumission et pour Mon Amour, ouvrira à ton
âme une source intarissable de consolations. Ces pleurs qui, de tes yeux,
tombent, amers, sur tes lèvres, se changeront en joie. Courage donc, toi qui
souffre ; il y a dans tes afflictions unies aux miennes une vertu surnaturelle
et toute divine. Sanctifiées par cette union, ta souffrance est élevée à l'état
divin ; elle participe à l'insigne honneur de déification.
Je connais le prix de ce sacrifice. Je le rétribuerai non pas au centuple, ce
serait trop peu, mais à l'infini.
Courage. Rien ne sera perdu de ce que tu souffres pour Moi. Tout s'évanouit dans
le présent, mais reparaîtra dans l'éternité. Que chacune de tes journées soit
une journée de semailles. Conserve une inébranlable confiance en Moi. Je suis le
Maître absolu de tous les évènements. C'est souvent pour l'avantage des âmes que
Je diffère l'accomplissement de vos plus saints désirs. Ma Providence a des
desseins cachés et l'infaillible pour faire réussir, malgré tous les obstacles,
des choses qui paraissent entièrement impossibles. Je suis tout près de tes
enfants et Je les bénis".
Jeudi 28 décembre 1944 :
Au presbytère à 1h30 avec mon Père, Melle Rhote et son neveu François, nous
avons récité le chapelet aux intentions données par mon Père : à la 4 dizaine
toute recueillie, je fus doucement séparée des choses qui m'entouraient, les Ave
ne furent plus qu'un léger murmure et Jésus, gravement, me donna ce message :
"Mon enfant, Je demande à ton frère (François Rhote) de rester dans sa famille
tant que l'ouragan ne sera pas passé. Mais si, au fond de lui-même, il sent un
désir pour se perfectionner maintenant, qu'il choisisse la ville la plus proche,
mais ce n'est guère prudent, car il pourrait se trouver dans des rafles de
jeunes gens. Je le protège et Je bénis son voyage".
Samedi 30 décembre 1944 :
A 5h30 au chapelet familial, chez M. Arthur Colin, au commencement de la 3ème
dizaine, quelque chose de doux s'empara de moi, les Ave devinrent une douce
mélodie, puis s'évanouirent comme la fin d'une chanson. Entourée de silence,
inclinée devant la Majesté invisible de Notre Seigneur, j'écoutais Sa voix
suave, aux intonations chaudes qui me disait :
"Mes enfants, goûtez la douceur des mystères de Bethléem. Entrez en esprit dans
Ma petite étable et voyez avec les yeux de l'âme ce qui se passe. Regardez avec
étonnement votre Dieu, petit enfant nouvellement né, couché dans une crèche.
Quelle humilité. Admirez Ma beauté, et faites fondre vos cœurs en douceur par la
tendresse de Mon amour. Voyez les précieuses larmes qui coulent de Mes yeux pour
laver les tâches de vos âmes. Voyez Ma pauvreté, Ma douceur, Ma patience, Mon
humilité : voilà l'exemple que vous devez imiter. Tournez vos regards vers Ma
Divine Mère, admirez Sa modestie, Sa pureté, Son Amour ardent pour Moi, le
profond respect qu'elle Me porte, et les douces larmes qu'Elle mêle avec les
miennes.
Un jour Ma petite bouche dira vers Mon Père qui est dans les Cieux la plus belle
qui soit de toutes les prières, et vers Mon Père gémira Sa grande plainte
d'agonisant, et dans le sein de Mon Père exhalera Mon âme filiale.
Un jour, Ma petite bouche laissera couler sur les douleurs humaines les paroles
qui consolent parce qu'elles sont tout ensemble un ruissellement de tendresse
divine, et un fleuve d'espoir courant à travers les misères et les deuils. Elle
prononcera sur les morts, les mots puissants qui ressuscitent sur les pécheurs
les mots non moins puissants qui régénèrent sur les déchus les mots
miséricordieux qui soulèvent sur leur front et illumineront leur visage.
Ma petite bouche affirmera majestueusement : Je suis Roi, Je suis le Fils de
Dieu. Vous Me verrez descendre sur les nuées, après trois jours Je ressusciterai
et devant Moi l'humanité tremblera, adorera, protestera.
Un jour Ma petite bouche avec un sourire grave appellera ceux qui péchaient sur
le lac.
Un jour Ma petite bouche ayant dit : tout est consommé ne dira plus rien et
restera ainsi mi-close, la
bouche de ceux qui viennent de mourir.
J'aime beaucoup l'âme de cette mère de famille (Mme Arthur Colin).
J'interviendrai pour l'aider, la soulever de terre et l'attirer vers les choses
d'En-Haut. Comme Je souris à ses efforts, Je suis fier et content qu'elle reste
debout confiante et aimante. En ces temps douloureux où vous vivez, il faut vous
jeter encore plus avant dans Mon Sacré-Cœur, c'est Lui seul qui vous sauvera et
qui sauvera votre chère France. C'est dans ce recoin profond, intime, tout caché
au regard des hommes, tout plein de solitude divine et de communications divines
qu'il faut chercher votre force, votre appui, votre grande et invincible
espérance.
Un mot encore, ne vous plaignez jamais du travail même absorbant. Je suis caché
sous les choses matérielles comme sous la petite rondelle blanche du tabernacle
; c'est la foi, c'est l'Amour qui Me trouve. Croyez, aimez jusqu'au bout de vos
forces. De Mon Divin Cœur, s'échappe par flots sur cette nombreuse famille une
pluie de grâces et de bénédictions. Je vous bénis".
Accès direct par année : 1940 1942 1943 1944 1945
(Suite des messages)
Lundi 1° janvier 1945 :
A 5h30 au chapelet familial, chez M. Albert Colin, à la 2ème dizaine, les Ave
s'évanouirent, puis il me sembla être enveloppée d'une douce lumière, inondée et
entourée d'un profond silence. Je fus attirée, aimantée par la voix un peu triste de
Jésus qui me donna ce message :
"Ma fille, Je vais te faire comprendre pourquoi
il a fallu que Je Me soumette à cette douloureuse et humiliante cérémonie de la
Circoncision.
J'étais pur d'une pureté sans pareille, saint d'une sainteté sans égale, il n'y
avait rien à purifier en Moi qui par Mon seul contact purifie toutes choses.
Mais J'avais hâte de commencer Mon apostolat et comme l'exemple exerce une
influence plus grande que la parole, J'ai voulu dès les premières heures de Ma
vie donner l'exemple des deux vertus dont la pratique vous est plus difficile
encore que plus nécessaire : l'obéissance et l'humilité. Je suis venu pour vous
sauver par l'effusion de Mon sang. Ce sang, Je l'ai déjà répandu par les larmes,
dès Mon apparition dans la vie. Je n'ai jamais cessé de la verser, mais il faut
encore qu'au sang de Mon Cœur s'ajoute le sang de Mes veines. C'est pour cela
que J'ai accepté que Mon Père adoptif, s'armant de l'instrument légal fasse
jaillir par l'incision de Ma Chair Immaculée ce sang vermeil que Je donnerai sur
la Croix jusqu'à la dernière goutte, encore qu'une seule eut suffi pour
l'expiation de tous vos péchés. Et pendant que s'accomplit cette cérémonie, Je
suis dans les bras de Ma Très Sainte Mère qui sont pour Moi l'Autel sacré sur
lequel Je commence à M'immoler à la gloire de Mon Père et pour votre salut. En
cette année nouvelle si ce sont les douleurs qui viennent bénissez-les, pourvu
que Mon Amour s'en nourrisse. Si c'est le bonheur et la joie, profitez alors de
votre bonheur. Que la félicité de votre vie se tourne en hymne d'action de
grâces pour Moi et que Mon Amour grandisse dans votre bonheur.
Reprenez vos résolutions les plus ferventes, commencez à vivre avec tout le
zèle, toute la vigilance, toute la pureté d'intention que vous auriez si vous
étiez certain que cette année sera pour vous la dernière, et qu'avant la fin
vous entrerez dans la maison de l'Eternité. Je vous offre les prémices de Mon
sang pour l'expiation de vos péchés. Mon Nom est pour l'appui de votre espérance
; Mon Cœur est pour embraser les vôtres du feu de la divine charité.
La France sera sauvée le jour où chacun redeviendra ce qu'il doit être dans sa
vie chrétienne et un peu austère.
Personne ne veut plus de la souffrance ; on ne court qu'après le plaisir. Ma
Pauvre France s'en va parce qu'elle ne veut plus du sacrifice. Faîtes des
sacrifices, le salut ne viendra que par là.
Je vous bénis".
Mardi 2 janvier 1945 :
A 3 heures de l'après-midi, dans la salle à manger du presbytère avec mon Père,
Monsieur Dubach, ses deux sœurs et Melle Rhote, nous avons récité le chapelet à
leurs intentions. La Sainte Vierge apparaît comme à Domptail. Notre Seigneur :
"Mon enfant, Je suis ému jusqu'au plus profond de Mon Cœur en contemplant ton
frère et tes deux sœurs. Pour ton frère (M. Dubach) âme si belle, si loyale, si
charitable, Je le comblerai et exaucerai ses plus chers désirs. Pour le dernier
chérubin J'aimerais que plus tard il soit un de Mes fervents disciples, car
comme tu le sais, ce sont de saints prêtres que Je veux, il y en a tant qui me
trahissent. Dis-lui que Je le protégerai toujours, surtout dans les heures qui
vont surgir. Je ne cesse de vous le répéter, mais c'est pour votre bien. Soyez
prêts, car vous aurez bien peur, mais le manteau de Ma Très Sainte Mère est très
profond, et Elle garde sur Son Cœur Ses enfants les plus confiants. Pour ta sœur
douloureusement atteinte, Je la comblerai à l'infini. Dans ses nombreux enfants
Je Me réserve un bouton de rose. Qu'elle vienne de plus en plus sur Mon Divin
Cœur pour y chercher la consolation.
Ma fille, J'ai admiré ton courage dans les heures terribles que tu as passées ;
sois confiante, Je veille sur ton mari et sur ton enfant. Ils souffrent
beaucoup, car ces barbares en martyrisent beaucoup, mais ils sont sous la coupe
de Mon Divin Cœur. Tu les reverras bientôt. Ils seront beaucoup changés, mais
remplis plus que jamais de Foi et d'Amour. Mes enfants, priez, priez, Je vous
bénis".
(La Très Sainte Vierge regarda longuement Monsieur Dubach avec un
profond sourire. Une rose très épanouie au-dessus de la tête de la Très Sainte
Vierge en forme de cœur se tourna vers Monsieur Dubach et tous les pétales se
détachèrent et montèrent vers le Ciel. Puis deux larmes perlèrent à ses
paupières en regardant Madame Lapierre sinistrée à la Bresse et réfugiée à
Remiremont).
Le même jour, à 4 h., avec les mêmes personnes et Monsieur le Curé de Domptail,
Notre Seigneur : "Ma fille, dis au pasteur (M. le Curé de Domptail)
qu'il
cueille en ce moment les épines, mais bientôt il récoltera les roses. Sa voiture
a besoin d'un sérieux examen, il a évité de très gros dangers. Ma Divine Mère
n'a pas permis que sa voiture soit abîmée et Elle ne cesse de l'envelopper.
Quand elle sera réparée, il pourra aller dans sa famille. Je bénis son voyage.
Au pied de la crèche, Je te donnerai pour lui spécialement, et J'appuie sur ce
mot, un message qui sera pour lui seul. Pour ta sœur (Melle Dubach),
J'admire
son dépouillement. Dans Mon Ciel, elle sera couverte de gloire et de lumière.
Pour cette âme (ici la voix de Notre Seigneur se tourna vers M. Dubach, car on
avait prié pour sa première femme défunte), elle est tout près de Moi, et de
là-haut, elle sourit et bénit les âmes qui lui sont chères. Je vous bénis".
Samedi 6 janvier 1945 :
Au chapelet familial, chez M. Albert Colin, Notre Seigneur :
"Ma fille, l'Epiphanie est la Fête de la foi chrétienne. Demande-Moi le don
d'une foi vive afin d'apprécier la grâce et de comprendre combien il importe de
lui être fidèle. Les Mages suivent promptement la lumière de la grâce. A la
lueur d'une étoile, au moindre signe de Ma volonté, ces hommes accoutumés aux
jouissances de la vie sortent de leur pays quoiqu'il leur en coûte pour Me
chercher, se donner et s'unir à Moi. Ils ne se contentent pas de regarder
l'étoile, de la discerner, d'y reconnaître le signe divin. Elle marche devant
eux et ils la suivirent. Voilà ce que tu dois faire. La lumière que Je te donne
ici-bas n'est qu'une lumière fixe, uniquement destinée à la joie de tes yeux,
elle ressemble à l'étoile, elle marche et elle t'arrive. Chaque lumière te
révèle Ma volonté, et Mon désir sur toi, et rien ne serait inquiétant comme de
voir une âme devenir plus éclairée sans éprouver le besoin de devenir meilleur
et sans y aspirer.
Reste fidèle à la grâce. Tu es heureuse d'être appelée, éclairée comme les
Mages. Empresse-toi d'aller là où l'étoile te conduit, là où Je te dirige. La
grâce passe et ne revient pas. T'abandonnant à Mes attraits, suis les jusqu'au
bout sans hésiter. Pour cela, assimile de plus en plus ton âme à celle des
Mages. Mets en toi cette humilité profonde avec laquelle ils se prosternèrent
dans l'adoration, à Mes pieds ; cette simplicité qui se confie sans réserve à
ton Père de la terre, cette ardente générosité qui te fera tout abandonner. Sois
une âme qui ne vit que pour Moi et n'aspire qu'à Moi. C'est ainsi que le Mystère
de l'Epiphanie se consommera en toi et que comme les Mages tu verras ton Epoux.
Veux-tu contribuer à la conversion des pécheurs ? Offre-Moi ta souffrance, ta
croix intime. C'est une valeur, c'est de l'or spirituel. Jette ce beau cri
triomphant : Oh, mon Dieu, j'accepte ma peine pour la rédemption d'une âme. Sois
noble. A quoi bon gémir ? Gémir, c'est stérile, offrir, c'est fécond.
Offre-tout. Chaque chose a son mérite et ce mérite dépend de la pureté de ton
cœur et de la vivacité de la foi. Un rien offert par un cœur pénétré de bonté a
des répercussions inimaginables dans les sphères spirituelles. Tu ne sauras
jamais la puissance d'un cri arraché par la charité à une âme unie à la trinité.
Ce cri par lequel tu me donnes quelque chose, ce cri n'est pas seulement poussé
par toi, il est aussi poussé par Moi dans lequel tu es aussi plongé par la
grâce. C'est Moi qui en toi interpelle pour le monde. C'est ce qui explique ta
puissance. Tout est possible à celui qui croit, qui prie et qui offre sa
souffrance pour ses frères malheureux et si attachants : les pauvres pécheurs.
Je fais descendre sur ce foyer Ma bénédiction. Je vous bénis ainsi que ton Père
".
Mardi 9 janvier 1945 :
A 8h30, seule, dans ma chambre, Notre Seigneur :
"Ma chère enfant, Je te contemple tout entière, telle que tu es, ardente,
aimante, puis, à certains moments affaissée et un peu découragée. Quand la
ferveur sensible t'est donnée par Moi comme fortifiant, pense un peu au
lendemain qui sera peut-être dénué de tout secours, de tout entrain, puis
calme-toi en te persuadant que J'aime ton âme. Que cette douce et consolante
conviction soit aux heures difficiles ta force et ton levier. Point de tristesse
consentie, point de lassitude inactive. Secoue dans les journées d'isolement
ton âme pour en faire jouer le ressort de la foi, de l'aimable confiance, de la douce
sérénité. Je Me plais parfois à te délaisser en apparence. Je veux voir jusqu'où
tu iras seule sur le chemin désert, mais avec quelle tendresse Je te suis par
derrière. Je souris à tes efforts. Je suis fier et content si tu restes
confiante et aimante. Donne-Moi un bouquet de fleurs d'aimable souplesse, de
gracieuse condescendance, de sacrifices intimes réalisés au dépend des idées
propres, des amours propres, des petites vues personnelles. Tous ces chers
morceaux du moi jetés à Mes pieds attireront Mes regards et Mes bénédictions.
Que ta parure d'hiver soit toute de chaud recueillement, de ferventes actions,
de vigoureux sacrifices. Je t'aime, Je t'aime passionnément. Tu as de puissantes
chaleurs au fond du cœur, ce qui veut dire de grandes forces : garde-les bien,
car Je les convoite pour Mes pauvres et déshérités. Je M'apprête à te payer
comme Je sais le faire de Ma monnaie que le monde ne connaîtra jamais. Je te
donne la tendresse filiale et ton cœur s'agrandit, se développe, s'épanouit sous
le souffle de l'Amour. Avec le Temps et la grâce, tu deviendras une vraie
épouse. Sois fière de ta part ; sois humble aussi. Fière en regardant tes sœurs
du monde ; humble en regardant celles qui t'entourent et dont la vertu et les
exemples t'animeront singulièrement dans le beau chemin du sacrifice.
Le châtiment que j'enverrai sera terrible et atteindra beaucoup de foyers.
Beaucoup n'ont pas encore souffert des malheurs de la France. Beaucoup restent
enfouis dans leur bien-être. Il faudra que Mes verges divines réveillent ces
endormis, ces jouisseurs qui font masse.
Ma France ne sera sauvée que par une régénération chrétienne. L'Eglise souffre,
la France souffre. Que les âmes qui aiment l'une et l'autre se résolvent à
souffrir. Priez beaucoup pour les persécutés du moment. La France s'en va parce
que la récrimination a pris la place de la volonté. Le salut ne viendra que par
le renoncement personnel qui attirera Ma grâce miséricordieuse. Les exilés ont
beau souffrir : ils ne sont qu'une partie du pays ; il faut que le pays tout
entier souffre. Je te bénis".
Vendredi 12 janvier 1945 :
A 10h30, seule à l'église, Notre Seigneur :
"Mon enfant, Je vais te donner un message pour l'âme qui désire être éclairée.
Je vais M'adresser directement à elle :
Ma fille, tu as une belle et grande mission à remplir auprès de Mon pasteur.
Mon désir est que tu restes auprès de lui, te dévouant sans mesure. Tu es Ma
servante et Fille de Mon Cœur transpercé. Je ne t'apprendrai pas que la Croix
est la plus belle part de ta vocation et qu'il faut la porter sinon joyeusement,
du moins toujours avec amour et courage, puisqu'elle est ménagée par l'Amour,
sous quelque forme d'ailleurs qu'elle apparaisse. Grandis en volonté, en oubli
de toi-même. Ne te relâche pas dans la prière malgré les difficultés que tu
puisses y trouver. C'est le pain du jour, et l'âme qui refuse ce pain ne peut
vivre. Fais des sacrifices sur toi-même ; si ton caractère fait des siennes,
sois plus forte que lui et sache commander à ses violences et à ses dépits. Des
orages, à l'intérieur, oui, mais au lieu de permettre à la foudre d'éclater, de
briser, il faut absolument la retenir prisonnière, en dépit des bouillonnements
qu'elle produit, sans quoi, Ma fille, tu ne pourrais t'élever. S'élever, c'est
surtout Me posséder et faire du bien autour de soi. Vis à l'œuvre dans l'effort,
dans le combat.
Traite doucement ton cœur, l'amenant peu à peu à faire bon visage à tous ce qui
l'entoure ; toujours plus de dévouement envers Mon disciple. Courage de plus en
plus. La vie est pleine de secousses. Mets-toi dans ton rôle : oubli de
toi-même, de tes aspirations pour donner la fleur de ton affection, de ton
dévouement, de tes prévenances.
Jamais d'affaissements parce que ta volonté est faible, parce que tu sens au
cœur des besoins ou des aspirations que rien ne peut satisfaire. Jette ton âme
sur Mon Cœur. C'est dans ce contact divin qu'elle deviendra forte et opulente.
Je t'ai comprise, Ma fille : réfugie-toi dans Mon trésor d'Amour ; aime-Moi.
Parle-Moi de tes sacrifices et de tes espérances. Fais le bonheur complet des
tiens. Donne-leur beaucoup de joie. Ouvre au large ton cœur. Mon Pasteur
t'aidera et te soutiendra. Ma fille, élève, surélève ta foi et ta confiance. Ne
te laisse pas désorienter par l'impression ou par le dehors des choses et des
évènements. C'est avec l'âme qu'on vit, qu'on aime, qu'on prie, qu'on souffre et
qu'on espère.
Je recueille chacune de tes pensées, chacun de tes sentiments, chacun de tes
efforts. Donne-Moi cette joie de Me procurer chaque jour une gerbe splendide de
fleurs célestes que tu retrouveras là-haut avec un parfum dont tu n'as pas idée.
Demande sans cesse ; prie sans interruption. Tu feras au Cœur de ta Maman du
Ciel un plaisir
indicible.
Je vous bénis".
Dimanche 14 janvier 1945 :
Au chapelet d'une heure, à l'église, Notre Seigneur :
"Mon enfant, ce message sera pour l'âme qui porte avec résignation sa croix :
Ma
fille, tourne ton cœur vers Moi, invoque-Moi, Je viendrai à ton aide ; cela te
mettra au large, ce qui veut dire : aspirer la confiance à pleins poumons, se
dilater dans une consolation voisine de la joie, voir au-delà des horizons
bornés de cette terre d'exil et de larmes, apercevoir les régions de la paix
sans mélange, de la joie éternelle. Quel levier puissant pour ton âme, quel
précieux adjuvant pour supporter sans plainte, sans murmure, sans découragement
ni révolte, les peines de la vie, les souffrances du corps et celles de l'âme.
Regarde la Croix en face. C'est un exercice des plus importants que celui de
prendre chaque jour de sa vie quelques instants pour envisager tranquillement
toutes les beautés et les amabilités de la croix, afin qu'ensuite tu adores Ma
Main.
Ma fille, que c'est beau de sentir continuellement la lassitude et de ne
s'arrêter jamais, d'aller vaillamment à des devoirs difficiles sans les aimer,
de prolonger ses prières quand le cœur semble mort de panser, de soulager les
souffrances de celui qui t'est cher. Tu es de Ma part l'objet d'une incessante
sollicitude ; toujours en éveil sur les besoins de ton âme aussi bien que de ton
corps. Tu seras récompensée non pas selon le temps et selon l'ouvrage, mais
selon le degré d'Amour. C'est par l'Amour de l'obéissance que l'âme acquiert les
mérites. Elle remplit son vase en Moi qui suis l'Océan.
Ton mari est éprouvé dans sa santé. J'use de ce traitement pour ceux qui sont
vraiment à Moi et, dans Mon Ciel ils auront une place de choix. Tu possèdes à un
haut degré le sens religieux. C'est un don que J'ai fait à ton âme.
J'ai béni d'une façon toute particulière ta maison, et si Je n'ai pas donné le
message quand tu avais Ma Très Sainte Mère, c'est que Ma Jeannette était l'objet
des regards de certaines âmes qui ont des doutes. Je la veux cachée ; c'est
pourquoi Je suis resté silencieux. En plus, la personne qui était à ses côtés ne
pensait pas du tout à Ma Très Sainte Mère, et ne lui donnait que des
distractions. Elles sont rares les âmes qui aiment profondément leur Maman du
Ciel. Mes enfants, Je vous bénis".
Lundi 15 janvier 1945 :
Seule, à l'église, à 1h30 :
"Ma fille, Je t'aime, seule, à Mes pieds et puisque les Pasteurs ont fait le
sacrifice de ne pas voir Mon enfant, Je veux les récompenser.
Ce message sera pour Mon Pasteur de Domptail et Je lui parlerai de la méditation
et de la contemplation.
La méditation considère par le menu et comme pièce à pièce les objets qui sont
propres à t'émouvoir, mais la contemplation fait une vue toute simple et
ramassée sur l'objet que tu aimes ; et la considération ainsi unie fait aussi un
mouvement plus vif et plus fort. Tu peux regarder la beauté d’une riche couronne
en deux sortes, ou bien voyant tous ses fleurons et toutes les pierres
précieuses dont elle est composée l’une après l’autre ; ou bien après avoir
considéré ainsi toutes les pièces particulières, regardant tous l’émail d’icelle
ensemble d’une seule et simple vue. La première sorte ressemble à la méditation
en laquelle tu considères par exemple les effets de ma Miséricorde divine pour
t’exciter à Mon Amour. Mais la seconde est semblable à la contemplation en
laquelle tu regardes d’un seul trait arrêté de ton esprit toute la variété des
mêmes effets, comme une seule beauté composée de toutes pièces qui font un seul
brillant de splendeur. Que ton âme intérieure vive dans une atmosphère céleste
comme la fleur qui bien qu’étant née de la terre fleurit au-dessus et ne la
touche pas. De même l’âme intérieure ne touche plus la terre, à moins qu’elle ne
manque de fidélité à la grâce. Je protégerai et veillerai sur cet enfant qui va
partir dans la vie militaire. Qu’il communie chaque fois qu’il le pourra et
qu’il n’oublie pas surtout de prier Ma Très Sainte Mère qui l’enveloppera dans
Son Manteau.
Pour Mon futur pasteur, je charge Mon disciple de le diriger et de le faire
travailler. Qu’il entre au séminaire le plus tôt possible.
Dis-lui qu’il peut en toute confiance lire quelques messages à certaines de ses
meilleures familles, mais en ne donnant pas de nom ; car je lui recommande la
prudence.
Pour Mon pasteur de Xaffévillers, je lui parlerai de l’humilité, le silence du
moi.
Pour être fort dans la souffrance, il faut savoir la garder entre Moi et toi. Je
me taisais, c’est ce qui faisait Ma Majesté dans Ma douleur. Fais-toi une âme
forte, silencieuse et joyeuse sous Ma Croix. Le silence n’est pas seulement ta
loi, il était Ma loi même et mon habitude dans ma vie intime, profonde, et
éternelle. Soit un vivant Ostensoir, fais-toi une vie intérieure intense, une
piété fervente, alimentée. Ton rôle est de me faire rayonner, même sans parler :
tu deviendras un Ostensoir. Tu dois être Mon enveloppe transparente, un Christ,
une Hostie qui rayonne d’elle-même. Vise à monter toujours plus haut sur
l’échelle de l’Amour et de la perfection. Je t’aiderai, jette-toi dans Mes bras
et je te soutiendrai.
Pour ce jeune homme, Je ne lui conseille pas de rester adhérent aux réunions de
résistance. C’est à lui de juger, mais plus tard, il pourrait regretter.
Ma fille, Je vais Me retirer. Sois calme pour écrire. Je bénis avec Amour Mes
Pasteurs".
Vendredi 12 janvier 1945 :
(La transmission de ce message a été retardée) :
A 10h. du soir, dans ma chambre, je priais ou plutôt je méditais. J’étais
plongée dans l’obscurité et malgré le froid je restai un long moment
silencieuse.
Soudain, je fus réveillée par la voix triste et grave de Jésus qui me dit :
« Ma fille, Je veux t’expliquer ce soir ce que c’est que le gouvernement de
toi-même.
Le gouvernement de toi-même est une science qui t’apprendra à traverser le cours
agité des affaires humaines.
Ni les événements, ni les tristesses et les malheurs ne durent toujours. Toutes
choses sont soumises au mouvement d’une sorte de flux et aux changements
inopinés. Il est impossible à la mer de rester longtemps dans le même état,
ainsi les choses humaines passent aisément d’un extrême à l’autre. C’est
pourquoi tu as besoin d’un pilote et ce pilote il est tout près de toi ; c’est
ton Père spirituel. Lorsque ta vie est emportée par le courant d’un flot
tranquille, ton rôle est de prévoir la tempête et de ne pas te reposer sur
l’état présent comme s’il devait durer.
Dans les moments difficiles, tu ne dois pas davantage t’abandonner au désespoir
et couler à fond sous la vague de tristesse qui te submerge. Celui-là est un bon
pilote qui tient compte de cette réalité dans les accidents qui surviennent et
demeure toujours semblable à lui-même, ne se laissant ni emporter par les
succès, ni abattre par les revers.
Prends donc une bonne foi toutes les misères en bonne part.
C’est là l’humilité, c’est-à-dire la connaissance agréée de soi ; c’est ce qui
me fait plaisir, Moi qui aime surtout les petits.
Cultive donc avec Amour les fleurettes qui croissent au pied de Ma Croix ;
soumission, patience, souplesse, simplicité, confiance sans bornes en Moi qui te
veux toute Mienne. Je t’aime tant. Je suis aux aguets pour attendre ton regard,
ta jetée en Moi comme une petite enfant qui se jette dans les bras de sa Mère.
Pour te faire petite, voici ce que tu dois faire. Ne pense pas à toi, ne te
regarde pas, marche l’œil confiant sur ton Epoux comme l’enfant sur sa mère,
cela à travers les chutes, les défaillances, les difficultés, en te laissant
reprendre, corriger, avertir en sécurité de cœur ; prie beaucoup par élans de
cœur, regards intérieurs, jets de l’âme, te regardant comme la petite servante
de tout le monde, t’oubliant pour tous, ce sera le programme de ta petitesse.
Prends tout de Ma Main bénite, et crois d’une foi ferme que sous l’épine se
cachent Mes tendresses.
Deviens calme, silencieuse d’âme, recueillie au dedans, car Ma Parole saura te
refaire et te relever.
Rapproche-toi de ton Père de la terre, dis-lui ce qui pèse sur ton cœur, ce qui
t’étouffe à certains moments, ce qui te désole à d’autres ; Je comprends tes
difficultés d’expansion, d’ouverture confiante, mais sois toute, toute
abandonnée.
Je vous donne Mon affectueuse Bénédiction. »
Mercredi 17 janvier 1945 :
A 8h ½ du soir je priais seule dans ma chambre et c’est dans cette solitude que
Jésus tendrement me dit :
« Mon enfant, ce soir Je Me retrouve avec Ma Jeannette dans sa petite chambre.
Tu ne sauras jamais combien Je l’aime et combien Je goûte ces minutes
silencieuses que Je passe auprès de toi. Tu es toute Mienne, aucun regard n’est
fixé sur ta personne et c’est comme cela que Je te veux : toute petite, toute
cachée, mais combien grande à Mes yeux.
Ma Jeannette, Je te sens toujours la même, même affection, même élan, même
fidélité. Ouvre de plus en plus ton petit cœur, élève-le par la pratique du
sacrifice de chaque heure, c’est alors que Ma rosée bienfaisante qui s’écoule de Mon
Divin Cœur le rafraichira et le ranimera pour l’exciter toujours davantage à
faire plus et mieux. Plonge-toi dans Ma source infinie ; plus elle donne, plus
elle veut donner ; à toi de pratiquer une large et profonde ouverture pour
recevoir dans la plus large mesure possible le don de ton Dieu.
Je vais te donner un message pour ce petit foyer (M. Génaro) qui fêtait leur
25ème anniversaire.
Mes deux enfants, soyez à l’action de grâce par vos âmes qu’il vous faut mener à
la générosité la plus complète. La vie de foi, tout est là, vivez dans le
surnaturel, dans ces régions hautes ou l’impression, le sentiment n’ont rien à
voir, mais où vous rencontrerez Mon regard. A mesure que vous avancerez dans le
chemin, vous Me toucherez du doigt. Vivez toujours plus dans la paix et dans la
douceur d’un filial abandon. Vous serez sainte dans la proportion où vous ferez
Ma volonté.
Je vous bénis affectueusement. »
Dimanche 21 janvier 1945 :
A 10 h du soir, j’étais seule à la salle à manger et au pied de la crèche, je
récitais ma prière, plongée dans une vague de tristesse, je ne savais pas ce que
je disais ; ce fut dans une crise de larmes que, gravement, Jésus me parla :
« Mon
enfant, ton cœur est très oppressé ce soir et ton visage est inondé de larmes. Je
ne veux pas te faire de reproches, mais Je vais te parler gravement. Tu ne feras
le bien qu’à force de renoncement, et d’oubli de toi-même et tu n’arriveras à
l’oubli de toi que par la prière.
Jette ton cœur fatigué sur le Mien, ne te rebute jamais de la sécheresse. Les
cœurs secs, arides Me sont encore plus agréables que les autres, mais il faut
savoir supporter les désolations et en prendre résolument son parti. Le meilleur
gain pour une religieuse c’est le sacrifice sous la forme qu’Il Me plaît.
Tu as des misères, des lacunes, des défaillances : jette-les dans l’abime de
tendresse de ton Epoux : elles y seront comme le grain de sable au sein du
Vaste Océan. Ouvre ton cœur à l’Amour, dilate-le dans la pensée que tu es Ma
chose et que s’il Me plaît de traiter cette chose un peu durement, sans
consolation, c’est Mon droit, bien plus, c’est un témoignage de confiance plus
que rassurant, infiniment doux pour ton âme.
Pourquoi convoiter le Thabor quand Il Me plaît de te conduire au Calvaire. Je ne
te demande qu’à te verser Mes dons. Les gens du monde font des prodiges en
s’appuyant sur un bras fragile ; mais tu as pour vie unique ton Dieu qui ne se
trompe pas et qui ne meurt pas. Sois une enfant d’amour, encore que tu ne sentes
pas l’amour ; il suffit de Me donner ton cœur jusqu’à la dernière fibre.
Regarde tes points faibles avec loyauté ; les poussées volcaniques, les jets
désordonnés, le besoin de plaire, d’être vue, admirée, ce sont là des ennemis à
surveiller, à combattre, à vaincre à coups d’épée. Prends garde aux jours de
grande envolée. Reste maitresse de tes dons. Après une impatience, un dépit,
regarde-Moi sur la Croix, car Je t’aime plus que toute autre. Je resterai
souvent silencieux, mais Je serai toujours près de toi. Ne cherche pas à
pénétrer Mes secrets ; plus tard, tu comprendras. Je vous bénis avec une grande
tendresse. »
Dimanche 28 janvier 1945 :
A 1h de l’après-midi, seule dans ma chambre, je récitais mon chapelet, aux
intentions demandées. A la 3ème dizaine, je fus plongée dans un doux bien être,
toute recueillie. Je restai quelques minutes silencieuse, puis, Jésus,
doucement, de Sa voix chaude me dit :
« Mes deux enfants, -Je M’adresse à ton Père, car, par le cœur vous n’êtes pas
séparés - la liberté du monde n’étant qu'un esclavage, voile, rétrécit, rapetisse et
remplit les cœurs de tristesse et de malaise. Vos âmes éclairées comprennent Ma
Justice, les joies et les sécurités de l’obéissance, les beautés et les
grandeurs la vertu.
A ces clartés célestes, vos âmes se dilatent en joie, en amour, en zèle, en vie
intérieure ; Vous comprenez que la vraie vie, que la vraie liberté, et par ce
fait que la vraie félicité sont là, dans mon service amoureux et volontaire.
Et dans cette contemplation, et sous la pression des sentiments qui en résulte,
vous goûtez une paix intime, un contentement, une satisfaction qui vous élèvent,
vous fortifient, vous consolent, vous illuminent et vous font mépriser davantage
la terre et ses faux biens; vous aspirez avec plus de force et d’élan vers la
Source et l’Océan de toute liberté et partant de tout bonheur, vers Votre DIEU.
Ma Gloire est l’idéal supérieur vers lequel se dirigent vos volontés, fortifiées
par une grâce intense, elles sont entrainées vers les sommets en répendant les
irradiations de toutes les vertus.
Ma gloire est le plus beau rêve qu’entretiennent vos cœurs ardents, vos âmes
aimantes qui vibrent de la charité la plus pure et qui aspire au jour où elles
répandront autour d’elles les effluves les plus embaumés de Mon Amour.
Ma Gloire, c’est le point de mire vers lequel vous aspirez par les visées les
plus hautes de la connaissance et de la vertu, pour arriver jusqu’à Moi, vous
reposer en Moi et Me dire une éternelle reconnaissance.
Je pourrais en un instant rapide comme l’éclair, vous inonder de Mes faveurs,
mais le temps est pour les créatures la condition de la vie et du développement.
La nature de l’homme le réclame comme préparation nécessaire ; comme l’élément de
la croissance et du progrès, et la prière qui continue sans le décourager et
malgré Mes délais et Ma Sagesse, est elle-même une excellente préparation aux
bienfaits du Ciel.
Je contemple avec bonheur ce travail divin. Je vois vos cœurs se détacher de la
terre et s’élever peu à peu. Je diffère et J’attends, et cette lenteur que vous
accusez en Moi, est une preuve de votre amour.
Pour ce soldat, futur père de famille, et dont J’ai choisi un pasteur et une
épouse, qu’il soit de plus en plus un Apôtre par le total abandon à Mes
mystérieux vouloirs. Pour son frère qui souffre, il est apôtre dans toute la
force du terme par la souffrance et le sacrifice. Qu’il soit patient, doux
envers Ma Croix. Les âmes très aimées ont avant tout pour partage la croix. Qu’il
soit généreux à partager les épines parfois si dures de la douleur, il fera
ainsi une belle moisson d’âmes pour le Ciel.
Pendant Ma Passion, J’ai subi des souffrances qu’il ne subira jamais. Je n’ai
pas connu par expérience la maladie. Ce que Je n’ai pas pu supporter Moi-même,
Je le supporte en lui. J’entre dans sa vie, Je l’incorpore Moi-Même afin qu’il
puisse souffrir, non seulement pour Moi, mais véritablement avec Moi et en Moi.
Qu’il M’aime, malgré les déchirements du cœur ; la confiance obstinée obtient
des miracles.
Ma fille, sois de plus en plus généreuse envers ton Père spirituel. Je vous
bénis avec amour. »
Mardi 30 janvier 1945 :
A 7h ½ du soir, après avoir soupé je montai dans ma chambre, puis à genoux
devait mon crucifix je fis quelques minutes de recueillement. C’est dans ce
silence profond que Jésus me parla gravement :
« Ma fille, ce soir Je te donnerai quelques avis pratiques pour garder la paix
intérieure.
Il est extrêmement utile de tenir ton âme dans la paix. Pour cela il faut que
dès le matin, à ton lever, tu commences ce travail intérieur, faisant les
actions tout doucement, pensant à ce qui doit épancher ton esprit tout le long
du jour. Observe si tu es dans cet état de tranquillité et aussitôt que tu te
trouveras dehors aie grand soin de t'y remettre et cela sans agitation et sans
effort. Je ne veux pas dire que tu aies l'esprit continuellement tendu, pour te
tenir dans cette paix, mais il faut que tout cela se fasse avec une simplicité
de cœur toute tendre, te tenant auprès de Moi comme une petite enfant auprès de
son père.
Quand il t'arrive de faire des fautes, quelles qu'elles soient demande Mon
pardon tout doucement, en Me disant que tu es assurée que Je t'aime bien et que
Je te pardonnerai.
Ne pense pas que ceci soit un exercice de quelques jours, car il faut bien du
temps et bien des soins pour parvenir à cette paix.
Il est vrai que si tu es fidèle, Je bénirai ton travail.
Que ton programme soit ces paroles: "Je suis près de toi et Je t'écoute." Près
de Moi, écoute-Moi dans Mon pasteur avec cette docilité, cette humilité et cette
charité qui fait les saints.
Près de Moi, dans la pureté d'une vie qui imite et reproduit la blancheur de
l'Hostie et qui engage l'Immaculée à te bénir.
Ecoute-moi dans Mon tabernacle, car par Mon immolation, par Mes gémissements,
par Mes larmes, par Mes grâces, par Mes ineffables consolations : Je suis le
Maître et le Réconfort.
Si Mon tabernacle avait toujours été aimé, si parfois devant Moi ne s’était pas
éteinte cette flamme qui plus que tout autre devait brûler dans le cœur des
prêtres ; il est des douleurs que Mon Eglise n’auraient pas connues, et Mes
anges des saints tabernacles n’auraient pas dû s’envelopper de tristesse.
Tu ne seras jamais heureuse que dans la fidélité et plus cette fidélité sera
généreuse, plus tu seras dilatée et paisible.
Le plaisir peut t’étourdir un moment. Te satisfaire, jamais. Ton âme est trop
développée, ta foi trop vigoureuse, ton cœur trop aimant pour que la terre puisse
te satisfaire.
Prends en bloc, pas en détail tes infirmités de tous genres.
Dépose-les chaque matin, pendant la sainte Messe sur l’autel pour les abimer
dans Mon Sang.
La volonté, Mon enfant, voilà la maîtresse pièce ; la sensibilité, les émotions
c’est moins que rien. Au lieu de ta personnalité, mets dans ton âme une grande
pensée, un grand but, un grand Amour. Ton Dieu. Peu à peu, dans Mon Cœur, Océan
infini de lumière, de vérité et d’Amour, tu disparaitras, comme disparait au
fond de la mer le grain de sable.
Cache-toi dans Ma Main divine, en laissant tout tomber à Mes pieds.
Je veux que tu vives en solitaire par Amour pour Moi dont la solitude a durée
toute Ma vie.
Je t’aiderai dans ce cher travail de dépouillement.
Mes deux enfants, Je vous bénis. »
Mercredi 31 janvier 1945 :
A 7 h. ½, je montais dans ma chambre, découragée et le cœur gonflé de remords,
car j’avais refusé à mon Père d’aller chanter la messe de dimanche à
Fauconcourt. Ce fut aux pieds de la Très Sainte Vierge que Jésus, gravement, me
réconforta :
« Ma fille, Je comprends les angoisses de ton âme. Je suis là, en toi, comptant
une à une les épines qui te déchirent. La souffrance t’étouffe, mais Ma Main
paternelle est plein d’Amour. Tu es sur Mon Cœur, et c’est sur ce trésor brûlant
de tendresse que Je t’apprendrai à devenir humble.
C’est à la pointe de l’épée qu’il te faut être silencieuse, patiente, douce et
miséricordieuse pour tous, voilà ce qui coûte, ce qui, parfois, déchire le cœur,
mais qui donne la paix. Les efforts sont difficiles, mais les choses difficiles
ne sont réservées qu’aux âmes de choix. La grande lutte est ouverte ; mène-là
avec virilité et non à la façon d’un saule pleureur.
Laisse tomber tes misères dans le fleuve immense de Mon Sang, elles seront vite
englouties dans cet océan de salut. Le remède, c’est une prière énergique qui
donne le secours voulu. Détourne-toi du reptile qui te lance son venin. Apprends
à marcher à travers la boue, la poussière, sans te salir, tu y arriveras en le
voulant. Rien n’est puissant comme une volonté qui s’appuie sur Moi et sur
l’Amour du devoir.
Il faut bien, Ma fille, que le minerai, quelque riche qu’il soit d’ailleurs,
soit jeté dans le haut fourneau pour être débarrassé des matières impures
auxquelles il est mêlé. L’occasion, c’est la flamme du haut fourneau qui vient
pénétrer et brûler les fibres d’amour-propre, d’indépendance orgueilleuse, de
raideur sèche et impérieuse. Laisse là son œuvre de destruction. C’est sur les
cendres de la mauvaise nature, des pousses méchantes que s’établissent la paix,
la joie et ses douceurs dont Je fais la récompense aux âmes droites et
généreuses.
Je comprends tes efforts. C’est le régime des petits enfants de demander à
chacun un encouragement. Sois une vaillante dans Mon armée, un chef hardi qui
sait s’appuyer sur des principes, non sur un bras. Ma fille, je compte sur une
énergie de foi qui restera debout en dépit de toutes les difficultés, elle est
au fond de ton cœur, prend le bon chemin pour la trouver, c’est celui d’une
prière soutenue et fervente.
Ne te décourage jamais après une faute, tu n’es pétrie que de faiblesse. Je
t’aime mieux plus faible, mais plus joyeuse que plus forte et plus âpre.
Aime ton Père, en t’oubliant. Plus de plaintes, tu es apôtre ; jette-toi dans la
mêlée avec la cuirasse de la foi, et la pensée de ton Epoux.
Que ce soit une pensée large qui te soulève, qui t’emporte jusqu’aux plus hauts
sacrifices.
Je ne puis souffrir de nuage entre ton Père et toi. Qu’il te demande tout ce
qu’il désire. A toi de dire toujours : « Oui. »
Voici ton programme. Demain tu iras te confesser. Samedi et Dimanche tu
chanteras la messe à Fauconcourt. Je te préviens ; si jamais tu refuses quelque
chose à ton Père, ton départ sera avancé.
Sois donc plus courageuse et surtout, aimante. Je vous bénis. »
Vendredi 2 février 1945 : Fête
de la purification de la Très Sainte Vierge.
C’est à la messe de 7 h. après avoir chanté le Sanctus que je vis descendre à
droite de l’autel un voile blanc tout plissé et en forme d’un A, la pointe était
retenu par un cordon de soie surmonté d’une étoile qui lançait mille petits
rayons très doux.
Majestueusement le voile s’entrouvrit, laissant apparaître un faisceau de
lumière, cette lumière s’effaça, laissant place à une grande maison, c’était le
temple de Jérusalem. C’est au-dedans du Temple, au milieu d’immenses colonnades
que mes yeux s’arrêtèrent sur la Très Sainte Vierge qui portait dans Ses bras
l’Enfant Jésus.
Elle était habillée d’une grande robe blanche, parsemée de fleurs de lys, Son
voile était bordé de petits boutons de roses blanches, je ne voyais pas Ses
pieds, car la robe très ample tombait jusque terre. C’était charmant de voir sur
Ses bras le Divin Enfant, avec quel Amour Elle Le contemplait, Son visage
n’était que joie.
L’Enfant Jésus était auréolé d’une lumière douce, et au milieu de l’auréole
apparaissait une croix. Il avait une robe blanche qui autour de Son cou était
bordé d’une ligne de cygne. Ses yeux bleus regardaient l’infini, et des boucles
blondes donnaient à Sa figure un charme qui n’est pas de la terre. Deux
tourterelles voletaient autour de ces deux amours et j’entendis même un petit
roucoulement. La Très Sainte Vierge détacha Son regard de Son Divin Fils et me
fixa, mais je vis dans Ses yeux beaucoup de douleur et au bord de Ses longs cils
bruns perlèrent deux larmes ; je les compare à des diamants. Dans ce silence
profond, Sa douce voix s’éleva et avec beaucoup de tristesse serrant sur Son
cœur Son Divin Fils, Elle me donna ce message :
« Ma fille, Je ne viens pas un seul instant sur la terre sans avoir le cœur
percé de ce glaive de douleur. Chaque fois que Je regardais Mon enfant
Bien-Aimé, que J’enveloppais Son Corps adorable, que Je voyais Ses pieds et Ses
mains, Je pensais aux circonstances de la Passion, et Mon âme était en proie à
une peine toujours nouvelle. Mes deux enfants, en ce mystère, comme en tous les
autres, tout ce que fait Mon Divin Fils, vous étant grâce et profit, réclame vos
actions de grâces.
Remerciez-le des exemples salutaires de Son offrande au Temple. Offrez-vous
entièrement donnant l’arbre avec les fruits. Offrez-vous sans condition à toutes
Ses volontés, par des actes plutôt que par des paroles et par un abandon absolu,
vous laissant conduire et porter par votre providence, comme vous êtes portés
dans votre sommeil d’enfant sur Mes bras. Il faut qu’en votre vie de membres du
Christ se perpétuent tous Ses états.
Son enfance pauvre à Bethléem dans votre docilité et le détachement des biens
terrestres.
Sa Vie cachée de Nazareth dans votre amour des tâches obscures.
Sa soif des âmes, dans votre zèle sans calcul.
Ses immolations du calvaire et de l’autel dans votre résignation, vos
renoncements, votre esprit de sacrifices.
Alors chacun de vous sera vraiment un « autre Christ ».
Ma fille, la prière est la force de l’âme chrétienne, le vrai point d’appui de
l’âme est en Mon Divin Fils, et c’est par la prière que tu reposes ton âme en
Dieu. C’est dans la prière, quand elle part du cœur que tu scelles, que tu rives
de plus en plus ton être tout entier à la colonne de l’éternité, et dès lors, ni
les flots de la vie, ni la violence des vents, ni la secousse des créatures ne
pourront ébranler le fondement de ton existence.
Si tu ne peux préserver de toute agitation la partie inférieure de ton âme,
cette agitation elle-même deviendra pour toi l’occasion d’un plus intime
rapprochement vers Celui qui est devenu le principe de ta force et de ton
courage.
Mon Divin Fils veut changer ton âme en instrument d’amour envers son Père, Il
veut transformer ton cœur en un large et profond canal par lequel Il fera passer
à nouveaux des torrents d’amour. Chaque acte surnaturel de ton âme aimante sera
chargé de redire au Père céleste l’Amour infini de Mon Divin Fils.
Mes enfants, priez surtout pour vos frères qui sont battus. La misère, les
souffrances sont tellement grandes que Mon Cœur saigne. C’est un pays qui
agonise et la mort approche à grands pas. Je vous redis. Pénitence. Car Je veux
vous rendre heureux au Ciel. Je vous bénis ».
Quant la Très Sainte Vierge eut fini de parler, Elle regarda avec tristesse tous
Ses enfants. L’Enfant Jésus, Ses petites mains jointes nous donna un sourire,
puis de Sa main toute blanche, la Très Sainte Vierge nous bénit.
Le voile revint et se déplissa sur ce tableau, puis se fendit et monta en une
légère fumée.
Samedi 3 février 1945 :
C’est à Fauconcourt, chez Madame Grandidier, avant de partir aux pieds de la
statue de Notre-Dame, nous avons récité une dizaine.
Au 3è Ave, un doux recueillement m’enveloppa, les Ave devinrent lointains et
Jésus, gravement, me dit :
« Mon enfant, Je mets ma bénédiction sur ce foyer.
Que le jeune homme reste au milieu de sa famille, tant qu’il ne sera pas appelé.
Je vous bénis.»
Samedi 3 février 1945 :
A 6 h. du soir, chez Madame Albert Vautrin au pied de Notre Dame d’Ortoncourt, à
la 4ème dizaine, un voile de silence m’enveloppa, puis dans cet abime de paix,
Jésus très doucement me donna un message pour cette âme :
« Mon enfant, Je bénis spécialement cette mère de famille (Madame Vautrin). Je
suis là pour la payer de ses peines, et auparavant la grâce est là, pour l’aider
dans sa tâche d’épouse et de mère. Qu’elle compte sur Moi comme une enfant
compte sur sa mère. Qu’elle fuie la prudence humaine qui pèse, calcule, mesure.
Qu’elle se confie et s’abandonne entre les Bras de son Père Céleste, ses enfants
se lèveront pour la bénir, et elle aura par surcroît des grâces de choix, celles
qui peuvent la tenir le plus au cœur et à l’âme.
Son cher papa est auprès de Moi, auréolé d’une couronne de gloire. Son dernier
jour a été plein de lumière, de paix, de confiance et douce résignation et son
âme fut portée par une escorte d’anges jusqu’au trône de Ma Divine Mère.
J’aimerais que ton Père mette cette âme au courant de ce message, mais sous le
sceau du secret. Mes enfants, Je vous bénis ainsi que ce foyer.»
Dimanche 4 février 1945 :
A l’adoration de 12 h.
Notre Seigneur :
« Ma chère enfant, l’Eucharistie contient toutes Mes perfections divines. Si ton
âme Me désire puissant, tu me trouveras puissant, car Je suis le
Seigneur qui fait tout ce qu’Il veut. Me veux-tu semblable à toi-même,
c’est-à-dire faible et impuissant, Je le suis, puisque Mes prêtres n’ont que
quatre mots à dire pour Me faire descendre sur l’autel. Me veux-tu immortel et
éternel, Je le suis, puisque Je n’ai ni commencement ni fin. Me veux-tu caché,
Je le suis tellement que les Séraphins les plus élevés dans le Ciel Me
distinguent à peine. Me veux-tu découvert, Je le suis, car ce qui est voilé pour
tes yeux par les espèces sacramentelles, ne l’est point pour ton cœur ni pour
tes affections et ce que tu crois par la foi, tu le connais par le feu de
l’Amour. Je m’anéantis sous les espèces du pain et du vin, ce qui est l’aliment
le plus commun pour Me donner à ton âme de la manière la plus aimable. Enfin, si
ton âme veut compatir à mes douleurs et souffrir pour devenir semblable à ton
époux souffrant, tu trouveras dans le Pain des Anges, un souvenir cuisant de Ma
Passion et ce Pain, tu le verras « cuit » dans le feu de Mes tourments, Je te
bénis ».
Mardi 6 février 1945 :
Au chapelet de 1h30, apparition de la Très Sainte Vierge à droite de l’autel.
Notre Seigneur parle :
« Mon enfant, dis au Pasteur de Domptail que Je bénis ses deux voyages. Je
l’encourage à faire un pèlerinage à la Colline Bénie. Que Mon futur Pasteur
(Louis Matthieu de Domptail) soit en paix. L’Esprit-Saint lui donnera les
lumières. Je suis heureux que son désir est d’entrer à Pâques au séminaire.
Qu’il ne craigne pas. Je serai près de lui.
Dis à ta sœur (Madame Maury) qu’elle se rassure. Je connais les fonds des cœurs
et Je viens au secours des âmes en détresse. Ma Divine Mère enveloppera de Son
Manteau la voiture de Mon Pasteur et l’accompagnera dans ses voyages.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Au chapelet de 16 h. au presbytère avec Mrs. Les Curés de Charmes et de
Domptail, apparition de la Très Sainte Vierge qui parle elle-même :
« Mon enfant, si Je descends ce soir, c’est spécialement pour le Pasteur de
Charmes. C’est une âme tellement confiante que toujours Je le guiderai dans ses
desseins. Dis-lui qu’il aura de grandes difficultés. La Croix sera encore sur
ses épaules, mais aux heures de lassitude, qu’il repose sa tête contre Mon Cœur.
Là, il entendra du fond de son âme des paroles douces et réconfortantes.
(Notre Seigneur reprit :) Pour sa sœur, mère de nombreuse famille, Je Me
choisirai des pasteurs et des épouses, et J’en ferai des saints, car elle n’a
pas douté de Ma Parole et Je continuerai dans les heures qui viendront à la
protéger.
Pour tous ses enfants, déportés, prisonniers, beaucoup souffrent, car tu sais,
l’ennemi est déchaîné. Qu’il fasse prier toutes ses familles éprouvées et celles
qui resteront confiantes reverront les êtres chers.
Pour ta sœur malade, Je lui donnerai des paroles de réconfort dans un message
personnel.
(La Très Sainte Vierge dit :) Mes enfants, Je vous donne Ma bénédiction pleine
de tendresse ».
C’est la 1ère fois que j’entends Notre Seigneur et la Très Sainte Vierge me
donner ensemble ou plutôt l’un après l’autre un message. J’étais tellement
impressionnée hier que je n’ai pu le dire, toute la soirée, je fus rêveuse, elle
m’avait touché profondément. Quand je me trouve devant plusieurs personnes et
que je suis sortie de l’extase, tout en moi est tellement calme que je ne peux
rien dire.
La Très Sainte Vierge donne à chacun de Ses enfants, un profond sourire, puis
remonta dans Son Ciel enveloppée dans le voile.
Pour les deux messages de ce matin et de ce soir, le voile blanc était venu, se
séparant en deux. Je vis nimbée de lumière, sur un tapis mouvant de neige, la
Très Sainte Vierge ayant autour d’Elle un ovale de roses blanches, surmonté
au-dessus de Sa tête d’une étoile à cinq branches et lançant des rayons très
doux.
La robe blanche était unie et cela ressemblait à un pétale de rose, tellement
l’étoffe était veloutée, elle était retenue autour de Son cou par un cordon de
soie dont les deux glands tombaient sur Sa poitrine. A la taille, la robe était
toute plissée, cela formait comme des nids d’abeilles. Son voile très léger
tombait très bas et Lui cachait largement les épaules, le bord était plissé et
cela donnait à Son visage diaphane et légèrement rosé une beauté infinie.
Ses grands yeux bleus regardaient les profondeurs du Ciel.
Elle avait les mains jointes tenant entre les doigts Son chapelet au fil d’or et
aux grains de nacre.
Autour d’Elle flottait un parfum discret, à Ses pieds s’épanouissaient deux
petits rosiers de boutons blancs.
Pour terminer, la Très Sainte Vierge nous regarda en souriant, nous bénit, remit
Ses mains jointes et remonta au Ciel portée par le tapis de neige ; ce fut le
voile qui me cacha l’apparition ; lui-même se fondit et tout s’évanouit.
Jeudi 8 février 1945 :
A 9h30 du soir, dans ma chambre, devant mon crucifix je récitais les trois Ave
fleuris, je restai quelques minutes silencieuse, tout en moi était calme, ce fut
dans cette intimité que Notre Seigneur me donna un message pour Mademoiselle
Aline Rhote :
« Mon enfant, voici le message personnel pour ta sœur malade :
Ma fille, Je connais tes souffrances intimes et Je les partage. En attendant,
Ma bien-aimé fille, il faut vivre de foi nue, d’espérance surnaturelle, il
faut écarter comme une affreuse tentation le doute en Ma bonté, le découragement
qui étreint ton âme, la paralyse, la révolte et l’éloigne de la grâce.
Dégage-toi doucement, le plus doucement possible de cet enchevêtrement de
pensées amères, de ces buissons d’épines qui enlaceraient si facilement ton
existence et la diminueraient sans profit au dépens de tes progrès et de tes
mérites.
Il faut, Ma fille, Me chercher et Me trouver sous les duretés qui déconcertent,
les affaissements qui abattent. Ta couronne d’épines est magnifiquement tressée
et Je l’admire. Moi, Ton Dieu Maître, Père, Ami, Je mesure, pèse, compte jusqu’à
la plus petite goutte d’amertume devant atteindre ton cœur, ton âme, ton corps.
Je suis là, autour de toi, recueillant tes larmes, te suivant avec des
compassions divines, ineffables, des piétés dont la tienne n’est pas même une
ombre ; des amours miséricordieux que tu comprends quand Je tiens en Main la
paye de tes tortures devenues la matière et l’objet de tes joies et de tes
récompenses pour l’éternité.
Ma fille, tu n’es pas abandonnée, tu es Ma privilégiée, tu es celle que Je juge
digne d’être associée à Ma Croix, à Ma Passion, à Mon Martyre.
Laisse-Moi faire ; crois et aime, et tu verras un jour que dès ici-bas il existe
pour les résignés, pour les désolés, d’admirables consolations tombées
directement du Ciel, de Mon Cœur, de ton Bon Sauveur.
Tu es privée de la Sainte Messe alors que tu le désires si fort. Réfugie-toi
dans la messe du sacrifice, c’est-à-dire dans l’adhésion complète à Mon adorable
Volonté.
Je M’apprête à te rendre au centuple ce que tu auras fait pour Moi et les épines
deviendront des fleurs parfumées qui embaumeront ton âme.
Appuie-toi sur Mon Cœur ; il faut se faire de toutes choses dans la vie un
échelon pour monter au Ciel.
Tu as une belle vocation, car tu es Ma servante, tu as la meilleure part,
redis-toi le à ton cœur dans les douloureuses insomnies de la nuit, dans les
fatigues des longs jours sans sentiments surnaturels, sans foi apparente,
presque sans une étincelle d’amour. Sois patiente, sois surtout généreuse à
supporter les peines parfois si dures de la douleur, ainsi tu feras une belle
moisson d’âmes pour le Ciel.
Ouvre largement ton cœur à Ma Divine Mère à qui tu dois tout, et crois que
l’heure venue, Elle ne manquera pas de Te refaire dans la mesure où tu le
désires.
La guérison entière viendra, et tu pourras chanter le Magnificat.
L’âme qui t’aimait et dont le corps est tombé sur le champ de bataille chante
mes louanges.
Si tu avais été témoin de cette paix céleste, de cette confiance invincible en
Ma Bonté, de ce rayonnement qui sent le Paradis, tu aurais senti le rien de
toute chose.
Sois en paix, Je te redis confiance.
Mes deux enfants, je vous bénis. »
Samedi 10 février 1945 :
Au chapelet familial chez M. Charles Colin, Jésus parla :
« Ma fille, ce chapelet me fait tant de joie que ce soir, dans ce petit foyer,
Je te parlerai de Ma Très Sainte Mère et de l’Eucharistie.
La pensée de Marie et celle de l’Eucharistie s’unissent aisément, elles se
tiennent pour ainsi dire et s’appellent l’une et l’autre.
C’est Ma Divine Mère qui m’a offert à Bethléem et au pied de le Croix. Elle vous
a présenté au Calvaire Mon Corps inanimé et recouvert de linceul ; à l’autel,
elle me donne enveloppé de linges eucharistiques.
Au moment où Je sors de Mon Tabernacle, le souvenir de Votre Mère doit se
raviver en vos âmes, car Elle vous apparaît comme l’Ostensoir où brille Mon
Corps.
La Sainte Hostie est un présent de Ma Très Chaste Mère. Ma chair est la chair de
Marie. Mon Corps, Mon sang qui deviennent sur l’autel votre nourriture et votre
breuvage tirent leur origine de Ma Divine Mère. C’est la substance de Marie qui
est devenue Ma substance. Elle est un des principes constitutifs du Très Saint
Sacrement. Elle y contribue comme le grain semé produit l’épi qui lui-même forme
la moisson.
Mes enfants,
Si l’Hostie reçue ce matin et qui a reposé sur les cimes de votre être; oui, si
cette Hostie s’ouvrait... Si la Trinité qui est en vous voulait se manifester…
Songez à tous ce qui se passe dans l’intime de vos âmes :
Un brasier vivant vous consume au-dedans.
C’est le Thabor pour vous : un vrai Thabor et Moi, votre Sauveur qui en est le
premier témoin, Je suis si heureux du prodige accompli par Mon Cœur que je
m’écris : «qu’il est bon d’être ici».
Il fait bon d’être sur la terre quand on a la foi : On y travaille, on y peine,
on y verse du sang. Car Ma Présence, par Mon Amour, par Mes Sacrements, par Ma
Parole, par Mon Sacerdoce, J’illumine, Transfigure la face de la souffrance.
Tout devient beau sous la lumière de Votre Bien-Aimé, en qui, vous, Mes Brebis,
avez mis vos complaisances. Toutes les vertus viennent de votre Dieu et c’est de
l’Eucharistie surtout que Je me plais à les faire découler dans vos âmes, comme
des flots de grâce, par les exemples que Je vous en donne. Mais ces exemples, il
faut les voir, y être attentifs, les étudier, s’en pénétrer. Où puiser un plus
grand Amour de l’humilité qu’à Mes Pieds ?
C’est là que vous trouverez de plus beaux exemples de pureté, d’obéissance, de
patience et de douceur.
Ma fille, Je bénis ce petit foyer.
Mes enfants, Je vous donne ma bénédiction. »
LUNDI 12 FEVRIER 1945 :
Seule, à l’église, Jeannette prie pour M. Le curé de Domptail. Notre Seigneur
parle :
« Mon enfant, tu me supplies de donner un message à mon pasteur de Domptail. Je
ne puis résister à tes prières et puisque tu es seule près de ton Epoux, je te
donnerai quelques paroles douces et réconfortantes à cette âme qui m’est si
chère.
Mon fils,
Je me suis rapproché, abaissé par degrés pour me mettre, Moi aussi, tout
doucement à ta portée, à ta mesure.
Dans la crèche, tu ne M’as pas vu plus grand qu’un petit enfant ; Ma divinité
était éteinte pour ainsi dire dans l’humanité. Mais cela ne suffisait point.
J’étais bien auprès de toi, avec toi, rapetissé à ta taille, mais je ne pouvais
pas venir encore tout à fait dans ton âme : mon corps me gênait. Alors, comme
J’avais effacé Ma divinité dans l’Incarnation, j’ai effacé Mon humanité dans
l’Eucharistie. J’étais Dieu et homme en Palestine, et on ne voyait plus Ma
Divinité. Je suis Dieu et homme dans l’Eucharistie, mais on ne voit plus Mon
humanité. Sur la croix, j’étais défiguré, mais dans l’Eucharistie, c’est pire :
Je ne suis plus rien, c’est l’effacement total. Je suis là, sur l’autel, réduit
à cette toute petite chose qu’on appelle l’Hostie qu’un souffle d’enfant ferait
tomber à terre.
Quelquefois, tu crois que le soleil est entré dans une gouttelette de rosée qui
tremble au bout des brins d’herbe, le matin, dans la prairie ; cela n’est qu’un
reflet, qu’une illusion : dans l’Hostie, Je suis tout entier, sans que tu Me
voies.
Soit en paix : tes paroles ont touché certains cœurs ; c’est un devoir de
charité fraternelle de compatir aux faibles, de les instruire, de les aider.
Ton jeune m’a profondément ému, car J’aime avec prédilection les humbles et les
petits qui vivent à mes pieds, sous l’influence céleste de mon Cœur.
Pour ta sœur (Mlle Dubach) Je ne l’oublie pas, mais l’heure n’est pas encore
venue.
Mes enfants, Je vous bénis avec amour ».
LUNDI 12 FEVRIER 1945 :
A 10 h. ½ du soir, seule dans ma chambre, je récitais mon chapelet aux intentions de
Mlle Madeleine Dubach. Malgré le sommeil alourdissant mes paupières, et mon
esprit à mille petites choses, je continuais à prier. Ce fut à la 2ème dizaine
que je m’arrêtai, je me sentais entourée dans un manteau de silence, puis dans
la nuit profonde et calme, une voix aux intentions infinies s’éleva, c’était
Jésus qui me parlait tendrement. Voici le message qu’il me donna pour Mlle
Madeleine Dubach :
« Mon enfant, ce soir, ce message sera pour une âme qui est venue chercher des
lumières :
'Ma fille,
Tu as une belle et grande mission, tu l’aimes et tu te dévoues sans mesure. Tu
suis tes filles jusqu’au fond du fond, Je récompenserai loyalement tes labeurs.
Pour me donner, il faut Me chercher en toi par ta mortification autour de toi,
par l’aimable dévouement à ton cher entourage. J’éprouve une vraie joie à te
sentir au milieu des âmes à qui la tienne peut Me donner. Le bien ne se fait
jamais sans traverses. Je te regarde, Je compte tes efforts pour les transformer
en capitaux célestes, et tu seras riche un jour, riche de bonheur et de gloire
éternelle.
Donne-Moi la fleur de tes pensées, de tes désirs, de ton âme. S’il me plait
parfois d’égratigner un peu le tour de ton cœur par l’épine d’une douleur dont
tu ignores la cause, c’est pour que tu penses à Moi plus et mieux. Laisse-Moi
faire, J’ai Mes motifs et Mes motifs reposent toujours sur une paternité pleine
d’amour.
Aux heures alourdies, difficiles, monte plus haut que la terre, plonge par-delà
le ciel matériel pour donner un regard à la Patrie de l’Eternité.
Vis de Moi et avec Moi, travaille avec Moi, Me consultant, Me priant d’y mettre
Ma Divine Main et de ne jamais te quitter. C’est Moi, c’est Mon action, c’est Ma
grâce qui affermit la volonté et trempe les courages. C’est Moi qui mets la
prière dans l’âme, cette prière incessante qui se fait par élans, par jets, n’importe où et n’importe quand.
Consulte-Moi dans tes embarras, confie-Moi tes soucis, et tes peines, tes
espérances, surtout les âmes que tu aimes et que J’aime avec toi.
Dévoue-toi sans regard sur toi-même, supporte tout avec douceur et patience,
tout ce qui heurte la sensibilité ou l’amour du soi. Surveille les tendances de
ton cœur pour demeurer impartiale dans ta façon d’agir. Je te donnerai la grâce
de ne tenir compte que des âmes, et non des caractères, soit pour punir, soit
pour encourager. Il y a des natures qui semblent ingrates, et qui portent plus
tard des fruits excellents. D’autres, au contraire promettent beaucoup et
donnent peu. C’est un motif pour aimer surnaturellement les unes et les autres.
Sois fidèle à ta tâche, elle est belle, et elle est noble. Donne beaucoup, donne
tes élans, tes dévouements ; sois apôtre. Ton cœur est une large étoffe ;
confectionne-le en mille vêtements d’amabilité, de souplesse, de dévouement, de
joyeuse ferveur pour le devoir de chaque jour, afin de jeter autour de toi le
bonheur, la pièce connue et gardée des âmes fidèles, oublieuses d’elles-mêmes et
fières de se donner aux autres. Donne beaucoup de joie à tes filles, vise à
rendre ton monde heureux.
Imite-Moi à sauver les âmes, c’est si bon de se faire sauveur. Tu seras celle
qui sème le bien en restant debout ; parmi les vents et l’orage. Qu’importe le
combat quand la récompense est belle.
Je ferai de tes filles, des cœurs forts, des femmes vaillantes, des apôtres du
foyer, car le monde en réclame, et J’en ai besoin. Sois en paix, Je suis près de
toi'.
Ma fille, tes paupières s’alourdissent. Je vais Me retirer, écris bien
calmement.
Mes enfants, Je vous bénis. »
MARDI 13 FEVRIER 1945 :
A 3h ½ de l’après-midi dans la salle à manger du presbytère avec mon Père,
Monsieur Dubach, Mademoiselle Rhote, nous avons récité le chapelet aux
intentions de chacun, en particulier pour Monsieur Dubach.
A la 4ème dizaine, je m’inclinai, car je sentais devant moi une force invisible,
puis les Ave s’estompèrent, tout devint silencieux, et dans cette paix profonde,
toute unie à Jésus, J’écoutais avec ravissement Sa voix grave et infinie qui me
dit :
« Ma fille, le message que Je vais te donner sera spécialement pour ton frère.
(La voix se tourna vers M. Dubach) :
‘Mon fils, ce soir, je veux te mettre dans tes réalisations éternelles. Il faut réaliser que tu as une âme faite pour l’infini et rêvant d’immortel. Il faut
réaliser que tu as une fin à laquelle tu dois ordonner tes pensées et tes actes.
Il faut réaliser qu’il y a un ordre et une harmonie, expression de Ma volonté
qui règle ta vie. Il faut réaliser chacun des mots que fait connaître la Foi :
vie chrétienne, péché, pardon, justice, miséricorde, communion des saints,
Eglise, Jésus-Christ, mots splendides qui doivent former la trame de ta vie.
Quand tu auras montré au monde la reprise merveilleuse de ces mots splendides,
combien la société, à ton contact, se purifiera et s’anoblira. Les vertus
essentielles en seront la conséquence, surtout si tu sais obstinément,
héroïquement en donner l’exemple. N’est-ce pas ce qui fit la vraie grandeur de
la France, que cette éclosion dans les âmes de ces vertus qui forment la sainteté ?
Et puisque J’évoque devant toi ces gloires inattendues de mérites obscurs,
pourquoi ne t’engagerais-Je pas à faire monter ta vie jusqu’aux splendeurs
sublimes de la sainteté ?
Ta vie ne doit être que l’extension à toute ton existence d’un acte initial de
foi et d’abandon. Quand cet esprit d’abandon anime tous les actes qui dérivent
de la profession chrétienne comme de leur point de départ, il leur donne la
suprême fécondité.
Car l’abandon est une des formes les plus pures et les plus absolues de l’Amour.
Il se place au sommet de l’Amour.
Il est l’Amour Me livrant sans réserve ton être tout entier avec toutes ses
énergies et son activité, afin que tu sois pour Moi un véritable holocauste ».
Pour ta sœur (Madame Loth. Nancy), qu’elle se donne avec plus de douceur,
qu’elle se tienne sur les réserves dans une attitude respectueuse. Les
sacrifices du devoir en seront la récompense, car ils tomberont en bénédictions
sur les enfants que Je lui ai donné.
A Mon égard, Je voudrais qu’elle soit plus confiante et plus abandonnée. Sa
tâche d’épouse et de mère est très belle, et elle ne doit pas s’arrêter devant
les sacrifices qu’elle lui impose. Qu’elle vive plus intimement avec son mari.
C’est un cœur large et ouvert, et ses avis lui seront très pratiques. Je fais
descendre sur chacune de ces âmes un flot de grâces.
Maintenant, passons aux questions de la terre.
Que ton frère (M. Dubach) soit très prudent : Je ne lui dirai que cette parole.
Pour l’autre, qu’il ne soit pas inquiet : Je veille et Je dirige.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Le même jour, à 9h30 du soir, dans ma chambre, je priais aux intentions de
Mademoiselle Madeleine Dubach. Ce fut à la 4è dizaine que gravement, Jésus me
dit :
« Ma Jeannette, ce soir, Je te parlerai du Carême qui est un temps de
renouvellement spirituel.
Il faut Me chercher avec plus de sincérité et de loyauté ; dans un esprit de
piété plus dévoué et plus confiant. Il s’agira donc de te mettre à tous tes
devoirs quotidiens avec une plus noble pureté d’intention, en te souvenant
qu’ils sont l’expression de Ma Sainte Volonté. Toutes les choses passeront sauf
Mon Amour.
Puis pénitence ; Mon Bras est si lourd que J’ai peine à le retenir. Cette loi
devient plus pressante dans le saint temps du Carême, c’est le printemps des
âmes, le renouveau, l’époque des semailles spirituelles. Sans cette bienfaisante
saison, l’hiver glacial éteindrait bientôt dans les âmes le germe et le principe
de toute vie. Le soc de la pénitence déchire la terre de l’âme endormie et le
grain de Ma Divine Parole la trouve disposée, ouverte pour les larges
ensemencements.
Sois plus dure à toi-même, plus mortifiée dans tes repas, dans ta tenue, dans la
recherche de tes aises. Supporte plus patiemment par Amour pour ton Dieu qui en
a souffert le premier la faim, la soif, le froid, le chaud et les petites
incommodités de toutes sortes.
Pendant ce Carême, Je resterai dans le silence.
Répare, Mon enfant, Je suis trop outragé.
Pour ta sœur (Melle Madeleine Dubach) Je lui donnerai pour ses filles quelques
lumières sur la ferveur qui n’est pas la dévotion sensible.
La dévotion sensible n’est qu’une ferveur de sentiment, un échauffement de la
sensibilité qui n’affecte que le cœur, émotion superficielle qui ne mène pas à
grand’ chose, ne sert trop souvent qu’à masquer la tiédeur de l’âme et où l’on
se complait, parce qu’avec la douce illusion de n’y chercher que Moi, on y
retrouve surtout soi-même.
L’appétit surnaturel se confond avec la ferveur de la volonté, toute en énergie,
toute en acte. Il se peut que le cœur n’y trouve pas son compte et que la nature
ne se plie qu’en boudant à la vertu, cette tiédeur de sentiment, plus encore,
cette aridité, cette répugnance de la sensibilité ne font qu’ajouter au mérite
de la fidélité.
La prière est sans attrait, certaines âmes pensent : Je prie. La tentation
m’obsède et me fascine : je résiste. Le devoir me pèse : je tiens bon. L’effort
me coûte : je m’exécute. Les chemins sont durs, l’étape pénible : je marche.
J’ai des faiblesses : je me surveille. Je connais même la confusion des
chutes lamentables : mais je les déplore, je me fais justice et je reviens avec
plus d’humilité dans la communion.
Mes filles, avec l’Amour, vous porterez et souffrirez patiemment.
Je demande à une âme de devenir plus alerte, vigoureuse, exacte. Je ne demande
pas la perfection, mais un bon vouloir soutenu, un petit progrès tous les jours
de façon à ce que l’encouragement soit plus affectueux. Qu’elle prie avec
insistance, avec foi pour savoir vaincre la tempête.
Soyez toutes de vraies ouvrières dans votre propre champ qui est aussi le mien.
Je veux davantage ; il y en a trop de par le monde qui m’oublie. Soyez des
consolatrices persévérantes qui ne se lassent pas de réparer, de payer pour les
autres. Il faut de vraies chrétiennes et de vraies patriotes.
Je comble ta sœur (Melle Dubach) mais en retour Je veux d’elle et de ses filles
beaucoup de réparations. (Secret).
Mon enfant,
Tu es très courageuse et cela me donne beaucoup de joies, Je bénis ton Père, ta
sœur (Melle Dubach) ainsi que son voyage. Bonne nuit, Ma Jeannette, malgré Mon
silence : Je te soutiendrai pendant le Carême.
Tu as besoin de calme. Que les Pasteurs se sacrifient et fassent pénitence.
Je te bénis avec Amour.
(Voici le secret dont il est question ci-dessus, nous la donnons sans indiquer
le nom de la personne au sujet de laquelle il est donné).
« Que ton Père soit dans la paix. Cette jeune fille ne sait pas prier. Quand le
danger est proche, elle court à Mes pieds pour demander du secours ; autrement
la prière ne part que des lèvres.
Je la laisse à elle-même, car elle n’a pas de volonté. Elle cherche sa perte,
car au fond de son cœur, Je l’appelle à revenir au tribunal de la pénitence :
Mes supplications sont chassées. Je suis trop peiné, priez pour ces âmes qui
tombent dans le péché grave. »
DIMANCHE 25 FEVRIER 1945 :
Au presbytère, avec M. Ch. Rhote, M. Cuny et M. Receveur, à 9 h ½ du soir, à la
prière de la mission, la Sainte Vierge apparait et donne le message suivant :
« Mon enfant, Je vais te dévoiler mon secret que tu garderas pour toi seule :
……………..
…………………. (2 grandes pages)………………………
Je bénis particulièrement tes frères et Je continuerai à les envelopper dans mon
manteau.
Je vous donne ma bénédiction pleine de tendresse. »
Jeannette est restée dix minutes en extase. On voyait les larmes couler sur ses
joues et à la sortie de l’extase elle est restée longtemps à pleurer. Nous
faisons remarquer que Notre Seigneur a bien tenu Sa parole de rester silencieux
: C’est la Très Sainte Vierge qui a parlé.
MERCREDI 28 FEVRIER 1945 :
A 2 h de l’après-midi, dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, son
neveu et Melle Rhote, nous avons récité le chapelet aux intentions de chacun : A
la 4ème dizaine, le voile blanc descendit, lentement il se sépara, et dans un
faisceau de lumière qui peu à peu s’éteignit, apparut sur un nuage la Très
Sainte Vierge. Un cercle ovale de roses blanches l’entourait, un doux parfum
s’exhalait dans la chambre. Elle avait les bras étendus, et, de ses mains
dirigées vers le sol, partaient de petits rayons qui arrivaient sur chacun de
ses enfants. Ses yeux maternels se fixaient sur M. Rouyer, un sourire infini
s’épanouit sur ses lèvres, puis, sa voix chaude, pure, profonde s’éleva et me
donna ce message :
« Ma fille, je contemple mon enfant bien aimé. J’admire son grand amour, sa
grande confiance et son âme toute enveloppée de cette belle vertu de l’humilité.
Je le comblerai dans ces plus chers désirs. Qu’il marche toujours dans cette
belle voie de l’abandon, car Je voudrais qu’il arrive aux cimes de la sainteté.
Pour ses enfants, ils seront plus tard mes privilégiés et je les conduirai dans
le chemin du devoir.
Je le bénis avec ma plus grande tendresse ainsi que son foyer. Qu’il continue à
égrainer ses Ave qui forment autour de ma tête des couronnes de roses blanches.
Mes enfants, Je vous bénis. »
La Très Saint Vierge fit un grand signe de croix. Son regard s’arrêta quelques
instants sur moi, ses yeux devinrent tristes comme pour me rappeler le secret
qu’elle m’avait donné. Comme la Très Sainte Vierge souffre. Elle remonta au ciel
avec cette souffrance et le voile me cacha l’apparition.
SAMEDI 10 MARS 1945 :
Au presbytère au cours d’un chapelet au pied de Notre-Dame d’Ortoncourt :
« Mon enfant, avant de quitter cette chambre où chaque soir mes enfants me
prièrent avec tant d’amour, Je donnerai à ma fille malade des paroles douces,
car Sa Maman du Ciel ne l’oublie pas :
‘Mon Divin Fils t’impose la croix, non seulement parce qu’elle est le moyen de
salut, mais encore parce qu’elle est la mesure de la joie et du bonheur que tu
possèderas dans le Ciel. Pour que le grain porte du fruit, il faut qu’il
pourrisse en terre, et ton âme semblable à la terre a besoin d’être déchirée
pour être féconde.
Oui la souffrance est l’or qui enrichit rapidement l’âme chrétienne. Dans la
balance de la justice divine, d’un côté le poids de la douleur, de l’autre le
poids immense de gloire et de bonheur.
Au Ciel les places sont données aux mérites et les mérites proviennent surtout
de la Croix.
Les mieux placés sont donc ceux qui auront porté les croix les plus pesantes. Et
voilà pourquoi Mon Divin Fils et Moi, nous sommes au sommet des Cieux environnés
d’une gloire qu’aucune créature humaine ne saurait jamais atteindre.
Affermis ta confiance en ton Dieu. S’Il ne te délivre pas de la souffrance
maintenant, Il aime à la transfigurer. Grâce à Lui, le Calvaire peut devenir un
Thabor. Le Thabor est la Montagne où Il réjouit
Ses disciples. Le Calvaire est le rocher sauvage où la Croix est plantée.
Ne proteste pas. Confie-toi aveuglément. La grâce que tu demandes est dans Ses
mains pour toi. Abandonne-toi pleinement à Lui, c’est le moyen d’attirer
consolation et joie.
L’heure n’est pas sonnée pour la guérison complète ; les semaines noires se
succèdent et Je vois que tu désespères. Quand tu es plongée dans le gouffre
noir, tout te pèse, et même, tu souhaiterais la mort.
(La voix se fit plus tendre) : « Ma fille, si la Croix est trop lourde, consulte
un docteur. Tu pourras par lui avoir une amélioration, mais les hommes ne
pourront jamais te donner la grande et définitive guérison. Ne doute jamais, car
tu pourrais regretter.
Si tu savais le prix de tes souffrances, tu serais passionnée pour souffrir, et
cependant Je ne te dis pas : Sois passionnée pour souffrir, mais perds ta
volonté dans le vouloir de Mon Divin Fils, de manière à ne pas même vouloir plus
de souffrances, de vertu, de grâce, de gloire, de sainteté qu’Il ne t’en veut.
Pour montrer à Mon Divin Fils que tu l’aimes, il faut jubiler sur la Croix,
sourire même les larmes aux yeux, avoir confiance et dire : « Merci Jésus ».
Regardant mon Père, Elle dit en faisant un signe de Croix sur lui :
« Je bénis particulièrement ton Père et lui accorderai la grande grâce qu’il Me
demande.
J’admire son détachement, son humilité, son dévouement, sa pureté, sa fidélité.
Sa vie intime dans sa magnifique irradiation apparaît dans sa soumission à la
Volonté Divine.
Mes enfants, Je vous bénis avec Amour et verse une pluie de grâces ».
LUNDI 19 MARS 1945 :
A la messe de 7h. pendant l’Offertoire, le voile blanc descendit sur le tableau
de Saint Urbain. Il s’ouvrit lentement ; ce fut après le Sanctus que je vis dans
une mer de lumière, dans un champ parsemé de lys et de rosiers blancs, Saint
Joseph et la Très Sainte Vierge. Saint Joseph était grand, une tête de plus que
Marie, mince, et habillé d’une grande robe brune parsemée de fleurs de lys. Il
avait autour de la tête une auréole dorée. Ses cheveux étaient bruns, mêlés de
quelques fils d’argent, sa figure très douce était couronnée d’une légère barbe
brune. Il apparut les yeux baissés et les mains jointes. Tout près de lui, toute
rayonnante, entourée, à ses pieds, de rosiers blancs, était la très Sainte
Vierge. Sa robe était recouverte d’un manteau de tissu très léger. Elle avait
les mains jointes et ses yeux bleus azur me donnèrent un profond sourire.
Au-dessus s’étendait un ciel bleu, cela était splendide, car je voyais les lys
et les rosiers se balancer sous une légère brise. La Très Sainte Vierge se
recueillit et au moment où mon Père élevait la Sainte Hostie, elle le regarda
ainsi que Saint Joseph, et, de leurs mains pures, descendit un faisceau de
rayons qui enveloppèrent mon Père ; c’était merveilleux, il était nimbé,
enveloppé de lumière ; jamais je n’oublierai ce décor, tellement c’était doux.
La voix pure de Marie s’éleva et prononça ces paroles :
«Mon enfant, ce message est spécialement pour mon pasteur.
‘ Mon fils, à l’exemple de Mon Divin Epoux, Je t’envelopperai de silence. Le
silence était sa louange, son génie, son atmosphère. Là où il était le silence
régnait.
Quand l’aigle plane, le pèlerin devine une source à l’endroit où tombe son ombre
sur le désert. Le pèlerin creuse, l’eau jaillit. Il faut creuser le sable qui
dans sa signification symbolique représente la nature humaine, il faut creuser
le sable, et tu verras jaillir l’eau. L’eau, ce sera ce silence profond où
toutes les paroles sont contenues. Ce silence vivifiant, rafraichissant,
apaisant, désaltérant est le silence substantiel. Là où est tombée l’ombre de
mon Divin Epoux la substance du silence jaillit, profonde et pure de la nature
humaine creusée.
Créé par Mon Divin fils, tu ne dois vivre que pour Lui, car quelle richesse que
le silence : les yeux contemplent, c’est une perpétuelle oraison de regards. Je
donnerai à ton âme la vraie liberté du cœur, cet abandon amoureux au Dieu que tu
aimes. Et pour que ta volonté soit libre, elle sera enclose dans la mienne. Ton
âme a soif de la vérité. Je l’arracherai à l’erreur sous toutes ses formes, elle
se reposera et s’abreuvera à la Source qui ne peut tarir. Tu deviendras un
Possédé de Mon Divin Fils afin qu’en ton domaine où Il règne soit scellée et
consacrée la paix qui descend du Ciel. »
Après ce message, la Très Sainte Vierge s’arrêta, ferma les yeux et resta dans
le silence jusqu’à la communion. C’est à la table sainte qu’Elle me dit :
« Mes enfants, la connaissance précède l’amour. L’action religieuse par
excellence, celle, vers laquelle doivent converger toutes les activités
surnaturelles et les œuvres les plus chrétiennes consistent à faire aimer votre
Dieu. Toute âme éprise de l’amour de Dieu sera fidèle et se montrera capable de
tous les sacrifices.
Or pour faire aimer Mon Divin Fils il faut l’aimer soit même, et pour l’aimer,
il faut le connaitre, non sous un angle d’intimider l’âme, de la décourager, de
l’éloigner par des considérations justes, mais de nature à inspirer une crainte
servile ou un respect dénué de confiance, mais sous un jour qui met bien en
lumière toutes Ses bontés, Son inépuisable Miséricorde aussi réelle et infinie
que tous les autres attributs divins.
C’est par ces considérations encourageantes, réconfortantes, souverainement
attirantes, que vos âmes iront à Dieu. Votre amour doit être invincible, comme
la tendresse de Mon Divin Fils. Les sacrifices de l’amour ne sont jamais plus
doux que lorsqu’ils sont absolus et sans réserve.
Que chacune de vos paroles, que chacun de vos actes porte un principe de vie qui
pénètrant d’autres esprits, leur communiquera lumière et force et leur révèlera
Dieu.
A toutes ces âmes pieuses et aimantes, J’exaucerai leurs demandes. »
(Regardant au fond de l’église, dans le banc des hommes, la Très Sainte Vierge
arrête son regard sur une personne qui était Melle Marienne. Jeannette ne savait
pas qu’elle assistait à la messe. Cette personne habite Haillainville.)
« Pour ta sœur qui est découragée qu’elle soit en paix. Mon Divin Fils lui
donnera dans un message les lumières qui la conduiront dans la voie de l’amour.
Dans certaines âmes, je vois des inquiétudes, il faut que toutes vous passiez
par l’épreuve. Tenez toujours vos cœurs en haut et laisser les souffrances
quotidiennes l’environner comme une haie d’épines pour le garder très pur et
tout à Jésus.
Ce qui est nécessaire pour arriver à un très haut degré de perfection, ce n’est
pas de chercher la sainteté des choses, mais la sainteté dans les choses. Que
ton Père lise ce passage aux âmes privilégiées. Mes enfants, Je vous bénis".
(A la messe, la Très Sainte Vierge fixa longuement mon Père puis le tapis de lys
et de roses s’élevèrent légèrement, le voile peu à peu revint et glissa sur
cette merveilleuse vision. La Très Sainte Vierge avant de disparaitre nous bénit.
Elle était toute souriante et m’a laissée au fond de mon cœur une bien douce
joie).
MERCREDI 21 MARS 1945 :
A 5h ½ du soir, dans la salle à manger du presbytère de mon Père, Melle Bassot
et Melle Rhote nous avons récité le chapelet aux intentions demandées. A la
quatrième dizaine le voile se posa sur le mur et me cacha tous les cadres et la
statue de la Très Sainte Vierge. Majestueusement il s’écarta, et dans un ovale
de rayons dorés, toute pure toute lumineuse apparut Marie. Un nuage s’étendait
sous ses pieds et formait un ciel profond au-dessus de sa tête. Elle avait les yeux fixés sur
moi et un doux sourire s’épanouit sur ses lèvres. Ses mains jointes tenaient un
chapelet aux grains d’ivoire et aux filets d’or. Sa robe flottait comme sous une
légère brise, son voile très léger tombait très bas sur ses épaules. Il était
bordé de petits plis et surmonté au-dessus de son front d’une étoile à cinq
branches. Après avoir regardé ses enfants, elle parla et sa voix pure comme du
cristal me donna un frisson de joie. Voici le message pour Melle Bassot, mais la
Très Sainte Vierge s’adresse à sa petite Jeannette :
« Ma fille,
Si Je me manifeste ce soir, c’est pour augmenter la confiance et l’amour de ta
sœur. Dis-lui que son cher papa est sous Mon manteau. Qu’elle reste toujours
l’enfant abandonnée et courageuse car malgré la lourde croix que Mon Divin Fils
a posé sur ses épaules, elle verra de beaux jours. Qu’elle se rassure en passant
par le creuset de la souffrance, elle a sauvé des âmes. Car Mon Divin Fils veut
des âmes réparatrices. Il est tant offensé. Je bénis son futur foyer. Qu’elle
soit l’épouse généreuse et oublieuse d’elle-même. Car dans les enfants qu’elle
aura Mon Divin Fils choisira un pasteur. Je la bénis particulièrement et je fais
descendre sur chacun de vous un flot de grâces. Je vous bénis avec amour. »
La Très Sainte Vierge fit sur Melle Bassot un signe de croix très lent et je vis
même des petits rayons se détacher du cercle et se diriger vers elle, elle
regarda avec un regard très triste Melle Rhote, j’ai senti qu’Elle partageait
ses souffrances. Enfin Elle ferma les yeux, le nuage s’éleva vers l’infini, cela
est presque déchirant quand Elle remonte au Ciel, je suis tellement détachée,
soulevée que je crois que mon cœur va lui aussi me quitter pour suivre la Toute
Belle. Quand je reviens au monde, il me semble que je tombe dans un trou noir,
tout est si terne, si laid que j’ai peine à me remettre aux choses matérielles.
Je ne pourrai de ma vie décrire la merveille de ces visions. Que je suis
comblée. Que d’hymnes d’actions de grâces s’échappent de mon âme pour remercier
Notre Seigneur de Ses grands Dons.
LUNDI 26 MARS 1945 :
A l’église, à 8h ½ après l’action de grâces avec mon Père et Melle Dubach, nous
avons récité le chapelet en particulier pour ses intentions, car elle se trouve
dans de très graves ennuis.
A la 3ème dizaine, toute recueillie, toute unie à Notre Jésus, je récitai avec
un grand amour mes Ave. Doucement, je vis descendre de l’invisible le voile qui
masque le tableau de Saint Urbain. Les Ave s’évanouissent, cela est très
impressionnant, car tout mon corps fait de même, insensiblement il quitte la
terre, c’est quand je suis complètement détachée que le voile s’ouvre et me
laisse apparaitre la Très Sainte Vierge. Celle-ci fut une des plus belles. Un
immense chœur d’anges entourait Marie, c’était des têtes d’enfants qui formaient
une grande couronne, à ses pieds était un parterre de roses blanches, et dans
le lointain j’entendais faiblement une mélodieuse musique.
La Très Sainte Vierge était encore plus belle avec les Anges.
Autour d’elle, sa grande robe blanche était retenue à la taille par de petites
étoiles, et son voile était bordé lui aussi de petites étoiles. Elle avait les
bras étendus, et des rayons arrivaient jusqu’à nous. A ses pieds étaient un lys,
incliné légèrement vers la terre. Après quelques minutes de silence la Très
Sainte Vierge parla mais elle regardait avec confiance et bonté Melle Dubach :
« Mon enfant,
J’attendais que ton âme soit enveloppée de silence pour donner à ta soeur (Melle
Dubach) un message de paix.
‘Ma fille, Je te répète FIAT. Courage jusque dans les plus douloureux
sacrifices. Mon Divin Fils est bon pour les âmes qui le cherchent et veulent le
mettre dans leur vie. Tu es de celles-là. Car Il a ses heures pour chaque âme et
te ménage de douces compensations. Vis dans l’unique et adorable volonté de
Dieu, qu’elle soit souriante ou non. Le plus souvent, elle se montre
mortifiante. Tu viens, ma pauvre chère enfant de la traverser. Tu as été
courageuse et généreuse et il m’est doux de te sentir pliable sous la paix de
Mon Divin Fils. Cela c’est aimer. Aimer malgré les déchirements du cœur, malgré
les révoltes de la partie inférieure de l’âme. Ces soulèvements d’en bas, ne
font qu’apporter un mérite de plus au Fiat d’en haut. Ces heures de martyrs sont
des heures d’une richesse inappréciable pour le Ciel. Tu souffres, ma chère
enfant, mais Mon Divin Fils t’aime tendrement. Quel que soit le chemin où tu
marches, Il est au bout qui t’attend et qui t’ouvre les bras. Tu verras un
jour, quelles grâces se cachent dans la souffrance. La vie n’est pas un sourire,
c’est un COMBAT. Incline-toi doucement vers Ses volontés crucifiantes qui
cachent d’admirables desseins d’amour et de miséricorde infinis. Donne-toi toute
entière à Lui qui t’a choisie et qui ne te demande que de porter les fruits. Il
y a des heures d’agonie infiniment douloureuses, tu passes par ces agonies, mais
elles sont bonnes, sanctifiantes, apostoliques surtout. Le cœur est en miette
pour l’Ami Divin qui a livré le Sien à toutes les tortures, à tous les martyrs,
quel honneur, quel choix, quel délice. Monte, monte jusqu’à la volonté de Dieu.
La prière, qu’il fait y courir à tout moment surtout pour toi qui est crucifiée
de la terre, car mes crucifiés ce sont Mes enfants. Attends le moment de Dieu en
paix, sûre de Lui, de sa Douce Providence, de Son tendre Amour. Je vous bénis.’
»
(La Très Sainte Vierge regarde avec un doux sourire chacun de ses enfants, leva
les yeux au Ciel, puis dans la musique plus rapprochée, remonta accompagnée et
soulevée par les Anges. Les Ave revinrent lentement, j’éprouvai un serrement de
cœur quand Marie me quitta, je suis tellement séparée de la terre, que mon désir
serait de s’envoler au ciel, accrochée à un pan de sa robe. Quand je suis revenue
je suis lourde, tout me pèse, et je suis quelques minutes avant d’être
entièrement remise, c’est pourquoi je n’aime pas décrire ce que j’ai contemplé,
je voudrais pouvoir me retirer dans le silence pour méditer et savourer ces
douces joies. Je ne suis qu’un instrument, je m’abandonne aux Volontés divines.)
SAMEDI SAINT 31 MARS 1945 :
8 h ½ du soir :
« Ma fille, au soir de Ma Résurrection
dans ta chambre enveloppée de silence, je viens enflammer d’amour ton cœur. J’ai
laissé dans le tombeau Mes linceuls qui sont le symbole de tes infirmités, de
tes faiblesses et de tes imperfections. Je suis sortis triomphant du tombeau, Ma
liberté est entière, Je suis animé d’une Vie intense, parfaite qui fait vibrer
toutes les fibres de Mon être. En moi tout ce qui est mortel est absorbé par la
Vie. C’est là le premier élément de sainteté représenté en Moi. L’éloignement de
tout ce qui est mort, de tout ce qui est terrestre, de tout ce qui est créature,
l’affranchissement de toute faiblesse, de toute infirmité, de toute passibilité.
Mais il est un second élément de la sainteté, l’adhésion, l’appartenance, la
consécration à Mon Père. Tu ne sauras qu’au Ciel avec quelle plénitude Je vivais
pour Lui en ces jours bénis. Ma Vie devient une Source infinie de gloire pour
Mon Père, tout en moi est Lumière, Force, Beauté, VIE, tout en Moi un cantique
ininterrompu de louange ; Ma Sainte Humanité se livre comme elle ne le fit
jamais à la Gloire de Mon Père.
Je viens t’apporter l’Amour, et Je veux que tu le gouttes abondamment, les
vraies joies sont des flammes qui jaillissent de l’AMOUR. Dédaigne les
jouissances du monde pour goûter celles qui naissent du contact intime de l’âme.
Tu es demeurée fervente, tu as grandi en volonté, en oubli de toi-même, tu te
donnes plus largement et tu concentres toutes les forces vives de ton âme pour
faire l’adorable et paternelle volonté de ton Père céleste, J’en suis
profondément touché, et ma rosée bienfaisante qui s’écoule de Mon Divin Cœur
rafraichira et ranimera le tien pour l’exciter davantage à faire plus et mieux.
Sois dans l’allégresse, car tu Me verras face à face, tel que Je suis sorti du
tombeau avec Mon Humanité ressuscitée, et mes plaies rayonnantes. Tu
rencontreras Mon regard qui te prouvera mon immense amour. Je te bénis avec Ma
grande tendresse ainsi que ton Père que Je comblerai".
DIMANCHE DE PAQUES – 1ER AVRIL 1945 :
A la messe solennelle, après avoir chanté l’offertoire, mes yeux se posèrent sur
le dessus de l’autel et là, ô merveille des merveilles, dans une lumière blanche
où descendait des torrents de rayons, je vis dans une apothéose de gloire Notre
Seigneur. Habillé d’une grande robe blanche, Il était d’une gravité que je ne
puis décrire. Son regard pénétrant, infiniment doux pénétrait mes yeux jusqu’au
fond de mon âme. Ses cheveux noirs jais retombaient en longues boucles sur ses
épaules. Sa figure était d’une beauté, d’une finesse telle qu’elle me
bouleversa. Il était élevé et au-dessous de Ses pieds était un long tombeau de
roches brunes.
Sa robe lentement s’ouvrit, et me laissa apparaître Son Divin Cœur percé d’une
lance.
A l’élévation, de ce Cœur descendit trois gouttes de sang dans le calice. Ses
mains étaient sillonnées de sang et je voyais l’ouverture faite par les clous
ainsi que les pieds, mais tout Son Corps rayonnait d’une pureté d’un amour
infini. Il me sourit et fit sur moi un long signe de croix. Ensuite Ses yeux
regardèrent mon Père et je sentais Son grand Amour pour Ses enfants.
Il resta jusqu’à la communion de mon Père, mais toujours dans le silence. Aucune
parole ne sortit de Sa bouche, après avoir béni la foule je vis deux anges
descendre et venir au côté de Jésus et tous les trois ainsi que la petite
colombe qui surmontait mon Père, remontèrent, dans une musique qui faisait vibrer tout mon corps au ciel.
Quelle grande grâce, je suis profondément émue, car Notre Seigneur fait une
autre impression que celle de la Très Sainte Vierge.
LUNDI DE PAQUES – 2 AVRIL 1945 :
Notre Seigneur est apparu au milieu de nous. Il s’est avancé lentement et le
nuage qui Le portait nous touchait. Il était habillé d’un grand manteau rouge,
et je voyais Son Cœur tout rayonnant de flammes et entouré d’une couronne
d’épines. Ses bras étaient étendus et de Ses mains percées jaillissaient des
petits rayons que je voyais pénétrer dans les cœurs des pasteurs et des
personnes qui priaient. Il se fit d’une gravité qui me fit soulever un soupir,
Ses grands yeux profonds fixèrent avec quelque chose de solennel les pasteurs,
ensuite Il fit un léger sourire et redevint très grave.
Il resta quelques minutes dans le silence, ensuite plongeant Son regard dans le
mien, Il me parla lentement, d’une voix profonde, empreinte d’un grand calme, Il
me dit :
« Ma Jeannette, c’est pour Mes Pasteurs, pour qui J’ai un grand amour, que Je
descends parmi eux ce soir. Je ne sais comment leur prouver Ma tendresse.
Dis-leur que Je leur réserve de très grandes et d’immenses joies. Soyez tous et
toutes Mes CONSOLATEURS, car Mon Divin Cœur est sous le pressoir. Pour ta sœur
(Melle Marienne) (ici Notre Seigneur regarde cette demoiselle) Je vais lui
parler :
‘Ma fille, tu as attendu Ma volonté dans la confiance et dans la paix et Je suis
là, pour la grande décision. Celui que tu aimes a le cœur droit et loyal. Ouvre
ton cœur à l’espérance et Je ferai de toi une femme forte, sachant agir, se
dévouer, et prier. Dans toutes les existences, il y a l’heure de l’épreuve, la
VIE c’est la CROIX, et il faut la porter avec FOI et RESIGNATION. Je donnerai de
grandes grâces à celui qui sera ton compagnon de chemin, ne crains pas, Je puis
tout donner à ceux qui font Mon adorable volonté. Que ton cœur soit un brasier
ardent, pour répandre autour de toi les divins rayons. Fais de ta vie un
continuel DEO GRATIAS.’
(Ensuite Notre Seigneur regarda Monsieur Ambrosini et continua) :
‘Mon fils, je suis ému de ta grande confiance et Je te promets la guérison de
celle qui t’est cher. L’Archange de Ma Très Sainte Mère fera sur ton foyer, dans
l’ouragan qui se déchainera, une protection très grande. Priez votre Maman du
Ciel, qui ne cesse de se pencher et d’écarter les dangers qui vous menacent.’
(Puis Notre Seigneur regarda et donna un sourire à la sœur de Monsieur le Curé
de Xaffévillers et lui dit) :
‘Mon enfant, J’aime ton âme. Elle est comme un pur cristal et J’aime M’y
refléter. Sois bien généreuse, car pour toi, tu verras et tu jouiras de grandes
joies. »
Notre Seigneur regarda un certain temps Melle Rhote.
Ensuite Notre Seigneur ferma les yeux et Me donna un secret.
A la fin du message, Il bénit lentement, s’éleva soulevé par le nuage et avant
de nous quitter nous donna un regard chargé de confiance.
MARDI DE PAQUES – 3 AVRIL 1945 :
Au presbytère, au chapelet de 3h. avec Monsieur le Curé de Domptail, Monsieur et
Madame Montbel et Madame de la Burthe :
La Très Sainte Vierge, tout en blanc, encerclée de 3 couronnes de roses
blanches, rouges et jaunes. Tout près d’Elle, Jésus dans l’invisible parla :
« Mon enfant, ce message sera particulièrement pour ton frère.
‘Mon fils, l’acquisition de la perfection n’est pas le travail d’un jour, mais
celui de toute la vie : la croissance surnaturelle suit d’ordinaire la même loi
que la croissance physique, elle se fait graduellement. C’est déjà être saint,
autant, du moins que Je le veux, pour le moment, que de progresser chaque jour
dans Mon amour, selon la mesure de ses exigences divines et des grâces reçues.
Ne t’étonne pas si dans la lutte quotidienne pour la sainteté, la nature gémit
et hésite, en présence du sacrifice : c’est humain. Prie fortement pour obtenir
la grâce d’accepter Ma volonté et garde ton âme en paix.
C’est ainsi que tout chrétien, par l’accomplissement de Ma volonté peut sans
rien faire d’extraordinaire s’élever très haut dans la perfection.
Pour ta sœur (Madame de la Burthe) l’âme qui lui était très chère est dans le
chœur des Saints. Elle veille sur elle et ne cesse de prier pour tous ceux
qu’elle a laissés sur la terre de l’exil.
A mon pasteur de Domptail, Je n’oublie pas mon séminariste.
Quand il reviendra, il aura pour lui son message personnel. Pour son frère, Je
le laisse libre. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il fasse partie de cela.
Qu’il soit toujours très prudent et qu’il implore plus que jamais Ma Très Sainte
Mère.
Mes enfants, Je vous bénis. »
La Très Sainte Vierge toute souriante nous donna sa bénédiction, le voile
lentement cacha cette magnifique beauté, mon cœur se serra, cela est très triste
quand Elle me quitte, j’ai de grandes grâces mais je ressens de bien profondes
tristesses.
MERCREDI 4 AVRIL 1945 :
A 3h. de l’après-midi dans la salle à manger de mon Père avec Monsieur et Madame
Loth de Nancy, Melle Rhote, nous avons récité spécialement le chapelet pour eux
et leur famille.
A la 4ème dizaine je me sentis pénétrée d’un grand amour, les Ave devinrent un
léger murmure, le voile se posa sur le mur, je fus séparée, soulevée de la
terre.
La Très Sainte Vierge Marie était entourée d’un chœur d’anges qui jouaient sur
des harpes. Elle était dans un champ de roses. Elle me fit un profond sourire et
ferma les yeux pendant que la voix grave de Jésus me disait :
« Ma Jeannette, ce message sera pour ton frère et ta sœur (M. et Mme Loth) venus en
reconnaissance prier au Lieu Béni. Notre Seigneur s’adresse à Madame Loth :
‘Ma fille, Je connais tes désirs, tes ardeurs et tes angoisses.
Depuis que tu as tourné vers Mon Divin Cœur tes élans, tes activités, tu te sens
plus forte. Je suis un appui assuré à ta faiblesse et tes jours seront
ensoleillés par la lumière du Ciel dont ton âme a tant besoin.
Là où la générosité est fervente, là aussi est le bonheur. Avec cela tous deux
vous supporterez les peines inévitables de la vie. Vous arriverez à les aimer
parce que Je le veux pour vous. Elles sont le moyen de détachement, et c’est le
bon détachement qui passe parce qu’il conduit à l’affection des choses qui ne
passent pas.
Je sens les battements de ton cœur si ardent à aimer. Parle-Moi plus intimement
et tu verras quelle paix cela donne au cœur.
Tu as passé avant de toucher le port par les sentiers épineux qui ont plus d’une
fois meurtri ton cœur, ce sont des tortures bien douloureuses et bien profondes
; tu sens maintenant d’autres joies que les joies naturelles ; tu participes à
des intimités qui font pâlir toutes les intimités de la vie.
Mon enfant, tu es toute à la reconnaissance et à la générosité, et Je suis là
pour animer, surélever tes pensées, tes actions et tes combats.
Ton âme s’agrandit, se développe, s’épanouit sous le souffle de l’Amour.
Aime-Moi pour les grandes choses que J’ai faîtes en ta faveur.
Mes deux enfants, un apostolat de sacrifice, de prière intime, de lutte sur
l’humeur, voilà de quoi agrandir le champ de votre Dieu, et diminuer celui du monde.
Que vos âmes soient toujours à l’unisson, aimantes et dévouées, c’est ce qu’il
faut en ces temps troublés.
Ma fille, deviens une femme forte, maîtresse d’elle-même, agissante et décidée.
Je ferai de vos enfants des saints et des vaillants par Ma grâce.
Ne craignez pas pour votre famille ; vous êtes Mes privilégiés et le Manteau de
Ma Divine Mère vous enveloppe.
Je vous bénis avec Ma plus grande tendresse, ainsi que votre foyer et tous ceux
qui vous sont chers.
Ma Divine Mère veillera sur votre retour ».
La Très Sainte Vierge regarda avec un regard chargé d’Amour Madame Roth et son
mari. Elle fixa mon Père et Melle Rhote.
Avant de s’élever, Elle nous bénit, et remonta au Ciel dans un immense chœur
d’anges et de douce musique.
LUNDI 9 AVRIL : Annonciation
de la Très Sainte Vierge.
A 2h30, à la 3è dizaine de chapelet, Notre Seigneur dans l’invisible me dit :
« Ma Jeannette, tu fais Ma Volonté par la souffrance, tu l’acceptes malgré les
répugnances de la pauvre nature lassée et fatiguée. Courage. Ne regarde pas la
douleur ; passe par-dessus Mon Amour. J’ai placé en ton cœur une croix des plus
lourdes. Courbe ton front sous le fardeau qui est un douloureux mystère pour
toi. Là-haut tu comprendras tout. Pour Mon futur Pasteur, voici Mon message :
Mon fils, un grand nombre d’âmes consacrées ne sont pas animées de l’esprit de
leur vocation et mènent une vie très vulgaire ; il y a peu d’âmes qui sont
vraiment et pratiquement pénétrées de la grandeur et de l’importance de leurs
obligations, que ton âme si fervente Me demande avec insistance cette grâce si
précieuse.
Ton âme pour être fidèle et pour atteindre son but doit, tout en travaillant à
se perfectionner par les moyens et les vertus particulièrement propres à ton
état, s’efforcer de procurer Ma gloire et d’obtenir le salut des âmes.
Tu devras être sans cesse et dans tous les états interposé entre le Ciel et la
terre. Tu devras y être d’une manière pratique et profitable dans les
consolations par la constante et profonde humilité et la plus grande fidélité,
dans les épreuves et les souffrances par ton abnégation et la perfection de ton
amour pour obtenir la grâce aux âmes moins privilégiées et la miséricorde aux
pécheurs.
Que ton âme s’élève au-dessus de la terre par la pratique de la pauvreté
extérieure et intérieure par le détachement de tout ce qui est humain.
Ton amour deviendra bien pur et bien ardent, et si tu parviens et te maintient à
la hauteur de ta vocation, Je ne pourrai jamais rien te refuser. Tu deviendras
puissant sur Mon Divin Cœur et sur Mes trésors.
Que l’Esprit de foi soit le guide de ton amour.
Ma volonté est que tu passes par l’épreuve.
Je demande à Mes pasteurs que leur amour soit non seulement ardent et généreux,
mais qu’il soit plein de délicatesse. Cette délicatesse consiste en ce que l’âme
fait non seulement avec Amour et pureté d’intention tout ce qui est du devoir et
qu’il est nécessaire de faire ; mais encore qu’elle soit vigilante pour éviter
avec soin tout ce qui pourrait Me déplaire et aussi qu’elle sache être
ingénieuse et faire tout ce qu’elle sait M’être agréable.
Rien n’arrête l’Amour quand il se porte à quelque chose, rien ne lui paraît
redoutable ou trop dur, et Je veux que vous M’aimiez d’un amour effectif.
Je ne reçois un plus grand sacrifice et un plus grand amour que quand vos âmes
n’éprouvent que sécheresse, que froideur apparente à Mon service.
Que vos vies soient une communion continuelle, communion sacramentelle et
communion spirituelle ininterrompue par la disposition habituelle de vos cœurs à
Me désirer, à M’aimer. Je M’abaisse vers les humbles, car sans l’humilité, vous
ne seriez pas vraiment purs.
Je désire beaucoup travailler dans vos âmes afin de les rendre autant que
possible semblables à Moi pour Me les unir.
Je demande au frère de Mon Pasteur de Domptail de ne prendre parti d’aucune
politique. Qu’il reste caché, car les humbles seront élevés.
Que ta sœur (la sœur de M. le Curé de Xaffévillers) s’éloigne des plus grandes
villes.
Mes enfants, priez.
Je vous bénis ».
SAMEDI 14 AVRIL 1945 :
A 6h du soir, au chapelet familial, chez M. Genaro, Notre Seigneur, à la 3è
dizaine me dit :
« Mes enfants, lorsque vous saluez Marie, pleine de grâces et que vous tressez
en couronne cette louange répétée, vous ne savez pas combien vous Lui êtes
agréables ; chaque fois, vous Lui rappelez le souvenir de Sa sublime dignité et
de la rédemption du genre humain que J’ai commencée en Elle, par là aussi se
trouve rappelé le lien divin et perpétuel qui L’unit à Mes joies, à Mes
douleurs, à Mes opprobres, et à Mes triomphes, pour l’assistance des hommes, en
vue de l’éternité.
Quelle adoration et quel amour vous Me devez, car Ma vie n’a été qu’une CROIX.
Aux âmes de cet humble foyer, Je dis :
'Vivez plus haut que vous, et pour ainsi dire hors de vous, établis dans votre
grâce, dans l’état que vous fait la grâce. Laissez tout le reste à la croix,
soit celle de la douleur, soit celle même de la privation. Tout le reste, c’est
la matière du feu livrée au feu du sacrifice, mais comme le feu vit de ce qu’il
consume, que l’amour vive aussi en vous de ce que vous souffrez.
En haut les Cœurs. Soyez tous deux à l’action de grâces et chantez l’Eternel
Magnificat. Je vous bénis ainsi que les enfants qui vous sont chers et que Ma
Divine Mère a couvert de Son Manteau' ».
(Mon message était écrit quand on vint me dire que les deux neveux de Madame Genaro étaient rentrés de captivité).
LUNDI 16 AVRIL 1945 :
A 2h30, dans la salle à manger du presbytère, étaient présents : mon Père, M. le
Curé de Xaffévillers, M. l’abbé Sauvage et son neveu nouvellement ordonné, sa
sœur Mme Didelot, M. Saint-Dizier et Melle Rhote. Nous récitâmes le chapelet aux
intentions de chacun. A la 4è dizaine, une grande paix m’inonda, les Ave
doucement s’estompèrent et je vis descendre lentement le voile blanc. Quand je
fus plongée dans le silence, une main invisible écarta les deux pans et dans une
apothéose de rayons très doux, je contemplai dans un ravissement inexplicable
Notre Seigneur et la Très Sainte Vierge. Tous deux étaient habillés de blanc. Un
immense nuage s’étendait sous leurs pieds et formaient autour des rayons une
immense couronne. Notre Seigneur à droite, était à quelque distance de Sa Divine
Mère. Ses bras étaient étendus, et, dans Ses mains très fines et très blanches
je voyais la trace des clous.
Jésus, doucement, mais la voix triste me dit :
« Ma Jeannette, Je vais M’adresser à Mes Pasteurs :
Mes fils, vous qui êtes Mes instruments, il y a beaucoup de mal sur la terre,
mais il y est en grande partie la conséquence de la négligence et de la tiédeur
avec laquelle les âmes consacrées Me servent. Pour sauver le monde, il faudrait
plus de Fidélité, plus d’esprit de sacrifice, surtout de la part d’un grand
nombre de Mes prêtres, mais il y en a si peu. J’ai un ange qui est chargé de
châtier, de punir ceux qui ne veulent pas être fidèles, soit par des épreuves
qui sont destinées à les faire rentrer dans le devoir, soit par des châtiments qui laissent ces âmes tout à
fait rebelles, livrées à elles-mêmes et dignes de damnation.
Je désire ardemment plus de saints sur la terre, afin d’exercer davantage Ma
Miséricorde sur les âmes coupables, faire arriver Mon Règne plus tôt et combler
les âmes que Je rendrai saintes de nombreuses et précieuses grâces. Pour vous,
Je vous remplirai de la plénitude de Mon esprit ; J’augmenterai Ma Vie Divine en
vous afin que sans obstacle vous opériez abondamment en Moi pour le salut des
âmes.
Je désire que vos âmes s’unissent et s’immolent avec Moi pour les crimes de tous
genres qui se commettent chaque jour. Au contact de Mon Divin Cœur, vous
sentirez en vous-même un incendie qui vous consumera avec une très grande force.
A Mon pasteur nouvellement ordonné (Notre Seigneur regarda en souriant) :
Mon enfant, si tu veux me plaire et attirer des âmes à Mon divin service, il
faut que ton âme vive d’amour. Fais avec une très grande joie, toutes mes
volontés. Prends dans Mon Sacré-Cœur, Mes richesses infinies : bonté, charité,
sagesse, puissance, prends tout cela pour couvrir toutes les nudités. Ma Main
qui jette sourire et fleurs sur ta route est admirablement bonne, celle qui
laisse tomber les épines et la solitude est plus bonne, plus maternelle en
l’épreuve qu’en la joie. Baise-la, bénit-la, car elle te conduira dans les
chemins rocailleux et déserts.
A Mon pasteur de Charmes, l’heure de la persécution est l’heure des grandes
grâces. Il faut qu’il se rappelle sans cesse, lui qui est mon privilégié et qui
est appelé plus près de Moi par la souffrance et le dépouillement, qu’il regarde
en haut, c’est la suprême espérance, c’est la force. Sa vie doit se résumer dans
un regard. Regard de foi, de confiance et d’amour qui détache et sépare ce qui
passe. Je suis près de lui et le soutien sous sa lourde croix.
Pour ta sœur (Mme Didelot) J’aime beaucoup son foyer. C’est une femme forte,
oublieuse d’elle-même, soucieuse des autres, et qui passe à travers les
événements quel qu’ils soient, souriante, paisible et confiante. En ces temps
douloureux, qu’elle se jette plus avant dans Mon Cœur, plus elle avancera dans
la vie, plus elle sentira le vide de tout. Que sont les difficultés, les
lassitudes, les reprises de la nature quand la confiance reste pleine, confiante
et sans nuage.
Ma fille, soit toute de la joie de posséder ces âmes que Je t’ai données,
entoure-les de tes soins et de tes tendresses ; Soit fière, autant qu’heureuse
de ton rôle. Je bénis particulièrement ton foyer. Soit tout à Moi par le devoir.
Rien ne fortifie et ne console comme une absolue fidélité.
Pour ton frère (M. St. Dizier, car Jésus le regarda). Il faut que son âme soit
devant Moi comme une toile sous le pinceau, car J’en ferai un chef-d’œuvre.
Mon fils, donne-Moi la joie d’être le Propriétaire unique de ton cœur, aux
heures surtout où Mes grâces et Mes faveurs coulent abondamment dans ton âme. Tu
es un apôtre. Jette-toi dans la mêlée avec la cuirasse de la foi, et tu te
soulèveras jusqu’aux plus beaux sacrifices.
Ton Père et toi, vous pouvez aller chez Mon pasteur de Xaffévillers. Je vous
recommande la prudence, car, dans certaines familles le serpent lance son venin.
Ma Jeannette, ne cherche pas à percer Mes desseins.
Mes enfants, nous vous bénissons avec amour. »
MERCREDI 18 AVRIL 1945 :
Au presbytère de Xaffévillers, au chapelet de 11h ½ devant la statue de
Notre-Dame de Xaffévillers, la même vision de la Très Sainte Vierge et de Saint
Joseph que le 19 mars dernier. Dans l’invisible, la voix grave de Notre
Seigneur me dit :
« Jeannette, le message que je vais te donner sera personnellement pour mon
pasteur (X..) :
‘Mon fils, tu éprouves fortement cet attrait qui t’attire dans la solitude. Je
te veux tout à Moi, afin que tu vives en solitaire.
Monte, monte plus haut. Un jour, dans la reconnaissance de ton âme, tu Me
béniras d’avoir fait jaillir des flots de paix et de bonheur.
Je te veux caché en Mon Cœur ; puisses-tu y venir bientôt. Pour soulager les
blessures que Je reçois chaque jour, Je veux que tu M’aimes d’un amour pur,
généreux et désintéressé qui puisse pénétrer jusqu’au fond des blessures qui Me
sont faites pour les guérir.
Ton âme doit s’humilier profondément devant Moi et recevoir ou supporter les
impressions, soit de consolation, soit de sécheresse avec autant de tranquillité
et de reconnaissance l’une que l’autre, sans te lasser ou te décourager.
Fais le dégagement complet de ton esprit et de ton cœur, afin que Moi seul en
soit l’occupation incessante, que la porte de ton âme soit fermée à tout ce qui
n’est pas Moi. Je t’invite doucement à devenir victime volontaire et parfaite, à
suivre Mes exemples et à t’immoler en toutes choses pour mon Amour et le salut
des âmes.
Entre plus avant dans Mon Cœur pour y entendre Mes secrets, et recevoir les
pures flammes de Mon Amour.
Si tu as la générosité de consentir à TOUT, et si, à mesure que tu sens le
couteau s’enfoncer dans ce que tu as de plus intime et de plus cher en recevant
ces blessures avec amour sans désirer le retirer, et sans dire jamais ; « c’est
assez », et si par amour pour les âmes et pour suivre ton Dieu immolé, tu es
heureux au milieu des souffrances et des gémissements de la nature, et si tu ne
désires rien tant que de SOUFFRIR, t’humilier et t’immoler jusqu’à la mort, au
dernier moment suprême, Je te rendrai ainsi que dans l’éternité au centuple, les
consolations que J’aurai reçues.’
Pour détruire tes défauts, tes imperfections, il y a une chose à faire, bien
simple, plus facile, c’est l’AMOUR. Je désire que ce soit ta vie : l’Amour est
la vie cachée. Entre en Moi afin que tu sois changé en Amour.
Plus tu t’abandonneras à Ma conduite, plus J’aurai de sollicitude et de soin à
ton égard. Je te presse de l’acquérir et de l’augmenter toujours plus dans ton
âme.
Je bénis avec Amour Mes Pasteurs et Mes enfants qui Me sont très chers. »
Au chapelet de 3h.
Notre Seigneur habillé d’un manteau rouge et porté par un nuage. Autour de Lui
était un cercle de rayons presque blancs. A Ses pieds, Je vis une personne
prosternée sur un prie-Dieu et qui avait la tête dans les mains. Au bout de
quelques minutes, cette personne releva la tête et, bouleversée, je vis que
c’était notre Saint-Père le Pape qui pleurait. Cette vision dura quelques
secondes et s’évanouit. Ensuite Jésus, gravement, regarda toutes les personnes
qui priaient. Après quelques moments de silence, Il me regarda tendrement et me
dit :
« Ma fille, Je vais montrer à ce foyer si cher à Mon Cœur ce qu’est la joie du
renoncement.
Vous ne trouverez le bonheur que dans le crucifiement de la nature et de la
générosité de l’Amour. Votre vie sera heureuse dans la mesure même de votre
joyeuse immolation. Ce sont les âmes qui souffrent qui sont les plus ardentes en
charité, les plus patientes, les plus rayonnantes de bonté, les plus
miséricordieuses pour les défauts du prochain. Si vous voulez répondre
pleinement à Mes desseins, imprégnez, pénétrez votre vie de bonté, cela doit
être votre grande préoccupation, votre incessante ambition, votre résolution de
chaque jour, car chaque jour vous avez l’occasion de pratiquer cette belle
vertu.
Que votre vie soit féconde et utile aux âmes.
Pour Mes Pasteurs, Je vais leur faire comprendre la raison de Mes délais divins.
Si Je tarde à vous exaucer, vous ne devez pas vous croire abandonnés de Moi, car
vos désirs sont souvent exaucés quoique leur accomplissement soit retardé,
souvent aussi les biens que vous êtes impatients de recevoir s’accroissent en se
faisant attendre. Je vous dis que vos prières sont exaucées en raison du retard
que Je mets à vous satisfaire. Lorsque votre demande parait être rejetée, votre
désir pénètre plus avant l’intime de votre cœur ainsi que vous voyez la semence
s’enfoncer d’autant plus profondément dans la terre qu’elle y est plus serrée
par le froid, et en sortir ensuite d’autant plus belle et abondante quelle y a
été renfermée plus longtemps.
Ainsi vos demandes tardent à être accomplies, afin que vos désirs continuent à
s’aviver, c’est-à-dire s’élèvent de plus en plus jusqu’au bien qui vous est destiné. J’accrois la lutte pour grandir le triomphe.
L’homme qui ne se voit pas exaucé sans délai se croit abandonné ; mais
au-dedans, le médecin lui ôte la rouille des péchés. Par le feu de la
tribulation, il retranche le venin qu’il voit dans ses moelles, exauçant
d’autant plus les infirmes qu’il semble moins touché de leurs infirmités.
J’approuve Mon Pasteur de Domptail, pour sa sévérité sur la tenue si peu
respectable des jeunes filles et des femmes. Qu’il prenne de fortes sanctions,
car c’est le péché qui Me fait le plus souffrir.
C’est avec une très grande joie que Je vous verrai chez Mon Pasteur de Charmes ;
Je lui réserve d’immenses grâces. Pour ton frère (M. Schuller) dont l’âme est
débordante de confiance, Je le comblerai dans son foyer. Qu’il reste bien humble
et Je le récompenserai.
Pour Mon Pasteur (Charmes) Je lui dis ces deux petits mots : Marche et ne recule
pas. Je suis avec toi.
Mes enfants, Je vous redis : PRIEZ, car Ma Jeannette, le Pape pleure sur les
malheurs de la France. Sacrifie-toi pour lui, car il porte sur ses épaules une
très lourde charge. Je vous bénis, et Je fais descendre sur ce presbytère un
flot de grâces. »
Notre Seigneur regarda particulièrement Monsieur le Curé de Xaffévillers et M.
l’abbé Sauvage. A tous, Il donna un regard de bonté, puis bénit lentement. Le
nuage, doucement, s’éleva et je vis monter Jésus dans le Ciel. Ce fut une belle
journée et mon âme était remplie, noyée de joie, de paix et de bonheur.
Samedi 21 avril 1945 :
Au chapelet familial de 18h30 chez Albert Vautrin :
Notre Seigneur :
« Ma fille,
Pour ce foyer, Mes Mains sont pleines de bénédictions. Sa famille est un composé
ravissant de tout ce qu’il y a de meilleur. Je suis là avec Mes grâces, Mon
secours, Mes délicatesses. J’aime son courage, sa foi, sa confiance. Qu’elle
s’appuie sur Moi pour l’éducation de ses enfants. La semence peut dormir
longtemps dans le cœur de l’enfant, un jour germera des fruits qui la
surprendront. Qu’elle fasse de ses enfants de vaillants chrétiens, des hommes de
cœur et d’honneur. Quelle résiste paisiblement, mais fortement à leurs caprices,
afin qu’ils sentent chez leur mère de la force de résistance. Quand une mère
prie, qu’elle vit avec Moi et près de Moi, qu’elle sait se renoncer dans
l’intime de son âme ; il y a pour elle de lumineuses intuitions pour accomplir
sa tâche.
Ma fille, ta nature est extrêmement impressionnable et sensible, grande source de souffrances
pour toi. Je t’aime beaucoup, accepte la Croix telle qu’elle tombe sur ton cœur.
Tu auras la joie d’avoir un prêtre et plus tard Je Me choisirai une épouse.
Je bénis particulièrement le petit ange que J’ai donné".
Samedi 21 avril :
A 4h, au presbytère, avec Melle Dubach, et 9 de ses monitrices, Me George, M. le
Curé et sa sœur.
La Très Sainte Vierge dans un champ de roses, couronnée d’anges. Elle arrive
souriante, se recueillit et Jésus, dans l’invisible me dit :
« Ma Jeannette, ce message sera pour toutes Mes filles.
Je vais mettre dans vos âmes l’Idéal qui est force et charme. La force qui fait
monter par le chemin âpre et dur de la vie, de ses travaux, de ses peines, de
ses douleurs, monter toujours vers le Bien splendidement beau.
Le charme qui fait que la montée est allègre, toujours courageuse, malgré tout
ce qu’elle représente de difficultés et d’obstacles.
Force et charme de l’Idéal, grâces de choix et grâce sublime, c’est un don qui
façonne les âmes saintes, les âmes belles. C’est MOI qui, de Mon Ciseau Céleste
sculpte dans l’âme le type de la perfection morale que les actions devront
réaliser. C’est Ma Main qui peint sur la toile immaculée de l’esprit, l’image de
la beauté spirituelle que la vie devra reproduire. C’est Moi qui chante sur la
lyre des facultés la délicieuse mélodie que devront rendre tour à tour les
cordes de votre activité ; c’est MOI qui infuse cette splendide conception de
grandeur et de noblesse qui doit être le motif de votre existence. C’est votre
DIEU qui vous inspire l’Idéal. Et cette grâce, Je vous la donne, car vous êtes
des âmes d’élite, vous êtes ces rares âmes qui ont gardé les yeux purs et aptes
à s’ouvrir aux attraits des beautés surnaturelles.
Je veux être glorifié par vos vies.
Un beau paysage de nature, en son ampleur et en son harmonie révèle Ma
puissance, Ma sagesse, et Mon éternité. Mais une belle vie, le plus émouvant des
paysages le révèle encore plus et mieux. Toute votre vie doit avoir le souci de
Me révéler. Vous devez être les échos de Mon Tabernacle. Soyez des âmes
d’oraison, et Je vous fortifierai. Allez plus souvent au tabernacle. Ne faîtes
rien sans prendre là, le mot d’ordre. Quand vous serez remplies de Moi, vous
ferez plus sur les âmes avec un mot que ne feraient de longs discours n’ayant
pas été vivifiés là. Ne vous découragez jamais. Certes, Je ne puis attendre une
fidélité qui ne démonte jamais, des défaillances peuvent se produire, mais
jamais la volonté ne doit en prendre son parti, la généreuse et constante
réparation de ses faiblesses est une vertu. Mon action ne commence sur une âme
que le jour où elle s’abandonne sans réserve à Mon bon plaisir divin. Ne
craignez pas de souffrir et de vous livrer à Moi.
Pour ta sœur, qu’elle garde grand espoir. Ma Divine Mère donnera la santé à
celui qui lui est très cher. Il souffrira encore, mais qu’il soit bien courageux
; Je ne l’abandonnerai pas. Je Me choisis pour Pasteur le dernier de Ses
enfants.
Mes enfants, Je vous bénis avec Ma plus grande tendresse ».
Des Mains de la Très Sainte Vierge se répandit des rayons qui pénétrèrent dans
le cœur de chaque jeune fille. Elle bénit, puis dans une douce musique remonta
au Ciel.
Samedi 21 avril 1945 :
A 9h du soir, chez Melle Luc, avec Melle Dubach et
9 de ses monitrices et M. le Curé.
Notre Seigneur habillé tout en blanc et porté sur une immense boule qui
représentait la terre.
En dessous de Lui, une vision que je ne puis décrire, car elle est secrète.
Gravement, Jésus, parla :
« Mon enfant, il y a parmi tes sœurs des âmes qui sont Mes privilégiées.
Qu’elles Me soient reconnaissantes de leur avoir faite si large la part de
sécurités douces, et si large la part des grâces de toutes espèces.
Le vrai, le bon, sont en elles et autour d’elles. En elles, parce que J’y ai
déposé des germes de foi, de charité, de sérieux qu’il faut faire produire par
une culture quotidienne. Autour d’elles, parce qu’il y a à prendre en autrui
tout ce qui est loyal, droit, ferme et bon.
Qu’elles vivent de réalités chrétiennes, de dévouement, d’obéissance simple, de
fidélité aux menues choses qui se présentent cent fois le jour.
C’est par là qu’elles raviront Mon Cœur. Se livrer à autrui, ouvrir ses trésors
au-dedans, faire plaisir, consoler, voilà la vraie vie. Je demande à une âme de
vivre tout près de Moi, qu’elle ne ménage pas ses sacrifices de quelque côté
qu’ils viennent. Mon choix divin est tombé sur son âme et Je veux être glorifié
par son holocauste. Je lui demande cette sainte intrépidité qui l’aidera à
couper les derniers et si forts liens qui la retiennent captive pour la jeter
dans Mes bras.
Qu’elle tienne son vouloir très haut, aussi haut que le Ciel dont les splendeurs
apparaissent toujours à l’âme qui abandonne joyeusement les fragiles bonheurs de
la terre pour se donner à Moi.
Cette âme comprendra ce message.
A toutes, Je leurs dis : Soyez fortement attachés au chapelet.
Les cœurs vont saigner douloureusement devant les ruines qui montent. Tout
appartient à la puissance des ténèbres ; il faut dans cette lutte de l’énergie
et de la foi.
Ayez confiance. Je vaincrai le monde. Il est nécessaire que vous souffriez
beaucoup. Le combat sera très rude. L’horizon est très noir et l’on s’amuse et
l’on danse plus que jamais.
La jouissance, la jouissance toujours, voilà la tendance de l’heure présente,
alors que les plus grandes épreuves vous menacent. Quelle triste déchéance. Ne
révèle pas cette vision ni aucun de tes secrets ; tu serais sévèrement punie,
ainsi que les Pasteurs ou les autres personnes qui te demanderaient des
lumières.
Je suis déjà très mécontent et Ma Justice pèse sur le monde. A ta sœur qui
souffre, Je lui promets la guérison. Qu’elle soit plus abandonnée à Moi. Ma Très
Sainte Mère veille sur les deux prisonniers. Mes enfants, Je vous bénis ».
DIMANCHE 22 AVRIL 1945 :
La Très Sainte Vierge sur un nuage –2 anges au-dessus – 2 lys à ses pieds. Bras
étendus – rayons partant de ses mains.
« Ma fille,
Je suis profondément touchée de l’amour, de la confiance de tes sœurs. Ce sont
de belles âmes et Mon Divin Fils se choisit une épouse.
Pour l’autre, ce sera une mère de famille et dans son foyer, elle aura la joie
d’avoir des pasteurs et des épouses.
Qu’elle soit bien généreuse et Je la comblerai.
Pour tes sœurs, qu’elles soient en paix, elles trouveront une voiture.
Mon sourire les accompagnera le long du trajet.
Je vous bénis avec amour. »
Ce message a été donné à Melle Dubach qui accompagnée de 2 de ses monitrices
était allée prier dans la chambre de Jeannette.
LUNDI 23 AVRIL 1945 :
Au presbytère, au chapelet de 4h. en présence de messieurs les Curés de
Xaffévillers et de Domptail, de Mme de la Burthe et de son neveu, de Monsieur le
Curé d’Ortoncourt et de sa sœur :
Notre Seigneur, dans l’invisible, doucement, me dit :
« Mon enfant, l’âme que dirige mon pasteur de Xaffévillers est appelée à la vie
contemplative. Qu’elle réponde généreusement à Mon Amour de prédilection ;
Qu’elle appuie sa faiblesse sur Ma force divine. Il faut qu’elle devienne une
vraie épouse de Mon Divin Cœur. Qu’elle s’attende à la tentation, c’est-à-dire à
l’épreuve, elle est nécessaire.
Qu’elle soit fidèle à prier et à se renoncer afin que Je l’éclaire sur
elle-même. Qu’elle fasse mûrir en silence le germe divin pour être fidèle aux
occasions de sacrifices.
Je demande au pasteur de lui envoyer ce message :
« Ma fille, deviens petite, c’est l’esprit de petitesse qui appelle Mon regard,
Mon Cœur, Mes prédilections. On se fait petite en ne pensant pas à soi, en ne se
regardant pas, en marchant l’œil confiant sur Moi, comme l’enfant sur sa mère,
cela à travers les chutes, les défaillances, en se laissant reprendre, corriger,
avertir en toute sécurité de cœur, priant beaucoup par élans de cœur, regards
intérieurs, te regardant comme la petite servante de tout le monde. Voilà le
programme de la petitesse. »
Je demande à mon futur pasteur, séminariste du pasteur de Domptail, de partir
dans l’armée. Dans ces heures difficiles, qu’il se réfugie dans la foi. Je me
plais à le clouer sur la Croix. Ma divine Mère veillera sur son âme.
Que ta sœur l’accompagne dans son voyage de Nancy.
Je lui donne Ma bénédiction ainsi que son voyage chez son frère. Il peut initier
(ce pasteur) à la mission de ta sœur. Pour l’autre (aumonier de l’hôpital de
Fraize) Je ne permets pas qu’il te connaisse, tu désires rester cachée, tu le
seras.
Pour cette âme qui souffre et qui se recommande aux prières de ton Père, Je vais lui donner des paroles d’encouragement :
« Ma fille, Je t’ai jugée digne de l’apostolat de la souffrance. J’ai besoin
d’âmes sur les sacrifices desquelles Je puisse compter tous les jours. Tu vis de
Moi dans la solitude et l’impuissance. Voilà le grand renoncement que j’exige de
ton cœur pour devenir Mon Associée dans la conquête des âmes. Il y a des heures
où les ténèbres remplacent la lumière, où le doute fait place à la conviction où
le dégout, la lassitude s’emparent de tout ton être, mais tu es Ma gratifiée,
rien n’est plus fécond que la souffrance, soit bien courageuse. Je te promets la
guérison. Chante le Magnificat au-dedans de toi ; tu y trouveras de quoi réparer
et de quoi t’oublier. Ma Divine Mère te rendra la santé. Je te bénis avec
tendresse. »
Que ton Père fasse le sacrifice de ne pas envoyer cette lettre à ta sœur (Melle
Dubach). Qu’il soit très doux.
Ma fille, Je te sens très fatiguée. Reprends ton cœur pour lui faire accepter le
devoir de chaque jour. Ne laisse pas entrer l’âcreté dans ton cœur, la souplesse
te fait défaut. Je te trouve trop entière dans tes idées, à plier aimablement, à
faire la volonté d’autrui sans tenir compte de la tienne et à t’oublier pour
songer à ceux qui t’entourent afin de les rendre heureux.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Samedi 28 avril 1945 :
A 3h. de l’après-midi, dans ma chambre, nous récitions le chapelet avec Melle
Janine Gourmand et deux jeunes filles dont je ne connais pas le nom :
A la 4è dizaine, le voile blanc me cacha les choses matérielles ; il
s’entrouvrit lentement et dans un cercle de rayons, apparut la Très Sainte
Vierge en blanc, portée sur un nuage. Son regard profond plein d’Amour s’attacha
sur moi. Elle avait les mains jointes et Son chapelet était dans Ses doigts.
Dans l’invisible, la voix prenante de Jésus me dit :
« Mon enfant, à tes sœurs qui sont venus prier au Lieu Béni, Je vais leur donner
un message :
' Mes filles, Je désire que vous viviez d’abandon. Montez plus haut, jetez-vous
dans Mon Divin Cœur, pour ne plus voir que Moi, pour ne plus compter que sur
Moi, pour vous perdre en Moi. Heureuse perte qui vous donnera la vraie vie, la
vie d’union par la désunion d’avec vous-mêmes. J’ai besoin d’être dédommagé dans
Mon Amour méconnu. Devenez des vaillantes à Mon service (ici un voile se posa
sur mon esprit, et de moi-même, car c’était très vague, je continuai) : Je Me
choisis une autre épouse, à toutes les deux Je leur demande d’être Mes
imitatrices. L’heure est très grave. Jetez-vous en vraies immolées sur le cœur
aimant, paternel de votre Sauveur. Je veux des prières intenses et profondes
pour les âmes. Abandonnez tout, famille, peines, joies, faites-vous dépouillées
pour M’enrichir. Il n’y a que ce parfait abandon qui apporte la paix et la
sérénité de l’âme.
Pour l’autre, elle deviendra mère d’une nombreuse famille. Qu’elle reste
aimante, dévouée, et Je lui donnerai de grandes joies.
Mes enfants, Je vous bénis' ».
Melle Gourmand étant choisie comme Epouse, Notre Seigneur prenait dans les deux
autres une âme pour devenir religieuse. Une jeune fille était fiancée et l’autre
n’avait pas la vocation religieuse. Comme elle désirait être éclairée, nous
récitâmes les 3 dizaines d’Ave fleuris. A la 2è dizaine, gravement, Jésus Me dit
:
« Ma fille, que ta sœur soit en paix, ce n’est pas elle que J’ai choisie pour
épouse, car Je mettrai sur son chemin le jeune homme qui la conduira dans la
vie.
Pour toi, tu as mal interprété la phrase ; sois bien calme, car satan cherche à
te nuire. Je vais te la redire.
Je Me choisirai une autre Epouse parmi leurs sœurs, et toutes les deux seront
Mes imitatrices.
Pour la section, qu’elles ne quittent pas et qu’elles soient de plus en plus
entrainantes.
Ma Divine Mère enveloppe de Son Manteau ton frère. Il souffre beaucoup, mais que
sa sœur prie pour lui.
Je vous bénis avec Amour ».
Après le 1er message, la Très Sainte Vierge fit un sourire à mes sœurs. Elle fit
le signe de la croix, le voile revint sur Elle et me cacha cette grande lumière.
J’étais émotionnée de me trouver seule avec ces jeunes filles. Satan a dû
profiter de cela pour jeter le trouble dans mon esprit. Toutes trois repartirent
heureuses, et Moi, je remerciai Notre Seigneur des grâces qu’Il venait de
donner. Je voudrais rester cachée, mais je suis égoïste. Jésus veut, par Son
instrument, donner des lumières, je n’ai plus qu’un désir : me livrer sans
réserve à toutes ces âmes qui viennent chercher leur voie. Le même soir à 6h30
au chapelet familial chez Mme Auguste Colin, je me sentis à la 4è dizaine plus
calme.
Recueillie, j’écoutai Jésus qui me dit :
« Mon enfant, que ta sœur (Mme Marc Joly) n’ait point d’inquiétude, elle pourra
faire ce grand voyage (‘Paris’). Ma Très Sainte Mère sera à ses côtés.
Que ton Père mette toute la liste au courant de tes messages, ce sera un grand
réconfort pour ces âmes. Je leur demande de bien tenir le secret, car la plus
petite parole dite imprudemment pourrait amener de très graves ennuis et Moi Je
punirai sévèrement.
Je bénis ce foyer, ainsi que tous Mes enfants".
Dimanche 29 avril 1945 :
A 9h30 du soir, au pied de la statue de la Très Sainte Vierge, je récitais les 3
dizaines d’Ave fleuris. Dans le silence profond Jésus, doucement, se pencha vers
moi et me dit :
« Ma Jeannette, au soir de cette belle journée, Je vais te faire comprendre la
grandeur de la consécration à Ma Très Sainte Mère.
C’est un jour solennel de la première communion que se fait d’une manière plus
décisive la consécration à Marie. Jusqu’à ce moment, Ma Main a couvert Mes
enfants de Son ombre tutélaire, mais demain, ils vont voguer au milieu des
nombreux écueils de la vie. Lorsque Je les vois si faible sans autre garde que
leur candeur et leur innocence, Je crains un autre naufrage pour leur vertu.
Que d’enfants ont fait le sujet des plus douces consolations et la couronne du
ministère pastoral et qui, bientôt ont déserté les délices de la Table Sainte.
Pauvres victimes des passions, il est facile de lire sur leur front ce qu’elles
sont devenues, au milieu des prétendues joies du bel âge.
Quelle est donc douce et consolante la pensée du Pasteur qui, ne pouvant plus
suivre les petits agneaux de son troupeau vient les placer sous la tutelle de Ma
Divine Mère.
Ces petits qui sont venus à Ses pieds remettre la garde de leur cœur
inexpérimenté, leur Maman, leur a souri du Haut du Ciel et les a fait entrer
avec joie dans Sa nacelle qui est à l’abri des naufrages. Heureux les enfants
qui restent sous Sa direction. Elle les guide sûrement vers le port du salut.
Honore Ma Très Chaste Mère par pensée, par affection, par paroles. Tu
l’honoreras par pensée en portant une grande affection aux prières que tu lui
adresses, en considérant sérieusement ses perfections et ayant une haute estime
de sa personne bénie et pleine de grâces.
Tu l’honoreras par affection en l’aimant plus et en la révérant au-dessus de
toutes les pures créatures, en te réjouissant et en Me rendant grâce de Son
bonheur, en désirant avec ardeur l’accroissement de Son culte en conservant
toujours une confiance filiale dans sa bonté maternelle. C’est principalement
dans ces sentiments d’amour et de respect que consiste la dévotion de Ma Divine
Mère.
La bouche parle de la plénitude du cœur, ainsi c’est témoigner de l’amour pour
la Reine du Ciel que de parler d’Elle, d’exhorter les autres à lui être plus
dévots et à la prier très souvent.
Contemple Marie, vie avec Elle, et tu recevras les forces et les énergies
divines puisées dans les trésors de Ma Rédemption.
Je voudrais que ton âme possède la vraie liberté du cœur, et pour que ta volonté
soit libre, daigne l’enclore en la Mienne, tu seras mue par Mon Esprit. Je te
bénis avec Ma plus grande tendresse".
Jeudi 3 mai 1945 :
Confirmation à Saint Genest.
Pendant que Mgr. priait avant de donner le Sacrement de Confirmation, au-dessus
de l’autel une lumière blanche arriva comme un éclair, la lumière se fit plus
douce et saisie d’un grand frisson, je vis Notre Seigneur. Ses yeux empreints
d’une grande gravité fixèrent le Prince de l’Eglise, et des mains étendues
jaillirent des rayons qui enveloppèrent l’Evêque.
Notre Seigneur était habillé d’une robe rouge recouverte d’un grand manteau de
même tissu. Un nuage Le portait et formait un ovale. Quand les enfants se mirent
à genoux au pied de Monseigneur, une colombe, dans un cercle de lumière blanche
descendit et demeura, les ailes étendues tout le long de la cérémonie.
Jésus, d’un regard chargé de douceur regarda l’assemblée, puis me fixant, Sa
voix prenante, profonde, me dit :
« Mon enfant, Je désire que tous Mes petits soient non seulement des fidèles
adorateurs de Mon Saint-Esprit, mais surtout des apôtres.
Le feu est lumière, le feu est chaleur, le feu est action.
Sous cette forme le Saint-Esprit illumine, électrise, actionne, ébranle les âmes
résolues à user de la force divine dont Il est la source, non seulement il leur
assure le triomphe, mais il les établit pour l’ordinaire dans cette paix, pleine
de douceur et de courage qu’apporte la victoire sur les passions.
Ces âmes généreuses qui se seront appliquées avec zèle à former le prochain à la
vertu, brilleront dans le firmament, comme des astres éclatants.
Je bénis particulièrement le Prince de l’Eglise et le pasteur de cette paroisse
(St Genest) et sur ces âmes, Je fais descendre un rayon de Mon Amour".
Notre Seigneur étendit les mains, puis bénit lentement, soulevé par le nuage, Il
monta majestueusement vers l’Infini, quand il fut invisible, la petite colombe
prit son essor, une lumière enveloppa cette vision, puis s’évanouit.
Le même jour, à 3h de l’après-midi, dans la salle à manger du presbytère, avec
mon Père, M. le Curé de Domptail, son neveu, Melle Marie Bertrand et Melle
Rhote, nous avons récité le chapelet aux intentions de chacun.
A la 4è dizaine, toute unie à Jésus, je sentis une douce lumière dans mon âme,
les Ave s’estompèrent, le voile apparut et après quelques minutes où le voile
s’ouvrait, je m’extasiai devant la Très Sainte Vierge. Habillée d’un grand
Manteau blanc bordé de petites étoiles. Elle était couronnée de roses blanches.
C’était d’une beauté, d’une pureté infinie. Son regard, infiniment doux,
s’attacha sur le neveu de M. le Curé de Domptail et dans ses yeux perlèrent des
larmes. Elle tenait Ses mains jointes et Ses pieds posaient sur une boule
parsemée d’étoiles. Après avoir regardé Ses enfants, Elle baissa les yeux et,
dans l’invisible, Jésus me dit :
« Mes enfants, Ma Sagesse fait tout avec poids et mesure. Ne vous troublez point
dans les adversités dont vous êtes quelquefois assaillis, sachant que destinées
à produire en vous des fruits de salut, elles sont soigneusement mises en
rapport avec vos besoins par Ma Sagesse qui sait leur donner des bornes comme
J’en donne à la mer. Il semble parfois que la mer va, dans sa furie, inonder des
contrées entières et, cependant, elle respecte les limites de son rivage, elle
vient briser ses flots contre un sable mouvant ; ainsi, il n’est aucune
tribulation, aucune tentation à qui Je n’ai permis des limites afin qu’elle
serve, non pas à vous perdre, mais à vous sauver.
Pour Mon futur Pasteur, Je lui donne quelques paroles de réconfort.
Mon Fils, par Ma connaissance, tu es transformé en Moi. L’homme devient ce qu’il
admire. Un beau paysage provoque un état d’âme en harmonie avec les qualités
qu’il y remarque. Un vaste horizon le dilate. Les tons finement nuancés d’un
ciel bleu éveillent en lui des sentiments de douceur et de tendresse. Plus
frappante encore est l’action de l’homme sur l’homme. Quand un orateur te
captive, tout ton être est à l’unisson du sien, en un mot, tu deviens lui. Pour
toi, Je te veux un autre Christ, car tu es transformé à Mon image. Je t’aiderai,
marche bien droit, plonge-toi dans Mon Cœur ; c’est là qu’est la source d’eau
vive.
Pour ta sœur, sa chère maman est sous le Manteau bleu de Ma Très Sainte Mère. De
là-haut, Elle veille sur son époux, son fils et sa fille. Par elle, ils
recevront de grandes grâces.
Dis à ton Père qu’il n’ait aucune inquiétude.
Mes enfants, Je vous bénis avec amour ».
La Très Sainte Vierge souriante bénit, puis le voile me cacha la toute Belle.
Samedi 5 mai 1945 :
A 8h30 du soir, au chapelet familial, chez M. Arthur Colin, à la 3è dizaine une
grande paix descendit dans mon cœur, les Ave s’évanouirent. Plongée dans un
profond silence, toute petite aux pieds de Jésus j’écoutai Sa voix qui me dit
suavement :
« Ma fille, Je vais parler à Mon futur Pasteur
(Michel Colin).
Mon fils, dégage-toi de toute attache aux biens de la terre et pratique ce
dégagement par la privation volontaire. Cette privation peut aller très loin,
mais plus elle va loin matériellement, plus la volonté doit la précéder. Il y a
une autre pauvreté spirituelle plus haute, c’est le dégagement non plus des
biens matériels, mais bien, celui étant opposé, le dégagement de tout retour, de
toute attirance à toi-même de n’importe qu’elle satisfaction humaine.
Ne demande rien pour toi, ni aux choses ni aux personnes, de manière que jamais
ton âme ne recherche ou dans les choses ou dans les personnes une joie qui se
termine en toi-même.
Si la Providence t’accorde sans recherche de ta part une joie humaine, ne la
prends pas pour toi comme ton bien, ta propriété, mais immédiatement,
donne-Moi-la et rend Moi grâces. Ainsi ton âme se simplifiera dans la haute
pauvreté spirituelle et viendra plus allégrement à Moi en M’apportant tous les
biens qu’elle recevra.
Le Prêtre participe au caractère divin de Ma Souveraine Royauté. Si tout
chrétien est un autre Christ, c’est surtout du Prêtre que cette parole est
vraie, mais c’est à une condition, c’est qu’il s’identifie avec Moi à la grande
œuvre de Ma Rédemption, de Ma souffrance pour la justice. Il est puissant, il
est Roi avec Moi dans la mesure de son service de la vérité et de la
miséricorde.
Pour le prêtre comme pour Moi, régner ici-bas c’est servir.
L’instrument sous les doigts de l’artiste donne des sons doux ou forts, joyeux
ou tristes traduit un cœur. Si ton âme est docile à Mon Esprit-Saint, tu seras
l’écho de Mes sentiments, de Mes ardeurs pour la gloire de Mon Père et le salut
des âmes.
Je bénis avec amour tes parents, frères et sœurs, ainsi que tous les enfants
chéris de Ma Très Sainte Mère. »
DIMANCHE 6 MAI 1945 :
A 9h. du soir, aux pieds de N.D. d’Ortoncourt, chez Mme Vexlard, pour remercier
la Très Sainte Vierge du retour de son fils, André, prisonnier, nous avons
récité une dizaine de chapelet.
Au 3ème Ave fleuri, je me sentis prise par une force divine ; imprégnée de joie,
détachée des biens et des créatures, je m’élevai vers le Ciel, c’est à ce moment
que le voile s’écartant, me laissa apparaitre dans un faisceau de rayons, la
Très Sainte Vierge Marie. Elle était habillée d’un grand manteau bleu, je l’ai
trouvée plus belle, plus éclatante que les autres fois. Sur son voile était une
couronne de roses blanches, à ses pieds s’élevaient des lys.
Ses bras étaient étendus et des rayons partaient de ses mains. D'un sourire
profond, aimant, Elle fixa André Vexlard. C’est la première fois que je vois ce
sourire profond et ce visage radieux :
« Ma fille, dis à mon enfant bien aimé rentré ce matin dans le foyer maternel
qu’il sera toujours mon privilégié. Mon manteau bleu continuera à l’envelopper.
Parmi ses frères beaucoup ne reviendront pas, mais ceux qui sont morts martyre et
qui n’auront pas revu le beau ciel de France sont dans mon firmament.
Pour lui, le petit de Mon Cœur (Ici la Très Sainte Vierge tendit les bras vers
lui) qu’il chante l’Eternel Magnificat et Je le comblerai d’immenses joies.
A sa chère maman (Mme Vexlard) qu’elle soit heureuse, car elle aussi, Je l’ai
comblée.
Pour les épouses de Mon Divin Fils (filles de M. Vexlard, Visitation Dijon)
elles pourront connaitre tes messages.
Je vous bénis avec ma plus grande tendresse. »
La très Sainte Vierge prit un pan de son manteau bleu et l’étendit sur André.
Cela était très touchant et je ressentis une grande émotion. Elle bénit, puis
s'élevant, Elle regarda vers le Ciel. Le voile revint et tout s’évanouit.
LUNDI 7 MAI 1945 :
Tous les Prêtres du Cœur de Jésus de la région étaient réunis chez M. le Curé
d’Ortoncourt, autour de leur Supérieur local M. le chanoine Dumondel. Etaient
présents : Monsieur le Doyen de Charmes, Messieurs les Curés de Portieux,
Ortoncourt, Xaffévillers, Domptail, M. l’abbé Delagoutte et Melle Rhote.
Au chapelet de 3h.
La Sainte Vierge apparut sur un nuage entourée de roses blanches. Elle était
habillée d’une robe blanche et un nuage la portait. Elle arriva souriante et
regarda tous les pasteurs. Après avoir souri, elle se recueillit, et dans
l’invisible, Notre Seigneur, gravement, me dit :
« Mon enfant, c’est aux prêtres de Mon Sacré-Cœur que je vais parler.
Mes fils, Mon amour est très grand pour vous ; vous êtes Mes privilégiés et Je
vous ai choisi pour être mes consolateurs. Soyez de plus en plus prêtres de la
prière et de l’oraison, car Je suis offensé et nombreux sont Mes pasteurs qui ne
font pas leur devoir. L’extérieur est très beau, beaucoup d’actions, mais à
l’intérieur, il y a peu d’actes parfaits. Je vous demande plus de fidélité, plus
d’esprit de foi. Que cet esprit de foi soit le guide de votre cœur, car Je veux
que vous m’aimiez d’un amour effectif. Il y a un grand nombre d’âmes qui se
perdent chaque jour ; Je vous en supplie, soyez des âmes réparatrices. Dans vos
actions, pensez plus à Moi, plongez dans Mon Divin Cœur, c’est là que vous
trouverez la force, le courage. L’amour fait tout, soyez des âmes d’oraison et
Moi, votre Dieu, Je vous aiderai. Que la prière soit votre soutien.
Ma Miséricorde est grande pour vous, il y a peu d’âmes pour lesquelles, elle
l’est davantage. J’ai agi ainsi à votre égard, parce que J’ai des vues de
miséricorde et d’amour, et Je désire que vos âmes soient à Moi entièrement, sans
aucun partage, sans cesse occupées à M’aimer, à s’immoler pour Ma gloire, afin
qu’elles s’efforcent à chaque instant à devenir saintes et parfaites. Votre
amour doit être bien pur et bien ardent ; vous devez, par amour Me glorifier.
Rien n’arrête l’amour quand il se porte à quelque chose, il donne la patience et
l’abnégation, rien ne lui parait redoutable ou trop dur.
Venez à Moi dans la prière. Comme le soleil envoie à la terre chaleur et
lumière, et que, sous ses rayons, la terre étale ses fleurs et ses fruits, ainsi
votre âme doit renvoyer à la lumière et à la chaleur divine les fleurs et les
fruits de ses vertus.
Je vais vous montrer ce qu’est la voie d’enfance spirituelle.
Enfants, vous devez l’être toujours devant Moi ; c’est la condition de votre
sanctification. Plus l’âme chrétienne grandit spirituellement, plus elle éprouve
à mon égard les sentiments d’un enfant.
La vie surnaturelle est une vie de foi, et l’enfant croit à ses parents. Elle
est une vie d’espérance et l’enfant a confiance en eux. Elle est une vie de
charité et l’enfant les aime. L’attitude que, par instinct naturel, le petit
enfant tient à l’égard de ses parents, vous devez, vous, sous l’influence de la
même grâce, l’adopter vis-à-vis de Moi : Croire en Moi, se confier en Moi et
M’aimer.
C’est le développement et l’épanouissement qui constituent la sanctification de
l’âme, son progrès, dans l’union avec votre Dieu. Il s’agit de sentir
profondément votre dépendance, il s’agit de vous abandonner comme le petit à sa
mère. Il s’agit de tout attendre, de persévérer dans un état de parfaite
docilité à l’égard de Mes volontés. Telle est la voie de l’enfance, c’est le
programme de la sainteté.
Mon enfant, ne crains pas, soit bien calme, les pasteurs sont Mes représentants.
Je vous bénis avec un grand amour.
Je veille sur chacune de leur paroisse, mais ils faudra qu’elles expient. Mon
bras pèse lourdement sur le monde. »
Au cours de la vision précédente, la Très Sainte Vierge fixa gravement M. L’abbé Gaire, fit un sourire à M. le chanoine Dumondel et sourit plus profondément à M. l’abbé Delagoutte.
JEUDI DE L’ASCENSION – 10 MAI 1945 :
Pendant que Je chantais l’Offertoire, une lumière douce inonda mon cœur, et
quand je commençais à jouer un morceau, je me sentis poussée à regarder l’autel.
Un frisson de froid parcourut comme un éclair tout mon corps, car devant moi,
dans une gloire infinie, se trouvait Notre Seigneur dans Sa toute beauté.
Comme Notre Seigneur me l’explique dans le message, je ne peux pas décrire la
vision. C’était un chemin bordé de multitudes d’anges. Tout était lumière, Jésus
habillé de blanc montait légèrement les mains jointes. Il s’arrêta et me regarda
avec Ses yeux remplis d’Amour et me dit bien suavement :
« Ma fille, Je vais t’expliquer le mystère de l’Ascension et le Magnificat de Ma
Très Sainte Mère.
Au Cénacle, après le dernier repas, j’emmenai Mes disciples jusqu’à la montagne
des oliviers. Et là où avait eu lieu Mon agonie, Je souris une dernière fois à
la petite troupe rassemblée autour de Moi et en parcourant les rangs Je leur dis
un adieu spécial. C’est à Ma Divine Mère que Je M’adressai ; en la quittant, Je
lui dis des mots où J’avais coutume d’enfermer tant de choses que son âme en
demeurait longtemps embaumée et réconfortée.
C’était ce jour-là, l’adieu terrestre avant le suprême, le céleste, l’éternel
revoir.
Puis élevant les mains, Je pris l’attitude que Je garde à la droite de Mon Père,
celle de la prière qui demande pour vous des grâces, fruits de Ma Passion et
laisse tomber sur vous les bénédictions de Mon Père.
Tandis que Je bénissais la troupe prosternée, Je m’éloignais des Miens, montant
vers le Ciel. Un nuage se déroba à leurs regards. Ma Divine Mère Me suivait des
yeux avec un ineffable Amour et une ineffable espérance.
Durant Sa vie mortelle, Ma splendeur était cachée et par là même, Marie, aux
yeux des hommes paraissait la mère d’un mortel. Mais le Ciel, en s’ouvrant pour
Me recevoir, s’ouvrait aussi en ce moment pour révéler la grandeur de Ma Très
Sainte Mère.
Maintenant, plus que jamais, la Vierge Bénie comprenait les grandes choses dont
Mon âme avait été le théâtre. Elle savait pourquoi toutes les générations
l’appelaient bienheureuse.
L’Hostie de l’Ascension est l’Hostie du triomphe. Ce que Ma Résurrection
fondait, Mon Ascension le couronne, c’est le plein midi de Ma gloire dont
l’aurore s’est levée sur Mon tombeau.
Ma fille, adore-Moi. Regarde : les Anges bordent des deux côtés, en lignes
blanches et lumineuses le chemin que Je vais parcourir, pendant que des
multitudes parmi les plus purs et les plus élevés forment devant et derrière Moi
un splendide cortège.
Je suis le Roi revenant d’une expédition lointaine et périlleuse où Je me suis
couvert de gloire au prix d’incroyables travaux. Ecoute chanter les hymnes de la
victoire, de la récompense et du triomphe.
Demande pardon à ton Père.
Je vous bénis ».
Après avoir béni la foule, Jésus, les mains jointes s’éleva entouré d’anges qui
chantaient. C’était tellement lumineux que je ne puis décrire. Je regardai
jusqu’à ce qu’il ne fut plus qu’un petit point. J’étais transportée au Ciel ;
tout en moi chantait et je n’avais plus qu’un désir : marcher sur les pas de
Jésus pour entrer dans Son Ciel.
Malgré mes nombreuses fautes, mon manque d’amour, de soumission, d’humilité,
Jésus me comble toujours plus de Ses grandes faveurs.
Magnificat.
Samedi 12 mai 1945 :
A 3h. en présence de Melle Dubach, 2 de ses monitrices, sœur Marie Daniel et Mme
Albert Vautrin, Notre Seigneur :
« Mon enfant, Mes filles, que vos âmes généreuses n’aies point peur de la
souffrance, de Ma Croix, ni des épines, car ce sont les plus beaux joyaux qui
forment la couronne de Mes épouses.
Soyez à l’action de grâce par le chant des lèvres, mais aussi par celui de l’âme
qu’il vous faut mener à la générosité la plus complète. La jeune fille du monde,
pour son fiancé donne pensées, désirs, affection. Toute sa vie s’oriente de ce
côté-là. Pour vous, Je veux le don plénier, le don total. Je connais vos
efforts, les faiblesses de vos natures ; J’assiste au combat intime qui se livre
au-dedans de vous. Mais Je suis là pour panser les plaies et cicatriser les
blessures. Pour l’âme que J’ai choisie dans ta chambre, Je l’aimerai dans la vie
contemplative et le silence de la Trappe, car elle sera victime. Il lui en coûte
beaucoup de se séparer d’âmes qui lui sont chère. Mais Je suis là, comptant les
épines, car elles font Ma joie. « Livre-toi Ma fille, surpasse tes impressions,
tes effrois. Lève ton regard très haut, tu y trouveras le Mien pour te soutenir,
t’aimer, te bénir ».
Pour sa sœur, Je désirerai qu’elle parte dans les missions pour se pencher sur
les âmes païennes et en faire des âmes de vérité, des âmes de lumière. « Ma
fille, crois à la puissance de Ma grâce, perds-toi pour monter plus haut, dans
un effort de foi et de volonté. Je te veux épouse, parmi les âmes infidèles. Il
faut que Mon Règne arrive, tu seras l’instrument de la puissance de Mon Amour. »
Pour ta sœur qui dirige toutes Mes âmes, Je la récompenserai pour son dévouement
à toute épreuve, des soins maternels dont elle entoure toutes ses filles, de son
amour, de sa charité. Je lui donnerai la grande grâce qu’elle désire.
Pour cette maman, qu’elle soit l’âme de son foyer, car elle est la pierre
angulaire de la maison qui donne chaleur et lumière. Je vis avec elle, Je suis
le ressort de l’activité, le grand levier de la vie. Qu’elle reste bien à son
poste, calme et maitresse d’elle-même.
Mes enfants, priez pour Mon Pasteur bien-aimé de la Colline Bénie. J’ai jeté sur
lui un voile noir ; priez pour lui, priez pour la Mission, car l’épreuve est
très pénible. Qu’il soit bien courageux, Je voudrais même qu’il ait le sourire.
Avant de toucher le port, il faut que vous passiez par le gouffre de la
souffrance. Je vous bénis avec Amour ».
On repris pour le Père Mimeaux, prêtre du Sacré-Cœur et pour le départ :
Notre Seigneur :
« Ma fille, dis à ta sœur que Je veille sur Mon Pasteur : J’ai toujours pour Mes
représentants un Amour très grand. Qu’elle ne craigne pas : Je la protège.
Pour l’âme que J’ai appelé dans le silence, Je sais qu’elle n’aime pas cet
ordre, mais Je suis très bon, Je lui donne à choisir : le Carmel ou les
Clarisses.
Que ta sœur profite de ta voiture. Je vous bénis ».
(Cette âme a avoué qu’elle n’avait pas accepté d’entrer à la Trappe et nous n’en
savions rien).
Dimanche 13 mai 1945 : FETE
NATIONALE DE SAINTE JEANNE D’ARC :
A Fauconcourt, chez M. Cholez, à 4h30 avec M. Receveur, Mme Grandidier et les
deux dames Cholez :
Notre Seigneur :
« Mon enfant, Je Me choisis des faibles pour confondre les forts ; c’est une
simple jeune fille, presqu’une enfant que J’ai prise en des jours tragiques pour
sauver votre patrie. J’aurais pu susciter quelque grand capitaine, puissant par
Mon génie, fier de sa renommée. Moi qui aime les Francs, Je leur ai donné une
petite paysanne inconnue du monde, sans forces, ni ressources et dont la frêle
main ne savait que manier d’autre que le fuseau.
Cette jeune fille que Je fortifiais, que J’aidais, que Je soutenais a sauvé la
France. Maintenant de Mon Ciel, la gloire couronne son visage de vierge. La
sainteté auréole son front, car toute sa vie ne fut qu’un Fiat à Mes volontés.
Pour ton frère (M. Receveur) venu ce matin me revoir au lieu béni, qu’il se
confie aveuglément à Ma Sagesse divine et Je le récompenserai de son filial
abandon. Je lui accorderai cette grande grâce de donner aux âmes qui l’entourent
un rayon de soleil de l’éternité qui illumine sa vie.
Pour son beau-frère, qu’il prie et sa situation s’éclaircira, car je lui
enverrai des lumières.
Pour ceux qui prient Ma Très Sainte Mère, ils ne seront jamais abandonnés,
malgré les heures terribles qui viendront.
Pour celui (un autre beau-frère) qui est en exil, ses souffrances sont très
grandes ; Je ne veux rien promettre, Je laisse la surprise.
Pour ta sœur (Mme Grandidier qui avait reçu une offre d’entrer comme
jardinier au château de Mme de la Burthe) qu’elle n’hésite pas.
Mes enfants, Je vous bénis. »
LUNDI 14 MAI 1945 :
A Charmes, dans la chapelle Notre Dame des Grâces, dédiée également à Notre Dame
de Pitié, avec Mr. Le doyen, M. les Curés d’Ortoncourt, Xaffévillers, Domptail,
?? ???? et la Supérieure de l’Hospice
La Très Sainte Vierge est apparue et notre Seigneur, dans l’invisible a parlé :
« Mon enfant, dis à Mon Pasteur bien aimé que Je ressusciterai sa paroisse.
Qu’il garde grand espoir, après les nuits passées, ce seront les jours de
gloire.
Mes enfants, Je vais vous montrer la grandeur du don total de soi-même.
A la tête des Victimes cachées apparaît Ma Très Sainte Mère, votre Mère en qui
la douleur et l’amour entrelacés comme deux tiges forment une mystérieuse
alliance et apparaissent à vos regards avec le double titre et la double auréole de
Mère du Pur Amour et de Reine des Martyrs.
Marie a souffert par compassion toutes Mes douleurs et a répondu à Mon amour par
un amour de correspondance. Cela fait que Notre union par la douleur et par
l’amour est de plus en plus parfaite et d’une dépendance absolue.
Ma Divine Mère exerce sur Mon Cœur une telle influence qu’Elle y puise les flots
de la Vie divine pour l’Humanité toute entière, en sorte que toutes les grâces
déversées de Mon Divin Coeur dans le très Saint Cœur de Marie vous arrivent par
ce Cœur virginal comme par un canal pur et fécond.
L’action de cette grande et noble victime, la plus parfaite après Moi, Victime
du Calvaire est une action non seulement efficace, mais universelle, car elle
s’étend à tous les chrétiens, à tous les hommes, à tous les lieux, à tous les
temps.
Le chapelet est le lien mystérieux qui relie le petit à sa Mère.
Mes enfants, Je vous bénis. »
L’après-midi, dans l’église de Charmes en ruines, devant un petit autel
improvisé de la Très Sainte Vierge, vers la 4° dizaine, vision de Notre Seigneur
et de la Très Sainte Vierge dans un cercle de nuages. Notre Seigneur en rouge,
la Très Sainte Vierge en blanc. Notre Seigneur a les bras étendus, la Très
Sainte Vierge a les mains jointes. En dessous un champ avec des évêques, des
prêtres et des religieuses. A un moment donné, des soldats en gris mitraillent
et fauchent groupe par groupe, toute l’assemblée.
La Très Sainte Vierge ferme les yeux et Notre Seigneur pleure en regardant le
champ et parle :
« Mon enfant, Je te sens profondément touchée des blessures que Mon église a
reçues. Pour Moi, Je la veux belle et la bénie particulièrement Ce champ où tu
vois tant de prêtres, tant de Princes et l’Eglise de Mes Epouses qui tombent,
cette vision que tu contemples toi seule, beaucoup la verront de leurs propres
yeux. Priez, priez. Je vais te donner un message pour Mon Pasteur bien aimé :
Mon fils, dans les litanies de Ma très Sainte-Mère, l’invocation qui le plus de
ferveur est SPECULUM JUSTITIAE, parce qu’en contemplant Ma Très Sainte Mère qui
est véritablement Miroir de Justice, tu y trouveras le modèle parfait pour
avancer dans le chemin de la perfection. M’aimer, c’est chercher à Me
ressembler. Si Ma Très Sainte Mère a été Miroir de Justice, c’est parce qu’elle
a beaucoup aimé. Tu ne peux trouver de reflet plus beau qu’en contemplant ce
cristal pur et transparent qu’était Son âme. Si tu veux Me refléter, il faut Me
ressembler. Etre Miroir de Justice, c’est faire tous Mes désirs. C’est répondre "Fiat" à Ma volonté que Je te dicte à tout instant. C’est en un mot t’oublier
entièrement. Marche dans la lumière pour devenir davantage SPECULUM JUSTITIAE.
Dis à Mon pasteur de Domptail qu’il dise à Mon futur Pasteur d’attendre pour
partir ; car Je l’aimerais Prêtre de Mes brebis.
Pour Mon pasteur de Portieux, qu’il vienne au lieu Béni. Je le récompenserai.
Mes enfants, Je vous donne une bénédiction chargée de tendresse".
Dans le salon de M. Dumondel, à Portieux, vers 5h. Notre Seigneur :
« Mon enfant, Je n’attendais que ton désir pour que mes deux pasteurs aient la
grande joie de te connaître. (M. l’abbé Bernardin de Clefcy et M. l’Aumônier de
l’Hôpital de Fraize).
Pour ton frère (neveu de M. le Curé de Portieux) qui est en exil, il est sous le
manteau de sa Maman du Ciel. Je mets Ma bénédiction sur ce presbytère. »
Mercredi 16 Mai 1945 :
A 2h 30, dans la salle à manger du presbytère avec M. l’abbé Gaire, Sous Marie
Daniel, Me Arthur Colin, Melle Poser Luc, nous récitâmes le chapelet à toutes
les intentions.
A la 3° dz. Les Aves s’évanouirent, le voile qui s’entouvrant légèrement, me
montra dans une immense auréole de lumière la Très Sainte Vierges entouré d’une
couronne d’étoiles. De Ses bras étendus jaillissaient des rayons qui arrivaient
jusqu’à nous.
Toute souriante, Elle regarda Ses enfants, puis Jésus parla et pendant le
message Son doux regard ne quitta pas M. l'abbé Gaire.
Notre Seigneur suavement parla :
"Mes enfants, Je suis heureux de vous contempler à genoux priant Ma Divine Mère,
vos "Ave" montant vers Elle forment des couronnes.
"Mon fils, Prends Ma Divine Mère comme Reine. Sois un apôtre de paix et d'union.
Demande à ta souveraine de te dicter les paroles qui toucheront et ramèneront
les cœurs. Demande-lui les vertus nécessaires pour être un apôtre. Elle en donne
un si bel exemple : crainte, amour, confiance en Ma Toute-Puissance, zèle,
douceur, humilité. Demande-lui de t'aider à porter ta croix, car il n'y a pas
d'apostolat sans souffrance. Elle qui fut Ma Coopératrice pour le rachat des
âmes t'aidera à devenir apôtre dans la souffrance. Que ton âme s'ouvre bien
grande à l'action du Paraclet. Apprends à goûter et à aimer les choses de ton
Père.
Que ta vie intérieure se résume en trois mots :
Cœur, générosité, bonheur.
Que ton cœur soit de feu, pur surtout afin qu'il soit comme un lys délicat. Le
cœur c'est le centre de tout.
Sois généreux pour te renoncer et t'humilier! Que ta vie spirituelle consiste à
immoler ce à quoi elle tient le plus. Dilate ton cœur dans les grâces de choix
que tu reçois et rayonne ton intime bonheur. Aux heures de souffrance plonge toi
dans le Mien tu y trouveras la force.
Dans tes paroisses certaines familles me font beaucoup souffrir mais elles
expieront et reviendront à Moi. Comme tous Mes autres pasteurs tu passeras par
l'épreuve. Sois bien confiant, Je serais toujours auprès de toi.
Pour Mon Epouse (Sœur Marie Daniel) l'heure n'est pas venue pour que Je lui
donne son message. Qu'elle continue à se sacrifier car de plus en plus Il Me
faut des âmes réparatrices.
Pour ta sœur (Melle Aline Rhote) malade, elle pourra partir se faire soigner,
mais qu'elle garde toujours confiance, la guérison entière viendra.
Pour Mon enfant prisonnier (neveu de Melle Luc) dis à tas sœur qu'il sera
bientôt parmi les êtres qui lui sont chers.
Pourquoi me demandez-vous toujours de veiller sur vos prisonniers ? Vous en avez
l'assurance. N'insistez pas.
Pour toi, je te permets ce voyage (Dijon), pendant ces trois jours Je resterai
silencieux. Ne révèle aucune de tes grâces à Mes épouses. Il faut que ton Père
lui-même les mette au courant.
Pour cette mère de famille (Mme Arthur Colin) Je suis près d'elle, pour porter
sa lourde croix. Qu'elle soit toujours bien résignée et Je la comblerai dans
ses enfants.
Recevez Ma bénédiction pleine d'amour".
La Très Sainte Vierge bénit puis remonta au Ciel, les yeux fixant l’Infini. Le
voile me cacha cette pure beauté. Tout en mon âme chantait, je n’arrive pas à
réaliser que je suis choisie pour recevoir d’immenses grâces. Merci, ô mon Jésus
!
Dimanche 20 mai 1945 :
Solennité de la Pentecôte
A l’offertoire au milieu de la niche de l’autel une colombe blanche entourée
d’un cercle doré vint s’arrêter là. Des rayons jaillirent qui enveloppèrent mon
Père. A l’élévation Jésus dans l’invisible me dit suavement :
« Ma Jeannette
A 1h vient réciter ton chapelet à Mes Pieds, Je te donnerai un message qui sera
pour ton Père et pour toi. Je bénis tous Mes enfants".
Au pied du tabernacle je récitai mon chapelet, ce fut à la 3° dizaine que toute
unie à Jésus j’écoutai dans le ravissement Sa voix prenante qui me disait :
"Mes deux enfants,
La sanctification doit être le principe de toute votre vie intérieure car elle
est votre but et votre idéal. Mon Esprit-Saint promoteur de la grâce et auteur
de votre sanctification achève l’œuvre divine sur la terre.
A l’heure actuelle le don le plus méconnu est celui du conseil.
Au siècle que vous vivez combien d’âmes restent sourdes. La vie est agitée,
trépidante, les hommes poursuivent un but qu’ils abandonnent le lendemain pour
un autre qui semblera meilleur.
Les âmes s’extériorisent trop, ayant peur de réfléchir et de vivre en elles, dès
lors elles ne prêtent pas attention à la voix qui ne se fait entendre que dans
le silence et la solitude, c’est précisément le défaut de vie intérieure qui
nuit le plus à l’épanouissement de ce don. Que de bien se réaliserait par ce
don. A tous les degrés de l’échelle sociale, ce don est méconnu. Les Chefs
d’Etat ne veulent pas reconnaître qu’il existe une Puissance au-dessus d’eux qui
les guiderait pour résoudre les problèmes les plus compliqués. S’ils invoquaient
le Père des Lumières, ils entraîneraient les masses vers les hauteurs au lieu de
les diriger vers les abîmes. Certains entendent cette voix, mais très peu ont la
docilité d’y répondre. Ils sont le culte de leur propre personnalité, ils ne
veulent juger que par eux-mêmes. L’inspiration de la grâce est considérée comme
une chose accessoire.
Mes deux bien-aimés,
Mon souffle divin enflamme vos âmes et Ma lumière vous inonde jusqu’au plus
intime de vos âmes. Que votre amour grandisse pour l’Esprit-Saint, car Il est le
distributeur des dons, Le Consolateur plein de bonté, l’Hôte aimable de vos âmes
et la Douceur qui apaise. Mon Bras Puissant peut seul vous soutenir et vous
aider à gravir le dur chemin qui mène au Ciel.
La prose de la Pentecôte est un cri d’espérance, un cri d’amour. Elle est la
plus belle Communion spirituelle. La prose de Pâque dans un dialogue lyrique
chante Ma Résurrection avec des accents admirables, mais la prose de la
Pentecôte est d’une tendre délicatesse, d’une amoureuse confiance, débordante de
joie et d’amour.
Je voudrais qu’elle fasse naître en vos cœurs un amour plus ardent pour le doux
Hôte de vos âmes. C’est une prière de foi et d’humilité, car elle répond
parfaitement aux aspirations et aux besoins des âmes. La Pentecôte est le
couronnement de Mon Œuvre. Noël et Pâques sont la base, la Pentecôte est le
montage, le couronnement, l’achèvement de ce que J’ai fait pour les hommes.
C’est la force du feu de saisir et d’enflammer tout autour de lui, c’est la
force du feu de la Pentecôte d’enflammer tout autour de lui. Plus votre abandon
sera entier, plus Mes admirables opérations seront pleines en vous et plus Mon
action est pleine en vos âmes, plus aussi elle y répand Ma sainteté. Mes deux
enfants, Je vous bénis avec Amour".
21 mai 1945 : Lundi de la Pentecôte
La Très Sainte Vierge avec un voile noir, au-dessus d’Elle une banderole en
lettres dorés :
«l’ouragan va fondre sur la France. Priez ».
Notre Seigneur : « Mes enfants, l’action de grâces doit tenir une très grande
place dans vos prières, car Ma bonté précède tous vos actes et environne votre
vie de toutes parts. Toute votre action est au dedans de vous. C’est l’huile qui
dans la lampe donne à la flamme tout son éclat. C’est la valeur de vos richesses
intérieures qui mesure la grandeur de votre influence. Soyez des étendards
vivants. C’est là le symbole de votre influence.
Pour Mes pasteurs, Je les veux semeurs de pureté et d’idéal, mais il faut
qu’avant de jaillir de vous comme une source vive de cette pureté se soit
accumulée, goutte à goutte, dans tout votre être par des victoires et des
délicatesses d’âmes de plus en plus exigeantes afin que vous en soyez tellement
pénétrés qu’elle transparaisse à votre insu, dans votre physionomie, dans vos
yeux, dans votre attitude, partout où vous passerez. Soyez BONS, c’est là, le
grand, l’irrésistible moyen d’exercer une influence en attirant les âmes.
Cherchez avant tout à augmenter votre être et pour cela venez à Ma source. Je
suis la véritable influence qui connaît les cœurs et les dirige à Ma guise par
le souffle de Mon Esprit-Saint qui peut seul toucher certaines profondeurs
inaccessibles à vos efforts humains. Le dernier mot de l’influence est
l’humilité. Vous devez Me prier, Moi qui suis le Maître de la récolte, de
féconder vos sillons afin que germe pour Ma gloire dans le champ des âmes la
petite graine de votre influence.
Mes deux filles,
que Je sois de plus en plus le lien de vos âmes, le but de votre vie, votre
force, votre joie. Prenez modèle sur Ma Très Sainte Mère qui est Mère admirable.
Elle a toujours correspondu à Mes voix par une humble obéissance, une humilité
vraie, un désintéressement complet de ses vues pour ne plus se conformer qu’aux
siens.
Je voudrais que votre attitude se résume dans deux vertus admirables de grandeur
: l’humilité, l’amour. Cette année sera pour vous l’année du grand don : Vous
M’appartiendrez absolument, car J’aime les holocaustes parfaits.
Je bénis le voyage de Mes pasteurs. Qu’ils ne craignent pas. Ma divine Mère
étend Son manteau sur eux.
Pour Mon pasteur de Domptail, qu’il soit très sévère pour ses jeunes gens et
jeunes filles. Tous ces bals seront bientôt anéantis et les brebis noires
exterminées. Qu’il s’attende à la persécution. Moi aussi, J’ai été calomnié.
Qu’il supporte toutes ces épreuves avec courage et qu’il fasse le plus de bien
qu’il pourra. Je demande à mon malade d’attendre (M. Auguste Lacaille avait
demandé s’il devait aller aux Eaux à Bourbonne-les-Bains).
Ses souffrances sauvent un grand nombre d’âmes. Par lui, beaucoup sont dans Mon
Ciel.
Pour ton frère qui souffre, il porte sa croix. Il Me faut des âmes pour réparer
les péchés qui se commettent dans les villages. Mes enfants, Je vous bénis ».
Jeudi 24 mai 1945 :
A Dijon, dans la salle à manger de M. Courtois, avec sa famille et une amie de
Simone, à 3h30 nous avons récité le chapelet aux intentions de tous. La Très
Sainte Vierge apparut en blanc, couronnée de roses blanches sur un nuage, les
bras étendus. Elle arriva souriante ; des mains jaillissaient des rayons ;
suavement, de Sa voix pure, Elle me dit :
« Mon enfant, Je Me manifeste ce soir pour faire descendre sur ce foyer Ma
bénédiction la plus chère. Dis à ta sœur qui est Guide que Mon Divin Fils la
voudrait toujours plus entraînante et plus pieuse. Il la comblera dans ses plus
chers désirs et parmi ses filles, se choisira des épouses. Pour ta sœur
(Marie-Thérèse Courtois) qu’elle soit toujours le rayon de soleil. Elle aussi
sera comblée. Mes enfants, Je vous bénis ».
Le même soir, à 8h dans la chambre de la Visitation, Jeannette récite son
chapelet pour savoir si elle peut aller à Paris. Elle entend la voix douce de la
Très Sainte Vierge qui lui dit :
« Mon enfant, pars visiter la Capitale. Tu verras combien la vie est chère et
les esprits révoltés. Je bénis ton voyage ».
Lundi 26 mai 1945 :
A 2h, dans la salle à manger du presbytère, avec Mon Père, Ms les curés de
Domptail et Xaffévillers et M. l’abbé Delagoutte, nous avons récité le chapelet,
surtout pour M. le Curé de Domptail qui avait perdu la clef de sa voiture. Au I°
chapelet, nous n’avons rien reçu. Au 2° de même. Mais la clef fut retrouvée et
au 3°, dans l’invisible, Jésus, gravement me dit :
« Mon enfant, Je bénis le voyage de Mon Pasteur (abbé Briot).
Il pourra partir à
Paris. Là aussi, Je serai près de lui.
Pour l’autre pasteur (Abbé Delagoutte) Je le récompenserai. Tu auras dans ta
chambre un message spécialement pour son âme.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Mardi 29 mai 1945 :
A 9h30 du soir, dans ma chambre, aux pieds de ma statue, je récitais le
chapelet. Ce fut au dernier Ave fleuri que Jésus suavement me dit :
« Ma Jeannette, dans le silence intime de ta chambre, Je vais te donner le
message qui sera pour l’âme de Mon Pasteur qui a une confiance très profonde et
qui est pour Mon Divin Cœur l’enfant bien-aimé.
Mon enfant bien aimé,
Comme les Mages tu peux dire : J’ai vu l’étoile. Elle s’offre sans cesse à ton
regard et te rappelle que tu n’es pas de cette patrie, que tes yeux comme ton
cœur doivent chercher plus haut. Monte, élève ton âme, c’est ton but et c’est
une tâche difficile que cette ascension de chaque jour. Prière, communion,
esprit de sacrifice tels sont les trois grands échelons que Je te propose.
Prier, c’est mettre dans ta vie de la force, de la lumière et de la joie. Seul,
tu ne peux rien. Avec Moi, tu affronteras sans trembler les plus grandes
difficultés. Par la prière, tu diviniseras toutes tes actions en leur donnant
une valeur infinie. La plus belle des prières c’est la Sainte Messe. Tu
participes au même pain et tu prends place dans la pieuse chaîne de fraternité
et de vie dont Je suis à la fois le point de départ et le terme. J’ai besoin
d’être dédommagé dans Mon Amour méconnu. Deviens un vaillant à Mon service.
Laisse faire celui qui t’aime. Oppose quand même et surtout l’invisible
confiance de l’enfant qui croit, regarde, qui aime et s’abandonne. Partout, tu
dois être source de vie. Donne toi, car le don de soi est une source de mérites
et de sainteté. Un des mots les plus doux du langage humain, celui que personne
ne prononce jamais sans que son âme entière ne tressaille d’émotion intense,
qu’il soit à l’aube ou au couchant de la vie, c’est le nom de Mère. C’est le mot
divin que J’ai prononcé durant Ma vie terrestre. Par ce doux nom, salue Ma Très
Sainte Mère, personne ne le mérite plus qu’elle. Il est Son meilleur titre de
gloire. Marie est pour toi une Mère. Elle répand sur toi Ses faveurs célestes.
Elle est à chaque instant la Mère de la Divine grâce et de la miséricorde. A
tous les instants de Sa vie, Marie fut fidèle à la grâce. C’est une chose
essentielle que tu dois imiter comme toutes Ses vertus, mais c’est par la
fidélité que tu arriveras au reste. Sur ta famille, Je répands Mes flots d’Amour
et de bénédiction. Pour toi, Je te bénis tendrement.
Mon enfant, Je vais Me retirer. Incline-toi. Je te bénis ainsi que ton Père ».
Mercredi 30 mai 1945 :
Dans l’après-midi, au presbytère avec M. le Doyen de Charmes, M. l’abbé Gaire et
Mme Charles Colin dont le fils est prisonnier. La Très Sainte Vierge avec un
cœur d’anges autour d’elles. Notre Seigneur parle :
« Mes enfants, chacun de vous, suivant la vocation que Je vous ai donnée et les
circonstances dans lesquelles vous travaillez, a sa tâche patriotique à remplir,
dont la vie de Sainte Jeanne d’Arc fut l’admirable modèle.
Agissez vaillamment, sans vous laisser décourager par l’ampleur du travail, vous
souvenant que Je ne demande jamais l’impossible. Il y a des missions sublimes
qui s’exercent dans l’éclat des hauts faits retentissants ; il y a des missions
obscures, pas nécessairement moins belles ni moins méritoires, mais qui ne
comportent que la pratique monotone des humbles devoirs de chaque jour. La
grandeur d’un pays est faite de l’accomplissement ponctuel des uns et des
autres. Vous jouissez mieux de ce que vous obtenez avec peine et lenteur. Ce qui
vient trop vite et sans effort de votre part vous affecte beaucoup moins. C’est
comme l’eau qui coule sur votre corps sans laisser les traces de son passage. La
conséquence d’une trop facile acquisition des trésors spirituels serait
l’indifférence et peut-être une téméraire prodigalité. Le temps n’est rien pour
Moi. Je pourrais, en un instant, comme un éclair, vous inonder de Mes faveurs
mais le temps est pour l’homme la condition de la vie et du développement. Pour
Moi, Je n’en ai pas besoin, mais la nature de l’homme le réclame comme
préparation nécessaire, comme l’élément de la croissance et du progrès, et la
prière fervente qui continue sans jamais se lasser est elle-même, malgré Ma
sagesse, une préparation nécessaire aux bienfaits du Ciel. Comme un bon Père, Je
contemple avec bonheur ce travail divin, Je vois tout le bien que fait à vos
âmes une prière fervente, Je vois vos cœurs s’élever peu à peu et se détacher de
la terre ; alors Je diffère et J’attends et cette lenteur que vous accusez en
Moi est une preuve de Mon Amour. Sachez aimer, ne cessez pas de marcher vers le
Ciel en regardant les lys des champs. Au contraire, laissez vos âmes vibrer à
l’unisson des choses. Vous aurez un cœur plus humain et vous reproduirez Mon
geste qui s’est attardé sur les splendeurs créées pour y contempler les traces
de l’éternel Amour.
Il ne faut pas extirper l’amitié de vos âmes, puisque J’ai aimé Saint Jean ; au
contraire, il faut respecter fort les affections humaines et exiger qu’elles
soient limpides comme des regards d’enfants et fortes comme la mort, puisque
J’ai aimé les Miens jusqu’à donner Ma vie pour eux.
Pour Mes Pasteurs, J’attends qu’ils attendent avant de mettre au courant ces
âmes privilégiées. Il faut que le Prince de l’Eglise soit prévenu. Que ton Père
soit en paix, ce sera dur, mais Je serai là pour l’éclairer.
Pour cette maman éplorée, qu’elle soit bien confiante, son fils sera bientôt
près d’elle. Pour ta sœur qui souffre, Je ne peux rien pour elle ; elle aurait
reprit Ma Divine Mère, Je la guérirais, mais elle n’est pas assez confiante,
elle souffrira. Mes enfants, Je vous bénis ».
Jeudi 31 mai 1945 :
Avec Mme de la Burthe et Mme Louis, à 5h.
La Sainte Vierge couronnée d’étoiles, sur un nuage, les bras étendus, entourée
de rayons. Notre Seigneur :
« Mon enfant, au dernier soir du Mois de Mai, Je vais te donner un message sur
Ma Très Sainte Mère qui est Reine de Paix. Rien ne peut être plus doux que cette
invocation. Aux jours que vous vivez, ce n’est que haine, discorde et révolte.
Et les cœurs voudraient tant la paix. Quand Je suis venu sur cette pauvre terre,
J’ai apporté avec Moi la paix. Et au-dessus de Mon berceau, les anges chantaient
: Paix aux hommes de bonne volonté. La paix, combien la désirent. La famille la
voudrait pour que le bonheur règne entre ses membres. La nation, pour prospérer
et grandir ; les cœurs pour se dévouer et s’épanouir. Demandez à Ma Très Sainte
Mère de vous donner cette grande confiance et, plus tard, la France sera un
royaume de paix.
Pour cette jeune fille, Je lui demande de prendre celui que son cœur aime le
plus. Je la laisse choisir. Et ce qu’elle fera sera bien, car Je lui donnerai
Mes lumières. Je les bénis tout deux.
Pour ta sœur qui souffre, elle est liée à Ma Croix, c’est une immolée, et dans
ses grandes souffrances, Je suis près d’elle. Plus tard, dans un message qui
sera pour son âme, elle trouvera les paroles de réconfort.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Samedi 2 juin 1945 :
A 8h30 au chapelet familial :
"Ma Jeannette, avant que Ma Très Sainte Mère ne quitte cette chambre. Je vais
donner à Mon Epouse un message qui lui enseignera l’esprit de pauvreté :
Ma fille, Je mets la pauvreté, le dégagement des biens de la terre à la base de
Ma Doctrine pour bien faire comprendre que ces biens sont relatifs, véritables,
inférieurs par la même, en face de Moi qui suit l’Unique Bien suprême et absolu.
Je donne à la pauvreté, une récompense, Mon Royaume. Je mets au point la vie
humaine en face de Ma Vie Divine, la Vie temporelle en face de la Vie Eternelle.
Cette Vie Eternelle, Divine, est la Vraie Vie à laquelle tu dois aspirer en
passant sur la terre. La terre est le chemin, le ciel, le terme du voyage. Il
faut que tu passes à travers les biens de la terre sans y mettre ton cœur et
réserver ton cœur pour les biens éternels. Sois fidèle à te renoncer afin que Je
t’éclaire sur toi-même. Reste confiante, infiniment confiante même surtout si le
sentiment de cette confiance fait défaut. La confiance doit sortir des racines
de l’âme et non de la surface. Croîs de plus en plus, Ma fille, en cette grâce
que Je te donne si abondamment, par une fidélité toujours plus généreuse. Le
renoncement est la bonne part des âmes religieuses. Chante le Magnificat ; le
chant est un signe de la vigueur spirituelle. Continue à vivre de Ma pensée et
de Mon Amour ; efface-toi pour Moi qui Me suis anéanti pour toi.
Ma chère grande fille, porte joyeusement et constamment le cher et désirable
calice de Ma Sainte Volonté, de moment en moment, l’aimant, la bénissant,
qu’elle te crucifie ou te sourie.
Je choisis parmi toutes mes œuvres sorties de Mes Mains quelques vases plus
précieux que les autres pour les admettre dans Ma maison à la place d’honneur et
afin de faire éclater davantage les richesses de Ma puissance et de Ma bonté. Je
voudrais que toutes Mes Epouses aient un cœur d’or par l’ardeur, la pureté,
l’intensité de leur amour, qu’elles se rendent agréables par la pratique des
vertus qui sont le plus bel ornement de leurs âmes, qu’elles entretiennent avec
soin le parfum d’une vraie et solide dévotion qui les élèveraient sans cesse
vers MOI.
Sur l’Océan du monde où il y a tant de naufrages, Ma fille, invoque l’Etoile du
matin qui est Ma Divine Mère ; par Sa bienfaisante lumière, Elle te conduira au
port de la Bienheureuse éternité. Mes enfants, aimez à répéter pieusement ce
doux Nom de Marie qui vous rappelle Sa gloire et Ses douleurs. Soyez soumis à
votre Souveraine en suivant la lumière qui vous conduira près d’Elle, afin de
partager ses joies après avoir, en union avec Elle, supporté la douleur. Je vous
bénis ainsi que ce foyer ».
LUNDI 4 JUIN 1945 :
Au chapelet de 3h. au presbytère avec Mrs les curés de Xaffévillers et de
Domptail.
La Très Sainte Vierge avec des rayons autour d’elle, les bras étendus. Un
nuage La portait.
Notre Seigneur, dans l’invisible :
« Mes enfants, l’Eucharistie produit dans vos âmes des effets merveilleux. Mon
corps augmente dans vos âmes les richesses de la grâce en y affermissant le goût
des choses spirituelles, en y rendant plus vives les ardeurs de la charité et de
l’amour.
De même qu’une nourriture généreuse donne l’éclat au sang et fait fleurir la
santé, ainsi l’Eucharistie excite en vous une faim spirituelle qui renaît sans
cesse pour être sans cesse apaisée.
Mon Corps vous fortifie contre les embûches du démon, vous soutient dans les
épreuves de la vie et donne à vos âmes le céleste éclat de la pureté pour y
nourrir les vives ardeurs de la charité et de l’Amour. Les coupes de l’adversité
ne peuvent rien contre celui qui communie dignement. Les œuvres de la Justice et
de la Miséricorde sont plus faciles en celui qui Me porte, car Je suis l’Auteur
de la Justice et le Dieu de la Miséricorde.
Je suis profondément peiné du refus de l’âme que J’avais appelé au Sacerdoce. Je
ne puis rien faire. Dans quelques temps, il regrettera, car Ma grâce le
touchera.
Pour Mon Pasteur de Domptail, Je lui donnerai les lumières pour éclairer son
âme. Il n’a pas besoin de messages. Ma grâce intérieure fera plus de bien.
Pour l’autre Pasteur (Abbé Mary, Curé de Saint-Jean-sur-Marne, fondateur du
Séminaire des Vocations Tardives) qui est un saint prêtre, Je lui parlerai par
toi. Lui aussi verra de belles choses.
Mes enfants, priez. Pour toi, Ma fille, ta vie sera une souffrance, car tu
sauves des âmes et, plus tard, tu pourras obtenir des guérisons. Je vous bénis
».
Mardi 5 juin 1945 :
A 2h. au presbytère dans la salle à manger avec mon Père, Monsieur Jacques
Michel venu prier pour connaître sa vocation et Melle Aline Rhote nous avons
récité le chapelet aux intentions de Mon Père, de ce jeune homme en particulier.
Au Ier chapelet le Ciel resta fermé, à la 3è dizaine du second chapelet, la Très
Sainte Vierge se montra dans un champ de lys. Elle arriva toute souriante, et
regarda longuement Monsieur Jacques Michel.
Notre Seigneur, dans l’invisible, de Sa voix prenante, dit :
« Mon enfant ; dis à mon petit (Jacques Michel) venu chercher les lumières au
Lieu Béni que Je l’avais choisi pour être un de Mes fervents disciples.
Maintenant, Je lui tends Mes Bras ; à lui, de se jeter sur Mon Cœur, car
J’attends son humble Fiat.
Je ne veux pas lui imposer Ma volonté, Ma voix se fait entendre au plus intime
de lui-même.
Plus tard, s’il devient un de Mes pasteurs, Je lui donnerai de plus grandes
joies que dans le mariage ; certes, ce sacrement est très beau, mais il est plus
beau encore de se donner tout à Moi, car il sauvera beaucoup d’âmes et par sa
générosité, ses sacrifices, son amour, sa charité, il pourra devenir un saint
prêtre, et c’est ce que Je veux dans Ma France nouvelle.
Je le bénis tendrement et si son Fiat est dit Je lui donnerai dans quelques
temps un message splendide sur le sacerdoce.
Ma fille, tu insistes pour que ta sœur malade (Melle Aline Rothe)
ait une
amélioration. Ne crains pas : les beaux jours sont proches et celui que tu vois
tant souffrir chantera bientôt Magnificat.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Pendant le message la Très Sainte Vierge se baissa, cueillit un lys, le garda
quelques minutes dans Sa main et le posa sur son cœur. Elle monta vers le Ciel,
en tenant sur sa poitrine le lys. Ce fut très impressionnant, car Elle donna à
Jacques Michel un regard chargé d’amour. Pour Melle Rhote ce fut un regard de
confiance, avant de disparaître. Elle bénit lentement.
Mercredi 6 juin 1945 :
A 10h. du soir, dans ma chambre, à genoux devant ma petite statue, je récitais
les trois dizaines d’Ave fleuris. Ce fut dans les quelques minutes de
recueillement que Jésus suavement me dit :
« Ma Jeannette, ne te déconcerte jamais de l’inutilité de tes efforts, c’est
déjà beaucoup de voir tes lacunes, mais c’est mieux de recommencer tous les
jours à travailler contre elles. Je ne demande pas des victoires, mais seulement
un travail persévérant.
Il y a des tristesses nombreuses en cette vie, ce n’est guère que cela,
cependant, il faut garder une âme sereine et une volonté ferme parmi les
tribulations, parce que ce sont ces tribulations qui te vaudront la béatitude du
Ciel.
Tu as de méchantes humeurs, tâche de les dominer. Quelle belle victoire que
celle-là. Tu as grande envie de te plaindre : retiens cette plainte entre Moi et
toi. Ne laisse rien tomber, l’ennui, la tristesse, ne les laisse pas pénétrer
jusqu’au cœur, coupe court, secoue ta volonté engourdie.
On ne fait pas attention à toi, on te parle sur un ton qui ne te va pas, laisse
tomber, monte plus haut.
C’est ainsi, ma fille, que tu te travailleras, que tu t’amélioreras peu à peu.
Recommence le combat chaque matin. Ma grâce ne te manquera pas, écoute bien,
fais toi calme, silencieuse d’âme, recueillie au-dedans, car Ma parole saura te
refaire, te relever, te réconforter. Courage toujours.
Tu as soif de beauté, pour couvrir tes laideurs, soif de purification pour ne
plus voir tes péchés, soif d’énergie et de ressort pour échapper à tes
désolantes faiblesses, soif de tendresse pour satisfaire ces appels incessants
du cœur qui abattent ton pauvre être ; tout cela tu le trouveras sur Mon Cœur.
Laisse faire tout ce que Je voudrai, tu verras comme ta vie sera changée. J’ai
pour tes pieds la terre ferme de la foi, pour tes mains un point d’appui divin,
pour tes yeux une image réconfortante et douce, pour ton âme un soutien que rien
au monde ne pourra t’enlever. Cultive surtout le sacrifice de tes goûts, de tes
envolées nuageuses, de cette liberté qui te fait envie. Compte sur Moi, que
J’entre dans ta vie de pensées, d’actions, de souffrances et de joies.
Deviens tout enfant, toute simple avec Moi.
Tu es faite pour vivre d’intimité et de douce confiance.
Dans quelques mois, tu seras Mienne, toute cachée aux regards des créatures. Tu
ne vivras que dans le silence et l’oubli. Tu seras enveloppée de recueillement,
car cela te manque beaucoup et J’ai hâte que tu quittes le monde.
Le silence saisira ton âme et la portera à Mes pieds.
Tu jouiras du monastère dans sa douce solitude ; fais Ma Volonté, surtout par
amour, tout est là.
Mets ta nature dans le haut-fourneau, alimentée par une foi ferme. Est-ce que
ton cœur n’est de ceux qui réclament des communications, des échanges intimes
profonds. Il n’y a que Moi qui peux mieux te répondre, mais cela se fera quand
tu auras tout quitté. Le monde n’existera plus car tu seras engloutie dans Mon
Cœur.
Ma Jeannette, les jours du grand départ sont proches. Sois bien douce et bien
humble. Je te bénie avec Mon immense amour, car J’aime à l’infinie Mon petit
Rubis".
Jeudi 7 juin 1945 :
Au presbytère, à 1h30, nous avons récité le chapelet avec mon Père, sœur Marie
Danièle, pour plusieurs intentions. A la 4ème dizaine, Jésus gravement me dit :
« Ma fille, Je bénis le voyage de Mon Epouse (sœur Marie Danièle).
Ton Père peut
mettre au courant Ma fille (sœur Marcot). A toutes les deux, Je leur demande
beaucoup de prier pour toi. Tu vas en avoir grand besoin, car satan va
s’acharner. Plusieurs âmes te trahiront. Il faudra que tu passes par de grandes
épreuves, comme ta sœur (Adeline) tu seras reniée.
Maintenant, Je défends formellement de mettre aucune personne au courant de tes
messages.
Pour les âmes qui désirent les lumières, Je les éclairerai.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Vendredi 8 juin 1945 :
Au chapelet de 4h., dans la salle à manger du Presbytère, avec Mrs. les Curés de
Xaffévillers et de Domptail :
Le Cœur de Notre Seigneur entouré de flammes.
Notre Seigneur, de Sa voix grave :
« Mes enfants, la fête de Mon Sacré Cœur est le jour de salut et de bénédictions
éternelles pour tous ceux qui l’honore d’un cœur simple et sincère.
Aimez ce Divin Cœur et tachez de vous conformer en tout à Lui.
Je veux faire arriver Mon Règne d’Amour dans tous les cœurs pour y détruire et
ruiner celui de satan. C’est Mon plus grand désir et je promets de grandes
récompenses à ceux qui, de bonne volonté s’y appliqueront de tout leur cœur,
selon le pouvoir et les lumières que Je leur donnerai.
Mon Divin Cœur régnera, malgré tous ceux qui s’y opposeront et satan demeurera
confus avec tous ses adhérents.
Heureux seront ceux que J’aurai choisis pour établir Mon Règne.
Pour tes messages, les Pasteurs pourront toujours les connaître. Ceux que Je ne
permets plus, ce sont les personnes qu’ils voudraient mettre au courant. Si
c’est une chose très grave, demandez et priez. Je vous répondrai. Soyez très
prudents.
Mes enfants, de Mon Divin Cœur coule sur vos âmes un immense fleuve de
bénédictions".
Samedi 9 juin 1945 :
A 9h. du matin, dans la salle à manger du Presbytère, mon Père, Melle Madeleine
Dubach et Melle Rhote, nous récitions le chapelet aux intentions de Melle Dubach
qui venait prier pour un cas très grave. Le chapelet récité, le Ciel resta
fermé.
A 10h15, dans ma chambre, nous en récitions un second, ce fut de même, Jésus
resta silencieux.
A 1h, toujours dans ma chambre, nous recommencèrent un 3ème pour implorer le
Ciel de nous donner des lumières.
A la 4ème diz. dans le silence, Jésus, dans l’invisible, me dit gravement :
« Ma fille, dis à ta sœur (Melle Dubach) que Je veux faire passer cette âme par
la souffrance (Mme Lapierre). Je veux l’éprouver ; comme l’or par le creuset.
Qu’elle embrasse toutes les occasions de souffrance amoureusement, comme les
gages précieux de Mon Amour. Souffrir en silence ; c’est ce que Je lui demande.
Mon Divin Cœur n’est que douceur, humilité, patience. Il faut savoir attendre,
car Il sait faire chaque chose en son temps.
Pour ta sœur (Melle Mad) qui prie avec toi, Je veux vivre au-dedans de son âme,
comme un germe de vie éternelle. Je veux y vivre, régir et commander, donner
tous les mouvements à ses occupations et être l’objet de ses affections.
Je vous bénis ainsi que son retour. »
Lundi 11 juin 1945 :
En présence de M. et Mme Geisler, la Sainte Vierge portée sur un nuage, entourée
d’une couronne de roses rouges. Elle avait les bras étendus et de Ses mains
jaillissait des rayons qui arrivaient sur chacune des personnes.
Souriante, Elle regarda Ses enfants, ensuite, gravement, Jésus, dans
l’invisible, me dit :
« Ma fille, à ces deux âmes (M. et Mme Geisler) venus en pèlerinage au Lieu
Béni, Je vais les récompenser.
Mes deux enfants, laissez aller vos âmes au sentiment de la reconnaissance.
Cette vertu est une plante rare sur la terre aride et desséchée. Travaillez à en
inspirer l’amour et la pratique autour de vous. L’amitié prodigue l’activité, le
dévouement, le sacrifice ; de même la charité développe dans vos âmes la ferveur
du dévouement et du sacrifice. Cette affection, comme toute affection, appelle
sa preuve qui est l’action, car tous ce qui est amour est fait avec fermeté,
spontanéité, zèle et allégresse.
En concentrant toutes les ferveurs de vos âmes, la charité devient au-dedans de
vous-même une magnifique puissance d’action, une source impérieuse et
jaillissante qui draine toutes vos énergies et les portent à Mon service.
Soyez les branches attachées au cèpe.
Soyez les membres rattachés au cœur et vous ferez des choses merveilleuses.
Vos âmes unies se sanctifieront d’une manière merveilleuse et Moi, J’agrandirai
cette perfection. Servez-vous de votre joie pour ensoleiller la vie de vos
frères, de vos paroles pour les soutenir, de votre esprit pour les éclairer, de
vos biens pour les aider, de votre influence pour les consoler, de votre cœur
pour les aimer.
Multipliez les actes d’amour et vous aurez au centre de vous-même une source de
bonheur qui chaque jour deviendra plus abondante et plus délicieuse.
Ma Divine Mère a souffert comme vous. Elle vous comprend et saura vous donner
les consolations.
A toutes les familles qui ont des disparus, martyrs des barbares, leurs âmes
sont dans la nacelle de Ma Très Sainte Mère ; pour eux, le Purgatoire n’existe
pas ; ils prennent leur essor vers le firmament.
Mon Divin Cœur se penche avec Amour sur ces mères et épouses broyées par la
douleur et je verse sur leurs âmes le baume qui les soulagera.
Je bénis le voyage de ta sœur (Mme Geisler), qu’elle prie souvent sa mère du
Ciel, afin qu’elle soit enveloppée dans Mon Manteau. »
(Jésus, s’arrêta aux pieds de la Très Sainte Vierge, je vis une vision
d’horreur, la plus terrible qu’on puisse penser. Jésus reprit :
« Cette vision, garde-là secrète ; tu peux dire aux Pasteurs que cela concerne
la mission de ta sœur (Adeline).
Priez, priez pour elle, car plus que jamais, elle en a besoin.
Mes enfants, pour vos intentions : Je vous éclairerai.
Je vous bénis avec Ma grande tendresse. »
Mercredi 13 juin 1945 :
Avec mon Père, M. l’abbé Gaire, M. et Mme Albert Georges et leur fils André, à
la Verrerie de Portieux. La Très Sainte Vierge souriante. Dans l’invisible,
Jésus me dit :
« Je vais donner à Mon malade un message qui élèvera son âme :
Mon fils, songe qu’aux heures de grandes souffrances s’ajoute une fleur de plus
à ta couronne. Crois à Mon amour, à Mon grand amour pour toi. Apôtre tu l'es,
par l’abandon total à Mes mystérieux vouloirs. Je sais ce que c’est que la
tristesse et l’angoisse. Moi aussi, J’ai passé par ces heures de cruelle agonie.
Tu es apôtre dans tout le terme de la souffrance et du sacrifice. Sois bien doux
et patient envers la croix de ton sauveur au calvaire. Je bénis particulièrement
ton petit que J’ai choisi pour être un de Mes disciples. Je bénis Mes pasteurs
et Je fais descendre sur ce foyer Ma bénédiction la plus chère".
Samedi 16 juin 1945 :
La Très Sainte Vierge avec des rayons autour d’elle, les mains jointes, une
couronne de roses blanches autour de Sa tête.
Notre Seigneur :
« Mon enfant, le message que tu vas recevoir sera pour ta sœur et pour les deux
âmes qui n’ont pu venir, mais qui sont de cœur avec vous.
' Mes filles, demandez à votre Mère du Ciel d’obtenir par vos pratiques de
dévotion en Son honneur, de moissonner de nombreux mérites pour la vie éternelle
que Je vous ai préparée.
Que vous moissonniez la foi, l’espérance, la charité, la douceur et la
persévérance. Vous êtes des fleurs plantées sur cette terre que Je cueille en
Mon temps, un peu tôt, un peu tard. Autre est la rose empourprée, autre est le
lis virginal, autre est l’humble violette. Mais avec la puissante protection de
votre Mère, efforcez-vous, selon le parfum et l’éclat qui vous est donné, de Me
plaire, Moi, le Divin Jardinier de vos âmes'.
Pour ce futur foyer, Je le bénis tendrement et demain, Je ferai couler sur leurs
âmes l’amour divin.
Pour ta sœur, qu’elle ne change rien dans sa vie d’action, mais J’aimerais
qu’elle trouve quelques minutes de silence chaque jour pour être plus unie à son
Dieu.
Elle peut faire connaître les messages à sa chère maman. Cela lui fera un grand
bien.
Que ton père soit patient, car Je l’admire. Mais l’heure n’est pas venue de
répondre à toutes ses demandes. Mes enfants, Je vous bénis".
Lundi 18 juin 1945 :
A 3h avec Mrs les curés de Xaffévillers et de Domptail, M. le doyen de Charmes
et M. Saint Dizier, au presbytère :
Notre Seigneur en blanc sur une boule. Il avait les bras étendus, un léger
sourire. En me regardant :
« Ma Jeannette, il y a 5 ans, dans la paix et la solitude qui t’environnait, Je
t’ai fait entendre ces paroles : « Quitte tout et suis-Moi ». Tu étais seule.
Bienheureuse solitude priante qui est la solitude de Mon tabernacle. Pendant ces
quelques minutes de ravissement tu m’as livré ton cœur, mais un autre est venu
et pendant 3 ans, avec une grande tristesse, Je t’ai vu t’abandonner sur un cœur
humain. J’aurais pu te laisser seule, mais Mon Divin Cœur t’aime infiniment et
malgré tes nombreuses rechutes, Je te redis une dernière fois : « Quitte tout et
suis-Moi ». Je te montre Ma volonté, prends la résolution de la suivre. Je te
veux à Moi, tout seul. Je te veux totalement. Il faut te montrer généreuse
envers Mes divins appels. Viens à Moi, filialement pour reprendre plus de force
et pour te montrer une épouse fidèle de Ton Jésus crucifié qui veut t’associer à
Ses souffrances. Je sens toujours ton âme la même, ardente, mais sujette à des
affaissements subis. Cela passe, l’entrain revient vite, car il repose sur
l’amour de ta vocation, sur l’amour des âmes. Deviens une petite violette, te
cachant toujours, te taisant toujours et ne voulant être connue que de Moi seul.
Tu vivras en solitaire par amour pour Moi dont la solitude a duré toute ma vie.
Jette-toi dans Mon Divin Cœur transpercé. Il est ton refuge et ton repos. A une
heure ou à une autre, il te faudra consentir à être immolée par les côtés les
plus sensibles de ton être. Je suis jaloux de ton cœur et de ses affections. Je
t’aiderai dans le travail du dépouillement.
Ma fille, prie pour Mes prêtres. J’en veux beaucoup, mais Je voudrais qu’ils
soient saints. Pense qu’à la lueur de l’horrible guerre civile, ce ne sont pas
des paroles qu’il faut, mais des actes, que la religion n’est pas du
dilettantisme, mais de l’Amour vrai et que ce ne sont pas les conférenciers qui
manquent le plus mais des apôtres. Je demande à Mes prêtres de n’avoir qu’une
flamme, qu’un élan, qu’un idéal : leur Dieu, son Evangile et sa croix jusqu’à la
mort.
Pour mon futur Pasteur, qu’il continue ses démarches. Je le soutiendrai.
Mes Pasteurs peuvent aller en pèlerinage à la colline bénie. Pour toi, je te
laisse libre. Je bénis leur voyage.
Pour ta sœur qui a des demandes en mariage, qu’elle attende, car, pour elle,
J’ai promis de la combler. Mes enfants, Je resterai quelques temps silencieux,
car tu as un grand besoin de calme. Je répondrai au message et aux demandes que
J’ai promis.
Je vous bénis avec Mon grand Amour. »
Jeudi 28 juin 1945 :
Au presbytère, à 3 heures, avec Melle Dubach, Robert Lebègue du Séminaire des
Pères Blancs, M. Rhote et M. le Curé :
La Très Sainte Vierge avec une couronne d’étoiles autour de la tête, avec celle
au-dessus plus brillante.
A ses pieds : deux lys. Elle arrive souriante, puis Notre Seigneur parla :
« Ma Jeannette, Je vais donner à ta sœur de grandes lumières :
le 28 mars, dans la nuit de Mon Agonie, ton beau-frère veillait et priait,
prosterné à Mes pieds, les mains jointes, il Me fit cette prière : Mon Père, je
vous donne ma vie pour la résurrection de la France, la gloire de la Mission, la
sainteté de ma famille.
Je fus profondément touché par ce don et comme Je parle à Ma petite Jeannette,
Je M’abaissai vers lui et gravement Je lui répondis : Mon fils, Je ne puis
accepter ton don. Dans un petit village des Vosges, Je Me communique à une
humble enfant, Mon épouse ; ton beau-frère et sa sœur ont eu le privilège de prier avec
elle et Je leur ai promis de te ramener ainsi que ton fils dans ton foyer rempli
plus que jamais de foi et d’amour. Sois vaillant. Je te bénis.
Cette âme, humblement Me répondit : « Mon Père, que Votre Volonté soit faite et
non la mienne. » Il se dépensa et se donna à ses frères jusqu’à tomber malade et,
dans de grandes souffrances il était d’une ferveur et d’une piété sans limites.
Une deuxième fois, se tournant vers Moi, il s’écria : « Mon Père, je m’offre en
holocauste. Prenez-moi ; je veux être une étoile dans votre paradis. Dites à
cette âme privilégiée que je suis détaché, et que mon cœur est pur. Mon Père,
depuis que j’ai entendu Votre voix, je n’ai plus qu’un désir : m’envoler vers
Vous. Dites à votre enfant que mon amour est immense pour ceux que j’aime et que
là-haut sous vos désirs, je conduirai ma famille dans le chemin de la
perfection. Et comme vous leur avez promis, nous nous retrouverons bientôt pour
chanter l’éternel Magnificat. » Je fus percé par cette âme de feu et J’acceptai
son sacrifice, car il continuait : « Mon Père, si vous me guérissez, je vous
serai infiniment reconnaissant de me rendre aux êtres qui me sont chers.
Regardez-moi. Ayez-pitié de votre fils. Prenez-moi. Mon amour sera plus pur et
je les comblerai ».
« Ma fille, dans Mon premier plan, Je le rendais à sa famille et si ton
beau-frère n’avait pas recommencé de s’offrir une seconde fois, Je le
guérissais, puisque Je l’avais préservé du martyre. C’est un saint auprès de
Moi, c’est une étoile, la plus brillante entre toutes qui surmonte le front de
Ma Divine Mère. A cette âme si pure, Je ne peux rien lui refuser : les
bénédictions et les grâces afflueront sur ceux qu’il a laissé sur la terre
d’exil. C’est la première victime entre tous les déportés ou prisonniers qui
s’est offerte pour la sainteté de sa famille. Priez, ayez confiance et attendez.
Sois bien courageuse. C’est une terrible épreuve pour vous. Je comprends vos
angoisses, mais Je ne pouvais le rejeter. Pour Mon fils venu prier au Lieu Béni,
Je ne puis lui donner en ce moment un message, mais ce soir, il aura ce qu’il
désire.
Pour ton frère, qu’il conseille à sa fille d’être prudente : car elle aussi, Je
la protégerai. Mes enfants, Je vous bénis ».
Jeudi 28 juin 1945 :
A 10h30 dans ma chambre, à la 2ème dizaine d’Ave fleuris, Jésus suavement me dit
:
« Ma fille, voici le message pour Mon fils bien-aimé.
Mon enfant, dans la douleur, tu as cru fermement à la Providence. L’âme de foi
habituée à tout envisager à la lumière de la Grâce reconnaît dans la douleur une
admirable distribution de la Divine Providence. Loin de se révolter contre cette
loi, elle s’y soumet, l’adore, se courbe humblement sous Ma Main qui la frappe.
L’âme de foi comprend que Je n’envoie la souffrance que pour guérir, que cette
terre n’est pas sa patrie et que pour expier le péché, la souffrance est
nécessaire. Tu es un pécheur, il faut que tu souffres.
Demande à Marie de t’enseigner elle-même le secret de cette loi divine et qu’à
son école tu apprennes en vertu de Mes mérites et des Siens, à te soumettre de
grand cœur et plus que jamais aux dispositions de la Providence à ton égard. Par
la souffrance, Je t’associe à l’esprit de sacrifice et à l’état de victime. Je
te fournis le moyen de t’enrichir d’innombrables mérites, de te détacher de la
terre et de te rapprocher du Ciel. Sois une hostie qui se laisse consommer. Sois
liée sur l’autel afin que tu n’aies plus de mouvement que celui que Je
t’imprimerai, Moi, qui suis le Divin Sacrificateur. Viens à Moi, dans tes joies,
dans tes peines. Recours à Moi lorsque ton cœur demande à être aimé davantage.
Je suis seul la Vérité infinie, capable de satisfaire les aspirations de ton
intelligence ; Je suis l’Amour sans mesure et ton cœur trouvera en Moi cet Océan
de tendresse. Quand tu es dans la sécheresse, contemple Mon front ensanglanté,
Mes mains et Mes pieds percés, Mon cœur ouvert par la lance, recours à Moi en
tout, toujours, partout et Je serai ta force et ta consolation.
Je veux de toi la paix, le recueillement et l’union à Mon Divin Cœur.
Ma Jeannette, Je te garde, Je te protège ; à tout instant, Je vais à ton âme
pour l’encourager, la travailler, la transformer, la surnaturaliser. Je te bénis
».
Samedi 2 juillet 1945 :
A 6h. du soir, au chapelet paroissial, à la 4ème dizaine, une douce paix
m’enveloppa, les Ave s’évanouirent et Jésus, doucement, parla. La voix venait du
tabernacle :
« Ma fille, Je vais donner à Mon fils aimé (R.P.Lebègue)
un message d’espérance
qu’il remettra à son frère à qui Je vais parler :
Mon enfant, c’est une bien douce chose d’entrer dans la musique des anges, c’est
déjà entrer dans le Ciel, car le Ciel est divinement musical. Il y a aussi sur
la terre une musique d’âme dont l’autre n’est qu’un écho.
Quand une âme est parfaitement d’accord avec Moi, soumise à Ma Volonté,
obéissant jusqu’au dernier sacrifice, prête à tout accomplir par amour et à tout
supporter, résignée aujourd’hui, demain, toujours en complète harmonie avec
l’Harmonie même : c’est la musique des Anges.
Sois ce concert céleste en disant Ma Parole musicale que voici :
« Mon Père, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. »
Plus le sacrifice est pénible, plus la musique est ravissante. Et quand l’âme a
épuisé cette mélodie, il n’y a plus qu’à changer de lyre : briser celle de la
terre pour prendre celle du Ciel.
Mon enfant, si, appuyé au balcon, devant la campagne, Ma parole divine te dit :
« La Moisson est immense, les ouvriers sont rares, réponds : « Me voici ».
Si au fond du ciboire, Ma petite hostie te dit :
« J’attends », réponds : « Me voici ».
Si, debout parmi les Oliviers et t’offrant le calice, Je te dis : « Reçois et
bois ». Réponds : « Me voici ».
Si, sur le chemin pierreux, Je te tends Ma Face pareille à une plaie qui implore
le linge blanc, réponds : « Me voici ».
Si, au tournant du Calvaire, écroulé sous Ma Croix, gémissant : »Simon de
Cyrène, où es-tu ? » Réponds : « Me voici ».
Et quand viendra le soir où Je passerai aux portes en disant : « Venez les bénis
de Mon Père », tu pourras répondre : « Voici », et venir avec MOI.
Mes enfants, contemplez l’intérieur d’âme de Ma Très Sainte Mère. C’est une
splendeur de pureté, d’humilité, de recueillement, d’amour. Regardez la
longuement afin qu’elle vous laisse découvrir une à une toutes Ses merveilles
cachées au dehors et que Moi, Je ne Me lasse pas de contempler.
Attachez-vous avec Elle aux immuables promesses que Je vous ai données. Vous
êtes heureux d’avoir cru. Ce que Je vous ai promis s’accomplira. Abandonnez-vous
à ces promesses de grâces, à ces bienheureuses espérances.
Il faut que vos âmes dépensent à Mon service et celui du prochain les trésors de
lumière, de force et de dévouement que J’y ai versé avec tant de libéralité.
Glorifiez-Moi. Vos cœurs ne seront pas seulement des ciboires précieux où vous
cacherez avec soin des trésors et Mes grâces, mais vous serez de vivants et
radieux ostensoirs où Je rayonnerai la douce splendeur des vertus chrétiennes
d’une vie de foi, de pureté, de charité, de dévouement.
Je verse sur la famille de Mon Fils bien-aimé (R.P.Lebègue) des flots de grâce
et de lumière. Qu’il soit en paix. Il est dans la voie que Je désire.
Je vous bénis, Mes enfants, avec Mon immense Amour ».
Jeudi 5 juillet 1945 :
A 2h. dans la salle à manger de Melle Luc, avec mon Père et M. l’abbé Sauvage.
Nous avons récité le chapelet aux pieds de Notre Dame d’Ortoncourt.
A la 4ème dizaine, le voile descendit et s’arrêta au-dessus du massif de fleurs.
Quand les Ave furent éteints, le voile s’ouvrit au large. Dans une immense
auréole de lumière, la Très Sainte Vierge m’attendait. Sa figure était empreinte
d’un doux sourire et d’une douce joie. A ses côtés étaient deux anges habillés
de blanc. Sous Ses pieds s’étendait un nuage.
Ses mains étaient jointes et Son regard se posa sur chacun de Ses enfants et
pendant que Notre Seigneur parlait, elle fixa Monsieur l’abbé Sauvage.
Jésus, suavement, me dit :
« Mon Pasteur bien-aimé, viens à Moi dans tes difficultés. Viens à Moi, lorsque,
fatigué, par l’insuffisance qui t’entoure, il te semble ne pas trouver même une
pierre où reposer ta tête. Viens à Moi, Mon Divin Cœur te recevra.
Je Me sers des créatures pour t’humilier, te détacher et t’attacher à Moi seul.
Et parfois, Je permets l’ingratitude.
Le sentiment habituel que Je veux de toi est un amour calme, suave, constant,
attendant avec connaissance Mes Divines Perfections.
Enrichis-toi des vertus surnaturelles, d’une vie de foi, de détachement et
d’attachement à ton Dieu.
Evite à l’extérieur et à l’intérieur de ton âme la moindre imperfection et ton
âme deviendra sainte.
Pour ta fille, Je l’aide dans sa lourde tâche et partout, surtout en Mes âmes
bien-aimées, l’épreuve est plus lourde.
Je bénis cette maison ».
La Très Sainte Vierge continua :
« Dis à ces deux âmes (Melles Luc) que leur sœur est dans Ma Nacelle.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Lundi 9 juillet 1945 :
Dans la salle à manger du presbytère, avec Monsieur le Curé de Bouxières,
Monsieur le Doyen de Charmes, Mrs les Curés de Xaffévillers et de Domptail, M.
Cuny de Celles et M. Ambrosini de Raon, mon Père et son frère, Monsieur Rhote :
La Très Sainte Vierge apparut avec une couronne d’étoiles, sur un nuage, les
bras étendus. De Ses mains partaient des rayons. Elle arriva souriante et
regarda chacun des assistants.
Elle ferma les yeux et Notre Seigneur parla :
« Ma Jeannette, Mon Divin Cœur est pénétré d’une douce joie en contemplant Mes
Pasteurs réunis au Lieu Béni.
C’est au Pasteur de la Colline Bénie que Je M’adresse : « Mon Apôtre Bien-Aimé,
sur cette terre tu souffres et dans certaines heures ton cœur est
encerclé d’une couronne d’épines.
Les peines et les soucis t’accablent, mais, plus tard, plus de souffrances, plus
de douleurs : BEATA PACIS VISIO.
Je te façonne par la souffrance. Je frappe davantage afin que ton âme soit plus
brillante. La pierre taillée et polie est placée par l’artisan là où son éclat
jettera plus de feux. L’âme travaillée par Moi s’abandonne à Mon Amour et se
laisse fixer dans la Cité Céleste pour y trouver une place honorable.
Aimer, c’est souffrir. Dans l’Amour, on ne vit pas sans douleur et cette douleur
est l’apanage des cœurs que Mon Amour a blessé jusqu’au plus profond de leur
être. Il faut être prêt à tous les sacrifices pour ceux qu’on aime, car aimer,
c’est se dévouer.
Une âme qui, à Mon exemple, passe par le creuset de la souffrance se renonce à
elle-même, oriente sa vie dans le sens de la vie divine. Une âme qui s’immole
pour assurer la vitalité de ce corps mystique qui est l’Assemblée chrétienne a
droit d’accès à Ma Cité Sainte.
C’est dans les luttes et les labeurs d’ici-bas que s’accomplit la taille des
âmes élues.
Les âmes sont transformées par les meurtrissures et les coups. Elles s’affinent,
se dégagent de la lourde enveloppe qui les écrase sous ce rude et salutaire
ciseau qui est la douleur.
Ainsi perfectionnée, les âmes composent l’édifice sacré en une hiérarchie. Moi
qui en est le constructeur en est aussi la pierre d’angle et avec cette pierre
d’angle qui Me représente, les Apôtres symbolisés par les colonnes soutiennent
les autres pierres vivantes.
Mon Apôtre Bien-Aimé, ton âme est le temple, le tabernacle, l’Ostensoir, le
Trône, le Ciel de ton Dieu. En toi, palpite et soupire Mon Divin Cœur, le plus
pûr, le plus saint, le plus doux, le plus généreux. Pense à Moi, agit pour Moi
en entretenant la joie du cœur comme le faisait Ma Très Sainte Mère.
Aime les difficultés, car Je suis le soutien des lassitudes, le promoteur
d’action et de sacrifice.
Renouvelle en Moi tes forces spirituelles afin d’aller sans défaillance vers
l’Etoile qui paraît.
J’attends de toi un amour plus fervent, un amour d’esprit, un amour de volonté
et un amour de grands désirs.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Le même jour, au chapelet de 4 heures : toute recueillie j’entends la voix de
Notre Seigneur :
« Mes enfants, Je vais vous montrer comment la foi établit les âmes dans la
paix.
Il y a deux excellents et mystérieux aveuglements dans la vie spirituelle. Vous
devez y participer et pour cela faire avec un grand soin tout ce qui est
nécessaire. Le premier aveuglement concerne tout ce que Je dis et se rapporte à
la foi, le second qui naît du premier est pour ce que Je fais et regarde la
Divine Providence.
Par ces deux aveuglements, sans rien voir ni connaître de vous-même, vous devez
accepter tout ce que Je dis et tout ce que Je fais. Quelque élevée que soit Ma
conduite au-dessus de l’entendement humain, vous devez la reproduire sans
l’examiner, sans murmurer, les yeux fermés, avec un grand respect. Il vous
suffit que Je sois la Première Raison, la Sagesse souveraine, la Vérité
éternelle qui parle et ordonne.
Vous devez vous associer à Mes desseins, car Je ne saurais rien dire que de très
vrai ni rien faire qui ne soit parfaitement bon. C’est, pour tout homme
judicieux une raison incomparable, meilleure, apte à lui découvrir la paix, plus
que tout ce que son esprit pourrait lui fournir.
A Mon Pasteur de Domptail : « Mon fils, Je suis là, même et surtout quand Je
dors à la poupe de ta faible barque. Mon Cœur veille et s’apprête à te secourir.
Porte-Moi tes misères avec une sorte de complaisance mêlée d’une imperfectible
confiance. Ouvre ton âme comme la plante desséchée par un soleil trop ardent ou
continu, demande avec avidité la pluie bienfaisante qui épanouira et rafraichira
sa corolle.
C’est ton cœur que Je sollicite, car Je connais tes souffrances intimes ».
Mes enfants, vos âmes doivent être perfectionnées pour prendre place dans
l’édifice immortel, Moi qui suis le Divin Sculpteur J’en détache, par les coups
de Mon Ciseau tout ce qu’il y a de défectueux ou de superflu.
Sous ces souffrances, vos cœurs souffrent et saignent, mais ces douleurs sont
salutaires, car elles vous dégagent des éléments terrestres, pour vous attirer à
l’attraction du Ciel.
Les châtiments que J’enverrai seront des pénitences curatives des gages de
Miséricorde, des conditions de bonheur.
Mes Pasteurs pourront faire ce Pèlerinage. Je bénis leur voyage.
Mes enfants, priez pour la Mission. La lumière viendra bien vite. Je vous bénis.
»
Mardi 10 juillet 1945 :
Au chapelet de 4h. Notre Seigneur en blanc sur la boule de la terre les bras
étendus, le visage grave :
« Ma Jeannette, c’est à Mes deux futurs Pasteurs (Abbé Mangin et Louis Mathieu)
que Je M’adresse :
« Mes deux fils, le bonheur sera sur la terre quand Je régnerai.
Délectez-vous en Moi, dans Ma tendresse, dans Mon Amour, dans Ma Donation.
Je souris à celui qui s’unit intimement à Moi. Je l’attire. Je l’absorbe. J’agis
sur son âme. Je M’empare de son cœur pour l’unir à Mon Divin Cœur et Je le
comble de Ma tendresse.
Agissez toujours dans l’oraison jusqu’à ce que vous sentiez saisis par Mon
Amour. Quand vous aurez une pensée surnaturelle, gouttez-là en paix. Que Je sois
toujours dans votre mémoire, que Je sois l’objet de votre esprit, l’affection
continuelle de vos cœurs. Je suis l’époux de vos âmes. Vivez en Moi, sous Mon
regard, reposant continuellement et doucement sur Mon Cœur.
L’oraison la plus utile et la plus élevée n’est pas toujours celle où vous avez
le moins de distractions. La perfection est dans l’union à Mon Divin Cœur. L’âme
peut être très unie, malgré les écarts nombreux de l’imagination.
Cette union est un effet de la volonté qui Me cherche et ramène doucement
l’imagination qui s’égare.
Veillez toujours sur vos cœurs pour que tout soit pour Moi et que rien ne soit
inutile.
Prenez tous les jours une de vos actions intérieures.
Représentez-vous que Je suis là, la faisant à côté de vous, vous verrez les
imperfections de la vôtre.
Méditez de temps à autre la rapidité de la vie, la proximité du jugement, la
longueur de l’éternité.
Rappelez-vous que la créature n’est qu’une ombre fugitive, que Je suis seul
réel, constant, permanent, toujours suffisant.
Vivez dans la foi, dans l’espérance, dans l’amour.
Ma Jeannette, Je ne réponds plus aux questions de la terre.
Les messages que Je te donnerai seront pour élever les âmes vers la Sainteté.
Je demande à ton Père, puisque la retraite se fait dans la ville épiscopale, de
montrer tous les messages au Prince de l’Eglise. Qu’il reste bien en paix et
surtout bien calme.
Je vous bénis et, avec Amour, Je fais descendre sur Mon Apôtre Bien Aimé des
flots de grâces. »
Lundi 16 juillet 1945 :
Au chapelet de 10h30, Notre Seigneur :
« Ma fille, Je vais M’adresser à Mon Pasteur venu chercher des grâces au Lieu
Béni. (Abbé Bernardin de Clefcy)
Mon fils très cher à Mon Divin Cœur,
L’Amour est un fluide mystérieux, difficile à manier, quand Je ne suis pas à la
source. Que ta vie s’éteigne dans un complet abandon à Ma Volonté Divine. Tu
crois profondément à une autre Vie. Pour la trouver ici-bas, il faut s’élever
par la souffrance. Les âmes qui pleurent ont des rencontres mystérieuses. Cette
existence est donnée par deux grands moyens : l’Absolution et l’Eucharistie :
deux grands sacrements qui Me font vivre dans l’homme. Puis : l’altitude de
l’âme qui se résume en deux points : l’Amour et son néant devant Moi. Quelle
puissance pour ceux qui savent se posséder et vivre. Pas une âme ne s’élèvera
sans que le monde ne soit élevé. Ensuite, les souffrances de l’âme : l’âme
s’offrant pour souffrir, compatir et Me refléter. Voilà la grande œuvre que tu
dois accomplir. La joie divinise, l’épreuve purifie. Que toutes ces souffrances
te mettent en contact avec l’humanité douloureuse. Sois un apôtre, car
l’apostolat est un ardent amour. Je bénis ta paroisse et particulièrement toutes
les âmes qui portent leur croix. Ces grandes épreuves qui sont tombées sur toi
te vaudront dans Mon Ciel une immense gloire.
L’épouse que J’appelle à Mon divin service, Je l’aimerais dans la contemplation.
Pour l’ordre, Je ne veux pas le lui imposer.
Mes enfants, priez, confiance.
Je vous bénis. »
Samedi 21 juillet :
La Très Sainte Vierge et un chœur d’anges. Elle était sur une boule bleue. Elle
arriva souriante et les mains jointes et notre Seigneur parla :
« Mon enfant, Je vais donner à ta sœur un message qui lui fera un grand bien.
Ma fille, que dans ta vie, la plus grande chose de ton amour soit de Me ramener
des âmes égarées ; tes prières n’en sauveraient qu’une seule, tu aurais un
magnifique trophée de victoire au jour du jugement.
Sache unir le rôle de Marthe à celui de Madeleine, car il est une grande
puissance : la puissance de la souffrance et de la vie sainte. Une seule chose
est nécessaire : c’est de ne regarder que Ma Sainte Volonté. Mais cette seule
chose nécessaire n’est pas seulement la contemplation, l’adoration, la prière
affective de Madeleine, c’est aussi le travail qui consiste à les ramener, à les
conquérir, à les garder. Cette chose nécessaire est de Me servir et non
toi-même, de t’humilier, de te renoncer, de te mortifier, de t’abaisser pour que
J’aie le droit d’agir sur toi-même et de donner Ma grâce avec Ma Volonté. Tu
verras qu’en priant pour les âmes que tu es chargée de diriger, en prenant
l’habitude de prier en union avec Moi, avec Ma Très Sainte Mère, avec ta grande
Patronne, avec la préoccupation de te détacher de toi-même et de ne compter que
sur Moi-seul, tu obtiendras une fécondité imprévue pour ton apostolat.
Mes filles, (car Je pense aux deux autres qui prient pour vous),
que la fidélité
à accomplir Ma Sainte Volonté soit la première de toutes vos vertus, le premier
acte de votre divine charité.
N’oubliez jamais que l’amour du Jardin des Olives et du Calvaire est plus grand
que la gloire du Thabor, que Me rester fidèle à Moi qui suis seul, solitaire,
abandonné est le propre des âmes parfaites, qui furent Ma Très Sainte Mère,
Saint Jean et Marie Madeleine.
Que ton Père parle de toi à l’autre Pasteur (abbé Bourdier).
Pour les autres personnes, il faut que le Prince de l’Eglise ait un chapelet
afin que la grâce le touche.
Je vous bénis ainsi que le Pasteur de Charmes et Mes deux filles. »
Mardi 31 juillet 1945 :
10h. du soir, aux pieds de la Très Sainte Vierge, Jésus, suavement, me dit :
« Mon enfant, avant que ton frère ne quitte le Lieu Béni, Je veux le combler.
Mon fils très cher, l’homme est esprit et corps. Aux anges, la vision béatifique
suffit, mais l’homme a besoin de beauté pour augmenter sa ferveur et pour élever
son âme plus près de Moi.
La vie est une longue route, dont le terme est la mort ou plutôt le Ciel. Tu y
chemines et comme le voyageur qui parfois se retourne pour voir la distance
parcourue, tu mesures celle qui reste encore. Médite les grandes vérités pour
que ton âme devienne plus forte, plus ardente et qu’elle répande la lumière.
Donner son temps, se donner soi-même, cela exige de nombreux sacrifices, mais
une âme qui monte est aussi une âme qui se sacrifie.
La sainteté augmente et embellit les dons naturels qu’elle trouve dans les âmes.
Les vertus théologales : foi, espérance, charité sont le grand moyen d’action
des saints, et ces trois vertus divines se rencontrent dans leurs âmes, mais la
sainteté demande le concours des vertus cardinales : prudence, force, justice,
tempérance.
La sainteté les développe, les amplifie, mais il n’est pas nécessaire que ces
vertus cardinales soient au complet dans l’âme au moment où agit la grâce qui
fait les saints. Il y a une part à faire au tempérament et la lutte fournit
l’héroïsme, essence de la sainteté.
Tourne tes regards vers ta Mère du Ciel, quand tu as besoin de secours, Elle est
toute puissante parce qu’elle est tout près de Moi : Elle reste compatissante
parce qu’Elle est tout près de toi.
Elle a souffert comme toi, Elle te comprend et sait te prodiguer les
consolations. Sous la divine influence de Ma Divine Mère, ton âme se délatera
en joie, en amour, en zèle, en vie intérieure, car la vraie vie est dans Mon
service amoureux.
Ma fille, il fallait que tu sois prudente. Je te laisse dans l’épreuve".
Mercredi 1er août 1945 :
La Très Sainte Vierge se manifesta. Elle était portée sur un nuage ; un cercle
d’étoiles l’entourait, Ses bras étendus semblaient nous attendre pour nous jeter
sur Son Cœur. Pendant le message, Elle resta souriante, en fixant Monsieur le
Curé d’Aillevillers. Elle resta souriante, en fixant Monsieur le Curé
d’Aillevillers.
Dans l’invisible, Jésus, gravement, parla :
« Mon enfant, à Mon Pasteur venu en pèlerinage au « Lieu Béni », Je vais le
récompenser.
Mon Apôtre bien cher,
Pendant cette retraite passée dans un calme profond, tu as réfléchi et tu es
rentré en toi-même. Combien d’âmes, hélas, ne savent plus se retirer au-dedans
d’elles-mêmes. Elles sont partout, excepté chez elles, dans ce sanctuaire intime
de la conscience.
Cependant, si le gouvernement de toi-même était laissé à la dérive, ce serait le
dispersement des forces, l’affaiblissement de toutes les puissances.
Que d’existences gâchées, que de vies perdues, que d’âmes qui se sont minimisées
parce qu’elles n’ont pas voulu se reprendre et examiner leur vie.
La retraite, c’est le remède à ce dispersement des forces, c’est un arrêt dans
la vie, c’est la halte du voyageur qui regarde la route pour reprendre des
forces.
C’est se reprendre, se regarder, s’analyser en bon chrétien devant Moi. Le monde
avec sa folie, sa course aux plaisirs, matérialise de plus en plus les âmes qui
n’ont plus le temps de se reprendre.
La retraite fermée donne le goût de la solitude et de la prière et dans cette
solitude c’est la vue claire et nette de ta destinée, de tes devoirs et de tes
responsabilités.
Tu peux librement t’élever vers Moi, car ton âme est dans ce cortège de lys qui
ouvrent leurs corolles à la divine rosée.
Je bénis ta paroisse et pour toi Je fais descendre dans ton âme des flots de
grâces.
C’est dans le calme et la paix que tu trouveras ce que tu désires. Mes enfants,
Je vous bénis".
(La Très Sainte Vierge bénit particulièrement ce prêtre, puis fit sur nous un
signe de croix).
Elle s’éleva, portée par le nuage ; avant de disparaître, Elle fit à chacun un
profond sourire.
Lundi 6 août :
A 9h30, Notre Seigneur :
« Ma Jeannette, Ma Miséricorde est très grande pour toi ; il y a peu d’âmes pour
lesquelles elle l’est davantage. Je désire que ton âme soit sans cesse occupée à
M’aimer, à s’immoler pour Ma Gloire et qu’elle
s’efforce à chaque instant de devenir sainte et parfaite. Je prends beaucoup de
patience avec ton âme et J’attends beaucoup d’elle ; la plus petite imperfection
réfléchie et volontaire m’est très désagréable et Me blesse, c’est un grand mal
; surtout que J’ai comblé ton âme d’immenses grâces.
Sois plus vigilante sur toi-même afin de réprimer le premier mouvement de ta
nature et de tout Me donner tout ce que Je désire. J’ai beaucoup d’Amour pour
ton âme, prie pour la sanctification des âmes consacrées. J’ai tant souffert
pour toi ; tu ne Me rends pas la réciproque autant que Je désire, non seulement
en t’efforçant d’imiter Ma vie et les exemples que Je t’ai donnés, mais aussi en
ne pensant pas assez à Mes souffrances et à Mes souffrances intérieures surtout,
qui sont presqu’oubliées et méconnues des hommes, et cependant cette méditation
est si efficace pour Me consoler, pour obtenir et recevoir des grâces fortes et
précieuses pour Me suivre dans le Chemin que Je t’ai montré qui seul conduit à
la vie et au souverain bonheur. Pense davantage à Ma Passion, à Mon Eucharistie,
unis ces deux choses pour Me plaire et Me payer quelque peu ta grande dette de
reconnaissance.
Beaucoup de prêtres se montrent dignes de leur mission, mais aussi que d’autres,
trop nombreux, sont un sujet de peine sensible à Mon Divin Cœur. Que ton Père et
Mes autres pasteurs s’unissent à Moi et s’immolent pour expier les crimes de
tout genre qui se commettent chaque jour.
La plupart des âmes ne savent pas où elles vont, le démon est très ingénieux à
leur cacher la lumière et à les divertir des occasions qui pourraient les
ramener au bien. J’attire les âmes dans l’Empire de Mon Amour, mais peu s’y
rendent.
Je ne puis t’exprimer ce que Mon Divin Cœur ressent de tristesse et de peine.
Aimez Mon Sacré-Cœur sur la croix, puisqu’il fait ses délices de trouver dans
vos cœurs, Amour, silence et souffrance.
Mes deux enfants, ne craignez rien. Je vous bénis avec Amour ainsi que Mes deux
Pasteurs".
Mardi 14 août 1945 :
A 3h de l’après-midi, dans la salle à manger du presbytère avec Mon Père, deux
soldats (Guy Marquet et Patrick Jacquet) dont un séminariste, Melle Mariette
Biehlmann, Melle Félicie Luc et Melle Rhote, nous avons récité le chapelet aux
intentions de tous.
A la 4ème dizaine, pendant que les Ave s’estompaient, le voile s’entrouvrit et la
Très Sainte Vierge apparut sur un nuage, les bras étendus et de ses mains
partaient des rayons qui arrivaient jusqu’à nous. Autour d’Elle, jaillissaient
des rayons.
Souriante, Elle nous regarda et Jésus, dans l’invisible, d’une voix grave me dit
:
« Mes enfants,
aucune prière ne demeure sans effet.
C’est Moi qui décide en dernière analyse, mais non sans faire entrer en ligne de
compte dans Mes décisions les prières qui Me sont adressées par Mes créatures et
que Je connais de toute éternité.
Ceci vous permet d’ajouter qu’en un sens, vos prières sont toujours entendues et
même exaucées, non pas toujours de la manière demandée par vous, pour votre
salut éternel ou pour votre vie présente.
Aucune prière ne demeure dans le vide, ni ne reste sans effet.
S’il vous arrive d’éprouver après vos prières plus d’apaisement dans vos misères
ou plus d’énergie dans l’accomplissement de vos devoirs, rendez-Moi grâces de
ces consolations sensibles. Ceci est pour vous un soutien et un réconfort.
S’il vous arrive de ne pas entendre Ma réponse, sachez que Je ne suis pas sourd
et qu’à Mon heure et à Ma façon, Je répondrai à votre supplication.
Le mystère et l’incertitude qui enveloppent parfois vos rapports avec Moi, ne
doivent pas vous faire oublier que Je ne suis pas indifférent et que Je ne
saurais rien vous refuser qui ne doive contribuer à Ma gloire et à votre bonheur
inévitable".
(D’un regard d’Amour, la Très Sainte Vierge regarda Melle Rhote et de Sa voix
mélodieuse, Elle dit : « Ma fille, dis à ta sœur (Melle Rhote)
que les
souffrances de Mon Divin Fils sont immenses ; elle porte avec Lui sa très lourde
croix, mais qu’elle ne désespère pas, Je ne trompe jamais. »
Le même jour, Notre Seigneur :
« Mon enfant, ce soir, Je vais Me pencher sur Mon Apôtre
Bien Aimé (M. Shuller), car J’admire les âmes qui souffrent en silence.
Mon Apôtre Bien Aimé, depuis ta plus tendre enfance, tu sais que le meilleur
cœur pour compatir aux souffrances, le cœur le plus tendre et le plus généreux
est celui d’une Mère.
Les souffrances de l’âme sont plus terribles que celles du corps et Ma Divine
Mère prend avec toi ton lourd fardeau.
Tout être vivant porte en lui une force ; il est une puissance en action.
Chacun des actes que tu poses, si humbles qu’ils paraissent est une prière jetée
dans l’eau, il donne naissance au-delà de lui-même à des répercussions
auxquelles tu ne songes pas assez. Chacune de tes paroles, après avoir vibré sur
tes lèvres continue à vivre par l’écho qu’elle a provoqué chez ceux qui
t’entendent et tu laisses après toi, partout où tu passes, la trace de tes pas,
qui sont comme l’empreinte de ton âme.
Mesure l’impuissance des mots et comprends que les paroles ne font du bien que
si elles ont été d’abord senties et priées dans le silence.
Jamais tu ne sauras les répercussions infinies d’un acte bon, ni combien d’âmes
se sont enrichies, grâce à ce bien sorti de toi.
Sans parler, sans agir directement sur personne, mais en vivant sans défaillance
ta vie, tu peux entraîner définitivement des volontés hésitantes, des courages
chancelants, des âmes trop faibles pour marcher seules, mais prêtes à suivre qui
les devance et les attire.
Du sommet du Calvaire, tu domineras tout, c’est la montagne de la plus parfaite
civilisation, qui y fait sa demeure est ROI. Il faut que tu sois le flambeau
allumé, d’où jaillira l’étincelle divine. Pour Moi, il faut vivre, Pour Moi, il
faut mourir.
Réalise ces quatre mots : « Intende, prospere, procede et regna.»
Mes enfants, priez pour les âmes consacrées.
Mes pasteurs souffriront.
Je vous bénis. »
(La Très Sainte Vierge bénit, puis, en me fixant, Elle remonta majestueusement au Ciel.)
Jésus reprit lentement :
« Mes enfants, priez pour les heures noires qui vont s’abattre sur Ma Pauvre
France. Sacrifiez-vous ; immolez-vous. J’attends beaucoup des âmes consacrées et
des âmes qui souffrent. Je vous bénis.»
La Très Sainte Vierge fit un lent signe de croix, puis, en s’élevant, Elle fixa
les deux soldats. Mon cœur était comme embrasé, mais je partageais les
tristesses de Jésus, il y a tant d’âmes qui le laissent.
Mercredi 15 août 1945 :
Assomption de la Très Sainte Vierge
A l’Offertoire, pendant que je chantais un cantique avec Mme Genaro, il me
semblait que mon âme s’élevait. Au dernier couplet, mes yeux subitement
quittèrent le livre, pour regarder au-dessus de l’autel. Je cessai de chanter
tellement je ressentis une profonde émotion. La Très Sainte Vierge était là qui
montait soutenue par des légions d’anges, les uns venaient vers elle, d’autres
montaient et formaient à ses côtés trois lignes blanches.
Je quittai cette merveilleuse Assomption pour reprendre le refrain ; ce qui
était splendide, c’est que la voix de Jésus me parlait pendant que je chantais ;
je me rendais compte que ma voix était plus lointaine, mais j’entendais comme
toujours Jésus qui me disait :
« Ma Jeannette, Ma Très Sainte Mère monte au Ciel. Le temps des larmes, de
l’exil est passé. Elle vient Me rejoindre et partager Ma Gloire. Ce n’est plus
la pauvre étable de Béthléem, ce n’est plus Nazareth, ce ne sont plus les
douleurs et les angoisses du Calvaire, c’est la joie, c’est le triomphe, c’est
la béatitude".
(J’entendis ce passage pendant que je chantais, quand mon Père chanta la
Préface, mes yeux étaient fixés au-dessus de l’autel. La Très Sainte Vierge
était assise sur un trône d’or, entourée des anges. Jésus continuait) :
« Adore-Moi, car Je couronne Ma Très Sainte Mère. Entourée des multitudes
angéliques, Je viens au-devant de Marie qui monte au Ciel ; Je la présente à
Mon Père, Je la fais monter sur un trône d’or, à côté de Mon propre trône, puis
Je prends une couronne de pierres précieuses, Je la dépose sur son front. Tous
les anges viennent lui rendre hommage et toutes les créatures la proclament à
jamais Reine du Ciel et de la Terre".
Pendant le Sanctus, je chantai ma partie et Jésus continuait :
« Ce
couronnement est le signe d’un grand mystère de gloire et de puissance pour
Marie.
Marie recevant le diadème, c’est Marie investie de la mission et de la puissance
de médiatrice universelle ; c’est Marie recevant la dispensation de tous les
trésors de la grâce, entrant en part avec Moi dans le gouvernement du monde.
C’est Marie mise à même d’exercer désormais avec les moyens les plus convenables
et les plus puissants le grand office de Sa maternité sur les hommes".
(Pendant l’Elévation, la voix parlait) :
« Crois à la médiation souveraine, toute puissante et nécessaire de Marie.
Crois à la coopération immédiate, universelle, constante de Marie dans le
gouvernement du monde surnaturel ».
(Après l’élévation, Jésus s’arrête, et la voix ne reprit qu’à la communion de
mon Père) :
« Ma Très Sainte Mère est la Rose mystique de Mon jardin spirituel. Elle
surpasse toutes les autres fleurs par l’éclat et le parfum de Ses vertus. Marie
a tous les charmes de la rose. Mais si la rose cache sous de gracieux atours de
longues épines, Ma Très Sainte Mère est appelée Rose sans épines car rien n’a
blessé, ni altéré la charité de Son Cœur.
L’Immaculé s’est livrée à Moi dès le premier instant de Sa Conception. Le don
total de soi exige l’attention assidue à la grâce, pour recevoir ses touches les
plus délicates et y répondre pleinement".
Je jouais un morceau et je pouvais admirer le Ciel. A la communion, la Très
Sainte Vierge dans une apothéose de lumière était assise sur son trône, ayant
sur son voile une couronne dont je ne puis décrire la richesse, la pureté,
l’éclat, ni la splendeur. Autour d’elle, ce n’était que des anges qui jouaient
très, très doucement sur des harpes et autres instruments de musique dont je ne
connais pas le nom. Quand le soldat Patrick Jacquet fut à la Sainte Table, la
Très Sainte Vierge le regarda et suavement, les bras tendus vers lui, Elle dit :
« Mon Fils, les maux d’ici-bas t’assiègent et, amer, te paraît le calice.
Abrite-toi sous Mon ombre, car Je suis, des affligés, l’Eternelle Consolatrice.
Le Ciel, c’est la Patrie après l’exil lointain.
C’est l’immuable paix, succédant à l’orage.
C’est l’éternel repos, le bonheur sans déclin.
Le Ciel, c’est Mon Divin Fils connu, possédé sans partage.
Donne-toi pour Ma France.
Quand tu égrènes les Ave, Je souris aux paroles bénies".
Regardant la foule, Elle se leva et fit un majestueux signe de croix en disant
: « Je vous bénis ».
Comme la très Sainte Vierge était belle. Je me sens tellement petite que je ne
puis décrire ce coin du Ciel.
Une robe très large, d’un blanc immaculé retombait avec mille petits plis sur
Ses pieds. Sur cette robe était un grand manteau parsemé d’étoiles et qui
retombait jusqu’à Ses pieds. Les pans du manteau étaient tenus par deux anges.
Sur sa tête, Son voile était très en arrière et je voyais Ses magnifiques
cheveux blonds qui encadraient Son visage. Tout était lumière. Le voile, peu à
peu revint sur cette vision et tout, lentement, s’évanouit. En mon cœur, je
sentais une douce joie il me semblait, que, moi aussi, j’avais fait mon
Assomption. Quelle belle journée et que je remercie Dieu de ces immenses grâces,
moi qui ne suis que misère.
Le même jour, à 8h30 du soir, au chapelet familial chez Monsieur Albert Vautrin,
à la 4ème dizaine, Jésus, gravement, me dit :
« Ma fille, ce soir, Je vais te mettre en face d’une merveilleuse gerbe de roses
en te disant : prends-une. Celle qui est la plus chère à ton amour filial, c’est
le nom de Marie.
Marie, c’est le nom d’une créature humaine que J’ai aimée plus que tous les
autres noms.
Marie, syllabes de pureté dont la musique ravit le Ciel et fait tressaillir la
terre.
Marie l’Immaculée, la toujours Vierge.
Marie : nom qui fait trembler les puissances de l’enfer.
Marie : entrevue par Eve après sa faute en lui montrant dans le lointain des
âges la porte de l’Espérance.
Marie saluée par l’Archange de lumière.
Marie Ma Divine Mère, une humble fille à qui Je Me suis soumis.
Marie : sommet de la création, dominatrice bénie par-dessus toutes les femmes et
que toutes les générations appellent bienheureuse.
Marie : Océan d’amertume qui connut, dans Son cœur, le plus aimant, le plus
délicat, le plus tendre des cœurs des mères, toutes les affres, toutes les
angoisses, tous les martyres qui, pour cela, sait le baume à verser sur toutes
les souffrances.
Marie, celle qui, après Moi, le summum de la bonté et que nul, jamais n’a prié
en vain, Celle qui vous ayant enfantés dans la douleur, vous aime d’un amour
immense et se fait votre refuge, votre Avocate auprès de Ma justice.
Marie, Etoile toujours brillante au milieu des nuits de vos âmes. Etoile des
craintifs, des désemparés, des voyageurs perdus dans le chemin de l’erreur.
Marie chantée et bénie par les Saints.
Marie proclamée Reine de France….. mot de tendresse que vos lèvres d’enfants ont
balbutié, mot idéal qui fait vibrer votre jeunesse, mot de confiance qui
s’échappe instinctivement de vos cœurs tourmentés, mot consolateur qui fait
passer un dernier sourire sur le visage des mourants.
Marie, nom dont vous n’épuiserez jamais l’enivrante douceur.
Que ce foyer accueille les devoirs, les événements, les croix, car ce sont Mes
bons plaisirs divins.
Dans le cœur d’une mère, il y a des vibrations qui résonnent en l’âme de
l’enfant et qui, jointes à la tendresse, la disciplinent mieux que tout autre
chose.
Dans les heures noires de dépression, J’attends, non le succès, mais l’effort.
Je bénis ce foyer avec amour.»
Samedi 18 août 1945 :
A 8h30 du soir, chez M. Albert Vautrin, après le chapelet familial, nous avons
récité avec mon Père, M.et Mme Génaro les 3 dizaines d’Ave fleuris, aux pieds de
N.D. d’Ortoncourt :
« Ma fille, ce soir, le message que tu vas recevoir sera pour ce père de
famille (Albert Vautrin).
Mon fils,
Je vais te montrer un secret de sainteté et de bonheur. Tous les jours, pendant
quelques minutes, si tu sais faire taire l’imagination, fermer les yeux sur les
choses sensibles et chasser les bruits de la terre pour rentrer en toi-même,
dans le sanctuaire de ton âme baptisée qui est le temple de Mon Esprit-Saint, et
dire à ce Divin Esprit : « Je t’adore, âme de mon âme, éclaire-moi,
fortifie-moi, guide-moi, console moi, Dis-moi ce qu’il faut faire, donne-moi des
forces, je te promets de me soumettre à tout ce que tu veux de moi et j’accepte
tout ce que tu m’enverras » ; si tu fais cela, ta vie s’écoulera heureuse,
sereine, consolée, malgré les peines, car la grâce sera proportionnée à
l’épreuve et t’aidera à la porter. En arrivant au Ciel, tu seras chargé de
mérites.
La soumission à Mon Divin Esprit est le secret de la sainteté.
Sur ton foyer, Je fais descendre des flots de grâce. Je te bénis ainsi que ton
épouse, tes enfants ainsi que tous ceux qui sont là, avec Mon grand amour. »
La Très sainte Vierge fit sur chacun de nous un signe de croix, regarda
longtemps Mme Albert Vautrin et lui fit avant de nous quitter un tendre sourire.
Elle s’éleva les yeux fixés vers le Ciel et le visage tout lumineux. En mon
cœur, quelle douce joie, je sentais que la Très Sainte Vierge aimait infiniment
ce foyer et qu’Elle le comblerait.
Dimanche 19 août 1945 :
A Fauconcourt, la Très Sainte Vierge souriante. Notre-Seigneur parle :
"Mes enfants, le bonheur relatif que vous pouvez trouver dans cette veillée de
larmes est dans la conformité de votre volonté avec la Mienne. Quelle paix pour
une âme qui en est là, Comme elle veut uniquement ce que Je veux, elle a
toujours ce qu'elle désire, rien n’arrivant en ce monde que par Ma volonté
divine.
Dans la prospérité comme dans l’adversité, elle goûte la paix. Elles sont rares
ces âmes. Nombreuses sont celles qui vivent dans de continuelles inquiétudes,
parce qu'elles ne veulent pas se soumettre à Ma volonté et gémissent de tout ce
qui arrive contre leurs désirs. Qu’est-ce qui fait leur malheur sur la terre ?
C’est le dérèglement de leur volonté qui se révolte contre les décisions du
ciel, elles voudraient que tout arrive au gré de leurs désirs et de leurs
caprices. Mais comme elles ne sont maîtres de l’univers et que la Providence
veut user de ses droits en agissant sur elles comme bon lui semble, elles
gémissent et se plaignent. Que votre volonté soit unie à la mienne et vous
vivrez dans une parfaite égalité d'âme. Vous deviendrez supérieurs aux mille
circonstances joyeuses ou attristantes de votre pauvre existence".
Même jour à Ortoncourt 18h en présence de Melle Dubach, deux de ses monitrices,
M. et Mame René Spaeth et leur fille Marie Dominique, M. et Me Cletty et leur
fils Jacques, Melle Marie Spaeth, Mr le Curé d’Ortoncourt, M. le Curé de
Xaffévillers :
La Très Sainte Vierge apparaît vêtue de noir, au-dessus d’Elle une banderole
blanche et au-dessus, en lettres noires : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ».
En-dessous, sur une boule qui se changea pour faire place à une ville où on
pouvait lire à côté : « Paris », Paris en flammes et des milliers de personnes
qui tombaient : parmi ces personnes était Adeline qui passait dans un
souterrain.
La Très Sainte Vierge :
« Mes enfants. Ne formez plus qu’une grande famille. Fuyez les grandes villes,
car l’ouragan, le feu, le tonnerre, vont fondre sur la France,
convertissez-vous, immolez-vous, car le bras de mon Fils va s’abattre sur ma
Pauvre France. Malgré mes supplications, Je ne puis le retenir. La jeunesse
–malheureuse jeunesse – va être engloutie dans les flammes. A vous tous qui êtes
là, priez, car parmi vous il y aura des âmes qui souffriront. Que celle qui est
choisie pour être victime se prépare à passer le grand tunnel. Je souffre
beaucoup et si Je me manifeste ce soir, c’est pour vous supplier de PRIER. Vous
ne saurez jamais combien mon Cœur est percé et si mon Divin Fils veut que
J’apparaisse à certaines âmes, c’est pour supplier que la France redevienne
pieuse et plus unie à mon Divin Fils.
Je vous bénie tous. Priez ».
Mardi 21 août 1945 :
La Très Sainte Vierge avec un manteau bleu, une couronne de roses autour de la
tête, les mains jointes, portée sur une boule bleue avec des étoiles. Elle
arriva souriante, puis elle ferma les yeux pendant que Notre Seigneur parlait :
« Mes enfants, la présence de Ma Très Sainte Mère dans le monde n’est pas
seulement un gage de réconciliation et de paix avec Moi, elle est aussi un gage
de paix avec votre prochain et avec vous-même.
La paix avec votre prochain consiste dans une harmonie de sentiments et
d’affection qui éloigne les discordes, les dissensions, les colères, les
jalousies et qui bannit les procès et les luttes.
Cette harmonie n’est que l’effet de la vraie charité que J’ai introduite dans le
monde et que Ma Divine Mère vous enseigne elle-même par son exemple.
La paix avec vous consiste dans un accord parfait entre les facultés de vos âmes
et dans la soumission de toutes vos passions à la raison et à la grâce.
Ma Très Sainte Mère n’est pas seulement votre modèle, mais elle est aussi votre
Puissant Secours, car elle vous obtient par moi la grâce qui vous est nécessaire
pour vous vaincre vous-mêmes et pour assujettir toutes vos convoitises en
l’Empire de Ma Loi.
Vous vaincrez et avec Moi, par Mon Amour.
Ayez la foi des Saints. Ayez cette foi qui est Amour, cette flamme de charité
qui illumine et qui embrase. Prenez-la pour la jeter sur le monde glacé. Soyez
fermes. Pas de découragement devant les apparences de défaites et de stérilité.
Il n’y a pas de combats sans blessures. Il n’y a pas de victoires sans combat.
Ces difficultés sont nécessaires. Ne vous découragez jamais. Après un combat
sans succès appréciable, retournez à un nouveau combat. Croyez à la victoire.
Elle est certaine. Dans mon Œuvre, il n’y a jamais de défaites. Pour moi, Ma
Grande Victoire, c’est que je vaincrai le monde.
A Mon pasteur de Xaffévillers, il peut dire à son foyer qui est venu prier au
Lieu Béni que je le protégerai. Ils peuvent partir dans cette ville. A l’heure
voulue, je les préviendrai. Pour votre voyage à la colline Bénie, je ne veux
rien vous soumettre.
Pour toi, J’aimerais et c’est mon désir que tu restes cachée.
Pour Mes pasteurs, ils pourraient attendre à une plus grande fête.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Mercredi 22 août 1945 :
A 9h du soir, dans ma chambre, avec mon père, Melle Madeleine Dubach, ses deux
monitrices et Françoise, au pied de la statue de la Vierge dans la paix profonde
du soir, nous avons récité le chapelet, pour une monitrice, future épouse de
notre Seigneur et qui était malade.
A la 4ème dizaine, le voile se posa sur le mur, lentement il se sépara en deux
et je tombai en extase devant la Reine du Ciel. Elle était dans un champ de lys,
entouré d’une couronne de roses rouges. Au-dessus de sa tête, six étoiles. Les
bras étendus, et de ses mains partaient des rayons qui nous environnaient.
Souriante, elle nous regarda pendant que Notre Seigneur, dans l'invisible, d’une
voix prenante me disait :
« Ma Jeannette, dans cette intimité si douce, je vais parler à l’âme (André
Meyer) qui souffre avec Moi et qui, en union, prie avec vous.
Ma fille bien-aimée ; Etre Hostie, c’est l’immolation, c’est l’anéantissement,
et s’offrir avec Moi n’est pas un vain mot.
J’accepte le plus souvent l’offrande d’une âme dont la vie s’ouvre devant elle
avec toutes ses promesses, et lorsque les liens les plus tendres veulent
l'attirer ici-bas, Je M’incline et, jaloux, J’appelle cette âme dans la solitude
pour la ciseler par la souffrance, et fleur éclose pour moi, la mettre dans Mes
jardins célestes.
Je mettrai en toi le silence. Car le silence était Ma louange. Qu’il en soit de même
pour toi. Ce que je désire le plus, c’est cet esprit de victime, cet amour de la
souffrance, ardent et généreux pour Ma Gloire. Je ferai de toi une véritable
Hostie, et je te donnerai mon esprit de sacrifice.
Tu seras une Hostie de sacrifice, une Hostie de joie, une Hostie de Mon
tabernacle solitaire.
Aie le mal des âmes, soit une holocauste volontaire pour travailler par
l’immolation de toi-même à la conquête âmes.
L’Hostie, pain sans levain, disparait au moment de la consécration et je suis
seul sous les apparences.
La nature, le plus souvent, par la maladie, est portée de purification en
purification jusqu’à cette mort mystique.
Prie, aime et souffre pour les âmes qui ne Me prient pas, qui ne M’aiment pas et
qui ne m’offrent pas leurs souffrances.
La souffrance est la joie, parce que la joie est partout, surtout dans les âmes
qui s’élèvent.
Prie, agis et souris. Le sourire doit être partout pour devenir une Hostie de
joie.
Il est des âmes dans le monde qui naissent apôtres, et entraînent vers le bien
leurs semblables, avec une simplicité tel que leur labeur reste inaperçu. Quand
ces âmes disparaissent, le monde voit le vide immense, car elles laissent
derrière elles les rayons de leur influence.
Ce sont les hosties de mon tabernacle solitaire.
Que Ma volonté soit le phare de ta vie.
Et que tu sois pour moi la lampe qui se consume en Moi.
Je béni ces objets pieux, et pour vous, Mes enfants, recevez Mon grand Amour. Je
vous bénis.»
La Très Sainte Vierge bénit particulièrement les dizainiers et des chapelets,
sourit à Melle Dubach puis à ses monitrices. En s’élevant, Elle fixa avec un
regard profond mon Père, puis disparu derrière le voile. J’étais infiniment
heureuse. Magnificat.
Samedi 25 août 1945 :
A 8h du soir, dans ma chambre, avec mon Père, Melle Madeleine Dubach, ses deux
monitrices, Madeleine Jeanpierre, Andrée Didier de Charmes et Françoise, nous
avons récité le chapelet à toutes leurs intentions.
A la 4ème dizaine, le voile lentement descendit, puis s’arrêta sur le mur, quand
les voix furent mortes, la Très Sainte Vierge dans toute la lumière apparut sur
un nuage, les mains jointes et derrière Elle des milliers de petits rayons.
Au-dessus de sa tête brillait une étoile à cinq branches. Elle nous regarda en
souriant (sourire si doux qui m’attire) puis ferma les yeux pendant que N.S.
suavement nous disait :
« Mes filles, je veux élever vos cœurs très haut, Je veux que vous soyez des
âmes ardentes, généreuses, héroïques.
Je suis vivant en vous. Mon Cœur palpite dans vos âmes et Je suis l’objet
constant de vos occupations, de votre immolation.
Je suis là pour vous reposer dans vos fatigues, pour réjouir vos sacrifices,
pour ensoleiller vos vies et pour combler le vide de vos cœurs. Vivez sous Mon
regard, vivez en Moi.
Heureuses sont les âmes qui se plongent dans le silence, le silence de
l’adoration, le silence de l’extase, le silence dans la pureté et dans l’amour.
Quand on aime, on se tait.
Ma Très Sainte Mère fut la grande contemplative, la grande silencieuse. Penser à
ces colloques muets entre Elle et Moi. Méditez le silence de Marie-Madeleine
assise à Mes pieds dans sa silencieuse contemplation. Heureuses les âmes qui
savent goûter ce délicieux silence et combien profonde et vraie est cette divine
louange. Et heureuses, les âmes qui savent Me la donner dans ma Maison Divine, à
l’heure intime où le cœur se libère, où l’âme déferle au-delà de ses limites
naturelles pour ouvrir ses ailes toutes grandes afin de recevoir Ma rosée
divine.
A mon épouse, (Marie Thérèse Pierson) qui doit être Missionnaire, qu’elle soit
une lumière, un poste de secours émergeant des ténèbres pour recevoir les âmes
qui viennent chercher la lumière.
Ma fille, à Mon contact tu vivras la vraie vie, tu possèderas les âmes, car
elles ont besoin de lumière, de chaleur et de vérité.
Meurs à toi-même et que tout soit un.
Je t’enverrai de grandes grâces, car ta tâche sera écrasante, mais ce sera une
vraie vie, si tu te laisses faire.
Les vertus théologales sont toujours dans vos âmes ; elles font peu d’effet,
mais sous le souffle vivifiant et chaud de Mon Esprit-Saint elles s’épanouissent
comme des fleurs qui sortent de leurs boutons.
Ces vertus produisent de hauts fruits : entre autres des actes bons au sens
spirituel.
La foi devient lumineuse, et au jour nouveau éclaire les âmes des vérités
révélées. C’est le sens de la vue spirituelle.
La foi encore fait pénétrer dans l’âme Ma parole. C’est le sens de l’ouïe
spirituelle.
Quant à l’Espérance, semblable à un parfum qui monte vers le Ciel, elle élève
l’âme vers des pensées célestes, c’est le sens spirituel de l’odorat.
La Charité fait goûter au cœur une douceur infinie, c’est le sens du goût
spirituel. Elle fait encore sentir les touches d’un amour aussi ardent que pur,
c’est le sens spirituel du toucher.
Mes enfants, je vous appelle tous à la sainteté.
Que celle (Andrée Didier de Charmes) qui est appelée à fonder un foyer
aime son fiancé d’un amour noble et pur.
Plus tard, elle aura un pasteur et une épouse.
Elle peut mettre au courant celui qui lui est cher, les grâces tomberont sur lui
et lui feront un immense bien.
A toutes, je vous demande le renoncement, car si Je vous comble, c’est pour que
vous soyez des âmes d’élites.
Les messages que vous recevez ne sont que pour vous former à la perfection. Je
vous aime d’un amour infini.
Réparez pour toutes les blessures qui Me sont faites.
Que J’aime à venir M’épancher auprès de vous.
Vous êtes Mes lys, vous êtes Mes roses d’Amour.
Aimez-Moi, c’est mon dernier cri.
Je vous bénis ainsi que toutes vos sœurs qui dans une union ne vous oublient
pas. Je vous bénis. »
La Très Sainte Vierge sourit à toutes. Elle regarda longuement Andrée Didier de
Charmes, puis en s’élevant Elle nous bénit. Toute blanche, toute lumière, Elle
monta pendant que, petit à petit, les voix devenaient plus fortes. Le voile
revint me cacher cette pureté, puis s’évanouit.
J’aurai voulu m’envoler avec la Reine du Ciel. Quel poids je sens sur mes
épaules quand je suis sur la terre. Comme tout est léger et limpide, lumière
surtout".
Lundi 27 août 1945 :
Avec mon Père, Melle Madeleine Dubach, ses deux monitrices et Françoise, nous
sommes parties après avoir passé par Xaffévillers et Domptail chez Monsieur Rhote qui habite à Ménil-Flin.
Dans la salle à manger avec Mme Pochel, Monsieur Rhote et son fils François,
nous avons récité le chapelet en particulier pour Mme Pochel qui est très
éprouvée.
A la 4ème dizaine la Très Sainte Vierge apparut sur un nuage. Sur sa robe
blanche retombait un manteau bleu. Les bras étendus, de ses mains pures
jaillissaient des rayons qui nous enveloppaient. Au-dessus de sa tête une
étoile. Sur le bord de sa robe qui couvrait ses pieds, deux roses blanches et au
milieu un lys. Tendrement, elle regarda Mme Pochel, inclinant la tête, de sa
voix pure, maternelle, elle dit :
« Ma fille, ce soir, c’est vers cette maman que Je me pencherai.
Âme bien-aimée, Mon Divin Fils a posé sur tes épaules Sa lourde croix. Lui aussi
a tombé trois fois au chemin du Calvaire. Il fut cloué sur une croix et pendant
trois jours est resté dans le tombeau. Ce fut au matin de Pâques qu’Il
ressuscita glorieux. Je montai avec lui au sommet du calvaire et Je partageai
toutes ses plus grandes souffrances. Sans un mot, rien qu’un regard, nous nous
comprenions.
Pour toi, viens sur Mon Cœur Immaculée. Repose-toi dans les grandes heures de
fatigue ; là, tu trouveras le repos, les grandes grâces qui te soutiendront pour
marcher dans cette vallée de larmes.
Ton petit (Jacques Pochel) que J’aime tant est sous Mon manteau.
Tu fus bien courageuse. De Mon beau ciel, il te sourit et prie pour toi.
Je te bénis avec Mon grand amour, Ma plus grande tendresse. Soit confiante. Je
te comblerai.
Je bénis ta maison et je verse sur les âmes qui ne sont pas là, un rayon de
lumière.
Mes enfants, priez, Je vous bénis ».
La Très Sainte Vierge leva les yeux vers le ciel, puis joignit les mains, nous
regardant tous avant de disparaître. Elle nous bénit. Le lys qui était à
ses pieds monta et vint se mettre sous mon manteau. De ce lys tombèrent de
petites gouttes brillantes dans la pièce.
Je me sentis environnée d’un grand amour ; il fait si bon près de la Reine du
Ciel que jamais je ne voudrais la quitter.
29 août 1945 :
Dans la chambre de Jeannette, vers 9h du soir, avec ma famille, Mlle Dubach, ses
deux monitrices et M. le Curé :
La Très Sainte Vierge sur un trône avec sa couronne d’Assomption sur la tête,
des anges autour d’Elle et à Ses pieds. C’est Elle qui parla :
« Mon enfant, Mon Divin Fils désire que je parle au lys qu’Il s’est choisi. « Ma
fille, fixe toujours tes yeux sur Mon Divin Fils et ne les en détache point, car
il est la cause éternelle de l’extase des Saints dans le Ciel et fera éprouver
à ton cœur quelque chose des ardeurs qui les consument. Mérite toujours plus Sa
tendresse ineffable. Mon Divin Fils t’aime et je désire que votre union soit
plus intime. Avec ardeur, Je désire que la Souveraine Beauté blesse ton cœur
d’un de ces traits acérés qui font une blessure incurable, blessure douloureuse,
mais surtout précieuse. Soit une esclave fortunée de Son Amour, jusqu’au jour où
il te recevra dans Son Divin Cœur. Aucun bien n’est à toi ni en toi. Car Il est
la bonté qui se donne. Tu es néant, Lui est le bien : double attention à Mon
Divin Fils et à tout ce que tu fais. Union de tout toi-même à Lui. Lorsque tu
voudras modérer ton activité naturelle d’abord par des efforts constants, suave,
puis en laissant tes facultés aux choses surnaturelles, tu feras un grand pas
dans la perfection et l’union divine sera très facile.
Essaie tous les jours, pendant quelques minutes d’entrer dans un parfait
recueillement ; si tu continue à vivre toujours près de Lui, tu Lui deviendras
toujours plus semblable. La connaissance de ton néant et la bonté de ton Dieu
qui se donne à toi avec Ses mérites infinis produira dans ton âme l’humilité, la
paix, l’amour.
Reviens à Mon Jésus, seule, au calme, au surnaturel, à la confiance, à l’amour.
Jouis de Lui, supplie-Le sans cesse de se donner à toi, recours à Lui dans les
sécheresses, fait peu d’efforts pour avoir des impressions surnaturelles.
Mets-toi, maintient-toi dans des dispositions de mort intérieur a tout
sentiment, tout désir naturel, même le plus petit, car tu obtiendras de Mon
Divin Fils des grâces qu’Il t’enverra quand Il Lui plaira.
Mérite que Jésus te fasse connaitre l’immensité du bonheur dont Il est la
source. Tu l’obtiendras insensiblement, car Il l’accordera la grâce d’un calme
profond. Ta société, c’est ton Jésus. Ta Patrie, ton Ciel. Aime-Le discrètement.
Ce message est pour toi une grande lumière et Il te conduira dans la voie que
Mon Divin Fils et Moi désirons.
Pour ta sœur (Marcelle Babel) Je vais lui donner quelques mots d’encouragement :
« Ma fille, confie-toi pleinement en ton Dieu. Il a ton avenir dans Son Cœur et
dans Ses Mains. Sois une âme résolue, courageuse, aimante et Mon Divin Fils te
donnera le complément de ta félicité.
Sois surtout une jeune fille forte et plus tard une mère de famille qui sera
l’âme de ton foyer. Parmi tes enfants, tu auras le bonheur d’un prêtre et d’une
épouse. Mes enfants, Je vous bénis ».
Jeudi 30 août 1945 :
A 9h à l’église, une dizaine de chapelet pour demander si Melle Dubach comprend
bien son message. Il est convenu que si Jeannette voit une étoile, ce signe sera
pris dans un sens affirmatif. Jeannette voit une étoile au-dessus du tabernacle,
au-dessus une hostie, à droite un lys, au-dessus de l’étoile une banderolle : «
Tu seras une Hostie de sacrifice ».
Vendredi 31 août 1945 :
Au chapelet de 1h30 à l’église avec M. le Curé de Domptail, la Très Sainte
Vierge, dans l’invisible.
« Ma fille, Je vais donner à Mon petit qui est dans l’armée un message qui
élèvera son âme vers les hauteurs sublimes (il s’agit d’André Mathieu de
Domptail) :
'Mon enfant, ne désire pas les dons de
Mon Divin Fils, mais LUI-MEME.
Quand certaines personnes savent se recueillir trois ou quatre fois par jour,
ayant de nobles pensées et faisant leur prière, qu’elle s’en trouve bien et
qu’elles en éprouvent de la consolation et de la douceur, il leur semble que
tout est fait avec cela. Non, Mon enfant, non, elles en sont immensément loin.
Tu es créé pour des choses infiniment grandes et Mon Divin Fils est triste quand
Il voit ces âmes qui ne se contentent que de choses si petites, car il n’est pas
d’autres don que tu fasses toi-même que ton don, te donnant largement,
abondamment, de la manière la plus élevée et la plus noble. Pour cela, il faut
t’étendre et t’épanouir vers Dieu même, avec tes sens, tes facultés, ton cœur,
une aspiration et un désir avide. Il faudra élargir la capacité de ton corps et
de ton âme, afin que tu ne sois satisfaite de rien qui ne soit rien moins que
DIEU même. Tu feras cela, non pas d’une manière sensible et imaginative, mais
d’une manière toute surnaturelle.
Je fais descendre dans ton âme Mon immense Amour'.
Que Mes pasteurs célèbrent le 8 septembre une Messe solennelle dans leur
paroisse. Mes enfants, Je vous bénis ».
Mercredi 5 septembre 1945
A 5h30 dans ma chambre, au pied de mon lit, je méditais, puis, comme j’étais
plongée dans un océan de lumière, je vis une étoile, et dans cette paix, la voix
pure et douce de la Très Sainte Vierge me dit :
« Ma fille, Mon Divin Fils désire que tu passes ta vie à Lui tenir compagnie
dans son Sacrement d’Amour, pour L’aimer le plus possible en compensation de
tant d’âmes qui ne l’aiment pas, qui ne veulent pas le connaître, en réparation
de tant d’outrages qu’Il reçoit chaque jour, et dont tu as quelquefois ta part,
malgré les grâces de lumière qu’Il te donne.
Tu dois vivre de la Sainte Communion, et de cette manière, ne pas interrompre ta
préparation et ton action de grâces, en sorte que toujours en partageant le
temps, l’une succède à l’autre, faisant tout rapporter à cela, en t’y appliquant
parfaitement avec Mes soins et Mon aide, parce que tu ne peux rien faire sans
Moi.
Mon Divin Fils aime à habiter dans un cœur pur pour y faire ses délices. Sans
l’humilité, tu ne peux être vraiment pure. Si l’humilité te rapproche de ton
divin Epoux, la pureté déchire tous les voiles qui le cachent, et plus la pureté
d’une âme est grande, plus elle peut Le voir clairement, le posséder entièrement
et en jouir parfaitement, surtout dans la Sainte Communion.
Ta vie doit être une communion continuelle, communion sacramentelle et communion
spirituelle non interrompu par la disposition de ton cœur à désirer, à aimer ton
époux dans l’Eucharistie.
Admire toujours plus le repos, la paix que tu goûtes sur Son Divin Cœur. Evite
la moindre imperfection afin de goûter cette paix plus complètement.
C’est par une fidélité parfaite que ton âme exempte de toute agitation et tout
uniquement à son Bien-Aimé, s’unira parfaitement à Lui, et recevra l’effusion de
Ses grâces et de Ses faveurs.
Dans le silence du cloître, tu seras absorbée en Mon Divin Fils, tu seras
petite, humble, néant, Jésus perdu en toi, agissant en toi, te transformera en
Lui par une tension très intime, très calme, très forte. Je te bénis. Mon Divin
Fils va parler à ta future Mère. (Supérieure du Val d’Ajol) :
« Mon Epouse Bien-Aimée, Je te tiens sur la Croix. C’est Moi qui souffre et je
fais tout en toi. La souffrance est précieuse aux yeux de la foi ; il y a tant
d’âmes sur la terre qui lui font mauvais accueil.
Je t’ai marquée du sceau de la souffrance. Aime à te consumer sur la croix pour
Mon Amour. L’heure va sonner pour Ma petite Jeannette. Dans l’arche sainte ce
sera pour elle la vie cachée.
Je béni toutes mes épouses ; qu’elle soit sans cesse dans le ravissement du
bonheur et de la reconnaissance.
Appelez-Moi sans cesse, car Mon Amour Me fait précipiter dans l’âme qui
M’appelle. Brûlez, mourez d’amour.
Ne dîtes rien, mangez-Moi. Silence d’admiration, d’adoration, d’amour,
d’ivresse, d’humilité, voilà ce que Je désire. Mes épouses, consolez Mon Divin
Cœur. Unissez toujours plus vos âmes pour procurer Ma Gloire".
8 septembre 1945 : Fête de la
Nativité de la Très Sainte Vierge.
A 5h30, Jésus suavement me dit :
« Ma Jeannette, en ce beau et magnifique jour de la Nativité, Je vais parler de
Ma Divine Mère.
Marie, en naissant apporte la joie au monde. Comme l’aurore réjouit la nature
après l’obscurité, ainsi, après les ténèbres du péché et de l’erreur qui avaient
jusque-là couvert le monde entier, Ma Divine Mère fut la messagère de la joie et
de l’espérance.
Prends part à l’allégresse, demande à Marie qu’elle soit en particulier ta joie.
« Causa nostrae laetitiae ».
Demande à Marie de recevoir son influence bienfaitrice. Place-toi plus que
jamais sous Son action, sous Sa lumière, pour que celle-ci t’envahisse et que
celle-là te dirige. Par Elle, tu seras à Moi, par Elle, tu Me recevras.
Dès Sa conception, Elle a reçu la grâce de la virginité. Marie l’a conservée
intacte, dans toute sa plénitude. Son âme, Son corps, Son cœur furent à moi.
C’est en Moi, c’est par Moi, c’est pour Moi que s’écoula Sa vie entière.
Loue la virginité de Marie, tu touches davantage son Cœur. Demande-lui de
t’enrichir de générosité, d’énergie, de puissance dominatrice sur ta propre
nature.
Ma divine Mère se manifestera à toi pendant le Saint Sacrifice et à l’Elévation,
Je te donnerai une grande joie.
Ma Divine Mère va parler à Son enfant qui est venu au Lieu Béni et pour qui Je
suis resté silencieux. En ce beau jour, Elle va le récompenser". (Jean Marie
Knoll de Pau).
La Très Sainte Vierge :
" Mon fils très cher, Mon Divin Fils est VERITE, et
l’union avec Lui donne l’extase de la spéculation. Les hommes d’études
connaissent les joies sublimes de la Vérité découverte, possédée, savourée.
Dieu est la BEAUTE et l’union avec lui implique l’extase divine et enivrante de
la contemplation. Que de fois tu t’es arrêté à contempler sans te fatiguer
telle beauté terrestre, celle d’une montagne, d’un courant de mer, des espaces
bleus du firmament, d’une nuit étoilée, un morceau de musique. S’il est un
moment où tu as eu l’impression de dominer le flux du temps pour toucher
l’éternité, l’éternité si souverainement, si intensément recueillie en
elle-même, c’est bien ce moment-là.
Mon Divin Fils et la BONTE, et de sa possession est la douceur d’un
savourement.
Tel est le Ciel, telle est l’ébauche, l’ombre, l’esquisse de cette grande
réalité. Toi qui mène une vie céleste, tu peux comprendre ce que Je dis et
former en toi-même et pour toi-même une image intraduisible du séjour
bienheureux. Il faut avoir le Ciel ici-bas pour l’obtenir ailleurs.
L’amour divin est ta fin et ton repos.
Connais ce double mystère. Ton cœur a besoin d’aimer ; il est né pour l’amour ;
il sent que là seulement est un repos dans ses perpétuelles anxiétés et, d’autre
part, ton âme ne trouve dans les amours de la terre, même les plus légitimes,
que les soupirs, les larmes, et les désillusions. Tu es créé pour aimer DIEU
seul. A tes aspirations, à tes appels de ton être, à tes tourments légitimes, à
tes élans, à tes envolées puissantes, un seul objet mérite d’être proposé, c’est
ton Dieu.
Représente-toi ton Jésus crucifié entre tes bras et sur ta poitrine et dis-Lui
en baisant la plaie de son côté : «c’est ici mon espérance. C’est ici la vive
source de mon bonheur, c’est le cœur de mon âme, c’est l’âme de mon cœur. »
Reste dans ton néant et possède Jésus toujours plus. Soit en Lui et doucement
fait ce que Son amour provoquera. Il veut que tu vives de paix, de confiance et
d’amour.
Dans tes petits, Mon Divin Fils s’est choisi un pasteur et une épouse. Tous
deux, nous te bénissons et répandons sur ton foyer des rayons de lumière et
d’amour. »
Pendant que je jouais un morceau de musique à l’Offertoire, mes yeux se
détachèrent de mon livre et je vis le voile au-dessus du tabernacle se
partager en deux. Ce fut une merveille qui s’offrit à mes yeux. Une couronne
d’anges encerclait une petite fille portée par deux anges. La Très Sainte Vierge
était toute petite, habillée d’une robe blanche, toute de dentelle, elle était
couchée sur les bras de deux anges. Un cercle de lumière entourait la tête de la
Très Sainte Vierge et les anges chantaient et j’entendais une douce musique. La
petite Marie ouvrit Les yeux, se leva, et de sa petite main, bénit les fidèles.
De magnifiques cheveux retombaient sur Ses épaules, Elle était d’une beauté
unique. Cela dura jusqu’à l’élévation et Jésus, suavement, me dit, à la
Consécration de l’Hostie :
« Ma Jeannette, ton entrée dans l’arche sainte se fera le 8 décembre et ton nom
de religieuse sera : « SŒUR MARIE IMMACULEE DE l’EUCHARISTIE ».
Je bénis tous Mes enfants ».
Après cela, le voile apparut et me cacha cette pure et touchante vision.
J’étais dans l’allégresse et mon cœur nageait dans le bonheur. MAGNIFICAT.
Mercredi 12 septembre : Fête du Saint Nom de Marie.
5h à l’église : « Ma Jeannette, viens à Mes pieds, dans cette solitude, je vais
te donner un message qui sera pour ton père.
Mon fils bien-aimé, ainsi donc, tu le vois, tout réside en la croix, tout
consiste à mourir, il n’est point d’autre voie qui conduise à la vie et qui mène
à la paix véritable du cœur que celle de la croix et la continuelle mortification.
La croix est la vie, la croix est le salut. Dans la croix c’est l’effusion des
célestes douceurs, dans la croix c’est la force véritable de l’âme. Dans la
croix, c’est la joie suprême de l’esprit. Dans la croix, c’est le plus haut
degré de la vertu et dans la croix le comble de toute sainteté.
Je t’ai précédé chargé de Ma croix, et j’ai voulu pour toi expirer sur la croix,
afin que toi aussi tu portes ta croix propre, et de tout cœur, souhaite de
mourir sur la croix. La croix toujours pour toi est préparée et en tous lieux
t’attends.
Je n’ai pas été une heure, une seule sans être en proie à la souffrance.
Bois amoureusement Mon calice, si, de cœur tu souhaites devenir Mon ami et
partager Ma gloire. Sache et crois fermement que tu dois passer
ta vie à mourir.
Ton mérite et ton avancement dans la perfection ne consistent pas dans
l’abondance des joies et des consolations, mais dans le courage à supporter des
peines et de rudes épreuves. Je te ferai croître en amour, pour qu’au fond de
ton cœur tu apprennes à savourer combien il est doux d’aimer et qu’il est doux de se fondre et se perdre
en l’amour.
L’homme, pour s’élever au-dessus de la terre a deux ailes puissantes qui sont la
pureté et la simplicité.
La simplicité doit être en l’intention, et la pureté doit être en l’affection.
La simplicité tend avec ardeur vers ton Dieu, et la pureté Me saisit et Me
goûte.
Mets-toi à ton devoir, c’est-à-dire soit prête à souffrir et mourir, prends Ma
croix, suis-Mes traces, ainsi tu parviendras à l’éternel vie, car si avec Moi tu
meurs, de même avec Moi tu vivras.
Mes deux enfants, Je vous bénis ».
Mercredi 12 septembre :
A 6h30 au presbytère, en présence de M. et Mme Gletty et 3 de ses enfants, Mme
Spaeth, mon Père :
La Très Sainte Vierge, sur un nuage, les bras étendus. De Ses mains partaient
des rayons qui arrivaient jusqu’à nous. A à ses pieds, deux lys et deux rosiers
sur lesquels il y avait trois roses sur chacun. Au-dessus de sa tête une étoile.
Souriante, elle nous regarde et elle parle :
« Ma fille, dit à ta sœur que le Mon Divin Fils désire qu’elle subisse
l’opération. Elle aura une grande amélioration, mais moi-même je ferai la grande
guérison. Qu’elle se jette dans mes bras, confiante ; Je la soutiendrai dans les
heures douloureuses qu’elle passera.
Mon Divin Fils s’est choisi pour épouse sa fille aînée ; Il attend le grand Fiat
et la comblera de Ses divines tendresses. C’est aux Clarisses du Val d’Ajol qu’Il
l’aimerait. Toutes deux vous serez Ses petites violettes. Parmi ces petits qui
sont là. Je les bénis tendrement et Mon Divin Fils prend pour pasteur le dernier
chérubin.
Mes enfants, recevez Mon grand amour ».
Jeudi 13 septembre :
A SION, devant le calvaire, à 15h30.
La Très Sainte Vierge en blanc, sur une boule bleue, les bras étendus. De Ses
mains jaillissaient des rayons. Au-dessus de sa tête une étoile. A ses pieds, un
lys.
Souriante, Elle nous regarda et Son sourire se fit plus profond et
ses yeux se fixèrent sur Jeanne Papelais (56 faubourg St Honoré. Paris XVIIIe) :
« Ma fille, dis à l’épouse bien-aimée de Mon Divin Fils qu’elle et sa petite
Hostie immaculée.
Le jour de Ma fête des Sept Douleurs, je lui donnerai par toi un message. Qu'elle
prie en union avec toi à 9h du soir.
Mes enfants, Je vous bénis et Mon Divin Fils fait descendre dans l’âme de sa
petite Hostie les flots de son grand amour ».
Samedi 15 septembre : FETE DE
NOTRE DAME DES SEPT DOULEURS
A 9h du soir, dans ma chambre, je priais, quand je vis une étoile au-dessus de
la statue de la Vierge et une voix très douce me dit :
« Mon enfant, Je vais donner le message à l’épouse bien-aimée de Mon Divin Fils,
Ma fille, chaque jour, à la messe, en une Immaculée et très sainte oblation,
avec toutes tes forces et tes affections aussi intimement que tu en es capable,
tu t’offres à Mon Divin Fils qui, de Sa volonté propre a offert à Dieu Son Père
pour tes péchés son corps nus et étendu sur la croix, en sorte qu’il n’est plus
rien demeuré en lui qui n’ait été offert dans ce sacrifice.
Il s’est offert, tout entier, à Son Père pour toi. Tu vois qu’Il a de même donné
en nourriture tout Son Corps et Son Sang pour être tout à toi et que tu demeures
à jamais tout à Lui.
L’oblation spontanée que tu fais de toi-même entre les mains de ton Divin Epoux
doit donc précéder toutes les actions, si tu veux acquérir l’abondance des
grâces et la liberté vraie.
Tu peux chaque jour, à toute heure communier en esprit avec beaucoup de fruit.
Et quand tu reçois sacramentellement, avec vénération et tendre attachement le
Corps de ton Sauveur, vise dans cet acte, la louange et l’honneur du Seigneur
Tout-Puissant.
J’aime la pureté par-dessus toutes choses et c’est de Mon Divin Fils que vient
la sainteté. Il a fait de ton cœur un lieu de Son repos. Tu ne vas pas à lui
pour le sanctifier, c’est Lui qui vient à toi pour te rendre plus sainte.
Combien Immaculée doit être ton cœur de prêtre, ce cœur en qui pénètre si
fréquemment l’Auteur de toute pureté. Le prêtre, en vérité, doit toujours être
orné de toutes les vertus et doit donner aux autres l’exemple d’une vie toute de
pureté.
Tu ne peux être encore toute céleste, et aussi enflammé que tous les chérubins
et tous les séraphins, excite-toi toujours à la dévotion et apprête ton cœur,
afin qu’en recevant avec humilité ce sacrement de vie tu reçoives toujours plus
les étincelles du divin Incendie.
Et lorsque tu célèbres avec le prêtre le divin Sacrifice, il doit te paraître
aussi grand, nouveau et plein d’attraits que si ce même jour, ton Epouse
descendant pour la première fois dans Mon sein se faisait homme, ou bien
suspendu à la Croix, Il souffrait et mourait pour le salut des hommes. Par le
baptême, tu es unie, incorporé à ton Epoux au point de ne plus former avec Lui
qu’un être plénier, un Christ total. C’est là un des aspects les plus austères
et peut-être des moins connus du Saint Sacrifice, la messe, c’est une immolation
personnelle ajoutée à l’immolation de Mon Divin Fils. Ton âme aimante doit être
toujours victime d’Amour, prolongement de ton Jésus et co-rédemptrice.
Tu es entre les mains de Mon Divin Fils une hostie, et tu es présenté par Lui
aux âmes pour les soutenir et les vivifier. Sa douce bénédiction divine tombe
sur toi et sur tes filles.
Mes enfants, le Divin Cœur de votre Epoux est à la fois le foyer, la source, le
Modèle et l’Ecole de l’Amour. Il vous appelle à l’Amour, Il vous offre l’Amour,
Il vous demande l’Amour.
Je vous bénis et Je fais descendre dans vos âmes les rayons de Mon Amour pur ».
Mercredi 19 septembre 1945 :
A 4h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Monsieur l’abbé
Lebègue et Melle Rhote nous avons récité le chapelet aux intentions de ce futur
pasteur.
A la 4e dizaine le voile apparut, les Ave s’estompèrent et dans un cercle
lumineux, je vis la Très Sainte Vierge sur un nuage, les mains jointes, une
couronne d’étoiles autour d’Elle.
Elle arriva souriante, nous regarda et nous dit :
« Ma fille, Mon Divin Fils va donner à Son futur pasteur (abbé Lebègue)
un
message.»
(Notre Seigneur suavement, dans l’invisible parla) :
« Mon enfant bien aimé tu n’entreras en Moi, qu’autant que toi-même tu sortiras. De même que ne rien
désirer au dehors fait la paix intérieure, de même en vérité se quitter
au-dedans fait l’union avec Moi.
Je te veux, ô Mon fils, apprendre la parfaite abnégation de toi-même en Ma
volonté sainte.
Suis-Moi
Je suis la voie, la vérité, la vie.
Sans voie on ne va pas.
Sans vérité de même, on ne peut pas comprendre.
Sans vie, on ne vit pas.
Je suis la Voie que tes pas doivent suivre.
Je suis la Vérité à laquelle il faut croire.
Je suis la Vie à laquelle tu dois espérer.
Je suis la Voie qui ne peut égarer.
Je suis la Vérité qui ne peut pas se tromper.
Je suis aussi la Vie qui ne doit pas finir.
Je suis la droite Voie, la Vérité suprême, la véritable Vie, la bienheureuse
Vie, et la Vie incréée.
Demeure dans Ma Voie, par-là, tu connaîtras Mon Fils, la Vérité, par la Vérité,
tu seras délivré et l’Eternelle Vie te seras accordée.
Veux-tu être plus tard exalté dans Mon Ciel ?
Sois humble dans ce monde.
Veux-tu régner avec ton cœur avec Moi ?
Porte avec Moi Ma Croix.
Car seuls, les serviteurs de la Sainte Croix trouveront le chemin de la
béatitude et de la lumière vraie.
Mes enfants, Je vous bénis ».
La Très Sainte Vierge souriant profondément nous bénit, puis en s’élevant Son
doux regard se posa sur Monsieur l’abbé Lebègue. Le voile insensiblement me
cacha cette douce vision.
Tout en mon cœur était dans la paix.
Lundi 24 septembre 1945 :
A 9h du soir, dans ma chambre, après ma prière du soir, Notre Seigneur d’une
voix très empreint de gravité, très prononcée, s’arrêtant à chaque mot me dit :
« Ma Jeannette, il faut pour tout avoir, te donner toute entière, et ne rien, ô
Ma bien-aimée ; réserver de toi-même.
L’amour de toi te nuit, sache-le, beaucoup plus qu’aucune chose au monde. Tu ne
peux posséder la liberté parfaite qu’en renonçant à toi d’une façon complète.
Retiens bien cette courte et profonde parole.
Quitte tout, ô Ma fille, et tu trouveras tout. Renonce à tes désirs et tu
rencontreras le repos véritable, médite ce précepte. Et quand tu l’auras mis en
parfaite pratique, alors tu sauras tout.
Il ne faut pas, Ma Jeannette, aussitôt reculer, ni te décourager quand tu
entends parler du chemin des parfaits, mais plutôt te sentir appelée vers les
cimes ou tout au moins vers elles soupirer de désir.
Plaise à Mon Père qu’il en soit ainsi de toi, et que tu sois venue jusqu’à ne
t’aimer plus, mais te tiennes soumise entièrement à Moi, ainsi qu’à ton Père que
Je t’ai proposé. Tu Me serais alors grandement agréable, et ton entière vie
coulerait dans la joie et dans la douce paix.
Quitte-toi, ô Ma bien-aimée, et tu Me trouveras. Demeure sans choisir et sans
rien posséder et tu y gagneras en tout état de cause. Tu dois te renoncer
toujours et à toute heure, dans les petites choses, comme dans les plus grandes,
et Je n’accepte rien, mais veux en toutes choses te trouver dépouillée. Comment
donc autrement pourras-tu être à Moi, et pourrais-je être à toi si tu n’as
abdiqué à la fois au-dedans et au dehors de toi, toute volonté propre.
Plutôt tu le feras, mieux tu t’en trouveras. Plus ton renoncement apparaîtra
sincère, plus tu y gagneras, et plus tu ME PLAIRAS ;
Je te l’ai dit bien des fois et te le dit encore.
Quitte-toi, ô Ma Jeannette, et renonce à toi-même, et ton cœur jouira d’une très
grande paix. Donne-tout pour le tout, et ne recherche rien, et ne réclame rien.
Demeure attachée fermement à Moi seul et tu Me posséderas.
Tout ton cœur sera libre et les lourdes ténèbres ne t’écraseront pas. Qu’à la
fois, tes efforts, tes désirs, tes prières n’aient qu’un unique objet : pouvoir
te dépouiller de tout intérêt propre, mourir à toi et vivre à tout jamais pour
Moi.
Ma bien-aimée, Je te bénis ».
(Ce message me fit un grand bien, et plus je le médite, plus je comprends mon
néant, ma misère et mes nombreuses chutes et rechutes).
Mercredi 26 septembre 1945 :
A 5h du soir, dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, M. l’abbé
Sauvage, Doyen de Charmes, Mme Courtois, ses deux filles et son fils, Mme Maître
venue au Lieu Béni pour la première fois, et Mademoiselle Rhote, nous avons
récité le chapelet aux intentions de tous. A la 4e dizaine, les voix
s’estompèrent, le voile majestueusement descendit puis à mesure que les Ave
s’éloignèrent le deux pans du voile s’ouvraient. Toute soulevée de la terre,
j’attendais le grand moment, quand un faisceau de rayons apparut, la Très Sainte
Vierge sur un nuage qui formait derrière, une immense couronne.
Autour d’Elle l’encerclait une couronne d’étoiles. Une couronne de roses
blanches était posée sur Son voile. Elle avait les mains jointes et Ses yeux si
doux nous regardèrent avec bonté. Un léger sourire fleurit sur Ses lèvres et
tout en Elle embaumait la pureté et l’amour.
Me fixant avec une immense tendresse, Sa voix pure, si claire, si douce, si
touchante nous dit :
« Mes enfants, il ne vous suffit pas d’avoir été enrichis de la grâce
sanctifiante et marqués du sceau des enfants de Dieu. Mais il faut encore que
vous vous appliquiez à conserver précieusement et à faire valoir le trésor
inestimable qui vous a été confié.
Comme toute autre vie et sous peine de s’éteindre, la vie surnaturelle doit se
manifester par l’activité et le progrès. C’est la volonté formelle de Mon Divin
Fils, que l’âme qui Lui est unie par la grâce, porte des fruits abondants. Est
parce que vous êtes impuissant à vous élever par vos propres forces à ces
hauteurs sublimes, parce que la moindre action surnaturelle dépasse infiniment
la portée de votre nature, le Saint Esprit en devenant l’hôte de vos âmes par le
baptême se fait votre précepteur et votre guide dans les voies de la vie
chrétienne.
Par les grâces actuelles qu’il ne cesse de vous communiquer, il éclaire votre
esprit, fortifie votre volonté et vous rend capable de tous les sacrifices et de
tous les héroïsmes".
(La Très Sainte Vierge baissa les yeux et dans l’invisible, la voix grave de
Notre Seigneur dit):
« Je suis venu pour vous sanctifier. Le Don de Dieu, c’est la vie de la grâce.
C’était là le grand objet des prières de Ma Divine Mère. Elle chantait sans
cesse le Magnificat et la cause de sa joie qui vous émeut restera le chant de la
reconnaissance et de l’allégresse chrétienne.
Montrez avec bonheur que vous croyez en Moi et que vous M’aimez de toutes vos
forces.
Comprenez que vos souffrances viennent de ce que vous ne donnez pas au vrai but
de la vie l’importance capitale qu’elle doit avoir. Si vous me cherchez
loyalement, vous Me trouverez et vous trouverez le bonheur. C’est un signe pour
vous : tous les sentiments qui vous inclinent vers une charité vraie,
désintéressée, une compréhension objective du bien et du bonheur de vos frères,
vers le dévouement et l’entraide cordiale, tous les sentiments de divine amitié,
de concorde, de support mutuel, donnent la vraie joie ; par ceci ils sont la
preuve que l’Esprit vit en vous et agit par vous. Ainsi vous êtes dans la
vérité.
Je bénis tout particulièrement cette âme (Mme Maître) qui est venue prier au
Lieu Béni.
Mes enfants, Je vous donne Mon grand Amour. »
La Très Sainte Vierge regarda particulièrement et son regard s’attacha en
s’élevant vers Mme Maître. Avant de disparaître, Elle nous bénit, le voile
lentement revint sur cette pure beauté qui s’évanouit. Quelles douces minutes
pour mon âme. Jamais je ne pourrai rendre ce que je vois.
Tout est lumière et amour. C’est mon seul cri.
Vendredi 28 septembre 1945 :
A 11h au presbytère avec Mlle Rhote, M. l’abbé Sauvage, M. le Curé, Melle Krempp
et Melle Dubas :
La Très Sainte Vierge dans un champ de lys, autour des rayons. Les bras étendus,
de ses mains des rayons jusqu’à nous. Souriante, regarde et parle :
« Mon enfant, je vais donner à l’âme qui est venue au Lieu Béni des paroles qui
la mettront sur la voie de la souffrance.
Ma fille, la croix et le partage obligé des âmes privilégiées de Mon Divin Fils.
C’est une loi de la Providence qui les attend toutes, surtout pour toi, parce
qu’ayant charge d’âmes, tu auras par la croix plus de grâces et plus de secours
à leur donner.
Dis-toi, Ma fille que les coups de ton Dieu sont des grâces douloureuses
parfois, mais bonnes à l’âme qui les reçoit avec soumission. Mon Divin Fils sait
ce qui convient à ton âme et à ton cœur. Ta barque ne fera jamais naufrage si tu
consens à ce qu’il soit le pilote de tous les jours. Si parfois la souffrance
t’étouffe, redis-toi, ô Ma bien-aimée fille, que la main de Mon Divin Fils passe
là où tu souffres et que cette Divine Main restera toujours paternelle et pleine
d’amour.
Ma fille, sois toute à la reconnaissance et à la générosité.
Dis à ta sœur que son devoir est de rester auprès de sa maman. (Melle Dubach).
Mes enfants, priez pour les grandes heures. Je vous bénis ».
Samedi 29 septembre 1945 :
A la messe solennelle de Saint-Michel.
Au début du sermon donné par M. Le curé d’Aillevillers, descendit le voile qui
majestueusement se partagea en deux et, de l’infini, je vis descendre un point
blanc qui, peu à peu, grossit et était l’Archange Saint-Michel qui s’avançait
doucement.
Deux grands cortèges d’anges habillés de blanc l’escortaient.
C’était d’une merveille que je ne puis décrire. Saint-Michel avait une cuirasse
blanche et sur sa tête une couronne de pierres rouges. Il tenait dans ses mains
un encensoir. Le cortège s’arrêta et, descendit du Ciel, la Très Sainte Vierge.
Les anges formèrent autour d’eux une immense couronne. La Très Sainte Vierge
était habillé d’un manteau bordé d’hermine. Sur sa tête était posée une couronne de
pierres blanches. Tous regardèrent l’assemblée en souriant. Saint-Michel nous
encensa. Il était d’une beauté ravissante (quel bel Archange !). La Très Sainte
Vierge souriante me regarda tendrement et les bras étendus vers Ses enfants,
d’où jaillissaient de Ses mains des milliers de petits rayons qui remplissaient
le cœur, Elle dit, de Sa voix pure :
« Ma fille, quelle douce joie pour Mon Cœur de pouvoir verser à torrents sur
tous mes enfants les flots de mon amour. Mon Archange Bien-Aimé veillera sur ton
petit village, cela ne veut pas dire que les âmes ne souffriront pas, il faut
qu’elles expient afin qu’après l’épreuve, elles soient plus unies à mon Divin
Fils.
A mes pasteurs venus en grande partie au Lieu Béni, Je vais leur parler de la
connaissance de l’Etre par le néant.
'Mes Fils très chers, le néant, le vide, le désert sont trois puissances qui
attirent l’Etre, et la démarche suprême de l’infini vers le néant, c’est
l’Eucharistie, le Médiateur anéanti.
La gloire de mon Divin Fils sans altérer son unité se manifeste de diverses
façons. Les capitulations volontaires de Dieu sont une des plus sublimes
manifestations de Sa Gloire. Car la gloire du plus fort est de vendre les armes
au plus faible.
Lorsque la prière humaine a fait violence au ciel, alors la miséricorde et la
gloire se rencontrent et s’embrassent dans la victoire de l’homme sur Dieu.
Si vous renoncez à vivre dans l’accident pour vivre dans l’essence c’est-à-dire
en union plus étroite avec votre Dieu, vos âmes sentiront leurs délivrances qui
s’opèreront, elles rencontreront la beauté et la grandeur. Mais cette liberté
s’achète, car tout ce qui prend son élan brise un lien.
Vous n’apercevrez la beauté et la grandeur qu’à condition de comprendre le
symbolisme dans la nature, dans le monde moral, dans l’art et dans l’homme
lui-même.
Voir au-delà des conceptions de votre esprit, accepter l’obscurité et la lumière
de Dieu.
Comprendre que dans bien des cas où sa conduite n’est pas conforme à ce que vous
attendiez, son plan dépassait le vôtre.
Le symbolisme et le médiateur qui vous conduit du beau visible au beau
invisible, au Verbe en qui subsistent éternellement les types des choses
destinées à vous représenter les âmes, le Verbe qui a tout résumé et réconcilié,
le Verbe « in que omnis constans ».
Si vos âmes sont conscientes de leur néant, offrez à mon Divin Fils par les
Mains de mon Archange Bien-Aimé, votre néant.
Tout votre idéal est de trouver la lumière.
Quiconque anéanti devant lui toute substance fait un pas vers Lui, un pas qui
retentit dans le silence des mondes.
Mes Fils très chers, vous traversez parfois des moments bien pénibles, vous
connaissez les heures inquiètes et sombres, mais il faut surmonter vos
tristesses, sachez faire épanouir vos cœurs même au milieu des grandes douleurs.
La joie ne s’achète que par la contemplation, la mortification et la pureté,
elle est la fille du divin amour et sa récompense.
Mon Archange Bien-Aimé protègera vos paroisses. C’est à Lui qu’il faudra avoir
recours dans les terribles épreuves qui fondront sur ma France.
Mes enfants, priez, faites pénitence pour les millions d’âmes qui vont être
fauchées'.
Avec mon Divin Fils, nous vous bénissons et nous répandons sur chacune de vos
paroisses, une pluie de bénédiction".
Vendredi 29 septembre :
A 2h de l’après-midi, au presbytère en présence de Ms. Les Curés d’Aillevillers,
M. Le Doyen de Charmes, Xaffévillers, Clefcy, Domptail, le R.P. Meyer, Melle
Dubach, deux jeunes filles de Charmes et un jeune homme de Charmes qui, déporté
en Allemagne a été malade du typhus à Dachaux et au cours de sa maladie a vu la
Très Sainte Vierge.
La Très Sainte Vierge, sur un nuage, les Mains Jointes, une étoile au-dessus de
Sa tête, nous regarde en souriant, puis parle :
« Mes enfants, dans votre siècle d’agitation fébrile, les âmes même les plus
fidèles ne comprennent pas l’importance de la vie intérieure. Elles parlent,
se démènent et croient agir, mais leurs actions resteront stériles si elles ne
sortent pas d’une source profonde et surnaturelle. Remplissez-vous de Mon Divin
Fils. Vivez de Lui et avec Lui. Dieu est là avec Ses béatitudes célestes et même
ici-bas avec ses grâces de choix. Qu’importe si les épines vous déchirent
ici-bas, au bout vous trouverez la vie éternelle.
Mes filles, travaillez à la grande œuvre de la restauration. Le premier de
tous vos apostolats doit consister à vous unir aux prêtres pour offrir par leurs
mains médiatrices, la victime du Golgotha qui s’était offerte elle-même pour
l’expiation des crimes du monde et pour les besoins de l’humanité.
Vous travaillerez ainsi efficacement à restaurer le plan divin de Mon Divin Fils
détruit par le péché.
A Mon fils que j’ai protégé si miraculeusement, Je le garderai toujours sous Mon
manteau. Je le comblerai. Qu’il Me prie toujours bien. Il recevra de grandes
grâces. Dans sa maladie, dis-lui que c’est Moi-Même qui lui est apparu.
Mes enfants, Je vous bénis. »
Mardi 2 octobre 1945 :
A 4h15 dans la salle à manger du presbytère, avec mon Père, Mme Didelot,
nièce de M. L’abbé Sauvage, et Mlle Rhote, le chapelet fut récité pour cette
âme. En plus il y avait Melle Rose Luc.
A la quatrième dizaine, la Très Sainte Vierge apparut sur un nuage. Elle tenait
les mains jointes et au-dessus de son front brillait une étoile à cinq branches.
Autour d’elle s’échappaient des rayons. Souriante, elle parla :
« Mes enfants, Bienheureux les doux, la douceur c’est la plénitude de la force.
Vous le savez, la foudre brisée qui rugit et qui brise. Pauvre force. La force
entière, c’est cette force douce qui porte votre globe et les astres en ce
jouant. Celui qui a dans l’âme, par la présence de Mon Divin Fils cette force
entière, cette force douce, celui-là soulève et porte la terre.
Donc, bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre.
Et donc jusqu’à présent a porté la terre et soulevé le monde si ce n’est les
apôtres et les martyrs du Christ, qui, dans la douceur absolue, ont souffert,
sont morts, et ont ainsi soulevé le monde, c’est-à-dire produit le seul progrès
visible, réel, universel, fondamental qu’ait jamais vu la race humaine.
Et qui donc réalisera le seul progrès universel vers lequel l’impérieuse volonté
de Mon Divin Fils pousse les âmes. Ce sera l’esprit des Apôtres, des Martyrs,
des âmes victimes, l’Esprit évangélique de douceur et de paix.
Mon Divin Fils désire que cette âme (Melle Didelot) qui est venue chercher les
lumières au Lieu Béni devienne une mère d’une nombreuse famille, car Il se
choisira parmi les enfants qu'Il lui enverra des saints et des saintes.
C’est une de ces familles chrétiennes qu’il faut pour relever la France.
Sur sa famille, nous faisons descendre des flots de grâce.
Mes enfants, nous vous bénissons".
Tendrement La Très Sainte Vierge attacha Son regard sur Mlle Didelot. En
s’élevant, Elle nous bénit, et sourit à Mlle Luc, et Mlle Rhote. Le voile cacha
cette touchante apparition.
Mercredi 3 octobre 1945 : FETE
DE SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS
Pendant que mon Père chantait la Préface, le voile blanc se posa au-dessus du
tabernacle. Quand il se fut partagé en deux, je vis Sainte Thérèse. Elle avait
une grande robe blanche qui ressemblait à du velours. Un manteau couvrait ses
épaules. Un voile de même tissu que la robe, mais très léger était posé sur de
magnifiques cheveux blonds qu’ornait une couronne de roses blanches qui
exhalaient un parfum très doux.
Autour d’Elle, tombaient des pétales roses, rouges, blancs qui formaient à Ses
pieds un tapis.
Dans Ses bras étaient des gerbes de roses.
Son visage blanc était empreint d’une douce joie. Ses yeux dont je ne puis
définir la couleur, retirant sur le vert, se fixèrent sur mon Père.
A l’Elévation, Sainte Thérèse pris une rose blanche et sa main toute fine
effeuilla sur l’autel les pétales.
Elle était petite, mais sa figure paraissait plus grave que celle de la Très
Sainte Vierge.
Pendant que je jouais l’Elévation, elle parla doucement, mais sa voix n’a plus
la même intonation que celle de la Très Sainte Vierge.
Quand elle parlait,
j’étais toute transformée, car il y avait beaucoup d’amour dans sa voix.
MESSAGE SECRET
A la fin :
« Sur toutes ces âmes j’effeuille mes roses.
Mes deux enfants, je verse dans vos âmes le grand amour que j’avais pour mon
Divin Epoux.
Tous deux, nous vous bénissons ».
La petite Thérèse nous bénit puis les dernières roses qu’elle tenait dans
ses bras, elle les effeuilla, et les pétales vinrent voltiger dans la nef.
Penchant doucement sa tête, elle regarda les fidèles. Le voile lentement me
cacha cette touchante vision, puis s’évanouit.
Dans mon âme je goûtais une douce paix. Je sentais mon amour pour Jésus plus
fort.
Lundi 8 octobre 1945 :
A 2h30 au presbytère avec Ms les curés de Xaffévillers et Domptail, mon Père et
Mme Pochel, nous prions particulièrement pour le chantre de Domptail, gravement
malade, dont la guérison miraculeuse a été promise :
La Très Sainte Vierge en blanc, sur un nuage, une couronne d’étoiles autour
d’Elle, les mains jointes, le visage grave :
« Ma fille, je vais donner à mon Pasteur de Domptail un message.
Mon fils très cher, la barque se couvrait des flots de la mer. Cette barque
battue par les vagues est la figure de l’âme chrétienne aux prises avec la
tentation.
Si la tempête fait ressortir l’habileté du pilote,
Si le combat fait éclater la bravoure du soldat,
Si la diversité met en relief la constance des grandes âmes,
de même, la tentation fait abonder les vertus et les mérites du chrétien.
Les vagues menaçantes que le tentateur soulève contre toi sont le plus souvent
tes propres passions. Domine-les par l’ascendant de ta piété. Etouffe-les par la
vigilance et la prière.
Dieu permet cela pour humilier ta présomption et abattre ton orgueil.
La grâce qui te soutient s’élève toujours au-dessus des tentations et cette
grâce fidèlement suivie assure le triomphe. Le tentateur ne s’attaque pas aux
âmes vaincues. Il n’a pas besoin de renverser celles qui sont par terre. C’est
contre les âmes vaillantes qu’il dirige ses efforts. Garde-toi de croire que
les tentations sont des fautes ou des châtiments. Au contraire, elles sont les
indices de ta vitalité morale.
Dieu t’aime. Il ne se plaît pas au spectacle de tes tourments, mais il peut
t’associer aux victoires et aux luttes de Son Fils. Mes enfants, priez, Je vous
bénis ».
M. Le curé de Domptail n’avait absolument rien révélé de son état d’âme. Il ne
s’était même pas recommandé aux prières de Jeannette tout préoccupé qu’il était
du déplorable état de santé de son chantre. Or il se trouve que ce message
correspond parfaitement à ses sentiments les plus intimes.
Mercredi 10 octobre 1945 :
Au chapelet de 15h30 avec M. Didelot, les deux demoiselles Courtois :
Marie-Thérèse et Simone, M. le Curé :
La Très Sainte Vierge apparue sur une boule bleue, les bras étendus. De Ses
mains jaillissaient des rayons qui venaient jusqu’à nous. Autour d’Elle une
couronne de roses blanches. Au-dessus de sa tête, une étoile. Elle regarda en
souriant et parla :
« Mon Fils bien-aimé, ne te décourage jamais à la vue de tes infidélités. Oui,
la Miséricorde de Mon Divin Fils ne se possédant plus veut parfois aller jusqu’à
l’extrême et cherche loin d’elle, enlisée dans le néant de ses misères, l’une ou
l’autre âme plus imparfaite et plus indigne sur laquelle il peut déverser plus
d’amour gratuit. Et si cette âme peut reconnaître sa petitesse et sa misère, et
même souvent lorsqu’elle arrive à force de grâces à la reconnaître un peu, Mon
Divin Fils la soulève jusqu’à Lui dans les embrasements ineffablement amoureux
de sa tendresse divine.
Ne te déconcerte pas, ni ne te laisse pas abattre par la vue de tes infidélités
répétées ; ne dit jamais : il est trop tard maintenant pour devenir encore
un saint, je n’ai guère fait de progrès, je sais à quoi m’en tenir sur mon
compte. Non, cultive avec un soin jaloux ce désir de sainteté que Mon Divin Fils
a mis dans ton cœur, comme un germe précieux et qui est, à Lui seul, une grande
grâce. Garde la confiance, partout et toujours. Mon Divin Fils n’a pas besoin de
temps pour opérer ces prodiges. Pour Lui, un jour est mille ans. Sa confiance ne
te trahira jamais. Elle est une boussole fidèle qui, à travers les écueils, les
tempêtes, te conduira sûrement au port de la perfection.
A la future épouse : Mon Divin Fils t’attend dans l’Arche Sainte le 18 décembre.
Ton nom religieux sera : « SŒUR MARIE DE JESUS-HOSTIE ».
11 octobre 1945 :
A 14h en présence de Mme Gletty, Melle Rhote, Mme Pochel, Messieurs les curés
d’Ortoncourt et de Xaffévillers.
La Très Sainte Vierge avec un manteau bleu, sur un nuage, les mains jointes, des
rayons autour d’Elle, une couronne blanche autour de Son voile, Elle arriva
souriante :
« Mes enfants, c’est vers cette maman que Je vais Me pencher.
Ma fille, Mon Divin Fils désire plus que toi-même ta sanctification. Il veut
faire de ton cœur un canal d’où découlera Ses torrents d’Amour. Ne sois pas
inquiète pour tes petits ; ils sont sous Mon manteau. Pour toi, ne te sépare pas
de ton mari, surtout dans les heures qui sont à venir. Tu sais bien que Je
veillerai sur tous ceux qui te sont chers.
Je bénis ton foyer, mais brise ta volonté. Je te comblerai.
Mes enfants, Je vous bénis ».
Mardi 13 octobre 1945 :
A 3h, à l’Eglise, nous récitons le chapelet avec Mme de la Burthe, Mme Pierrard,
et Melles Marie-Thérèse et Simone Courtois. A la 4e dizaine, le voile se posa
sur le cadre de Saint Urbain et la Très Sainte Vierge apparut sur un nuage ayant
autour d’Elle, une couronne d’étoiles. Au-dessus de Sa tête, une couronne de
roses blanches, les mains jointes, et sur Sa robe blanche, un manteau bleu. En
souriant, Elle parla :
« Mes enfants, il faut vous exercer davantage à la confiance dans Mon Divin
Fils. Il ne faut pas que vous soyez étonnés d’être si fragiles et si enclins au
péché ; c’est un des apanages de votre condition et de votre nature de n’être
rien, de ne pouvoir rien.
C’est de Mon Divin Fils un effet de Sa bonté de vous conserver sans cesse, parce
que vous retourneriez aussitôt dans votre premier néant. Il permet ordinairement
que Ses plus chers amis soient environnés de quelques défauts, afin qu’ils se
fassent connaître aux autres et que la grâce qu’Il verse sur eux, y soit
conservée comme le feu s’entretient et se conserve sous la cendre qui le couvre,
et c’est de là qu’il vous arrive parfois d’avoir une connaissance de Mon Divin
Fils si claire et si évidente que vous ne connaissiez rien qui ne soit
parfaitement Lui, et d’autres fois, cette même connaissance…… se perd et s’évanouit tellement que pour la recouvrer, vous avez besoin d’être
secourus de la grâce.
Mon Divin Fils permet cette vicissitude par un effet de Son Amour parce que
votre foi n’étant pas confirmée par aucune expérience devient plus pure et plus
elle est pure et sincère, plus elle est utile et mérite davantage.
A cette âme (Mme Pierrard) qui prie pour la première fois avec toi, dis-lui que
Je la protégerai ainsi que son fils sur lequel j’étends Mon manteau bleu.
Qu’elle prie avec grande confiance. Je la comblerai.
Mes enfants, Je vous bénis ».
(La Très Sainte Vierge regarda avec bonté Mme Pierrard, puis avant de
disparaître, Elle nous bénit)
Lundi 15 octobre 1945 :
A 3h de l’après-midi en présence de Messieurs les Curés de Xaffévillers et de
Domptail, de Melles Courtois, de Melle Dubach, de Mme Pochel, de Melle Rhote et
de M. le Curé d’Ortoncourt, dans la salle à manger au presbytère :
La Très Sainte Vierge au milieu de trois rosiers blancs.
Autour d’Elle, des rayons, sur Sa tête : une étoile ; les mains jointes, le
visage moitié souriant. Elle parla :
« Mon enfant, c’est vers la future Epouse de Mon Divin Fils que Je Me penche.
Ma fille, Mon Divin Fils fait tout dans les âmes. Tu es son instrument. Pour te
donner comme Il le veut, sois recueillie en Lui : le zèle doit être le résultat
de ta méditation, le rayonnement de ta vie intérieure avec Lui. Comme Lui, aies
ton cœur à la hauteur du Ciel et à la largeur du monde. Vivre avec le Créateur
du monde et pour le monde entier, ce fut la vie de Mon Divin Fils sur la terre.
Donne toi jusqu’au bout de la ressemblance, à la lumière et à la force de
l’union eucharistique et au saint sacrifice. Quand ce sera dur, regarde le Divin
Crucifié. Par la Communion, le Don Divin du Christ s’unit à la terre et ta vie
est prise par la vie supérieure de ton Dieu. Elle est imprégnée totalement et
transformée en Lui, par Lui. Le don de toi-même, le saint sacrifice, c’est
l’union de la donation.
Dans le cloître, il faudra te donner toute entière et faire les sacrifices que
Ton Epoux te demandera et non les tiens. Il envahira toute ta vie, mais n’oublie
pas que tout consiste dans l’amour de l’offrande, la pureté d’intention.
L’amour est plus dans la volonté que dans la matière de l’acte. Que ton don
comporte la bonté. Elle est, par nature, communicative, qu’on appelle vie,
lumière, charité, sainteté. Elle remplit l’âme suivant le degré de profondeur,
bonté simple et digne, te donnant à toutes tes sœurs. Tu vivras au milieu d’âmes
saintes et tu étudieras l’amour de leur vie. Au contact de ces âmes, de ces
envergures d’esprit, de ces puissances, de ces volontés d’énergie, tu monteras
dans la donation complète.
Abandonne-toi entre Ses Bras, et laisse-Lui conduire la barque.
Mes enfants, Je bénis ces objets pieux.
Pour vous, ton Père et toi vous pouvez aller prier aux pieds de Notre Dame de
Domptail.
Que le pasteur ne vienne pas vous chercher. Il faut être très prudent. Je vous
bénis". (Secret).
Mardi 16 octobre :
A midi, dans la salle à manger du presbytère de Domptail, aux pieds de Notre
Dame de Domptail, en présence de MMs les Curés d’Ortoncourt et de Domptail, de
Melle Dubach et de Lucie Contois, la servante de M. le Curé :
La Très Sainte Vierge sur un nuage, des rayons autour d’elle, les mains jointes,
la figure souriante et au-dessus de Sa tête 3 petites étoiles. Elle parle :
« Mes enfants, tous les jours, à chaque heure, vous devez détester votre misère,
confesser vos péchés. A chaque instant, vous pouvez continuellement attirer le
Saint Esprit.
A chaque instant, cet effort qui brise l’obstacle attire la FORCE.
Sortir de soi-même, pénétrer en mon Divin Fils, vaincre la mort, renaître est la
condition de la vie.
En tout temps, le baptême permanent doit se continuer : c’est la prière de
l’âme.
C’est ainsi que vos poitrines, avec deux mouvements ne cessent d’expirer la mort
pour aspirer la vie.
C’est ainsi que vos esprits pensent et trouvent la vérité ; qu’ils s’élèvent du
fait aux lois, du créé à l’incréé : Respirez mon Divin Fils aussi souvent et
plus souvent que vos poitrines ne respirent l’air vital.
Quand vos âmes se recueilleront, s’humilieront pour expirer leur mort, aussitôt
le Saint Esprit entrera en vous en grande abondance. Vous verrez l’humble et
douce colombe. Vous verrez la Lumière et vous trouverez votre Père du Ciel qui
vous dira, de Sa voix douce : « Venez, Mes Fils Bien-aimés ».
Mes enfants, Je vous bénis. »
L’après-midi à 15h nous nous rendons avec Melles Courtois qui viennent
d’arriver chez le chantre de Domptail, gravement malade. En souriant : la Très
Sainte Vierge parle :
« Mes enfants, le navire surpris dans la Mer du Sud par un des plus grands
ouragans de l’équinoxe a grande chance de périr. L’homme de la barre, couché sur
sa roue, maintient énergiquement le gouvernail. Tandis que la mer démontée
embarque tout, lave le pont de ses grandes vagues et couvre tout de son écume,
le voyez-vous, emporté au ciel par la vague monstrueuse et projeté l’instant
d’après, dans un abîme sans fond. Le navire horriblement penché sous la rafale,
crie et gémit, jusque dans ses profondeurs. Les hommes à la barre, à
demi-suffoqués, à demi-aveuglés par l’eau et le sel, maintiennent la direction
du navire au prix des plus héroïques efforts. Plus unis, plus robustes, sous la
menace du danger, on croirait que l’âme et la puissance du capitaine ont passé
dans chacun d’eux.
C’est l’image de l’Eglise Catholique.
Ce vaisseau qui porte dans ses flancs votre destinée éternelle ne périra pas.
Ah ! ne craignez pas. Il verra le port, celui-là. A la parole du Maître
invisible qu’il recèle, la mer se calmera et les jours de paix reviendront.
Bienheureuses les âmes qui auront gardé dans les jours d’épreuve leur foi et la
vigueur de leur âme.
A ce membre souffrant du Christ : Je Me penche vers lui avec toute ma tendresse
de maman. Son grand amour me touche et Je ne puis résister à ses supplications.
' Mon fils, ta Maman du Ciel est tout prêt de toi. N’oublie pas que tu souffres
pour la Jeunesse et qu’après la nuit si terrifiante qui t’enveloppes, tu verras
l’Etoile du Matin.
Je te bénies tout particulièrement et Je dépose sur ton front Mes lèvres
virginales.
Sur ton foyer et sur tous ceux qui t’entourent, sur tes enfants, de Mon Cœur
descendent des flots de grâces et de bénédictions.'
(A noter que jamais la Très Sainte Vierge n’a pris un accent aussi tendre, aussi
maternel. Jeannette en fut tout émut.)
A 18h à Xaffévillers, avec toute la famille de M. le Curé, avant de reprendre le
chemin du retour, nous avons prié. La Très Sainte Vierge apparut sur une boule
bleue. Un manteau bleu couvrait sa robe blanche. Autour d’Elle, une couronne de
roses blanches. Ses Mains étaient jointes, et, dans le lointain, une croix
noire. Un peu gravement, Elle parla, les yeux fermés :
« Mes enfants, remarquez la différence des sentiments de Dieu et des sentiments
du monde touchant la vengeance.
Les gens du monde, les enfants du siècle pensant faussement que ne pas se
venger, c’est succomber et être vaincus ; L’Esprit de Dieu, au contraire, vous
enseigne que se venger c’est succomber et être vaincus.
Parce que vous êtes les enfants de Dieu par la charité, c’est-à-dire les enfants
de Celui qui est la Charité même, c’est pour cela qu’il veut que vous imitiez Sa
Bonté, que comme Il fait lever Son soleil sur les bons et sur les méchants, Il
veut que vous fassiez du bien à tous.
C’est pour cela qu’Il vous défend la colère et la vengeance et qu’il ne permet
qu’une unique manière de vous venger, c’est de faire le bien pour le mal.
Apprenez cette petite prière : « O Dieu d'Amour, O Dieu de Charité, Apprenez-moi
ce que Vous me commandez; Donnez-Moi la Charité afin que je devienne
véritablement un de vos enfants et l'imitateur de Votre bonté.
Mon Divin Fils et Moi, nous faisons descendre sur vous tous des torrents de
Grâces, en particulier sur les petits dont Mon Cœur a un si grand Amour.
Nous vous bénissons. »
(La Très Sainte Vierge regarda chaque personne, puis en s’élevant, Elle bénit et
dans le lointain il ne resta plus que la croix qui disparue derrière le voile).
Lundi 22 octobre 1945 :
A 13h30, dans la salle à manger du presbytère, avec MMs les Curés de
Xaffévillers et de Domptail, Monsieur Saint Dizier et Monsieur le Curé
d’Ortoncourt :
La Très Sainte Vierge en bleu sur un nuage, des rayons autour d’Elle et
au-dessus une Croix.
Au-dessus de la Croix, un oiseau noir au bec crochu et aux pattes crochues,
assez gros (un aigle noir).
Les Mains jointes, le visage grave, Elle parla :
« Mes enfants, Mon Divin Fils est le tout de l’homme, le tout de son cœur comme
de son intelligence et de sa mémoire. Que sont les biens finis auprès de ce bien
suprême et infini : des ombres et des obstacles, trop souvent des obstacles.
Plus près du cœur et des yeux, leur parlant un langage qui enchantait l’homme en
son premier jour, qui l’enchante encore à toute heure, il l’emprisonne dans ce
merveilleux palais de l’univers et lui font oublier la Céleste Patrie.
Pour des enfants mieux avisés, ils sont au moins des ombres, derrières
lesquelles, se cache Mon Divin Fils.
Oui, les Cieux racontent la Gloire de Celui qui a fait le monde, le plus petit
brin d’herbe, sur sa tige, chante, à sa manière, la Sagesse inénarrable de Celui
qui se joue dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit.
Tandis que l’homme terrestre s’arrête à l’ombre visible et palpable, l’homme
spirituel déchire le voile et regarde derrière lui.
Tandis que le premier laisse son cœur s’éprendre de tout ce qu’il voit, de ce
qu’il entend, de ce qu’il touche, le second, d’un coup d’ailes, s’élève vers ce
soleil invisible et, le regard fixé sur cette Beauté immuable qui a faim et soif
des âmes, se repose dans le parfait, dans l’incommensurable Amour Divin.
Mon Divin Fils porte avec Lui toutes vos misères et consume en lui tout ce qui
est mauvais, comme le feu consume la cire. Comme le soleil absorbe les vapeurs
de la terre, Mon Divin Fils vous enveloppe de Sa Lumière afin que vous partagiez
Sa Gloire.
A ton frère : dis-lui que le jour de Mon Immaculée Conception, sa chère maman
entrera dans ma nacelle. Dis-lui encore, que de là-haut elle les protège et prie
pour eux.
A ton autre frère, qu’il ne soit pas inquiet. Celle qu’il aimait enveloppe ses
enfants et de là-haut, dans Mon Firmament, avec un sourire, elle se penche vers
ses petits et vers celui qu’elle a laissé dans cette terre de l’exil.
Au milieu des saints, auréolée de lumière, elle ne cesse d’implorer Mon Divin
Fils pour qu’il laisse tomber sur son foyer des torrents de grâces. Mon Fils,
soit confiant. Je te bénis tout particulièrement ainsi que Mes autres enfants".
Mercredi 24 octobre 1945 :
A 4h. en présence de Melle Javel, Melle Dubach, Melle Rhote : La Très Sainte
Vierge, en blanc, sur un nuage, des rayons autour d’Elle, sur Sa tête une
étoile, les bras étendus et de Ses Mains partent des rayons qui arrivent jusqu’à
nous. Elle arriva souriante et parla doucement :
« Ma fille, c’est à cette âme venue au Lieu Béni que Je vais m’adresser.
Ma fille très chère, Je vais te montrer la pensée éternelle de Mon Divin Fils
sur ton âme. A travers les événements qui ont marqués tes jours, à travers ce
qui maintenant constitue la trame de ta vie, il y a un dessein de Mon Divin Fils
qui se cache.
Elans généreux, faiblesses, défaillances, efforts, souffrances, joies, succès ou
difficultés, sympathies éprouvées, injustices douloureuses, contentement ou
isolement de ton cœur, rien n’échappe à Son Action, tout concorde avec Son Plan.
De tout ce qui t’arrive, de tout ce que tu es, de tout ce que tu fais, Mon Divin
Fils veut produire quelque chose qu’Il sait de façon précise.
Si tu pouvais voir à l’instant même dans la pensée de Mon Divin Fils, tu y
découvrirais un idéal qu’Il poursuit avec toi et par toi, un but auquel tu dois
atteindre sous peine de ne pas donner ta mesure.
Il faut te convaincre de cette noblesse d’avoir été choisi pour exécuter ce
plan, et y répondre de toute l’ardeur de ton âme, en suivant docilement la grâce
de chaque jour, aujourd’hui la grâce d’aujourd’hui, demain celle qui t’attend
alors et ainsi tous les jours jusqu’à ce qu’enfin cette existence, pour certains
si vides et pour toi si grave se trouve transformée divinement dans le sein de
l’éternité.
Mon Divin Fils n’a pas de limite : si tu montes aux sommets les plus élevés, Il
y domine ; si tu descends dans les profondeurs, tu le rencontres ; si tu vas aux
confins de la terre, tu l’y trouves encore. La grâce, mystère de l’immensité, La
grâce, mystère de l’éternité, la grâce, mystère de vie, c’est Mon Divin Fils
s’incarnant en toi pour te donner la Vraie Vie. Apprécie de plus en plus ce Don
Divin.
Sois dans l’admiration et, dans le silence de Mon Divin Fils. Ecoute-Le,
contemple-Le et, dans l’admiration, laisse-Lui ravir ton cœur.
Je protège ceux qui te sont chers. Pour toi, ce que tu feras plaira à Mon Divin
Fils. Je te comblerai, car ceux qui vivent dans l’amour du Cœur Divin reçoivent
des flots d’Amour. Priez, priez pour toutes les âmes qui souffrent et qui sont
dans les ténèbres. Mes enfants, Je vous bénis et verse dans vos âmes Ma Grande
Bonté".
Vendredi 26 octobre 1945 :
A 10h. avec M. le Curé de Domptail venu consulter le Ciel pour savoir s’il doit
organiser une soirée récréative le soir du lundi de la fête de Domptail ou se
contenter de prier à l’église et de gémir (ce fut le dernier mot prononcé par
lui avant de s’agenouiller pour le chapelet).
La Très Sainte Vierge en blanc, sur un nuage, des rayons autour d’Elle, une
étoile au-dessus de Sa tête, les Mains jointes, la voix grave :
« Mes enfants, pour un moment de tristesse, une éternelle joie. Mon Divin Fils
exerce les âmes qu’Il aime durant cette vie et l’épreuve qu’Il tire de leur
vertu semble pour l’heure être un sujet de tristesse et non de joie. La
douleur fait gémir les pénitents, le travail fait gémir ceux qui s’adonnent aux
bonnes oeuvres, l’Amour Divin fait gémir les parfaits, le zèle gémir ceux qui
gouvernent et travaillent au salut des âmes. Après les avoir exercés, Mon Divin
Fils leur fait recueillir dans une très grande paix le fruit de la justice. Le
fruit de la justice, c’est la paix et la joie de l’esprit. La Sainteté produit
ce fruit en trois temps : avant la mort, à la mort et après la mort.
Avant la mort, la joie des justes naît du témoignage d’une bonne conscience.
A la mort, elle naît de ce qu’ils sortent de ce siècle pervers et corrompu.
Après la mort, de ce qu’ils entrent dans la joie du Seigneur que nul ne leur
ravira jamais.
Si bien que la tristesse des gens de bien ne dure, à vrai dire, qu’un moment.
Leur joie est continuelle. Elle les accompagne partout, à la vie, à la mort et
après la mort, parce que Mon Divin Fils qui en est la source est un Bien infini
qui comprend en éminence tout ce qui peut les rendre heureux, un Bien immortel
qui ne manque pas et que personne ne peut leur ravir, s’ils le veulent.
Au lys de Mon Divin Fils (Melle Dubach) c’est son Dieu qui va lui parler :
« Mon Fils, je viens vers toi, car ton cœur fut meurtri par le sacrifice que je
t’ai imposé, toi qui sent si vivement la douceur et la joie. Le Ciel en sera ta
récompense, quand l’heure sera venue. Sur le chemin ardu, il y a au bout de ce
chemin, des gloires éternelles qui seront ton Paradis. Je t’aime passionnément.
C’est pourquoi J’ai fait naître les occasions de te (mortifier) – Jeannette
hésite : non dit-elle : (soumettre) – ce n’est certainement pas cela : ah, j’ai
trouvé : faire naître. On ne remarque pas que cette expression vient d’être
employée et l’on écrit : faire naître. On ne s’apercevra de l’erreur que le
lendemain et on la signalera à Jeannette que le lundi suivant, au moment de se
mettre en prières (voir message de lundi) faire naître à la soumission et à la
mortification. Mets Ma pensée sur chacune de tes actions et derrière chacun de
tes mouvements qui composent ta vie. Ta vie sera ainsi élevée et tu gagneras les
mérites du Paradis. Tu es le néant que J’orne, embellis de Ma grâce, que J’adore
à genoux et que Je m’unis étroitement. En t’anéantissant, tu seras refoulée dans
l’abîme de ton indignité et ton âme en sera beaucoup dilatée. Sois bien
courageuse. Je suis le Pilote de tous ceux que tu aimes.
A Mes Pasteurs : qu’ils restent silencieux sur ces plaisirs. Je leur demande de
prier pendant ces jours et ces nuits de jouissance. Mon Manteau enveloppe Mes
meilleurs enfants.
Pour toi, Je veux que tu passes ces quelques jours à Ma Colline Bénie. Ma Divine
Mère et Moi, nous vous bénissons.»
Samedi 27 octobre 1945 :
A 7h du soir, dans la chambre de M. Albert Georges, à la Verrerie de Portieux,
avec sa famille et Mme Vexlard, nous avons récité le chapelet aux intentions de
ce foyer.
A la 4e dizaine, la Très Sainte Vierge apparut en blanc, portée sur un nuage,
une couronne de roses blanches autour d’Elle. Les bras étendus, et de Ses mains
partaient des rayons qui arrivaient jusqu’à
nous. Toute souriante, Elle nous regarda, puis, maternellement, Elle dit :
« Mon enfant, ce soir, Je suis heureuse de te voir parmi Mes enfants que J’aime
avec un grand Amour. C’est vers Mon fils (Albert Georges) que Je vais Me
pencher.
Âme bien aimée, c’est la croix de Mon Divin Fils qui béatifie la souffrance ;
c’est elle seule qui en donne la raison suprême d’expiation.
Toi qui souffres, regarde Mon Jésus crucifié et en le regardant contemple la
grandeur infinie de l’offense faite à Dieu par le péché, et l’amour infini de
Mon Divin Fils se donnant dans Sa douloureuse Passion pour son expiation totale.
Alors c’est la béatitude de la souffrance ; si tu comprends Mon Jésus crucifié,
la béatitude de la souffrance envahira ton âme, elle ira jusqu’au plus sanglant
sacrifice, jusqu’au dernier cri de Ma petite Thérèse : « Ou souffrir ou mourir
».
La douleur est sur la terre une Louange Divine à la Justice et à l’Amour de Mon
Divin Fils. Toute souffrance, à ses divers degrés d’union à Mon Jésus Crucifié,
aura dans Mon Ciel sa consolation infinie, éternelle, la consolation même de ton
Jésus Crucifié.
La terre n’est plus par la souffrance une horrible géhenne, elle est la porte de
la joie éternelle.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Le sacrifice que tu feras de ta famille, te donnera d’infinies joies. Je te
bénies avec Mon Grand Amour de Maman. Je Me penche surtout sur les enfants qui
souffrent dans leur corps.
Je suis émue de ta grande souffrance. Dans l’invisible, Je te soutiens ainsi que
ceux qui te sont chers.
Mes enfants, Je verse dans vos âmes Mes Rayons de Lumière. »
(La Très Sainte Vierge se pencha et tendit les bras vers M. Albert Georges avec
un tendre sourire. En s’élevant, Elle nous bénit puis disparue derrière le
voile.
Ce fut une touchante extase. Quelle paix et quelle grande joie dans nos cœurs).
Dimanche 28 octobre 1945. Fête
du Christ-Roi
A 9h du soir, dans la chambre des demoiselles Luc, avec toute la famille, mon
Père, Melle Dubach, nous avons récité le chapelet pour ces foyers qui venaient
de recevoir une grande grâce, celle de connaître les messages.
A la 4e dizaine, la Très Sainte Vierge se manifesta en blanc. Un nuage la
soutenait. Une couronne de roses rouges l’encerclait. Au-dessus de Son front
brillait une étoile à cinq branches. Ses mains étaient jointes. Elle arriva
souriante puis un peu gravement, Elle dit, les yeux fermés :
« Mes enfants, le Règne de Jésus Christ, c’est la descente du Saint-Esprit dans
les âmes. C’est le salut des nations et des familles. C’est la Gloire du Père,
c’est l’auréole de la Mère, c’est l’innocence de l’enfant. C’est la joie des
foyers. C’est les gloires éternelles de la tombe dans l’espérance de la
Résurrection. Le règne du Christ, c’est le paradis sur la terre, c’est la
Justice, c’est la paix, c’est la Vie.
Priez pour que le Règne de votre Dieu arrive sur la France. Que cette charité
vous pousse et que les ailes de la miséricorde lui donne plus de rapidité pour
ramener les âmes qui vont sur toutes les routes, excepté sur la route du salut
éternel. Adveniat regnum tuum.
Dans votre existence, rien ne procède par les mouvements du hasard. Tout sort,
tout dépend de la Volonté de Dieu qui donne les permissions et fait les lois
posées.
Comment, dès lors, ne pas suivre avec attention, avec respect, avec ravissement,
l’enchaînement des circonstances accomplies par Dieu à votre égard ?
Dans votre existence, tous les évènements sont des textes sacrés que votre
esprit peut étudier et commenter.
A la vérité, l’intervention divine est soustraite à votre vue naturelle.
Tourmentés par les évènements, vous découvrez les agents immédiats de vos
épreuves, mais l’Agent suprême reste dans l’ombre. Fréquemment, il vous arrive
de ne voir ni le principe ni la fin des dispositions que la sagesse éternelle
prend à votre égard.
Cependant ne laissez pas ébranler votre foi. Ne vous troublez point. Ne vous
laissez pas aller sur la pente funeste du découragement. Persuadez-vous que
derrière toutes choses humaines, Dieu est présent, bien qu’invisible et caché et
dites-Lui :
« Mon Dieu, j’ai remis mon sort entre vos Mains ».
Je bénis tout particulièrement ces enfants qui prient avec toi et que les
épreuves ont touchés si péniblement.
Qu’ils soient toujours bien confiants, le centuple leur sera rendu, Je les
comblerai et Mon Divin Fils fait descendre sur chacun d’eux Ses grâces et Ses
bénédictions, Mes Enfants, Je vous bénis".
(La Très Sainte Vierge regarda tendrement Ses enfants, puis en souriant, Elle
s’éleva. Avant de disparaître, Elle bénit, puis le voile revint sur cette pure
beauté).
Lundi 29 octobre 1945 :
A 3h avec MMs les Curés de St Genest, Xaffévillers et Domptail, quelques
paroissiennes de Fauconcourt, la sœur de M. le Curé de St Genest, Melle Dubach
et Melle Rhote, devant l’autel de Notre Dame d’Ortoncourt dans la salle à manger
du presbytère :
La Très Sainte Vierge descendant sur un char doré tiré par des anges. Autour de
ce char 3 couronnes d’anges. Elle était debout avec un manteau blanc sur Sa robe
blanche. Une couronne de pierres blanches qui brillaient sur sa tête. Ses
cheveux blonds ondulés. Les bras étendus et de Ses mains partaient des gouttes
de rosée qui arrivaient sur une boule bleue et l’inondaient. En souriant, Elle
parla :
« Mes enfants, Je vais vous montrer comment vous avez besoin de Mon Divin Fils.
Lui, pour vous, qui est-Il, et qui êtes-vous pour Lui ? Il s’est nommé la
Lumière, la Vérité, la Route, le Pasteur, la Vie. C’est Lui qui éclaire nos
ténèbres, instruit vos ignorances, trace votre direction, conduit votre marche,
nourrit votre faiblesse. Il s’est nommé le cep dont vous êtes les branches. Ce
qui équivaut à dire que pour n’être pas une branche morte, il faut adhérer à
Lui. Ainsi a-t-Il quelque chose à vous donner que vous ne portez pas en vous,
mais cependant dont vous avez besoin et que vous ne pourriez pas avoir sans Lui.
Quand le soleil vous offre sa lumière, vous n’avez pas le droit de dire : « A
quoi bon, je puis m’éclairer. » Le soleil vous est nécessaire comme à tout ce
qui vit. Il ne vous reste qu’à accepter sa bienfaisante lumière et sa
réconfortante chaleur. Tel est, relativement en vous, le cas du Christ. Il sait,
Il sait ce qu’il vous faut et ce qu’il vous manque. Il a, Il apporte. Comme Il
vous commande d’accepter, ainsi Il vous commande de vivre. Chez Lui, c’est plus
qu’un droit, c’est une sorte de devoir d’Amour qu’Il a pour Ses créatures qu’Il
a choisies pour la destinée éternelle.
La phrase qui a commencé ainsi : « Vous ne vivrez pas si vous ne mangez la chair
du Fils fait homme » se termine normalement ainsi : « Vous devez la manger
puisque vous devez vivre ».
Je vais te redonner la phrase du message que Mon Divin Fils a donné à Son lys :
« Je t’aime – Il M’est doux de te le répéter – Je t’aime passionnément. C’est
pourquoi J’ai fait naître les occasions de te façonner à la soumission et à la
mortification.
Je suis profondément touchée de contempler Mes enfants les plus confiants.
A Mon Pasteur (M. le Curé de Saint Genest) qui n’a encore pas reçu de paroles
divines : Je le soutiens dans ses grandes difficultés. Je suis continuellement
tout près de lui et pleure quand Je vois combien les âmes méprisent et haïssent
Mes Pasteurs.
Sa douce Mère du Ciel le comblera et après les nuits, ce sera de grandes joies.
Mes enfants, Je vous bénis avec toute Ma grande tendresse. »
Mercredi 31 octobre 1945 :
A 4h dans la salle à manger du presbytère, avec Mon Père, Melle Dubach et Melle
Rhote, nous avons récité le chapelet devant Notre Dame d’Ortoncourt.
A la 4° dizaine, la Très Sainte Vierge apparut en blanc, portée sur un nuage,
une couronne d’étoiles autour d’Elle qui lançaient des petites lumières. Une
rose rouge était au-dessus de Son voile. Les mains jointes, un léger sourire sur
Sa douce figure, Elle dit :
« Mes enfants, Le Ciel ; il vous suffit de prononcer ce nom pour que votre
raison applaudisse et que votre cœur s’émeuve. Personne ne peut contester
l’existence du Ciel, tous vos rêves l’appellent, toutes vos aspirations les plus
pures et les plus hautes le demandent. Et parce que vous pourrez supporter les
épreuves, dans le Ciel vous serez récompensés et dédommagés.
Avec le Paradis tout est lumière ; vos douleurs de la vie seront consolées,
votre travail et votre fatigue de la terre seront réparés.
Que vos âmes aient une soif inextinguible de cette vérité, parce qu’elles seront
rassasiées infiniment. Qu’elles soient folles de bonheur puisqu’elles sont
créées par l’Infini ; qu’elles méprisent le temps, la fortune. Qu’elles se
sacrifient pour la vertu et la vérité, parce que, bientôt, elles devront tout
abandonner.
Mes enfants, Je vous demande et vous supplie de faire pénitence. Priez afin que
Mon Divin Fils se laisse toucher. Je vous bénis. »
Vendredi 2 novembre 1945 :
A 3h30 dans la salle à manger avec mon Père, M. et Mme Loth (Nancy), Melle
Dubach et Melle Rhote, le chapelet fut récité aux intentions de ces deux âmes.
A la 4° dizaine, le voile couvrit la statue du Sacré-Cœur. Dans un silence
délicieux, je vis la Reine du Ciel, un manteau bleu azur fermé par une rose
blanche, couvrait Sa robe blanche. Une boule bleue La soutenait. Autour d’Elle
émanaient de petits rayons. Une couronne d’étoiles encerclait Son front
virginal. Ses douces mains si belles étaient jointes. Souriante d’un sourire qui
fait chanter le cœur, Elle parla :
« Mes enfants, au ciel votre joie sera sans mélange et durable. C’est la pensée
de ce bonheur et l’espérance de cette vie si désirable qui ont soutenu vos aïeux
et qui doivent aussi vous soutenir dans les combats de la vie chrétienne.
En jetant les yeux sur la Jérusalem d’En-Haut, le pèlerin de la terre salue de
loin la douce Patrie et l’espérance d’y parvenir le soutien dans sa marche. En
voyant par la pensée le prix réservé à sa constance, il supporte sans s’émouvoir
les clameurs et les railleries des incrédules, car il sait que s’ils blasphèment
Dieu dans ce monde, ils ne pourront pas Le braver dans l’autre, et que sa
confiance et son amour ne seront point trompés.
Cette vie peut lui paraître amère, comme il sait qu’elle est périssable, il s’y
résigne aisément, s’applique à mettre en assurance le trésor de sa gloire
future.
On peut briser l’édifice de sa fortune, déchirer sa réputation, lui ravir la vie
du corps, il souffre, mais il espère. Il tombe en apparence, mais il ne fléchit
que pour se relever plus grand dans une vie meilleure.
Mes enfants, voyez donc à la lumière de la foi, la nudité des choses terrestres
et le néant de tout ce qui se passe.
Aimez Dieu et cherchez à l’aimer chaque jour davantage. Mettez votre trésor dans
le Ciel, et sachez endurer avec patience quelque chose sur la terre pour arriver
avec plus de mérites là où ne se trouve plus ni combat, ni détresse, ni crainte,
ni souffrance, mais où règne une paix souveraine, une charité parfaite, une joie
sans bornes, une sécurité inaltérable, un bonheur sans limites.
A ton frère (M. Loth), c’est vers lui que Je vais me pencher.
Mon fils, fais de ton âme un temple pour Dieu, élève un autel pour offrir le
sacrifice de ta volonté. Ne perd jamais de vue Mon Divin Fils. Entretiens-toi
avec Lui, doucement et familièrement parce qu’il a fait en toi sa demeure. Fais
de ton cœur un sanctuaire pour Moi, duquel s’élèveront les prières que tu lui
offriras.
Je bénis tes petits ainsi que tous ceux que tu aimes.
Pour vous deux, (M. et Mme Loth), soyez des âmes d’amour, et tous, réparez et
consolez Mon Divin Fils.
Tous deux, Nous faisons descendre sur vous, Nos rayons de tendresse. Nous vous
bénissons. »
La Très Sainte Vierge sourit à M. et Mme Loth. En s’élevant Elle tendit Ses mains chargées de grâces, puis disparu derrière le voile.
Samedi 3 novembre 1945 :
A 4h dans la salle à manger du presbytère, avec mon Père, Mme de la Burthe, Mlle
Janine et Michel Gourmand, M. Didier Michel, Melle Madeleine Jeanpierre de
Charmes, Melle Marie-Thérèse Courtois, Melle Louis (Hardancourt), Melle Simone
Courtois, Melle Madeleine Dubach, M. Lebègue et Melle Rhote, devant N.D.
d’Ortoncourt, le chapelet fut récité aux intentions de tous.
A la 4° dizaine, je fus saisie d’une émotion indescriptible, puis j’étais
heureuse d’un bonheur intime, si profond que je souriais, mon âme chantait à
mesure que les ave s’estompaient et que le voile s’entrouvrait. A ce moment je
revins à moi quand le voile s’ouvrit au large, je jetai un cri de bonheur (Oh,
que c’est beau).
Dans le lointain, j’aperçus un minuscule point blanc qui glissait, sur un chemin
de pétales de roses blanches qui ondulaient. Dans cette nappe parfumée un
sillage lumineux se traça et ô merveille, splendeur des splendeurs, la Très
Sainte vierge assise dans sa nacelle, venait vers moi. La barque était
recouverte de milliers de petites étoiles qui scintillaient. La Très Sainte
Vierge était habillée d’un manteau bleu, formant l’agrafe. Une couronne de
pierres blanches était posée sur ses cheveux splendides. Elle tenait sur Son
bras droit l’Enfant Jésus qui était habillé d’une robe blanche de tissu
vaporeux. Il tenait dans Sa main droite la terre et dans Sa main gauche une
croix brillante. La barque s’arrêta et tout deux sourirent à tous. La Très
Sainte Vierge inclinant légèrement la tête, dit d’une voix qui enchante, d’une
voix céleste :
« Mes enfants, voici ce que l’église apporte au monde.
Quand l’homme arrive au terme du progrès terrestre et desséché de tradition
divine comme un sable altéré,
Quand le colosse humain grandi jusqu’à l’extrême ne peut plus que mourir,
Quand le règne de l’homme a donné tous ses fruits, surviennent de nouveaux dons.
Alors descend des collines éternelles un germe de la céleste monarchie. Une
petite pierre (cette pierre est le Christ) vient briser le colosse humain. Dès
lors, le Royaume de Dieu et au milieu des hommes. L’Eglise devient la société
universelle, la sève des sociétés. Cette Société Mère, ce Royaume de Dieu en
s’adressant à tous, leur prêche l’amour, l’obéissance, la liberté et répand sur
les hommes tous les éléments de l’union.
Voilà ce que l’Eglise apporte au monde, cherchant à l’attirer, cherchant à
attirer les hommes vers Dieu.
L’amour est le principal objet des plaintes et des reproches de Dieu à votre
égard. Avec l’amour, vous obtiendrez plus et vous ferez plus de progrès qu’avec
tous les exercices et les austérités de la pénitence. Avec l’amour, vous
porterez et souffrirez patiemment toutes les épreuves que Mon Divin Fils vous
envoie. Vous pardonnerez sincèrement tout le mal qui vous est fait. Rien
n’approche plus de Mon Divin Fils et ne s’attache plus à lui que le doux lien de
l’Amour. Soyez tous sur ce chemin de l’amour et vous n’en chercherez plus aucun
autre.
Je laisse la parole à Mon Divin Fils.
L’Enfant-Jésus gravement, cela était très émouvant, sont doux regard fixé vers
l’Infini parla :
Ma fille, Je vais donner le message à mon âme très aimée. (Melle Louis de
Hardancourt).
Ma fille très chère, la souffrance pour ton âme est un procédé de formation. La
souffrance est formatrice, éducatrice, sanctificatrice. Ce ne sont pas là de
vaines formules.
Sans les coups de marteau qui taillent la pierre et la meurtrisse, le sculpteur
ne pourrait pas faire de chef d’œuvre. Si le minerai ne sort pas du creuset,
comment l’or pourrait-il s’en extraire ?
Dans Mon Evangile, tu sais bien que J’ai dit que si le grain ne meurt pas, il
reste seul, mais que s’il meurt, il germe jusqu’à l’épi.
Tout rameau de vigne qui porte du fruit, Mon Père le taille pour qu’il en
produise avantage. C’est la loi. L’expérience de toujours la vérifie. Le procédé
est irremplaçable ; sans exception, il est appliqué dans la vie des saints.
Naturellement, le grain souffre, la vigne pleure, mais plus tard, après les
résultats obtenus, le grain ne pourra dire que merci et la vigne aussi.
Pour toi, surtout aies confiance dans Ma méthode et traverse sans défaillance la
période crucifiante.
En attendant, prête-toi au marteau du Divin Sculpteur et au sécateur du Divin
Vigneron.
Ce sont les âmes victimes qui sauveront le monde.
Tu en es profondément convaincue et ce dont chaque nation a plus besoin de nos
jours, c’est du martyre. Offre-toi en sacrifice pour le salut de la France et le
triomphe de l’Eglise. Accepte, dans ce noble but, en union avec Moi, avec Mon
Cœur Agonisant, avec le cœur compatissant de Ma Divine Mère, toutes les peines,
toutes les épreuves qu'Il Me plaira de t’envoyer par Ma Miséricorde.
Et si au fond de ton âme, Je te demande le sacrifice de toi-même, ah, pour Mon
Amour, pour l’amour des âmes que J’ai racheté dans mon Sang, ne me refuse pas ce
dernier holocauste.
Ma Miséricordieuse justice a mis dans les âmes victimes le salut de la Nation et
le triomphe de l’Eglise.
Mes enfants, priez.
A ma future épouse (Janine Gourmand de Charmes), qu’elle soit une hostie, et
plus tard, elle pourra chanter le Te Deum.
A votre sœur (petite sœur de Jeannine Gourmand), malade, elle aussi, il faut
qu’elle souffre, mais je lui rendrai la santé.
J’admire Sa confiance, et son sacrifice a soulagé une âme du Purgatoire.
Tous deux, nous vous bénissons avec notre grand Amour. »
L’Enfant-Jésus prit dans Sa main la croix et fit sur nous, en même temps que Sa
Divine Mère un lent signe de croix.
La Nacelle remonta dans le sillage lumineux et les pétales de roses venaient
recouvrir ce sentier.
Le voile blanc vint cacher cette unique vision. Mon cœur était plein d’amour
pour Dieu. Je veux l’aimer de plus en plus et toujours au-dessus de tout. Mes
mots sont pauvres pour traduire les choses de mon âme. Que c’est beau là-haut,
comme il ferait bon y dormir. Quand je contemple l’Enfant Jésus, par Son regard
profond, je sens qu’il attire les âmes pures et aimantes, les âmes profondes. Il
a, Lui seul, les paroles de la vie éternelle.
Dimanche 4 novembre 1945 :
Dans la nuit, avec mon Père, Melle Dubach, M. Lebègue, Françoise, le petit
groupe d’Ortoncourt et celui de Fauconcourt, nous avons, à l’église, réparé et
consolé N.S.
Au 2° chapelet médité sur les mystères douloureux, je vis à la 4° dizaine le
portement de la croix, le voile descendit sur la grande croix du Christ qui est
suspendu à l’entrée du Chœur.
Dans une paix mystérieuse, la Très Sainte Vierge descendit au milieu de nous.
Portée sur un nuage, Elle avait des rayons qui émanaient de sa pure personne.
Au-dessus de Sa tête, deux anges en blanc. De ses bras étendus, jaillissaient
des rayons qui arrivaient dans toute l’église.
Dans le lointain, un cœur palpitant, encerclé et percé d’une couronne d’épines,
de tous les côtés arrivaient des petites et de très grosses épines qui perçait
ce cœur et le sang goutte à goutte, puis à flots tombait dans un calice tenu par
un ange.
A gauche du Cœur, il y avait un sentier où je voyais nettement des personnes
joyeuses, habillées de robes légères, des jeunes gens très léger qui partaient
en sautillant, et ce sentier allait en pente. A droite, un sentier rude,
rocailleux, bordé de ronces et d’épines, montait vers le Ciel. Là, priaient des
prêtres, des religieuses, des jeunes filles, enfants, vieillards.
Tous avaient un visage calme, et malgré la souffrance, sur certaines figures, je
voyais dans les yeux une lumineuse paix.
Dans l’invisible Jésus tristement parla :
« Mes enfants, devenez humbles, petits, enfants. Sans prévention, sans
conscience de votre science, de vos mérites, de vos vertus.
Le lierre n’a par lui-même aucun appui, mais il monte au sommet des plus grands
arbres.
Avec ma Divine Mère, vous monterez aussi haut qu’Elle et entrelacés dans Ses
bras, vous aurez la douce consolation de vous sentir portés.
Elle vous aime, Elle veille sur vous, Elle vous protège, C’est par Elle que Je
me communique à vous. C’est Elle qui M’a engendré et son titre de Mère est
encore plus grand.
Dans Son cœur de maman, sont toutes vos intentions, elles seront exaucées, mais
aimez-la d’un amour indicible.
Je suis profondément ému de voir dans Ma petite église un grand nombre de Mes
enfants. Dans le silence de la nuit, Je suis là, et souris, malgré que Je suis
outragé, à vos ferventes prières qui viennent de cœurs si confiants.
Priez, car c’est dans la nuit que Satan fait tomber un grand nombre d’âmes.
Je fais descendre dans vos âmes, Mon immense amour. Avec Ma Divine Mère, nous
vous bénissons. »
La Très Sainte Vierge nous bénis, puis s’élevant, Elle nous sourit avant d’être
cachée par le voile. Avec plus d’amour, nous récitâmes le troisième chapelet et
tous, remplis d’une grande paix, nous quittions l’édifice à minuit.
Lundi 5 novembre 1945 :
A 4h. dans la salle à manger du presbytère, avec M. le Curé de Domptail,
Monsieur et Madame Henri Bataille, André Mathieu de Domptail, Melle Dubach,
Melle Rhote :
La Très Sainte Vierge sur un nuage, avec une couronne de roses rouges autour
d’Elle, un manteau blanc sur une robe blanche, une couronne d’étoiles autour de
Son front. Elle arriva, les bras étendus et de Ses mains jaillissaient des
rayons qui arrivaient jusqu’à nous. En souriant, c’est Elle qui parla :
« Mes enfants, l’obéissance favorise l’union à Mon Divin Fils.
L’homme qui s’unit de cœur à l’obéissance de Mon Divin fils et qui dit avec Lui
: « Oh Père, je viens pour faire Ta volonté », cet homme ne se précipite plus
dans la course de mort qui emporte le monde, car il écoute et s’arrête quand
Dieu parle. Il ne fuit pas comme Jonas sur un vaisseau rapide pour éviter la
voix de Dieu qui l’appelle, mais il s’arrête dans sa marche terrestre au moindre
signe, soit pour prier, soit pour attendre, soit pour souffrir, soit pour
mourir. Il s’arrête au milieu de son œuvre et de son plus rapide élan, comme un
coursier parfait, pour prendre toujours les mouvements nouveaux que Dieu lui
donne ; il réprime les plus fortes tendances de sa nature pour recueillir son
cœur vers Dieu, comme l’austère religieux qui interrompt, au moindre signe, son
repas et modère sa faim pour prier un instant.
Cette obéissance fait l’union de l’âme avec Dieu.
La Chasteté et la pauvreté préparent l’âme et la tournent vers Mon Divin Fils.
C’est alors que la vie divine commence en l’homme, que Dieu lui parle et qu’il
répond, qu’il réagit quand il agit sur lui, qu’il se refait sur le modèle divin,
que son âme est réparée, renouvelée et que, de nouveau, il croît et grandit. Sa
nourriture est de faire la volonté de Son Père du Ciel.
Maintenant, Je vais vous montrer l’obéissance des saints dans le Ciel. Les
saints sont toujours en action et toujours en repos. Ils sont tous employés au
service de leur Maître, avec un contentement admirable. Les uns sont autour de
Son Trône, Les autres président le gouvernement des Cieux, les autres conduisent
les hommes sur la terre et, ce qui est merveilleux, c’est qu’ils font
volontiers, les plus petits offices comme les plus honorables parce qu’ils
agissent par amour et par esprit et ne regardant purement que Dieu, ils le
trouvent également partout. De là ; vient que ne le perdant jamais, ils sont
toujours en repos, jouissant de leur Souverain Bien, et Dieu, pour travailler
dans le monde et faire Lui seul ce que font les créatures ensemble qui ne
pourraient se mouvoir s’Il n’agissait sur elles, ne se lasse pas de se reposer dans
Sa continuelle jouissance.
Aimez votre travail, mais aimez-le purement pour Dieu. Animez toujours vos
actions d’un esprit intérieur d’amour divin, libre et dégagé de toute recherche
d’amour-propre. Ne soyez jamais oisifs, mais ne soyez jamais aussi empressés.
Soyez toujours en liberté, mais soyez toujours en repos dans votre travail. Ne
prenez jamais de plaisir ni de divertissement que de la main de votre Dieu. Ne
prenez jamais aussi d’occupation et d’emploi qui ne vienne de Ses ordres. Vous
trouverez ainsi le Paradis parmi les épines et les souffrances de la terre.
Mes enfants, Je vous aime d’un grand Amour. Je bénis, en particulier ces deux
âmes venues au Lieu Béni, et Mon Esprit Saint les éclairera et les dirigera dans
leur vie.
A ton frère (André Mathieu) : qu’il soit toujours bien confiant. Je le
comblerai. Mes enfants, Je vous bénis ».
Mercredi 7 novembre 1945 :
A 3h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, M. l’abbé Sauvage,
Melle Dubach, Melle Rhote, ma grand’mère et Françoise nous avons récité le
chapelet. A la 4è dizaine la Très Sainte Vierge apparut portée sur un nuage
ayant des rayons autour d’Elle, une étoile au-dessus de la tête, les mains
jointes, en souriant, Elle parla :
« Ma fille, c’est à mon apôtre bien aimé (abbé Sauvage) que Je vais parler :
Mon fils, mon Divin Fils est la Voie qui conduit au Père.
La dévotion au Père conduira ton âme à l’intimité la plus complète avec Jésus, à
une sorte d’identification par le dedans.
Ton âme comprendra alors ce que c’est que le Médiateur. Le monde dirait que
l’humanité sainte est comme un pont entre l’humanité et la divinité, il
n’exprimerait qu’une vérité incomplète, et même une erreur. Tu passes sur un
pont pour aller d’une rive à l’autre, mais quelque temps après, tu quittes le
pont, et tu le laisses derrière toi. Il n’est que l’intermédiaire utile. Mon
Divin Fils n’est pas l’intermédiaire. Il est le Médiateur nécessaire qui réunit
dans l’unité de Son corps l’humanité et la Divinité. Il est la Voie que tu dois
suivre et qui te conduira au Père. Il est le Fils qui ne vit que pour son Père.
Il est Un en Son Père et Son Père est en Lui.
Si tu vois mon Divin Fils, tu vois le Père et par Lui tu trouveras Son Père. En
aucun temps, l’humanité Sainte de mon Divin Fils ne pourra être abandonnée ni
dépassée, c’est Lui-Même, Jésus, Verbe incarné aujourd’hui dans le sein de Son
Père avec Son humanité glorifiée qui te conduira vers Lui par Sa grâce dans
l’unité de Son Corps Mystique.
C’est Sa vie filiale qu’il veut faire vivre en ton âme docile par Son Esprit
Saint.
L’Amour comprend tout. L’Amour n’est pas seulement plus grand que les vertus de
l’homme naturel ; aucune vertu surnaturelle ne peut le dépasser. Il est
supérieur à la foi.
La Foi, c’est cette vertu céleste et divine avec laquelle les grandes vérités
éternelles, les grands secrets, les grands mystères de Dieu remplissent l’âme de
l’homme.
Et cependant, il y a plus grand que la foi, c’est l’Amour. Car l’Amour comprend
tout. Il contient la foi de Dieu le Père, de Dieu le Rédempteur, de Dieu le
Sanctificateur des âmes. Plus grand encore, né de la foi, il le dépasse.
Il est plus grand que l’espérance. Il espère tout de Dieu, de l’homme. Il ne se
limite pas à la seule espérance, mais il veut dans l’espérance, agir et aider.
La foi, l’espérance, l’amour : trois grandes choses, mais la plus grande, c’est
l’AMOUR.
Mes enfants, Je vous bénis ».
La Très Sainte Vierge regarda avec bonté Ses enfants, puis avant de disparaître
derrière le voile, elle nous bénit en souriant. Quelle douce minute quand je
suis devant la Reine du Ciel. Quelles belles choses je vois là-haut.
Jeudi 8 novembre 1945 :
A 9h du soir, dans ma chambre, avec mon Père, Melle Dubach, grand’mère,
Françoise et Jean-Marie, nous avons offert notre chapelet pour le malade de
Domptail (chantre de l’église) à qui la guérison avait été promise jadis et qui
venait de mourir à 14h.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge apparut en blanc, portée sur un nuage.
Deux anges étaient au-dessus de sa tête. Elle avait les mains jointes et
gravement Elle dit :
« Mes enfants, la sainteté consiste à réaliser l’idée de Mon Divin Fils.
Quand une âme quittant cette terre a réalisé son degré et son genre de
conformité à l’adorable modèle de Mon Divin Fils, elle est sainte. Les desseins
de Dieu ne sont pas les mêmes sur toutes les âmes. Il n’exige pas les mêmes
œuvres de tout le monde.
Il donne à chacun Sa mesure. Quand la mesure est remplie, grande ou petite,
l’âme est parfaite.
Parmi les anges, il y a une différence de perfection. Les Trônes ne sont pas les
séraphins, les Archanges ne sont pas les Dominations. Pourtant tous ont le degré
de beauté et de gloire prévu par Dieu. Si un ange de la dernière hiérarchie
voulait être, au Ciel, semblable aux chérubins, il ne serait pas un saint, il ne
réaliserait pas les plans de Dieu.
Dans la perfection des élus au Ciel, il y a une part commune à tous et que tous
ont dû acquérir ici-bas. C’est la fidélité à l’ordre de Dieu. Il y a aussi une
part spéciale à chacun. C’est le plan que Dieu avait conçu pour chacun en
particulier. Cette dernière fait la différence parmi les saints du Ciel. L’image
de cette sainteté est celle de votre frère qui a quitté la terre. C’est un saint
que Mon Divin Fils s’est choisi pour conduire les hommes sur la terre en premier
lieu sa famille, et ensuite les grands chefs d’Etat. Il fera un grand bien dans
les grandes heures qui vont s’abattre sur toutes les nations.
Vous avez été cruellement touchés, mais Mon Divin Fils ne donne à son instrument
que des messages purement surnaturels. Vous les comprenez trop humainement et
vous avez encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le haut degré de
la sanctification.
Le Lieu Béni n’est pas choisi pour les choses matérielles : c’est un Lieu qui
fera monter les âmes sur l’échelle de la perfection.
Mon Divin Fils promet la guérison, mais il y a guérison morale et physique. Je
ne puis toujours vous donner de grandes explications dans les messages, mais
vous devez comprendre que si Je descends parmi vous, ce n’est que pour le bien
de vos âmes ; les biens du corps passent en dernier lieu.
Votre sœur (Aline Rhote) elle, sera guérie dans son corps, mais qu’elle garde
toujours confiance : Je la soutiendrai dans ses grandes heures noires.
Je suis auprès de Mon Pasteur de Domptail.
Pour vous tous, ce ne seront que les grandes épreuves, les grandes humiliations
et même que la mort qui vous détacheront de la terre.
Mes enfants, Je vous bénis ».
La Très Sainte Vierge fit sur nous un signe de croix, puis sourit avant de
disparaître. Dans mon âme je sentais la confiance revenir.
Dimanche 11 novembre 1945 :
La Très Sainte Vierge, en blanc, entourée de rosiers blancs, une couronne
d’étoiles autour d’elle et une au-dessus de son front, les bras étendus : de ses
mains partaient des rayons qui arrivaient jusqu’à nous. Elle arriva souriante et
parla :
« Mes enfants, vos vies sont d’une grande valeur et d’une grande efficacité ;
elles sont une puissance incommensurable, elles portent en elles des joies
mystérieuses que vous déchaînez, mais dont les effets ne vous appartiennent
plus.
Les échos d’une vie cachée peuvent retentir même après la mort. Thérèse de
Lisieux dort dans son tombeau, mais les pétales de roses ne cessent de tomber
sur la terre. Par votre vie courageuse et faite de sacrifices, vous pouvez
ramener au Christ d’innombrables créatures, que vous ne connaissez pas, mais que
vous connaîtrez au Ciel…. Oui, elles seront les filles, les filles de votre
amour et de votre sang.
Votre frère est sous mon Manteau, il fut le jouet de nombreux camarades et ce
fut une pauvre victime qui succomba par les imprudences d’ennemis. Il est
heureux et dans Mon Ciel il ne cesse de chanter les louanges de son Dieu et de
prier pour sa famille qui souffre. Plus tard, les bénédictions tomberont sur son
foyer. Sur cette maison, Je fais descendre des flots de grâces et sur vous tous,
Je répands mes rayons d’Amour. Priez pour toutes les âmes qui tomberont encore.
Je vous bénis ».
C’était chez M. Grandidier, Mon Père, Mme de la Burthe.
Lundi 12 novembre 1945 :
Jeannette se met en route vers la Colline Bénie où, accompagnée de son curé, de
M. l’abbé Briot et de Melle Dubach, elle vient de faire ses adieux avant
d’entrer, le 8 décembre, au Monastère. Tout le long du voyage l’Etoile domine la
petite statue de la Très Sainte Vierge placée près de la vitre. Cette étoile ne
quittera la voiture qu’avant d’entrer dans la famille Pierson, à Nancy, pour se
faire revoir après avoir passé le pont de Champigneulles.
Chez Melle Pierson, apparaît la Très Sainte Vierge sur un nuage, un manteau bleu
sur sa robe blanche, une couronne d’anges autour d’elle, trois roses et un lys
au-dessus de sa tête. Les mains jointes, elle arriva souriante et parla :
« Mes enfants, imitez la belle vertu de la simplicité. La simplicité n’est qu’un
but, qu’une pensée, qu’un désir, qu’une seule volonté. La simplicité fait les
vrais apôtres et donne la perfection apostolique tôt ou tard.
Beaucoup parlent de la simplicité sans la connaître et sans se mettre en peine
de l’acquérir. Elle est aisée à avoir. Le moyen en est simple, la route en est
étroite et elle n’exige que l’attention et un peu de travail. Cette route est
fort commune et n’invite pas.
L’herbe y est grande parce qu’on y passe peu. Les âmes légères préfèrent les
belles allées, sablées, bordées de grands arbres. Elles veulent de beaux
parterres émaillés de fleurs, de beaux jardins, des labyrinthes, des jets d’eau
et de belles statues. Ce n’est pas la simplicité ; elle est plus belle que tout
cela. Elle plaît plus que la vue d’un champ de blé prêt d’être moissonné. Elle
n’a qu’une robe, qu’une langue, qu’un cœur, ses yeux sont des yeux de colombe.
Je ne l’ai jamais vue courir, ni aller avec lenteur. Je ne l’ai jamais vue
triste, même dans les grandes angoisses. La droiture de cœur est fort rare. Une
âme droite ne connaît point de tournures, point de détours, ni de duplicité,
nulle fourberie. Avec elle on va droit au but. Elle s’accuse quand elle se voit
être coupable.
Pour elle, le bien est le bien, le mal est le mal. Elle est crédule et confiante
et ne connaît point le scrupule. Son âme renferme de grandes vertus. Que vos
âmes soient droites et simples. Mon Divin Fils les comblera de grands dons.
Votre amour pour Lui grandira et vous aimerez Sa parole et Son Evangile. Sur
cette maison, du Cœur de mon Fils partent des rayons de grâces qui viennent vous
envelopper et inonder vos âmes. Sur chacun de vous, Ses lumières descendent dans
vos esprits. Sur la petite Epouse qui doit s’enfermer, mon Divin Fils l’attend,
car Il a besoin de ses sacrifies et de son holocauste pour les âmes qui
l’outragent.
L’autre Epouse sera l’étoile qui illuminera les âmes païennes.
A toutes les deux, elles sont les bien aimées du Cœur de Jésus et déjà dans ce
monde, elles font un grand bien.
Pour ton frère qui a refusé de venir, Je suis tout près de lui.
La grâce le touchera et plus tard il sera un fervent et un grand saint pour son
foyer (l’ainé des neveux de Melle Dubach). Je bénis en particulier ces objets
pieux.
A la maman, je lui demande de bien prier. Pour celle qui a perdu un de ses
enfants (Jeannette ignorait cette mort), il est dans ma nacelle. Mes enfants, Je
vous bénis et je vous aime de mon grand amour de Maman. »
En arrivant à la Colline Bénie, l’Etoile va se poser au-dessus du tabernacle.
A 16h, au presbytère, dans la salle à manger où sont réunis les membres du
presbytère, avec les voyageurs, M. le Doyen de Charmes et ses trois
paroissiennes, le voile est apparu :
J’ai vu descendre un petit point blanc et au fur et à mesure qu’il se
rapprochait, c’était la Très Sainte Vierge qui descendait des marches dorées,
bordées de chaque côtés de guirlandes de roses. Elle avait à sa droite Sainte
Jeanne d’Arc et à sa gauche, Sainte Marguerite dont les noms étaient inscrits
dans leur auréole.
La Très Sainte Vierge s’arrêta, couverte d’un manteau blanc parsemé d’étoiles ;
sur sa tête une couronne de pierres blanches. Elle descendit, les mains jointes
et quand elle s’arrêta, elle ouvrit ses mains : ce furent alors des gerbes de
petites gouttes qui inondèrent.
Sainte Jeanne d’Arc était guerrière, souriante et Sainte Marguerite était en
blanc : toutes deux se mirent à genoux, baisèrent la terre et prièrent, les
mains jointes. La Très Sainte Vierge parla :
« Mes enfants, Dieu qui ne veut ni ne peut donner Sa gloire à un autre, qui vous
ayant tout donné, ne peut pas cependant y ajouter Sa gloire, c’est-à-dire faire
qu’une créature s’attribue l’être pour si peu que ce soit, ce grand Dieu ne
cherche donc rien tant que Sa gloire propre de Dieu, qui est d’être SEUL. Il y
tend de tout Son poids infini et voici…..le splendide mystère, capable de
confondre à jamais l’orgueil des hommes.
Lorsque mon Divin Fils rencontre une âme qui va de tout son poids dans le même
sens que Lui, une âme qui s’épuise en efforts pour que tout l’être participe,
dont elle a été gratifiée, retourne à la glorification de l’être essentiel, une
âme qui chante éternellement l’éternel cantique « GLOIRE AU PERE, AU FILS ET AU
SAINT ESPRIT » sans renier pratiquement, comme tant d’autres, ce qu’elle vient
de dire en y ajoutant : « gloire à moi-même »…Mon Divin Fils fond sur cette âme
si parfaitement aiguillée dans la ligne droite. Il s’y précipite. Il l’envahit
comme si en elle Il était chez Lui, comme s’Il n’était point sorti de l’Adorable
Trinité et de même qu’Il trouve chez Lui, dans l’obtention de Sa fin, Son
ineffable repos, ainsi vos âmes sont humbles, Il y fera éternellement Sa
demeure. »
Sainte Jeanne d’Arc parla, s’adressant à la famille Bataille de Vaucouleurs qui
dirige depuis quelques années les fouilles historiques de cette ville :
« A ce foyer qui si chèrement me montre au monde, leur vie est en effet une
œuvre pour accomplir celle de Dieu. Leur action restera dans le plan de Dieu,
leur vie est très utile et sanctifiée. »
Puis la Sainte Vierge dit :
« A Mon Pasteur bien aimé de la Colline Bénie Je lui donne la grande
grâce de mettre ces quelques âmes parmi les privilégiés de ton petit groupe…
Qu’il soit toujours bien courageux : l’heure, bénie sonnera bientôt.
Mes enfants, avec Mon Divin Fils, nous vous bénissons. »
Au chapelet de 21h. où se trouvaient en outre les personnes précitées, les
familles Crautz et Chevreux, Yvonne Giroux, Jeanne Chrétien, Me Burte, M.
Franoux, Louise Rousseau et Lucienne Thouvenin, la Très Sainte Vierge apparut en
blanc, portée sur un nuage et trois couronnes de roses blanches, rouges et
jaunes autour d’elle ; une couronne d’étoiles autour de sa tête. Au-dessus
d’elle ; dans le lointain, une croix noire, ayant en son milieu un Cœur
palpitant, surmonté d’une flamme et rayonnant.
La Très Sainte Vierge arriva un peu triste, sourit légèrement, resta quelques
minutes à regarder dans le lointain : deux larmes perlèrent à ses paupières et
son visage s’épanouit un peu plus. Elle avait les mains jointes et tenait son
chapelet à ses doigts.
Inclinant légèrement la tête, elle parla :
« Mes enfants bien chers, Je vais vous montrer ce soir le bienfait de la pensée
de Dieu et l’opportunité de la religion. Plus la pensée de Dieu domine les
masses, plus Son habitation est réelle au sein d’une société ; plus il est la
base reconnue des lois, le régulateur des mœurs publiques et privées, plus la
paix et l’ordre sont profonds, plus la civilisation monte et le bonheur s’étend.
Non pas certes qu’une civilisation semblable ne connaisse plus de misères :
toujours la société restera imparfaite puisqu'elle est composée d'êtres
imparfaits; toujours la terre où elle se meut restera le séjour des larmes, mais
il n'est pas à craindre que ces misères passent à l'état aigu, ni que ces
plaintes individuelles ne se résolvent en catastrophes sociales. C'est là
surtout qu'apparaît le bienfait de la pensée de mon Divin Fils et l'opportunité
d'une religion qui vous en apporte la majesté. Sans crainte, sans discussion,
Elle s'adresse à toutes les âmes, à celles qui commandent comme à celles qui
obéissent, à celles qui possèdent comme à celles qui sont pauvres, à celles qui
souffrent aujourd'hui ou souffriront demain, à celles qui travaillent comme à
celles qui luttent. A Ma voix, la passion doit céder au devoir, l'autorité ne
connait jamais la tyrannie et dans l'exercice de sa force, la liberté peut
s'épanouir, car les excès doivent être évités. Et le peuple se repose plein
d'énergie, récompensé par le bonheur qu'il conquiert au séjour d'ici-bas.
Vous qui avez beaucoup vécu, avez-vous jamais beaucoup aimé comme vous aimiez
dans votre enfance? N'est-il pas fatigant d'être homme? Toujours craindre,
toujours réfléchir, toujours lutter, toujours combattre et sentir en soi, l'âme
haletante, comme la poitrine desséchée d'un homme qui s'épuise en parlant,
sentir en soi l'aride chaleur de la fatigue sans jamais la rosée des larmes pour
rafraîchir et consoler! Il y a peu d'hommes sur la terre qui gardent un coeur
d'enfant plein de sève et d'amour sous une tête qui blanchit et des yeux
capables de pleurs sous un front qui se ride...
Par la mort, vous reviendrez enfants, enfants sans les germes de vices qui vous
entraînent ici-bas, vous reviendrez aux plus doux sentiments de l'enfance bénie
et fécondée par EN HAUT. Au Ciel, vous trouverez mon Divin Fils et votre Mère
qui vous attendent pour l'éternité. Vous vous jetterez dans les bras de votre
Père en versant les dernières larmes après les dernières douleurs terrestres.
Vous commencez sous les ailes de l'Etre infini, qui vous a faits et qui vous
aime, d'éternelles et mystérieuses destinées.
Un enfant disait un jour à son Père du Ciel : "O mon bon Père, quand les enfants
montent au Ciel, dorment-ils dans un berceau ou dorment-ils dans Votre bras?"
-"Dans Mon bras", lui répondit Jésus.
Mes enfants, voila ce que sera la douceur de la mort pour les enfants de Dieu.
Tous deux, Nous vous bénissons."
MARDI 13 NOVEMBRE 1945 :
A 8h30, on prie dans la chambre du grand'père. Se joint à nous Mme Echoll.
A la quatrième dizaine la Très Sainte Vierge habillée de blanc, sur un nuage,
les mains jointes. Autour d'elle, des rayons. Au-dessus de sa tête, une étoile.
Elle sourit à tout le monde, puis elle s'avança, s'arrêta, descendit. Les rayons
enveloppèrent le lit du grand'père.
Elle se pencha encore plus, fit le signe de la croix pour bénir :
"Ma fille, c'est à ce pauvre corps souffrant que Je vais parler: mon Fils bien
aimé, aujourd'hui la maman du Ciel vient te réconforter. Son Coeur est trop ému
par les Ave que toujours tu me répètes comme le mot d'amour que l'on redit
toujours et toujours sans se lasser. (Jeannette en extase s'était tournée vers
la tête du lit). Ma grande pitié se porte toujours vers mes enfants malades. Tu
ne sais combien tu fais par tes grands sacrifices, un grand bien pour la
Colline Bénie: Tu es d'un grand secours pour la Mission et par toi beaucoup de
choses s'avanceront grâce au chapelet que tu ne cesses de me redire. Ce sont des
roses parfumées qui montent, montent vers mon Ciel et c'est avec un sourire que
je les reçois dans mes Mains et que je les effeuille sur le monde. Je suis
touchée de ton grand amour pour ta Maman du Ciel.
Pour ces petits qui sont là (Geneviève, Etienne et. Marie-Thérèse)
oh, que c'est
beau, que c'est pur, que c'est simple que c'est haut, que c'est profond, que
c'est infini la prière de ces petits! Eux aussi, Je me penche vers eux et ainsi
que sur mon malade. Je dépose sur leurs fronts Mon baiser. (La Très Sainte
Vierge fit de sa Main un baiser).
Mes enfants, priez, priez pour la Mission. Vos souffrances, vos sacrifices et
même les grandes humiliations seront récompensées sur terre déjà mais dans
l'infini surtout... A ta sœur qui a charge de famille (Mme Scholl)
Je la
soutiens et suis auprès d'elle dans les souffrances morales et veille sur ceux
qui lui sont chers.
Sur ma Colline Bénie Je fais descendre des torrents de grâces, mais la
souffrance n'est pas encore passée. Mes enfants, Je vous bénis."
A 1h30 chez M. Lothe à Nancy. Avec M. et Mme Bataille, Melle Dubach, M. et Mme
Rothe, leurs enfants, la grand'mère et l'Equipe du Centre de Jeunesse Féminine :
La Très Sainte Vierge, manteau bleu, sur un trône entourés d'anges, à ses pieds
montaient des roses qui montaient plus haut. Souriante, au-dessus de sa tête : 3
étoiles.
Les mains jointes, elle les écarta et de ses mains jaillirent des gerbes de
gouttes de rosée. Tendrement, elle dit :
"Mes enfants, Je vais vous montrer le silence du tabernacle qu'habite l'adorable
présence. Il y a des heures où vos âmes se sentent, encore plus qu'aux jours de
fête, en la présence de Dieu du tabernacle. Ce sont les heures où le temple est
solitaire. Alors vous pouvez vous approcher plus près de l'autel et dans une
audience intime, parler cœur à cœur avec Jésus. C'est là qu'Il vous attend.
Choisissez donc une de ces heures où nul ne vient troubler le silence du
sanctuaire, où seule la petite lampe qui se consume devant le tabernacle vous
dit que le Maître est là. Il est là pour vous seul et II vous attend. Prenez
votre Évangile et après vous être agenouillés dans une profonde adoration,
ouvrez votre livre, par exemple, à la page qui raconte l'entretien de Jésus avec
la Samaritaine, au puits de Jacob. Le puits de Jacob c'est le tabernacle. La
Samaritaine c'est votre âme. Comme aux jours de l'Évangile, Jesus est fatigué de
Sa route. Son chemin est semé de tant d'ingratitudes. Comme à la Samaritaine,
Il vous dit :"Donne-moi à boire." L'eau qu'Il vous demande, ce sont les quelques
gouttes d'amour sorties de votre cœur. Vous qui en donnez tant aux créatures,
que recevez-vous en retour? C'est pourquoi, Jésus vous dit: "Quiconque boit de
cette eau que Je lui offre n'aura plus jamais soif."
A l'Epouse choisie comme hostie, dans le silence de la Trappe, Jésus lui dira
derrière les voiles eucharistiques : Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes et
qui en est si peu aimé." J'aimerais qu'elle vienne au Lieu Béni. C'est le lieu
de la perfection. Elle trouvera encore de grandes choses.
Sur ce foyer et surtout sur ces petits que J'aime tant, que Je conduirai dans la
vie: Je les protège et verse en eux Mon grand amour.
A vous tous : soyez reconnaissants de toutes ces grandes grâces que vous recevez
en si grande abondance. Jamais en ce monde, vous ne pourrez payer votre dette de
reconnaissance.
Mon Divin Fils est très outragé par tous les sacrilèges qui se commettent dans
le sacerdoce. Comme aux jours de l'Agonie, Il pleure des larmes de sang. Son
Bras va tomber sur la grande Ville Lumière, car satan et ses suppots font un mal
terrible.
A Mon Pasteur de Domptail: Je lui accorde la grande grâce d'amener ces trois
âmes. Le message que Je leur donnerai les soutiendra. Ma Pauvre Jeunesse a tant
besoin de relèvement, et les prêtres en grand nombre vont vers le précipice.
Priez, priez; l'instrument ne reçoit que des choses divines. Je vous bénis."
Mercredi 14 NOVEMBRE 1945 :
A 10h dans la salle à manger du presbytère avec Mon Père, Monsieur le Curé de
Clefcy, Monsieur Rhote, Melle Dubach et Madame Génaro, nous avons récité le
chapelet.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge se manifesta, portée sur un nuage, des
rayons autour d'elle. Une couronne de roses blanches autour de sa tête. Ses
mains étaient jointes. Elle arriva souriante et parla:
"Mes enfants,
toutes les volontés de Dieu sont comme autant de sacrements qui vous le donnent.
Vous qui voyez sans trop de peine une bonté excellente dans la volonté naturelle
de Dieu, et même dans Sa volonté générale, vous ne découvrez point la bonté dans
ses vouloirs particuliers qui vous atteignent directement, qui donnent
incessamment forme à votre vie, et parfois vous viennent pour l'épurer,
l'embellir et finalement la déifier.
Dieu ne se dément point. Et vraiment si adorables, si ineffablement saintes et
bonnes sont toutes ces volontés de détail que les recevoir à genoux ne serait
qu'une Justice.
Comprenez en effet que comme la sève de l'arbre passe dans chaque fruit, qu'il
pousse et s'y résume, de même, il n'y a pas une seule des perfections de Dieu
qui ne passe pour ainsi parler dans chacune des volontés qu'Il intime et
exécute.
Sa Souveraineté, Sa Sagesse, Sa Justice, Sa Miséricorde, Sa Sainteté, Son Amour.
Une volonté quelconque de Dieu, c'est comme une vertu s'échappant de son
essence, un parfum que Sa nature exhale, un rayon qui sans se détacher du foyer
porte jusqu'à nous sa lumière et sa chaleur.
Chacun de vos actes les plus simples; chacune de vos heures les plus calmes,
doivent être un vol de pensées pour Dieu, comme de l'Océan on voit parfois des
formes blanches qui déploient leurs ailes pour monter vers la Lumière.
Mes enfants, Je vous bénis."
La Très Sainte Vierge sourit à M. Le Curé de Clefcy, puis regarda en s'élevant
Monsieur Rhote. Avant de disparaitre, elle nous bénit, et donna à Mon Père un
regard chargé d'amour.
JEUDI 15 NOVEMBRE 1945 :
A 3h. dans la salle à manger de M. Chauley avec sa famille, son Père, Françoise,
Mme Roguis, Melle Marie Thérèse Courtois, Melle Louis de Hardancourt, Melles
Hailland, Mme Grandidier, M. et Mme Bataille, Mme Aubert, Monsieur Bailly et ses
2 soeurs, nous avons récité devant Notre Dame de Lourdes le chapelet pour tous :
A la 4è dizaine, le voile descendit, et dans une apothéose de lumière descendit
vers nous notre Maman du Ciel, portée sur un nuage. Un lys se dressait à ses
pieds. Deux petites roses blanches sur le bas de sa robe exhalaient un parfum
très touchant. Autour d'elle, des rayons l'environnaient. Au-dessus de sa Tête
scintillait une étoile à 5 branches. Ses bras étaient étendus et de ses mains
virginales des rayons jaillissaient qui illuminaient la pièce.
Toute souriante, doucement, elle dit :
"Mes enfants, mon Divin Fils parlait avec un grand Amour de l'Ave Maria. Ce
soir, Je vais M'arrêter sur une phrase du Pater : Mon Dieu, donnez-nous
aujourd'hui notre pain de chaque jour.
Tous les jours, vous avez besoin de pain, de nourriture et de tout ce qui est
nécessaire ou simplement utile à votre vie sur la terre, à cette chair qui fait
partie de votre substance.
Dieu le sait, mais Il aime que vous Lui exposiez vos indigences.
Tous les jours : du pain. Aujourd'hui, le pain d'aujourd'hui. Vous le demanderez
encore demain. Vous témoignez, par cette prière quotidienne que chaque jour,
vous avez besoin de mon Divin Fils.
C'est une prière pauvre, oui, une prière de très pauvre, et vous ne comprenez
jamais en ce monde l'étendue de votre misère.
Mais il est doux et consolant de vous dire chaque matin : J'ai au Ciel un Père
auquel je puis demander du pain ; je puis compter sur Lui. Cela n'exclue pas,
tant s'en faut, le travail qui vous fait gagner le pain à la sueur de votre
front.
Ce travail, il faut qu'il soit béni de Dieu, pour qu'il rende, et même
quelquefois que la bonté de Dieu le procure.
Beaucoup de foyers manquent de pain; criez vers Dieu votre détresse pour que Sa
Bonté les secours.
Ne cessez jamais, que vous soyez riches ou pauvres, de dire à votre Père : Mon
Père, donnez-nous du pain.
Je suis émue de contempler un grand nombre de mes enfants qui viennent chercher
le réconfort.
A cette maman (Mme Aubert) si cruellement éprouvée, Je lui demande de conserver
toujours le sourire; son petit la regarde et tendrement lui tend les bras. De
mon Ciel, Il fait descendre sur elle et sur sa famille des torrents de grâces.
Soyez bien tous confiants. Vous verrez de belles choses.
Je vous bénis, et à la soeur (Marie-Thérèse Courtois) de la future Épouse de mon
Divin Fils, qu'elle soit plus tard une sainte maman, une épouse forte. Mon Divin
Fils se choisira parmi Ses enfants un religieux.
Mes enfants, Je vous bénis et Je fais descendre sur ce foyer Nos grâces et Nos
bénédictions".
Vendredi 16 NOVEMBRE 1945 :
A 21h30 dans ma chambre avec mon Père, mes parents, Françoise, Jean-Marie,
Monsieur et Madame Bataille, Mademoiselle Dubach, Madame Arthur Colin, et Michel
séminariste Melle Rose Luc, aux pieds de la statue de la Vierge, nous avons
récité le chapelet. A la 4è dizaine dans une joie céleste, La Très Sainte Vierge
descendit sur un nuage. Autour d'elle une couronne de roses jaunes. Sur son
voile était posé une couronne de pierres blanches. Dans le lointain un calice,
surmonté d'une hostie. Les mains jointes, souriante, elle parla :
"Mes enfants,
Nul ici-bas n'échappe à la souffrance. Quand la douleur vous a touché de son
aile, si vous n'êtes pas des révoltés, n'êtes-vous pas pour la plupart des
impatients.
Vous témoignez par des soupirs à fendre l'âme l'étonnement de vous voir si
malheureux. Vous vous repliez sur vous-même et vous cherchez par des paroles
attristantes à vous convaincre que personne ne souffre comme vous souffrez, que
personne n'est plus éprouvé que vous.
Il y a, dites-vous, des existences entourées de tant de jours et de bonheur,
tandis que la mienne est si pauvre, si chétive, si traversée, si misérable.
C'est une erreur, c'est une illusion, c'est une grossière méprise. Il n'y a que
les dehors qui différent, il y en a que l'on appelle les heureux de ce monde,
mais ce mot sonne à l'oreille comme une ironie. Combien un calice d'or peut
contenir d'amertume, combien de chagrins dont les cœurs débordent sous un
sourire d'apparat.
La joie qu'ils laissent paraitre n'est souvent qu'une tristesse d'autant plus
pénible qu'ils doivent porter le masque du bonheur.
Il y a des douleurs en haut, en bas, partout. Plus en haut qu'en bas.
Votre vue serait bien courte si vous ne voyiez pas que la pourpre et la bure
sont un voile insignifiant jeté sur l'âme humaine, et que, sous l'éclat
éblouissant de l'une, que sous la couleur terne de l'autre, il y a une terrible
égalité de souffrance.
(La Très Sainte Vierge s'arrêta quelques minutes, puis gravement repris):
Votre personnalité est individuelle, et la vie éternelle pour elle est dans
l'union totale de l’intelligence avec le Verbe, éternelle et totale lumière, de
votre volonté avec l'Esprit-Saint, éternelle et totale Force.
Vous verrez ce que Dieu est : vous aimerez ce qu'Il aime et vous serez revêtus
de Son Verbe et de Son Esprit-Saint. Voilà l'Éternité.
Je soutiens particulièrement cette maman (Mme Arthur Colin). Je suis auprès
d'elle et lui réserve de grandes joies. Qu'elle attende encore quelques temps,
celui qui lui est cher aura la grande grâce de te connaître.
Soyez toujours bien prudents et bien confiants.
Au futur pasteur de Mon Divin Fils (Michel Colin) : Qu'il soit un modèle, car,
dans l'avenir, il fera de belles choses. Qu'il prie pour toi. Les prêtres qui
ont charge d'âmes ont une grande responsabilité. Beaucoup, hélas, négligent leur
devoir.
Mes enfants, Je vous bénis".
LUNDI 19 NOVEMBRE 1945 :
A 5h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Monsieur Rousselot,
Madame de la Burte, Monsieur Rhote, Melle Rhote nous avons récité le chapelet,
particulièrement pour cette âme.
A la 4è dizaine, je vis la Très Sainte Vierge portée sur une boule bleue
parsemée d'étoiles. Une couronne de roses rouges l'encerclait. Au-dessus de sa
tête scintillait une étoile à 5 branches. Elle arriva les mains jointes, puis,
en nous souriant, elle ouvrit les bras et de ses doigts jaillirent des gerbes de
gouttelettes et des rayons qui nous atteignaient, les gerbes de gouttelettes
tombaient en pluie sur la boule bleue.
Regardant tendrement Monsieur Rousselot, Elle dit très amoureusement :
"Ma fille,
C'est à cette âme que, ce soir, Je vais m'adresser.
Mon Fils très cher,
tu vois toutes les créatures obéir à l'instinct de leur être; tous les éléments
à leur loi.
Le fleuve entraîné dans le gouffre, par l'attraction terrestre, y verse toutes
ses eaux sans en rien retenir et tombe avec la vitesse même que la terre lui
demande.
Le feu, dès que le souffle le dégage, et qu'une tâche lui est imposée, s'empresse
d'agir et ronge avec ardeur ce qu'on lui donne à dévorer; l'homme le laisse agir
seul et l'élément poursuit son oeuvre jusqu'au terme.
Les astres dans le ciel continuent leur course éternelle dans une infatigable
docilité. L'obéissance de toutes les créatures n'hésite jamais. On la dirait
sérieuse et grave. Il semble que chaque chose fasse son œuvre avec crainte et
respect.
Mais l'homme, quand il reçoit un ordre regarde de tous côtés, pour voir ce
qu'il fera. Il peu ce qu'on lui dit et II refuse souvent de faire ce qu'il
comprend. Ce n'est qu'après bien des épreuves, de longues erreurs, de cruelles
expériences qu'il revient à la loi, qu'il la regarde, et voit qu'il faut
l'accomplir.
Cette indocile hésitation de l'homme maintient le monde en retard, trouble toute
l'harmonie et renverse le vrai progrès qu'entrave le temps perdu, comme le
mouvement difficile d'un mécanisme faussé dont les rouages obéissent mal et dont
les pièces emboitent mollement.
Mon Manteau t'enveloppe et tu n'as pu descendre vers le précipice. Celui qui
voudra te faire tomber le pourra pas avoir d'emprise sur ton âme. Je suis là, et
toujours ta maman du Ciel te prendra la main pour te conduire vers son Paradis.
Sois sans crainte, l'épreuve fera réfléchir l'âme qui te trahit.
Tu sais que mon Divin Fils est le Pilote des âmes et après les terribles
épreuves, les âmes reviennent vers Lui. Sur cette terre, il faut tous, que vous
souffriez, mais la récompense vous sera donnée là-haut.
Je fais descendre dans ton âme et sur tes enfants, mes rayons d'Amour.
Au Lieu Béni, tu as trouvé le réconfort. C'est pour les miracles des âmes que ce
Lieu est choisi.
Je ne puis résister aux prières de l'instrument de mon Divin Fils. Elle n'est
rien, par elle vos prières sont d'une grande efficacité, et auprès de moi elles
feront la guérison des âmes.
Mes enfants, Je vous bénis. Priez".
La Très Sainte Vierge sourit à Ses enfants, inclinant légèrement la tête, Elle
regarda en s'élevant Monsieur Rousselot, puis disparut derrière le voile.
Je suis de plus en plus écrasée par les grâces que cette âme a reçues par mes
pauvres prières.
A 9h30 du soir, dans sa chambre, je récitais les trois dizaines d'Ave fleuris
pour demander à la Très Sainte Vierge de bénir une image pour donner à Monsieur
Rousselot.
Dans l'invisible, la voix douce de la Très Sainte Vierge dit :
"Ma fille, Je demande à Mon Fils très cher de réciter chaque jour, à chaque
souffrance trois Ave fleuris devant cette image.
Je veux de lui le sacrifice, mais Je lui promets la douceur de Mon Amour.
Je bénis l'image. Qu'il baise le front de la Vierge. J'y dépose Mes lèvres".
Il faut dire que Jeannette avait donné à Madame Géliot une image au verso de
laquelle elle avait inscrit une prière, ou plutôt une promesse de la Très Sainte
Vierge, reçue à cette occasion. Madame Géliot avait confié cette image à
Monsieur Rousselot, qui ne pratiquait plus depuis 35 ans et qui traversait une
épreuve exceptionnelle. Poussé par la grâce, il vint de Toulouse au Lieu Béni
pour voir Jeannette et la remercier. "Par miracle, m'a-t-il dit, j'ai échappé
au suicide. Ma situation qui était désespérée s'est subitement retournée en ma
faveur...Ah...je reviens de loin...! C'est une image qui m'a sauvé!
Ce sont les prières de votre jeune fille qui m'ont converti!
Jeannette avait souvent prié pour cet homme. Elle avait récité en particulier
les 3 diz. d'Ave fleuris du soir, car elle avait été frappée par ses souffrances
et par les recommandations pressantes de Mme Géliot.
C'est alors qu'elle avait donné deux images de la Très Sainte Vierge, une à
Madame Géliot et l'autre à Madame de la Burthe. La Très Sainte Vierge à ce
moment lui dira les paroles qu'elle écrivit au verso. Elle avait oublié de me
signaler le fait qui devait amener cette conversion bouleversante. L'extase de
Jeannette et le message qui suivit écrasèrent littéralement Monsieur Rousselot.
Il communia le lendemain à une messe à Fauconcourt et il partit totalement
transformé, avec des certitudes et des forces insoupçonnables, pleinement
confiant au milieu de sa terrible épreuve.
MERCREDI 21 NOVEMBRE :
PRÉSENTATION DE LA TRÈS SAINTE VIERGE
A 3h dans la salle à manger du presbytère, avec mon Père, Monsieur le doyen de
Charmes, Messieurs les Curés de Xaffévillers, de Domptail, M. L'abbé Thomas,
Vicaire de Neufchâteau, Melle Dubach, M. et Mme Didelot de Neufchâteau et leurs
deux filles, quelques parisiennes de Fauconcourt, un jeune homme
d'Haillainville, M. Rhote, Melle Rhote, et Messieurs Lucien Lacaille, Gilbert
Boulas et André Boquel de Domptail.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge avec un manteau bleu au milieu de rosiers
blancs et de lys, une couronne d'étoiles autour d'elle. Sur sa tête, une
couronne de pierres blanches et dans le lointain un chœur d'anges. Elle arrive
les bras étendus et de ses doigts jaillissaient des rayons qui venaient jusqu'à
nous.
Elle nous regarda en souriant, ferma les yeux, et, dans l'invisible, Notre
Seigneur parla :
"Mes enfants, Ma Divine Mère possède, à l'infini, le don de la prière. Quelle
grandeur en elle. Elle est belle comme une rose, royale comme une tour d'ivoire.
Dans la blancheur de son royaume d'azur, elle est la pureté, la Lumière, la
Douceur de l'Etoile du Matin. Elle est tout près de vous lorsque la nuit descend
avec ses ombres et ses frissons, et lorsque vous êtes seuls dans la grande lutte
avec la douleur, sous le poids de la Croix. Les mille et millions d'étoiles
veulent la suivre, mais elle est là plus proche, la plus brillante, la plus
éclatante de suave pureté.
Et lorsque l'aube blanchit le bleu sombre du ciel, les étoiles se sauvent dans
la clarté plus vive qui tremble et qui frissonne.
Ma Divine Mère est la plus belle parmi les plus belles avec le seul rayon que Je
lui donne.
Elle est tout près de vous et sait ce qui vous convient et ce qu'il vous faut
pour marcher dans cette vallée de larmes.
(Ici, c'est la Très Sainte Vierge qui parla):
"Ma fille, Je vais donner le message promis :
Mes fils,
Mon Divin Fils est votre Souverain Maître. Il mérite donc votre souveraine
estime. Le contraste qu'il y a entre le Créateur et la créature doit produire en
celle-ci un anéantissement volontaire qui est le devoir de la créature envers
son Dieu : c'est l'ADORATION.
Par elle, la créature va reconnaître les droits du Créateur et rend hommage
à Celui qui est son propriétaire. Vous êtes la propriété de Dieu, bien autrement
que les objets qui vous appartiennent ne sont votre propriété. Vous avez le
privilège de connaitre votre Créateur, privilège que n'ont pas, dans la nature,
les autres êtres qui obéissent à Dieu sans le connaître. L'homme a reçu cette
faculté sublime qui lui permet de rechercher son origine, de reconnaître son
auteur. Cette recherche lui est possible puisque Dieu lui a donné les moyens de
le faire, et à cela Dieu a ajouté la Révélation qui vous rend plus facile de
connaitre votre Créateur.
A ce grand devoir de l'Adoration s'ajoutent les trois autres : celui de la
prière pour solliciter les grâces de Dieu, celui de l'action de grâces pour
reconnaître ses bienfaits, celui de la réparation pour expier vos fautes. Et
tout ceci tient de la nature de Dieu et de l'homme qu'il ne peut rien avoir de
superflu.
Ce Dieu à qui vous devez offrir vos adorations les plus profondes et votre amour
le plus entier veut encore que vous l'adoriez plus particulièrement aux jours
qu'Il a choisis et dans la forme qu'Il a indiqué par le magistère de Son Eglise.
De là, le troisième Précepte qui ordonne la sanctification du Dimanche et le
second commandement de l'Église qui fixe l'assistance à la Sainte Messe.
L'homme qui obéit à Dieu avec son cœur, son âme, sa volonté, son être tout
entier, Mon Divin Fils répand de merveilleuses bénédictions sur lui, sa
famille, son labeur, parce qu'une alliance est scellée entre la créature et le
Créateur, entre la fidèle et religieuse soumission de l'homme et la paternelle
munificence de Dieu.
Quand la société aura mis le Dimanche à la base de ses institutions ou de ses
moeurs chrétiennes, vous pourrez affirmer que les inquiétudes sociales et les
maladies morales tendront à disparaître et que Dieu réalisera Sa promesse de la
garder contre l'adversité.
Voilà ce que sera votre Patrie bien-aimée.
Sachez vous pénétrer de ces vérités divines que l'expérience des peuples et des
individus a pleinement, surabondamment justifiés.
Sanctifiez le Dimanche par le repos et l'assistance aux saints offices, si vous
voulez que la Providence s'applique à favoriser votre bonheur sur la terre et
votre fidélité éternelle.
La Gloire de Dieu et votre salut le demandent.
Soyez tous des enfants de force et d'amour pour votre Père, pour Ses volontés et
Ses désirs.
Dans le cloître, mon Divin Fils attend cette âme. Il aime les âmes pures, car
elles sont des hosties de sacrifice. La France va pleurer, sera rouge de sang et
dans ces cloîtres les âmes privilégiées souffriront pour tous ces milliers de
corps qui vont être fauchés. Il y en a tant qui se moquent de la religion, de
mes prêtres, et de l'Église.
Priez. Je connais vos intentions. Soyez sûrs qu'elles seront exaucées, même pour
la conversion de cette âme.
Avec mon Divin Fils, nous vous bénissons et nous vous disons : Courage et
confiance. Soyez prudents".
JEUDI 22 NOVEMBRE 1945 :
A 11h dans la salle à manger du presbytère, avec
Monsieur le Curé de Bouxières, M.et Mme Jean Césard et leurs trois enfants, M.
l'abbé Kopf, M. le Curé de Domptail, Melle Dubach, M. Rhote et Melle Rhote et
son Père :
La Très Sainte Vierge en blanc, sur un nuage, une couronne de roses blanches
autour d'elle. Au-dessus de sa tête une étoile. Elle arriva les mains jointes,
nous regarda en souriant, puis elle parla:
"Mes enfants, Je vais vous montrer l'union des cœurs et l'union des esprits dans
l'Eglise catholique.
Toutes les pensées des hommes vont et s'arrêtent capricieusement. Elles se
croisent et se neutralisent dans l'atmosphère spirituelle des sociétés, comme
des rayons opposés de lumière qui se font équilibre et donnent du noir.
Dans l'Église seule s'agitent des intérêts auxquels une grande masse d'hommes
pensent en commun, dans le même jour. Qui sait combien d'âmes simples et
puissantes, que de cœurs jeunes et forts dans la masse du peuple inconnu, dans
la foule des enfants, brûlent en même temps d'une même ardeur. La voix d'un seul
de ces cœurs, montant jusqu'au Cœur de Dieu couvre dans le monde des esprits
tous les bruits discordants des vaines disputes d'un siècle et laisse la trace
plus forte et plus durable dans la conscience universelle. Les âmes en
sentiraient quelque chose si elles étaient moins agitées.
Est-il difficile pour vos coeurs de sentir, à la veille des grandes fêtes
religieuses, quelque chose de plus doux et de plus humble dans l'atmosphère des
églises. Et le lendemain, à l'aube d'un jour, plus de force intérieure, plus
d'espérance et plus de plénitude. Tandis que, les soirs de jouissance, la joie
bruyante et matérielle à laquelle se laisse emporter la masse la plus
grossière, ne se laisse que trop sentir.
L'homme, le plus séparé de l'Eglise ressent quelque chose, ne fût-ce qu'un vague
ennui, dans les jours consacrés au souvenir de la Cène et de la mort de Mon
Divin Fils.
Si vous voulez que des âmes suivent votre char triomphal, portez votre grande
croix, portez le lourd fardeau de l'humiliation, des peines morales et des
maladies.
Je bénis tout particulièrement mon Pasteur venu au Lieu Béni.
Je le soutiens dans sa lourde charge, et Je veille sur toutes les âmes qu'il
dirige. Je bénis son séminaire et, sur vous tous, Je fais descendre Mes rayons
d'Amour".
La Très Sainte Vierge fixa l'abbé Kopf. De Ses mains, les rayons nous
enveloppèrent. Elle regarda assez longuement Monsieur le Curé de Bouxières. Elle
sourit à Monsieur Jean Césard, et donna un regard de confiance à Madame Césard.
En s'élevant, elle bénit seul Monsieur l'abbé Kopf, puis avant de disparaître
elle fit le signe de la croix sur nous.
Vendredi 23 NOVEMBRE 1945 :
A 11h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Melle Janine
Gourmand de Charmes, nous avons récité le chapelet pour les intentions
demandées.
A la 4è dizaine la Très Sainte Vierge se manifesta en blanc, portée sur un
nuage, des rayons émanaient autour d'elle. Une couronne de roses blanches
reposait sur son voile. Elle arriva les mains jointes et un peu gravement elle
dit:
"Mes enfants, il faut mourir à soi-même pour être régénéré. Sans doute, c'est
par le sacrifice, par la croix, en coupant, en retranchant, en sortant de
soi-même que cette mort s'accomplit.
Mais il faut dire aussi ce qu'elle porte avec elle de joie.
Sortir de la misère de votre propre esprit, de la monotonie de vos pensées, de
l'ennui mortel d'être seul, des bornes rétrécies de votre horizon personnel, qui
va toujours se resserrant à mesure que vous avancez dans la vie. Quitter
l'étroite et fastidieuse prison de l'habitude pour prendre une vie renouvelée,
au dehors immense et large, fuir l'atmosphère éteinte et épuisée, l'air renfermé
de l'égoïsme, mille fois rejeté, mille fois repris par vous, se trouver tout à
coup devant la lumière et l'air libre, l'air vaste, l'air pénétrant, la lumière
vivifiante et sans bornes, recevoir des pensées que vous n'avez pas calculées et
qui naissent en vous comme sous les paroles d'un plus sage, sentir des émotions
que vous ne pouviez attendre qui touchent et saisissent et qui vous font
tressaillir comme la main d'un ami posée sur votre main au moment du réveil,
sentir que vous n'êtes pas seul, qu'un autre est avec vous, qu'un être tout-puissant vous guide de près, en vous touchant comme un ange conduit un enfant
par la main.
Telle est au milieu des sacrifices, l'état de l'âme qui meurt à sa vie propre,
pour vivre dans mon Divin Fils.
A la future épouse de mon Divin Fils (Janine Gourmand) elle doit rester auprès
de sa famille encore quelques mois. Je la soutiens, et dans le cloître, par ses
sacrifices, elle obtiendra de grandes joies pour ses parents.
Je bénis particulièrement le chapelet, ainsi que sa petite soeur.
Mes enfants, encore une fois, gardez le secret. Je vous bénis".
La Très Sainte Vierge sourit avec Amour à Janine Gourmand, regarda mon Père avec
bonté puis en s'élevant, Elle bénit le chapelet et fit sur nous un lent signe de
croix.
Avec tristesse, je la vis disparaître derrière le voile. Que la terre est lourde
quand je reviens à moi. J'aimerais que ceux qui m'entourent partagent ma grande
joie, car je ne puis dire ce que je ressens; c'est trop beau pour que je puisse
l'exprimer.
DIMANCHE 25 NOVEMBRE 1945 :
A 1h, dans la salle à manger de Madame de la Burte avec mon Père, Madame
Pierrard et son fils venus de Paris pour prier avec moi, Madame Grandidier, son
fils et ses deux filles, Melles Hailland, nous avons récité le chapelet aux
intentions de chacun.
Au début de la 4è dizaine, les Ave s'estompèrent, je sentis en moi une douce
joie, le voile descendit et à mesure que les voix mouraient le voile se
séparait. Dans une lumière blanche, je vis la Très Sainte Vierge en blanc portée
sur un nuage, des rayons autour d'elle. Les bras étendus et de ses mains
jaillissaient des rayons qui arrivaient jusqu'à nous. Au-dessus de sa tête, une
étoile à cinq branches. Elle arriva souriante et tendrement elle parla :
"Mes enfants, la mort est un gain. La mort est tout au long une bataille, une
lutte de chaque jour. Recommencer toutes les jours. Tous les jours des
obstacles et toujours les surmonter. Tous les jours souffrir et tous les jours
jouir. Tous les jours l'orgueil et tous les jours l'écraser. Tous les jours
des tentations et toujours les vaincre. La vie de mon Divin Fils est en vous
dans la mesure de votre mort. Vous possédez tout, quand vous ne possèderez plus
rien. Mais il ne faut pas croire que ce travail de mort soit de l'inaction, c'est un
long martyre, un long martyre qui durera jusqu'à votre dernier soupir.
Vous aurez toujours peur de la pauvreté. Vous aurez toujours peur de la croix et
des humiliations. Vous aurez toujours peur des sacrifices. C'est la sainteté ni
plus ni moins.
Le travail de mort c'est ce qu'il y a de plus saint, de plus grand, de plus
noble, de plus élevé, de plus sublime sur la terre.
Qu'il fait bon dire à mon Divin Fils à tout instant: Je meurs, je meurs tous les
jours pour vous. Ce sont les dernières paroles de joie divine que l'on dit avec
confiance, avec vérité et réalité. Quotidie morior. Cela fait passer sur bien
des choses.
Mes enfants, Je vous bénis tout particulièrement ainsi que ton frère (Maurice
Pierrard), qui prie pour la première fois avec toi. C’est un petit privilégié de
mon Cœur, et sa Maman du Ciel sera toujours auprès de lui dans la vie.
Sur cette maison, je fais descendre des torrents de grâces".
Inclinant la tête la Très Sainte Vierge tendit les bras vers Monsieur Pierrard,
elle lui sourit profondément ainsi qu’à Madame Pierrard. Les rayons s’échappèrent par flots de
ses propres mains et se répandirent dans la pièce.
En s’élevant, elle nous bénit et disparut derrière le voile. Mon cœur
tressaillit d’une joie douce et pure.
LUNDI 26 NOVEMBRE 1945 :
A 10h30 dans la salle à manger du presbytère, avec mon Père, Monsieur Rhote et
son fils François, Melle Dubach, Melle Rhote, le chapelet fut récité
spécialement pour les difficultés dans lesquelles se trouve François Rhote.
A la 4è dizaine la Très Sainte Vierge apparut avec un manteau bleu portée sur un
nuage, une couronne de roses blanches autour d'Elle. Au-dessus de sa tête, une
étoile. Les bras étendus et de ses mains partaient des gouttelettes qui venaient
jusqu'à nous. Elle arriva le visage un peu grave et lentement elle dit :
"Ma fille, c'est à l'âme angoissée que Je vais m'adresser (François Rhote),
Mon enfant, les peines intérieures sont les moyens de sanctification et
d'apostolat.
Il y a dans les tempéraments des âmes, comme dans les tempéraments des corps
certains cotés infirmes qui déterminent des malaises, des maladies spirituelles.
Je vois des âmes faibles d'esprit et de volonté qui sont elles-mêmes leur propre
tourment par les difficultés qu'elles se créent et les ennuis qu'elles se
procurent.
Ce sont les fautes passées, les remords ou les regrets, les souvenirs amers, les
affections déçues, les espérances trompées, l'avenir incertain, angoissant qui
sont les causes qui jettent l'âme dans une tristesse plus ou moins profonde et
déterminent chez elle des malaises moraux à l'infini.
L'Apôtre de la souffrance qui veut faire servir à la gloire de Dieu et au salut
du prochain les souffrances de l'âme doit les accueillir et les supporter avec
les mêmes dispositions que mon Divin Fils au jardin des Oliviers quand Il disait
: "Mon âme est triste jusqu'à la mort" ou quand Il s'écriait sur la croix: "Mon
Père, Mon Père, pourquoi M'avez-vous abandonné?" C'est le seul moyen de les
adoucir et de les rendre même plus efficaces pour son bien spirituel et pour le
bien des autres.
Tu ignores la manière admirable dont mon Divin Fils veut te perfectionner. Tu ne
vois dans ton existence qu'une succession monotone de petits détails et de
petits sacrifices, mais c'est le seul moyen que mon Divin Fils prend pour te
former à Son image adorée.
Quand tu négliges les détails et les devoirs d'état, tu empêches mon Divin Fils
de te donner un trait de particulière beauté. Ton infidélité contrarie Son
action.
Suis les conseils de ta sœur (Melle Dubach) elle a les lumières de
l'Esprit-Saint. Tu souffriras beaucoup, mais je ne t'abandonnerai jamais.
Mes enfants, Je vous bénis".
Mardi 27 NOVEMBRE 1945 :
A 14h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Messieurs les curés
de Domptail et Xaffévillers, Madame de la Burthe, M. et Mme Pierrard de Paris,
Melle Renée Antoine de Moyemont, Melle Roos, sœur de M. Le Curé de Saint Genest,
Melle Dubach et Melle Rhote, Melle Madeleine Jeanpierre et Melle Andrée Didier
de Charmes, à toutes leurs intentions, nous avons récité le chapelet.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge apparut portée sur une boule bleue. Un
manteau blanc parsemé d'étoiles recouvrait sa robe. Une couronne de pierres
blanches reposait sur son voile. Autour d'elle, un chœur d'anges.
Elle arriva les mains jointes, nous regarda gravement, puis ouvrit les bras,
sourit et de ses mains partirent des rayons, des gouttelettes qui venaient
inonder la boule et d'autres arrivaient jusqu'à nous.
Regardant dans le lointain, elle resta quelque temps silencieuse, une douce
musique se fit entendre, tout devint silencieux et, gravement, la Très Sainte
Vierge parla :
"Mes enfants, je vais vous montrer ce qui exprime le mieux l'essence et la vie
de Dieu.
Le Christianisme et tous les actes qui l'ont fondé, l'Incarnation et la mort de
Jésus sur la croix vous ont montré clairement qu'aucun mot du langage humain, ne
vous donne une idée plus parfaite de l'insondable essence divine que cet antique
mot si doux et si cher : l'Amour.
Parmi tous vos pauvres vocables faibles et insuffisants, c'est le seul mot qui
exprime le mieux l'essence intime et la vie intérieure de Dieu.
Ce n'est pas la sagesse, ce n'est pas la justice, ce n'est pas l'Eternité, ce
n'est pas la toute-puissance que vous voyez d'abord dans le Dieu qui s'est
manifesté à vous par la vie de Jésus, c'est l'Amour.
L'Amour qui prend soin du passereau, qui revêt le lys des champs, l'amour qui
fit le monde, qui couvre le monde, qui fait le bonheur du monde, l'amour qui
embrase le Ciel et la terre.
Mais si l'amour se révèle comme ce qu'il y a de plus proche de Dieu, de plus
apparenté à Dieu, comment ne serait-il pas ce qu'il y a de plus élevé, de plus
grand, de plus beau et de plus précieux dans le monde.
Quelques grandes et précieuses que soient d'autres choses, la plus grande est
encore celle de l'amour, l'amour apparenté de si près à Dieu.
Priez en union avec le Cœur de Jésus.
Que de fois, Jésus a répété à Ses apôtres que vous devriez prier en Son Nom,
c'est-à-dire en union avec Son Divin Coeur. Il vous l'a surtout enseigné en vous
faisant réciter avec Lui le Notre Père qui êtes aux Cieux.
Il prie pour vous comme Pontife, Il prie en vous, comme la tête dont vous êtes
les membres.
Le principe de l'efficacité de votre prière vient de Lui.
Pourquoi une prière commencée avec une droite intention, mais dont votre esprit
est détourné par les distractions qui proviennent de votre faiblesse peut-être
parfaite? Pourquoi n'avez-vous pas à la recommencer? Mais parce que vous
avez commencé la prière avec le Cœur de Jésus.
Lui n'a pas de défaillance, Il a continué, Il s'est emparé de la formule de vos
lèvres et les a offertes à Dieu. Cette prière est excellente.
Supposez qu'un prêtre ayant eu l'intention de consacrer, soit distrait au moment
où il prononce les paroles de la consécration, est-ce que la consécration ne
serait pas faite? Sans doute, elle serait faite, car tout dépend de l'attention
de Jésus, non pas de la vôtre qui avez prononcé la formule, mais qui avez
succombé à votre faiblesse native.
Je bénis ces chapelets, ces images; Mes rayons découlent sur cette statue de la
Vierge, les âmes qui prieront devant elle, Je leur promets de les exaucer; pour
celle qui pour portera la chaîne, Je la protègerai et la guiderai dans les dures
moments de sa vie.
Que ta sœur ai confiance dans celui qu'elle a rencontré. Je le guiderai et le
bénis.
Je demande à Mes Pasteurs de faire un grand sacrifice pour la dernière semaine,
celui de ne pas venir au Lieu Béni. Ma fille est très fatiguée et Je tiens à ce
qu'elle entre dans l'Arche Sainte, bien calme.
Mes enfants, Je vous bénis".
MERCREDI 28 NOVEMBRE 1945 :
A 9h du soir, dans ma chambre, la voix de notre Seigneur :
"Ma Jeannette, ce soir, Je vais donner un message à l'Épouse bien-aimée de Mon
Sacré-Cœur :
Ma bien-aimée, malgré ta profonde indigence, Mon immense Amour Me porte à
vouloir habiter dans ton âme et à y produire sans cesse des actes de
sanctification. Les trois personnes divines veulent posséder entièrement ce
temple qui leur appartient à tant de titres et y recevoir sans cesse les
adorations et les louanges qui leur sont dues. Malgré les peines intérieures et
extérieures, tu possèdes le vrai bonheur parce-que tu possèdes ton Divin Époux
et qu'il te possède aussi.
Il faut que tu vives dans la reconnaissance; tu ne dois pas interrompre les
actes extérieurs surtout de respect, d'amour et de réparation à la Sainte
Trinité, ces actes Me glorifient plus que les peines de toutes sortes.
Abime-toi de respect devant Moi, et accepte la destruction de ton être. Ton
bonheur est de rester abimée dans ton néant et de glorifier Ma grandeur.
Mon Divin Coeur est rempli d'amour pour toi; Je t'entoure et Je t'inonde de Mon
Amour.
Je féconde ton coeur, J'y verse d'amour du vrai, du pur, du saint, ton Coeur
n'est plus en toi, il est en Moi, ton Coeur est transformé, ton coeur est
enivré. Mon amour infini s'écoule dans ton coeur, tu seras martyre d'amour.
Je connais ta faiblesse et je te traite comme une toute petite enfant. La
consolation la plus grande et la plus délectable que tu puisses procurer à Mon
Divin Coeur c'est de souffrir et de prier pour Me ramener des âmes ou pour les
sanctifier.
Je veux que tu sois plus généreuse à correspondre à Mon action afin que Je
puisse plus librement opérer dans ton âme, en ôter tout ce qui est mauvais ou
imparfait, et y mettre Mon pur Amour dans la mesure que Je désire. Si tu
travailles à acquérir Mon Amour, tous les obstacles qui peuvent t'arrêter dans
la pratique de la vertu disparaîtront ou seront bien vite surmontés.
Rien ne peut arrêter ni retenir l'Amour pour l'empêcher d'arriver vers son
centre. Au contraire, plus tu auras de difficultés, de répugnances, de combats,
plus l'amour se réjouira d'avoir des aliments qui le feront grandir.
Rappelles-toi ton voeux d'abandon, tu comprendras mieux l'utilité de la
souffrance. Approches-toi de Mon Coeur pour penser Ses blessures qui sont bien
nombreuses et bien profondes; les plus douloureuses sont celles qui Me sont
faites par les âmes unies et Mes Épouses.
Sois dans une confusion très grande; n'oublies pas combien tu as fait de
blessures à Mon tendre Coeur par tes infidélités. C'est en te quittant, que tu
resserres les liens bénis, plus tu meurs à toi-même, plus tu seras esclave de
Mon Amour.
Mon Épouse bien-aimée, Je veille sur toutes tes filles; Je bénis avec Mon tendre
Amour toutes Mes épouses; pour toi, reçois de ton Bien-Aimé Ses attraits les
plus enflammés.
Tu es dans le feu de Mon Sacré-Cœur et tu brûleras sans jamais te consumer.
Ma Jeannette, oublie-toi toi-même; supporte les peines du moment; elles cachent
les grâces de l'avenir.
Je vous bénis".
VENDREDI 30 NOVEMBRE 1945 :
A 14h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Messieurs les Curés
de Domptail et de Xaffévillers, Melle Renée Antoine de Moyemont, Madame Vautrin,
Melle Dubach et Melle Rhote.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge apparut sur une boule bleue revêtue d'un
manteau blanc parsemé d'étoiles. Une couronne de roses blanches sur Sa tête, les
bras étendus; de Ses mains jaillissaient des rayons qui enveloppaient la boule.
Autour d'elle, des rayons. Dans le lointain, un coeur entouré d'épines surmonté
d'une grande croix. La Très Sainte Vierge, lentement, parla:
"Mes enfants, l'union de l'âme avec Dieu en ce monde ne se faisant que par
conformité ou unité de volonté, vous ne pouvez être unis à Dieu plus
parfaitement qu'en Le laissant faire, en acceptant ce qu'Il fait, en vous
consacrant amoureusement à toutes les destructions qu'Il veut faire en vous et
de vous.
Puisque avoir une telle résolution, c'est vouloir ce que Dieu veut, c'est ne
vouloir que ce qu'Il veut, c'est ne vouloir que parce qu'Il veut. C'est donc
ainsi avoir uniformité avec la volonté de Dieu. C'est être transformé à la
volonté divine. C'est être uni à ce qu'il y a de plus intime en Dieu - Je veux
dire en Son Coeur, à Son bon plaisir, à Ses décrets impénétrables, à Ses
jugements qui, quoique cachés sont toujours impénétrables et justes.
Quelle union à Dieu peut être plus inséparable que celle d'une âme qui dans
cette voie dit :" Quis nos separabit?"
Mes enfants, Je vous demande de prier pour la Colline Bénie.
Je bénis en particulier ces objets pieux et Je verse sur eux Mes rayons de
grâces. Sur cette image (de M. le Curé de Domptail), Je fais descendre Ma plus
tendre bénédiction. Que les âmes qui sont dans l'épreuve prient devant elle et
Je les soutiendrai.
A cette maman (Mme Albert Vautrin) Je lui donne la grande grâce de permettre à
celle qui lui est chère (Mme Humbert) de connaître les messages et de pouvoir
venir prier avec toi.
Pour les autres âmes, attendez. Mon Divin Fils veut que le Prince de l'Eglise
ait donné son jugement. Il faut que vous restiez cachés, vous recevrez beaucoup
plus de grâces.
Mes enfants, Je vous bénis.
Je bénis le foyer de ta soeur (Mme Renée Antoine). Qu'elle soit une âme forte,
un modèle dans son village, et Je la comblerai".
Tendrement, la Très Sainte Vierge sourit à ses enfants, bénit les objets pieux,
puis, avant de disparaitre, Elle fit sur nous un lent signe de croix.
Nous sommes toujours plus comblés et dans mon âme, je reçois toujours des grâces
plus grandes.
Le même jour, à 20h, dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, le
groupe de Fauconcourt, Mme Humbert de Hardancourt, Madame Albert Vautrin,
Monsieur et Madame Pierrard, nous avons récités le chapelet.
A la 4è dizaine les Ave s'estompèrent, le voile blanc apparut dans un champ de
lys et de rosiers blancs. Un manteau blanc recouvrait sa robe. Autour d'elle,
un choeur d'anges habillés de robes blanches. Dans le lointain deux saints dont
la robe était vaporeuse.
Elle arriva les mains jointes, les ouvrit et, de ses doigts, jaillirent des
rayons qui arrivèrent jusqu'à nous. Elle sourit, resta quelques minutes
silencieuse. Elle fixa ses enfants et gravement dit:
"Mes enfants, ne gaspillez pas les don de mon Divin Fils.
Ce qui compromet votre vie spirituelle et simplement votre vie chrétienne, son
progrès, ses attraits, ce qui vous prive de sa consolation et de ces jouissances
qu'elle contient, c'est la routine.
Vous arrivez à accomplir les actes les plus parfaits avec une grande
indifférence, vous accomplissez cela sans attention, sans soin, sans respect,
sans recueillement, sans amour, comme vous le faites pour des actions les plus
vulgaires.
Vous gaspillez les dons de mon Divin Fils, non sans contracter de grandes
responsabilités, mais vous allez insensiblement sur la pente qui vous mène au
dégout, au découragement, à l'abandon du devoir même. Si vous traitiez maintenant les
choses saintes, il en serait tout autrement, vous auriez de l'intérêt, de
l'attrait, de la joie, du goût, des consolations profondes et délicieuses.
L'acte qui est le plus parfait, c'est l'assistance au Saint Autel ou plutôt à la
Sainte Messe.
Donc, vos âmes doivent se porter avec la plus vive foi dans les sentiments de la
profonde humilité, d'une fidélité à toute épreuve, d'un amour reconnaissant et
ardent pour retirer les fruits de cet acte si sanctificateur, si consolant et
si bienfaisant.
Souffrir seul, souffrir en se concentrant dans sa douleur, sans chercher dans
Mon Divin Fils un appui, un consolateur, c'est comprimer en soi toute expansion,
c'est étouffer en soi toute espérance, c'est s'enfermer dans une prison sans
lumière et sans air, c'est se condamner à mourir avec le temps, à mourir tout au
moins moralement dans une sorte d'asphyxie volontaire.
Il y a des âmes parmi ce groupe qui ont de grandes difficultés. Je leur demande
de se tourner vers Mon Divin Fils, de l'invoquer, de l'appeler à leur aide, de
se mettre au large, d'aspirer la confiance à plein poumons, de se consoler dans
une dilatation voisine de la joie, de voir au-delà des horizons bornés de cette
terre d'exil et de larmes, d'apercevoir les régions de la paix sans mélange de
la vie éternelle. Quel levier puissant pour leur âme, quel précieux adjudant
pour supporter sans plainte ni murmure, sans découragement ni révolte les peines
de la vie, les souffrances du corps et de l'âme.
Mon Divin Fils est le pôle vers lequel doivent invariablement s'orienter leur
esprit et leur coeur dans les épreuves, les tribulations de la vie présente.
Les Saints ont connu la douleur, et leur vie a été souvent traversée par les
plus crucifiantes épreuves, mais ils se sont tournés vers Mon Divin Fils dans
leur détresse, ils l'ont invoqué et ce n'a pas été en vain.
Mon Divin Fils ne veut pas vous laisser aux prises avec l'épreuve. Il vous
visite par Sa grâce et veut dilater vos coeurs dans la joie et l'espérance.
Mes enfants, Votre Maman du Ciel est profondément touchée de votre grand amour.
Sur chacune de vos maisons, sur chacun des êtres que vous aimez, sur les corps
qui souffrent, elle se penche et en souriant, elle verse les rayons de lumière,
de bénédiction, de baume et de douceur.
Je bénis avec Mon grand amour ces images, chapelets et objets pieux. Dans les
grandes épreuves, priez, et vous serez sûrs d'être protégés.
A cette maman (Mme Humbert de Hardancourt), dis-lui que l'être cher qu'elle a
perdu est dans Mon Ciel comme elle le sait, et de là-haut, il veille sur ses
deux filles et les comblera de grâces et de bénédictions. En ce moment, il est
tout près de Moi, il leur sourit et combien il est heureux là-haut.
Je bénis tout particulièrement le Prince de l'Eglise qui croit à tes messages.
C'est celui qui habite la Ville Lumière. Sur sa paroisse, je fais descendre
beaucoup de grâces. Lui-même, Je l'enveloppe dans Mon manteau et Je le soutiens
dans sa lourde tâche.
Soyez tous unies quand l'instrument sera parti, priez pour lui.
Car elle, dans son cloître, par ses prières, fera arriver sur vous beaucoup de
bienfaits.
Soyez heureux, vous êtes un petit ilot dans Ma grande France qui souffre.
Petit ilot très cher, Je te bénis".
La Très Sainte Vierge s'avança au milieu du groupe. Elle était toute souriante.
Elle regarda avec Amour chacun de ses enfants. Qu'elle tendresse dans son
regard.
Les rayons inondaient la pièce, c'était très touchant, en s'élevant elle bénit
les objets pieux, puis, avant de disparaître, elle fit un lent signe de croix
et, avec un sourire plus indéfinissable elle disparut derrière le voile.
Quelle douce soirée. Que de grâces nous avons reçus dans nos âmes par la Très
Sainte Vierge qui vient si souvent nous rendre visite.
SAMEDI Ier DÉCEMBRE 1945
A 11h du matin dans la salle à manger du presbytère avec Melle Madeleine Dubach,
et six de l'équipe de monitrices, le chapelet fut récité à leurs intentions.
A la 4è dizaine, la Très Sainte Vierge apparut au milieu de rosiers blancs, elle
était entourée d'une couronne de roses blanches.
Au-dessus de sa tête, une couronne d'étoiles. Les mains jointes, elle arriva
souriante, regarda pendant quelques minutes chacune des jeunes filles et
lentement, elle dit :
"Mes filles, faites fructifier les dons du Calvaire.
Dans une propriété fertile brûlée par le soleil vous avez une source, mais vous
tenez les canaux fermés qui doivent distribuer les eaux fertilisantes. La
source, toute précieuse qu'elle est, ne peut donner de fraicheur et de
fécondité. Ouvrez les canaux, aussitôt les eaux utilisées feront naître les
fleurs et les fruits.
Le Calvaire est la Source, l'Autel est le canal. Le Calvaire a recueilli le sang
de Mon Divin Fils, l'Autel vous en apporte les flots bienfaisants. Il en arrose
le champ des âmes, les féconde, y fait germer et grandir les vertus qui ornent
le coeur humain et réjouissent le regard de mon Divin Fils.
Ce Sacrifice fait descendre sur le monde une infinité de biens. La victime de ce
sacrifice, c'est l'Homme-Dieu dont la puissance de supplication est infinie.
Si un ange descendait pour vous donner les prières continuelles des saints,
quelle joie inonderait vos coeurs. Or, par la messe, vous avez en plus des
supplications des saints et des anges, la prière de Jésus lui-même. Jésus offre
Ses supplications avec vous. Il s'offre Lui-même, son anéantissement sous les
espèces sacrées est une prière continuelle.
Vous comprendrez dès lors comment la messe est un sacrifice d'impétration, et
comment vous pouvez trouver sur l'autel toutes sortes de grâces.
Mes filles,
Mon Divin Fils n'est pas dans le trouble.
Le trouble ne doit pas trouver la porte de vos âmes, il ne doit même pas être à
la surface, l'agitation ne peut pas être volontaire (cette phrase était pour moi
embrouillée, et dans un message du soir, la Très Sainte Vierge me répéta) :
le trouble ne doit jamais trouver la porte de vos âmes et encore moins y
séjourner. L'agitation ne doit être qu'à la surface, encore faut-il que ce ne
soit pas volontaire, et vous devez vous établir de plus en plus dans un abandon à
la Divine Providence.
Là rien n'est capable de vous troubler pas plus que le petit poussin sous
l'aile de la poule, ou l'enfant entre les bras de sa mère.
Être enfant avec mon Divin Fils, c'est un grand art, malheureusement inconnu
pour beaucoup. Être enfant dans ce cas, ce n'est pas ne rien prévoir, mais c'est
ne se préoccuper de rien.
On fait pour le mieux ce qu'on croit être son devoir, on abandonne le tout
simplement à la Providence qui fait tourner tout à bien pour ceux qui se
confient en elle.
Des fautes elles-mêmes, des erreurs inévitables de sa pauvre faiblesse, l'âme
appuyée sur Dieu, la véritable enfant s'en humilie, mais ne s'en trouble
aucunement.
Elle sait que son Père infiniment bon, infiniment miséricordieux les fera servir
au bien de Son enfant repentant.
Dans votre vie spirituelle, il vous faut des manifestations fréquentes, car au
moindre découragement vous criez: Seigneur, sauvez-moi.
Je suis là, et sous mon Manteau soyez des enfants abandonnés simples et
confiants, et vous monterez plus vite dans la vie de la Sainteté.
Sur chacune de vous, J'enveloppe vos âmes de mes rayons et tendrement dans
l'invisible Je vous souris et vous bénis.
Sur cette Vierge (de Melle Dubach), mes rayons d'Amour l'embrasent et l'armée
qui priera devant elle recevra de grandes joies".
La Très Sainte Vierge fixa avec Amour chacune de ses filles. Elle étendit ses
mains sur nous et les rayons vinrent pénétrer chacune de nos âmes. En s'élevant
dans toute sa lumière, elle sourit, bénit, et le voile revint sur cette
touchante vision.
Le même jour à 15h30 dans la salle à manger du presbytère avec mon Père,
Monsieur et Madame Geisier, Monsieur et Madame Ambrosini, Madame Receveur, et
les personnes habituées, nous avons récité pour la 2è fois les trois dizaines
d'Ave fleuris.
A la dizaine d'Ave fleuris "Rose d'amour", les voix s'éteignirent, le voile
apparut et dans une lumière blanche se manifesta la Très Sainte Vierge portée
sur une boule bleue sillonnée de raies noires. Elle était habillée d'un manteau
bleu parsemé de fleurs de lys blanches. Autour d'elle des rayons et au-dessus de
son front une étoile à cinq branches.
Elle arriva les mains jointes, nous regarda en souriant, ouvrit les bras et
jaillirent des rayons qui arrivaient jusqu'à nous et qui tombèrent sur la boule.
Tendrement, elle dit :
"Mes enfants, je vais vous montrer ce que c'est que l'attraction divine.
L'âme chrétienne profondément religieuse ne peut plus se méprendre sur la
réalité de l'attirance divine qui se fait d'autant plus sentir en elle qu'elle y
répond avec plus de fidélité et de générosité.
Cette attirance dépend de la perfection, de la connaissance qu'une âme a de
Dieu, de Sa Majesté, de Sa Sainteté, de Sa vie intime, mais surtout du degré de
charité, d'amour pur qu'elle entretient en elle, et de l'ardeur de sa prière,
des désirs constants d'union de plus en plus effective.
Ce n'est plus simplement le besoin de Dieu qu'elle ressent habituellement, c'est
alors la passion de Dieu qu'elle éprouve, surtout à ses heures de recueillement.
Cette passion est d'autant plus forte qu'elle conçoit mieux le vide qui est en
elle sans Dieu.
Car si toute passion se calme par la possession et la jouissance de son objet,
la passion de mon Divin Fils ne fait que s'accroître à mesure que Dieu s'en
empare plus pleinement.
Dieu crée dans cette âme des besoin infinis toujours plus ardents, plus
irrésistibles qui ne peuvent pas se satisfaire en ce monde. Mais cette avidité
de l'âme pour Dieu qui lui apparaît bien en toute évidence comme son seul bien
lui fait comprendre de façon supérieure cette réalité qui dominera toute sa vie,
son néant et le Tout de Dieu, sa misère incommensurable et la richesse infinie
de Dieu, toute l'étendue de ses devoirs en présence de l'universalité des droits
de Dieu en elle.
Si vous voulez prendre la croix du Sauveur mort le premier au champ de bataille
pour vous donner Sa vie, vous devez d'abord saisir les armes nécessaires à ce
genre de combat, la première est la diligence ou l'application à bien faire, la
seconde est la défiance de vous-même, et la confiance en mon Divin Fils. La
troisième est le souvenir de la Passion et de l'instructif pèlerinage de Jésus sur
la terre. Le quatrième est le souvenir de la mort, la cinquième est le souvenir
des jours du Paradis.
Ma fille,
Je vais te redonner une phrase du message sur le trouble.
Le trouble ne doit jamais trouver la porte de vos âmes et encore moins y
séjourner. L'agitation ne doit être qu'à la surface, encore faut-il que ce ne
soit pas volontaire.
Je bénis toutes ces âmes. Je verse sur leur foyer mes rayons de grâce, et
tendrement avec mon Divin Fils Nous vous enveloppons de notre grand Amour".
La Très Sainte Vierge fixe longuement chaque personne, Je voyais son sourire
s'approfondir, et je sentais son immense Amour pour chacun de nous.
Elle s'éleva en nous bénissant, et en nous inondant de ses rayons.
Quelle paix en mon âme. Je suis toute lumineuse.
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 1945 :
A 17h30, dans la salle à manger du presbytère avec mon Père, Melle Dubach, Melle
Andrée Meyer (Nancy), Melles Grandidier (Fauconcourt) et Melle Rhote, le
chapelet fut récité spécialement pour Andrée Meyer future religieuse.
A la 4è dizaine, je sentis mon cœur battre plus fort, une vague impression
d'effroi parcouru tout mon corps, puis comme je commençais "O Mon Jésus..." un
éclair m'aveugla et immédiatement, je fus en présence de notre Seigneur.
Quel bouleversement dans mon corps, j'étais fascinée par cette gravité et ce
charme qui ressortaient de Ses yeux.
Il était habillé d'une grande robe blanche. Un immense nuage blanc l'encerclait,
entre ce nuage et Lui des rayons, et à travers ces rayons j'aperçus un fond
bleu.
Un grand manteau blanc recouvrait Sa robe blanche. Autour de Sa tête une auréole
avec une croix lumineuse au milieu. Il arriva les bras étendus et de Ses mains
des sillons rouges qui arrivaient jusqu'à nous.
Son visage était très grave et blanc. De grands cheveux noirs légèrement ondulés
retombaient sur Ses épaules. Il fixa chacun pendant quelques minutes, dans Ses
yeux noirs il y avait quelque chose de perçant, de doux, de profond. Qu'elle
grande différence des yeux de maman de la Très Sainte Vierge.
Gravement, Il dit:
"Ma Jeannette,
Ce soir, Je t'apparais, non pas pour toi, mais pour Ma future épouse à qui Je
vais M'adresser. (Andrée Meyer).
Ma bien-aimée, Tressaille d'allégresse, car le lien qui t'unit à ton Bien-Aimé
ne se brisera jamais.
Ton front serein dit que tu es heureuse, ton bonheur vient de Moi, car Je suis
toujours en toi. Je prends ton coeur pour mon repos. Je fixe Mes yeux sur les yeux
de ton âme et tu te sentiras blessée au coeur par Mon Regard Divin.
Plus tard, Je te montrerai Mon immense Amour, et ce sera pour toi un ciel
anticipé. Tu sens déjà combien Je mets dans ton coeur de dilatation et de force
quand ta ferveur M'y oblige.
Sois Sainte, Sainte par l'accomplissement exact du devoir de chaque jour, sainte
par les désirs fervents de M'aimer et de Me servir.
Je t'ai créée pour avoir toute la plénitude de ton être et pour Me vouer tout ce que tu
as. Sois fière de ce don, sois vigilante en le gardant au fond de ton coeur.
Ton rôle est d'accomplir autour de toi, ce que Je te réserve : Obéissance
délicate, souplesse aimante, sérénité constante. Ta note dominante est
précisément ce besoin de Me chercher ou plutôt de Me trouver.
Sois dans le bonheur en chassant la douleur qui résultera forcément pour toi du
sacrifice prévu. Abandonne-toi à Mon Amour, confie-Moi sans retour ceux que tu
aimes, J'en aurai soin, Je les visiterai et Je les consolerai.
La fleur de ton sacrifice est pure, pleine de parfum et de rosée, porte-la
fièrement et royalement, dans ton coeur sans permettre qu'aucun pétale ne s'en
détache. Je suis jaloux de cette offrande et Je veux que tu Me donnes la tienne
dans son intégrité.
Je t'attendrai pour la veille de l'Annonciation, tu prononceras ton grand Fiat.
C'est à la Trappe qui est dans les Vosges que tu t'immoleras.
Je veux l'oblation entière, irrévocable qui est dans Ma miséricorde en l'ordre
de la nature et de la grâce, de tout ce qui dépend de toi, et de tes actions que
tu feras dans l'avenir.
Tout ce qui est à toi, Je le veux pour Moi.
Mes enfants,
Je bénis toutes ces images, tous ces chapelets, toutes ces médailles. Je verse
sur les chapelets de ta famille, ta dizaine, Mes rayons de grâce. Priez beaucoup
pour la France, car les sacrifices de Mes Épouses feront entrer dans Mon Ciel un
grand nombre d'âmes.
Sur cette Vierge (celle de mon Père) Je l'embrase de Mon Amour. Elle gardera
toujours les âmes qui s'agenouilleront devant elle et dans les épreuves et les
difficultés, Elle leur donnera les lumières.
Mes enfants, Je vous bénis".
Notre Seigneur étendit Sa main droite sur les objets pieux et des sillons rouges
tombèrent en flots sur toutes ces images, chapelets.
Sa physionomie est admirable, empreinte de douceur et de quelque chose de
majestueux que je L'aime et que je le crains en même temps. Quand Il parle, Il
me fascine.
Il nous bénit très lentement, puis l'éclair revint et tout disparut.
Je restai écrasée sous cette Majesté, je ne puis rien dire tellement c'est
GRAND.
LUNDI 3 DÉCEMBRE 1945 :
A 20h dans ma chambre avec mon Père, Madame Didelot, Monsieur et Madame Fève de
la Verrerie de Portieux, Monsieur Rhote, Melle Dubach et toute la famille, nous
avons récité le chapelet aux intentions des âmes présentes.
A la 4è dizaine, le voile descendit, et dans une paix profonde, la Très Sainte
Vierge apparut en blanc, portée sur un nuage, des rayons l'environnaient. Les
bras étendus et de ses mains virginales jaillissaient des gouttelettes qui
venaient nous atteindre.
Au-dessus de son Front, sur le bord de son voile scintillait une étoile à cinq
branches.
Elle arriva souriante, regarda chacun, resta silencieuse quelques secondes, puis
tendrement elle dit :
"Ma fille,
Ce soir, je vais me pencher vers l'âme qui prie à tes côtés pour la première
fois (Mme Fève).
Âme bien-aimée,
Je vais te donner l'oraison des malades.
Au commencement de chaque matin et de chaque journée qui te réserve toujours des
souffrances, dirige sans retard ta pensée vers mon Divin Fils et prie-Le.
Place-toi en Son esprit, mets-toi en Sa présence et vois, vois Sa Sainteté, vois
Sa Puissance, vois Sa Majesté, mais vois surtout Sa Bonté.
Confiante en Elle, implore-la pour qu'Elle te soutienne pendant toute ta vie.
Vois en mon Divin Fils un maître à l'autorité duquel tu dois être soumise et
abandonnée, vois en Lui un Père qui veille sur toi et veux ton bien, vois en Lui
un Sauveur qui n'a qu'un désir, t'associer à Sa croix et te faire participer à la
grâce rédemptrice qui en découle.
Prie-Le, sollicite de Lui les grâces de soumission, de consolation et de
courage. Prémunie-toi contre les insinuations et les combats de celui qui veut
faire tomber les âmes.
Imprègne-toi surtout de l'esprit de confiance et de paix qui te soutiendront
pour les peines morales et physiques qu'il te faudra encore endurer.
Mes enfants,
Les âmes ont besoin de l'Infini.
Aux désabusés qui se révoltent contre les grands mots de devoir, de vertu, de
conscience, il vous sera facile de montrer à quelle extrémité vous tombez quand
vous suivez votre nature.
Ne trouverez-vous pas dans vos coeurs les raisons qui feront accepter par
les malheureux que vous pensez la valeur de leur tâche quotidienne? Ne
demanderez-vous pas à votre foi le secret de les convaincre de la splendeur du
sacrifice ?
N'est-ce point Lui en effet qui est à l'origine de tout ce que vous admirez :
l'amitié, le dévouement, l'amour de la Patrie, la justice, la vertu?
Que deviendrait la terre si ces nobles choses faites toutes de l'oubli de soi
pour le triomphe d'une cause supérieure disparaissaient?
Ne bénéficiez-vous pas chaque jour de leur efficacité? Si chaque génération
livre à celle qui vient après elle un peu plus de progrès, de science et de
vérité, n'est-ce point parce que, dans chaque génération quelques-uns ont donné
un peu d'eux-mêmes ou tout eux-mêmes pour faire avancer l'humanité vers des
destinées meilleures? Ne voudrez-vous pas leur faire constater que le sacrifice
répond aux besoins de vos âmes?
Ni les contentements des sens, ni les jours du coeur n'étouffent la voix de vos
âmes, et finalement vous souffrez ici-bas de n'avoir pas voulu souffrir, car
l'Infini vous tourmente, vous ne serez en repos que quand vous l'aurez trouvé.
Je fais descendre dans chacune de vos âmes Mon grand Amour.
Je bénis tout particulièrement le foyer de ces deux âmes (Mme Fève)
ainsi que
les êtres chers.
Je permets à cette âme (Mme Fève) de donner la grande grâce à son fils et à
cette qui partagera sa vie, mais sous le sceau du secret. Mes enfants, Je vous
bénis".
La Très Sainte Vierge sourit à tous ces enfants, s'éleva avant de disparaître
Elle nous bénit. Le voile lentement me cacha cette pure Lumière. Qu'elle
allégresse en mon âme.
MERCREDI 5 DÉCEMBRE 1945 :
A 8h30 dans la salle à manger des Melles Luc, avec le groupe d'Ortoncourt, nous
avons récité le chapelet en reconnaissance.
A la 4è dizaine le voile descendit, et la Très Sainte Vierge apparut, habillée
en blanc, portée sur une boule bleue parsemée d'étoiles. Elle était entourée
d'un nuage et entre le nuage et elle des rayons. Sur son voile une couronne de
roses blanches. Elle arriva les bras étendus et de ses mains des gouttelettes et
des rayons qui venaient jusqu'à nous. Elle arriva souriante, son visage devint
grave et lentement elle dit :
"Mes enfants,
la ferveur n'est pas la dévotion sensible. La dévotion sensible n'est qu'une
ferveur factice, une ferveur de sentiment, un échauffement de la sensibilité qui
n'affecte que le coeur, impression superficielle qui ne mène pas à grand'chose,
ne sert trop souvent qu'à masquer la tiédeur de l'âme et où l'on se complait
parce-que, avec la douce illusion de n'y chercher que Dieu, on y trouve surtout
soi-même.
L'appétit surnaturel se confond avec la ferveur de volonté, toute en énergie,
toute en acte. Il se peut que vos coeurs ne trouvent pas leur compte, et que vos
natures ne se plient qu'en boudant à la vertu. Cette tiédeur du sentiment, plus
encore si vous le voulez cette aridité, cette répugnance de la sensibilité ne
font qu'ajouter au mérite de votre fidélité. La prière est pour vous sans
attrait, priez. La tentation vous obsède et vous fascine, résistez. Le devoir
vous pèse, tenez-bon. L'effort vous coûte, exécutez-le. Le chemins sont durs,
l'étape est pénible, marchez. Vous avez des faiblesses, surveillez-les. Vous
connaissez même la confusion des chutes lamentables, déplorez-les. Faites-vous
justice et revenez avec plus d'humilité dans la communion à Celui qui s'y
éternise prêt toujours à pardonner le pécheur qui se repend et à relever le
malade qui veut guérir.
C'est un devoir d'être reconnaissant.
Rien n'est si odieux aux yeux des hommes que l'ingratitude; et c'est pourtant
une ingratitude de toutes les heures et de tous les jours qu'ils réservent à mon
Divin Fils.
Si un million de Pater et d'Ave s'élèvent de la terre vers le ciel pour obtenir
quelque faveur, combien peu d'action de grâces monteront vers le ciel pour les
bienfaits obtenus. Triste faiblesse du coeur humain, toujours égoïste: c'est
l'intérêt qui fait prier, mais l'amour seul inspire la reconnaissance. Aussi
cette reconnaissance, Dieu l'attend comme le témoignage de votre amour, et
l'esprit d'action de grâces vous rapproche intimement de Dieu. Car si remercier
un bienfaiteur pour obtenir plus de faveurs n'est qu'une demande nouvelle,
demande à peine déguisée, vous devez remercier mon Divin Fils parce-que vous
l'aimez, parce-que l'amour qu'Il a pour vous, vous touche, vous surprend, vous
va au coeur et vous gagne à Lui.
Mes enfants;
Je verse dans chacune de vos âmes mes flots d'amour. Je bénis vos foyers et tous
vos êtres chers. Je me penche aussi sur les âmes qui souffrent, et mon Divin
Fils leur donnera des lumières pour passer les voies obscures.
Soyez toujours bien confiantes et bien cachées. Obéissez aux divins
commandements et je vous comblerai.
Mes enfants,
Je vous bénis ainsi que les chapelets sur lesquels je verse ma plus tendre
bénédiction."
La Très Sainte Vierge nous bénit avec un tendre sourire. Nous étions enveloppées
de ses rayons. Que c'est grand toutes ces choses qui pures, auprès de nous,
pauvres créatures.
JEUDI 6 DÉCEMBRE 1945 :
A 17h30 chez Monsieur Génaro, avec le groupe, après le chapelet familial, nous
avons récité trois dizaines d'Ave fleuris pour demander à la Très Sainte Vierge
ce qu'elle pensait de Notre Dame d'Ortoncourt.
A la 2è dizaine, peu à peu les Ave s'éteignirent, et le voile apparut, puis
quand tout fut silencieux, la Très Sainte Vierge se manifesta.
Un manteau blanc, de la forme d'une chape parsemée d'étoiles recouvrait Sa robe
blanche. Elle était portée par un demi-cercle bleu azur. (forme croissant de
lune très profond).
Autour d'elle, les trois couronnes de roses blanches, rouges et jaunes. Ses bras
étaient étendus et de ses mains partaient des paillettes dorées qui descendaient
comme de la neige.
Au-dessus de Sa tête, était une auréole blanche où étaient inscrits ces mots :
JE SUIS NOTRE DAME D'ORTONCOURT
Nous regardant avec Amour, Elle dit suavement :
"Mes enfants, il n'y a pas de comparaison à établir entre la grandeur de Dieu et
les plus hautes grandeurs humaines. L'Etre de Dieu est à part.
Celui de qui tout dépend et qui ne dépend de rien, retiré en Lui-même est
inaccessible.
Ce serait le mystère écrasant si ce n'était pas un mystère de bonté qui
s'incline et de condescendance qui s'adapte.
Mon Divin Fils ne peut voir les choses que d'En-Haut, puisqu'Il les voit
Lui-même, mais Il ne les méprise pas, Il ne s'en désintéresse pas. Sa grandeur
L'élève au-dessus d'eux, Sa Miséricorde Le met à leur niveau.
Il s'occupe à fond, ensemble et détail, de l'oeuvre qu'Il crée et qu'Il aime.
S'il s'agit de la créature intelligente et libre, le cas devient encore plus
pesant.
Mon Divin Fils observe ce petit foyer, Il attend beaucoup de lui, pour ces deux
âmes (M. Et Mme Génaro) Il rêve et réalise grand. Mais en elles, ce qu'Il aime
le plus, c'est la petitesse et l'humilité aussi sur la terre, dans le monde
humain, les humbles ont-ils ses préférences. Leur âme en creux, attire Sa bonté
qui s'engouffre en eux.
(Regardant lumineusement la statue elle dit en faisant le signe de la croix :)
"Je baptise cette statue sous le doux vocable de Notre Dame d'Ortoncourt.
Mes rayons d'Amour l'enveloppent et dans chaque foyer,
Elle continuera d'apporter de grandes joies et de grandes lumières.
Elle bénira dans l'invisible tous Ses
enfants et réserve dans l'avenir d'heureuses surprises.
Je vous bénis et sur ce foyer Je fais découler mes grâces."
Ce fut une minute qui Me rendit toute heureuse, après l'extase j'avais encore
dans le cœur une saveur que je ne puis exprimer.
Quel Amour dans les yeux de la Très Sainte Vierge. De ses mains virginales je
voyais les paillettes dorées voltiger sur la statue qui n'avait pas disparue.
Elle nous regarda avec une grande tendresse, fit sur nous un lent signe de
croix, et en s'élevant, Elle me fixa avec une grande lumière dans ses yeux.
MAGNIFICAT.
Le même soir, à 21h dans ma chambre avec mon Père, Monsieur l'abbé Gaire curé de
la Verrerie, Monsieur et Madame Fève, leur Fils et sa fiancée, Melle Dubach et
toute ma famille, nous avons récité le chapelet pour tous.
N'ayant rien reçu au chapelet, je commençai les sept douleurs. Ici, je sentis
mon cœur battre plus fort, comme je prononçais "et Jésus" un éclair passa et je me
trouvai devant Sa Majesté, Notre Seigneur. Il était habillé d'une robe rouge
formant manteau (rouge sombre).
Ses mains laissaient voir la place des clous et il sortait de ses empreintes de
petits filets de sang vermeil.
Sur Ses cheveux si beaux étaient posée une couronne d'épines. Un nuage
blanc était sous Ses pieds nus et formait une immense couronne. Son visage
ressemblant à un aimant était très grave. Ses yeux nous regardèrent profondément
et je vis deux larmes toutes cristallines à Ses paupières.
Sa voix très grave prononça:
"Ma Jeannette, Je suis profondément touché de contempler ce soir Mes enfants
pour lesquels Mon Amour est si profond.
A ces deux âmes, (Jean Fève et Paulette Henry fiancés) qui seront unies, Je
M'adresse à eux.
Mes deux enfants,
Mon Divin Cœur est un abîme profond où vous devez vous plonger, vous aimer
constamment et ardemment.
Anéantissez-vous dans cette Source qui n'a pas de profondeur et où vous
trouverez tant de grâces pour votre futur foyer. Je le bénis, ce foyer, avec Mon
tendre Amour.
Combien de jeunes âmes comme vous, vont sur le chemin qui mène au précipice.
Âmes pures et fortes, soyez comme le bouton de rose qui, à l'aube du jour,
encore bouton, puis, peu à peu, sous les rayons du soleil s'ouvre et exhale un
parfum que vous ne cessez jamais de respirer.
Je veux votre foyer saint. Vous aussi, vous serez des saints, mais il faut que
vous passiez par le creuset de la souffrance.
Venez Me recevoir souvent dans la Sainte Communion, c'est là, sous ces espèces
sacrées où Je M'anéantis que vous trouverez les forces pour vous conduire dans
cette terre de larmes.
Parmi vos enfants Je Me choisis un prêtre, grande âme, ce prêtre ira convertir
les âmes païennes. Lui aussi sera une étoile pour sortir de l'obscurité tant
d'âmes qui ne Me connaissent pas et qui Me trahissent.
Je verse sur cette statue (Ma Vierge de l'équipe du centre Montjoie)
Mes rayons
d'Amour. Que ta petite sœur la conserve toujours précieusement.
Elle la conduira dans les heures de souffrance qu'elle aura à traverser.
Sur tes chers parents qui te donnent avec une grande joie, certes le sacrifice
est immense, mais Je les enveloppe sous Mon Manteau.
Qu'ils viennent puiser dans Mon Cœur les trésors de force et Je les soutiendrai.
A ta chère grand'mère, Je la bénis tout particulièrement, et à sa dernière
heure, Ma Divine Mère viendra la chercher dans sa nacelle.
A Mon Pasteur (Abbé Gaire) qu'il soit l'apôtre que Je désire.
Je bénis ces deux paroisses et Je mets dans son cœur les lumières qu'il lui
faudra pour diriger les âmes.
Sur tous ces chapelets, ce bréviaire (à M.l'abbé Gaire) Mon sang coule à flots,
et les âmes en détresse trouveront le réconfort.
Je bénis chacun de vos foyers.
Oh! Mes enfants, consolez-Moi, Je suis tant outragé.
Avec Amour, Jésus dit :
"Petit village tant aimé de Mon Coeur, Je t'embrase de Ma plus tendre tendresse,
Je ne veux pas pleurer sur toi, car beaucoup d'âmes M'aiment et Me servent comme
Je le désire.
Soyez tous bénis. Je suis votre Pilote."
Je fut écrasée, anéantie, et je suis encore sous le coup de cette grande visite.
Il est minuit, et en reconnaissance, je fais réciter le chapelet des cinq
plaies.
Jésus, ô merci d'être venu réconforter mes parents.
Jésus bénit très majestueusement et avant de me quitter, quel regard d'Amour Il
me jeta. Je m'en souviendrai toute ma vie.
SAMEDI 8 DÉCEMBRE 1945. FÊTE
DE L'IMMACULÉE CONCEPTION
Dans ma chambre, à 5h1/2 du matin:
La Très Sainte Vierge, dans l'invisible :
"Ma fille, avant que tu ne quittes ta chambre, Je vais te donner le message pour
mon Saint Prêtre.
'Âme très chère, Je veux te faire considérer la création et la créature, non en
elles-mêmes où tu ne trouves qu'ennui et vide, mais comme le manteau de Celui
qui est la Joie.
Il faut considérer l'infini et t'arrêter devant cette distance incommensurable
qui le sépare de toi qui est la limite, puis passer aux divers aspects de la
limite de ce néant qui n'a de réalité qu'en Dieu.
C'est pourquoi chez les créatures la beauté est une limite aperçue dans la
lumière, la laideur est une limite aperçue en elle-même.
La parole humaine connait douloureusement la limite, elle ne peut exprimer
l'âme, parce-que l'âme est infinie en puissance.
Mais cette faiblesse a créé une force sublime : le silence. Quand les paroles
expirent, le silence arrive, il exprime l'inexprimable, il dépasse la limite.
Ce que l'homme fait et dit d'accessible aux hommes est l'écho affaibli d'un cri
immense, c'est la monnaie du grand Trésor.
Suis le problème de la nature et de la liberté, des rapports existants entre ces
deux puissances qui ne trouvent leur synthèse qu'en Dieu qui doit faire surgir
des profondeurs de Sa sagesse la concordance des manifestations.
Le péché est le néant voulu, et la douleur le néant senti.
A l'ordre, il fait correspondre la science qui en constate les lois alors que la
vie montre le désordre. Et de cette méditation deux pensées s'imposent : contre
la vie qui est l'épreuve et qui peut aboutir au désespoir, il n'y a de refuge
que dans la soumission complète du fini à l'infini. La soumission délivre le
fini et désarme l'Infini.
Les deux mouvements de la vie : expansion et contradiction, les lois de la
nature et le Dieu de gloire, la plénitude par le vide, le vertige devant
l'absolu sont d'admirables thèmes pour la méditation qui t'entraîneront vers les
plus hautes sphères de la métaphysique.
Alors tu comprendras ceci :
Le vertige est un monstre qui se tient au fond de tous les abîmes. Toute pensée
profonde, tout sentiment profond a le sien.
Le génie et l'amour sont constamment penchés sur des précipices qui les
appellent. Les grandes natures, parce qu'elles aiment plus les profondeurs, sont
entraînées plus terriblement vers elles en vertu de l'arrêt. Ton poids sera
l'Amour.
Meurs à l'opacité pour naître à la transparence et à la régénération des âmes.
Je bénis toutes tes œuvres (Abbé Mary, Curé de Saint-Jean-les-deux-Jumeaux, par
Changis (Seine-et-Marne) et Je fais découler dans ton âme Mes flots de
tendresse'.
Ma fille,
Je suis avec toi et Je t'enveloppe ainsi que tes êtres chers dans Mon manteau.
Je te bénis".
Pendant la messe de 7h.
Avant l'Elévation, je vis le voile au-dessus de l'autel, puis la Très Sainte
Vierge lumineuse apparut dans une grotte. Autour d'elle, une immense auréole où
étaient écrit ces mots :
JE SUIS L'IMMACULÉE CONCEPTION.
Elle était dans une grotte entourée de rayons. Autour de sa taille une ceinture
bleue.
A ses pieds, un églantier.
Elle arriva souriante, ouvrit les mains et des gerbes de gouttelettes vinrent
dans l'église.
Dans l'invisible, Jésus dit :
"Ma Jeannette,
Regarde profondément Ma Divine Mère, de ses lèvres s'échappe de nouveau le
Magnificat.
Tout ce que J'ai déposé en elle de beau, de profond, de délicat, de charme,
d'intimité, tout cela résonne maintenant sur Les lèvres de l' Immaculée.
Son âme exulte de joie, car elle Me possède, et dans la mesure où son âme est
remplie de Ma pensée, de Mes desseins et de Ma volonté, elle sait, dans la même
mesure s'élever, se réjouir.
Sois heureuse, Ma Jeannette, tu es tout prêt de Moi: voila ce qu'enseigne
l'Immaculée Conception.
Je bénis ton village, chacun des foyers et sur toutes Mes enfants, avec Ma
Divine Mère, nous faisons découler des torrents de grâces dans chacunes de vos
âmes".
A 9h. du matin, au presbytère, au moment du départ :
la Très Sainte Vierge en blanc, portée sur un nuage. Autour d'elle, un choeur
d'anges. Elle arriva un peu grave, me regarda profondément pendant quelques
minutes, puis elle dit :
"Ma fille, avant que tu quittes cette pièce où tant de fois je suis descendue,
je viens te dire que je suis avec toutes les âmes qui te donnent à mon Divin
Fils.
A ta soeur, je la soutiendrai. Qu'elle soit toujours bien aimante et qu'elle
reçoive plus souvent mon Divin Fils. Il n'a qu'un désir : venir dans son cœur.
Je la bénis tout particulièrement et dans l'invisible, Je dépose sur son front
ainsi que sur vous tous mes lèvres virginales.
Ma fille, tu vas vers de belles choses.
Tu ne quittes rien puisque c'est pour trouver le Tout.
Aux heures de grandes souffrances, venez prier aux pieds de cette Vierge et vous
serez réconfortés.
Petit village, Je te bénis."
Au moment où nous passions devant la dernière maison du village, l'Etoile
apparaît au-dessus de la Vierge de la Voiture de notre Divine Mère. Elle nous
accompagnera jusqu'au Monastère du Val d'Ajol.
A Remiremont, à 11h. dans la salle à manger de Monsieur Roger BRIOT, à la fin de
la 4è dizaine d'un chapelet récité par toute la famille réunie, (10 enfants
présents) à laquelle s'étaient joints Monsieur et Madame de Montbel :
Un éclair précède Notre Seigneur qui apparaît en blanc, porté sur une boule
bleue parsemée d'étoiles. Autour de Lui, des rayons et autour des rayons un
nuage. Dans le lointain, une croix noire. Au milieu de cette croix un coeur
couronné d'épines. En dessous un ange tenant un calice et les gouttes de sang
tombant dedans.
Entre le Cœur et la Croix FIAT et au-dessus :
TOUT EST CONSOMMÉ - IL FAUT BOIRE LE CALICE JUSQU'AU FIEL.
Notre Seigneur a les bras étendus. Au milieu des mains, les trous des clous.
Sillonnées de sang dont les gouttes tombent sur la terre. En plus, d'autres nous
atteignent (rayons rouges).
Le visage grave, Il nous regarda tous, puis, fixant Son regard profond, un peu
triste, mais doux en même temps sur M. BRIOT d'une voix grave, Il dit :
"Ma Jeannette, Je Me manifeste ce soir pour ton frère dont l'âme est triste.
Âme bien-aimée,
Plonge-toi dans Mon Divin Cœur. C'est l'Océan de la Miséricorde et de la
tendresse. Je te laisse seul sur la route pour voir où tu peux aller sans Moi.
Toutes tes épreuves, très grandes difficultés, Je te les envoie afin de te
purifier. Sois bien confiant. Mon Manteau t'enveloppe et si tu bois le calice,
tu Me ressembles, car, au Jardin des Oliviers, sous la sueur de sang qui
couvrait Mon visage, J'ai crié:
"Mon Père, que ce calice s'éloigne de Moi; mais non, que Votre volonté soit
faite."
Les âmes saintes passent toujours par le creuset de la souffrance, mais combien
là-haut, tout près de Moi, elles auront une magnifique couronne. Je suis
toujours très outragé. Mon Cœur saigne et peu d'âmes acceptent avec joie, même
les âmes que J'ai choisies, les épreuves qui sont pour les purifier.
Ma Divine Mère, en ce beau jour de son Immaculée Conception te souris. Tu es
déjà sur cette terre dans sa Nacelle qui te conduira droit au port.
Je bénis cette Vierge. Prie souvent devant Elle. Tu seras réconforté.
Sur tous ces enfants qui Me sont chers, Je Me penche sur leurs petites âmes,
vases précieux d'innocence, boutons de roses à peine éclos et où Je ne cesse de
Me mirer dans le cristal de leurs petites âmes.
Sur cette maison, sur cet autre foyer, Je répands à flots Mon sang et Mes
bénédictions.
Mon instrument, dans son cloître, s'immolera pour vous, vous aurez par elle de
très grandes joies, encore plus, puisqu'elle sera cachée.
Je vous aime tous et avec Ma Divine Mère : Nous vous bénissons."
Dimanche 9 décembre 1945 :
A 10h45 à la chapelle avec toutes mes sœurs, devant le Saint Sacrement exposé,
nous avons récités le chapelet.
A la 4è dizaine le voile apparut au-dessus de l'autel de la Très Sainte Vierge.
Les aves s'évanouirent, et dans un silence profond, la Très Sainte Vierge
apparut sur un nuage. Elle était habillée en blanc. Autour d'elle une couronne
de roses blanches. Au-dessus de son front scintillait une étoile à cinq
branches. Elle avait les bras étendus, et de ses mains jaillissaient des rayons
qui venaient jusqu'à ma Révérende Mère, et mes sœurs.
Toute souriante, Elle resta quelques minutes à nous fixer, puis de sa voix pure,
cristalline qui fait vibrer mon cœur elle dit :
"Mes filles,
toutes les volontés de mon Divin Fils ont pour objectif la sanctification de vos
âmes.
La Volonté de votre Époux, c'est votre sanctification. Cela est vrai au regard
de toutes les créatures, spécialement au regard de celles qui sont intelligentes
et raisonnables. Mon Divin Fils veut et veut exclusivement votre sanctification,
c'est à dire votre conformité parfaites à Ses conceptions, vos vérités, par
conséquent vos vies, votre gloire, vos joies, vos permanences, enfin tout ce
qui, à force de les lui rendre semblables, permet qu'Il se les unisse, et vous
consomme en Lui.
Et ce qu'Il veut uniquement, Il y travaille incessamment.
Il n'y a pas une seconde où, sur un point quelconque de l'univers créé, vous
puissiez surprendre Dieu s'occupant à autre chose.
Si cette volonté divine était partout maîtresse, si l'obéissance répondait au
droit, et l'amour à l'amour, regardez ce que serait le monde.
Vous verriez les écluses lâchées à la Miséricorde, l'Esprit-Saint qui est la
joie de Dieu, s'échapper comme un torrent du sein tout grand ouvert de la
Divinité, et inonder la terre comme un déluge. Au fait, la terre deviendrait un
Ciel.
Dans vos âmes, Je fais découler mon grand Amour; avec mon Divin Fils nous vous
bénissons".
La Très Sainte Vierge me sourit. En s'élevant elle nous bénit, et le voile me
cacha celle qui me donne tant de joies.
Lundi 10 décembre 1945 :
A 2h. dans la salle de la communauté, avec ma Révérende Mère et toutes mes
sœurs, nous avons récités une dizaine pour demander à la Très Sainte Vierge, si
notre Révérende Mère pouvait continuer à prendre des médicaments. A la première
dizaine, n'ayant pas eu de réponse nous avons continués. A la troisième dizaine,
les voix s'évanouirent, le voile blanc couvrit la statue de la Vierge, et dans
une grande joie, je vis la Très Sainte Vierge en blanc, portée sur un nuage. Une
couronne d'étoiles l'encerclait. A ses pieds se dressait deux lys. Au-dessus de
son front, une étoile à cinq branches. Elle avait les mains jointes; toute
souriante, d'un sourire qui fait vibrer mon cœur elle attacha son doux regard
sur chacune de mes sœurs. Puis fixant avec Amour ma Révérende Mère, en inclinant
légèrement la tête elle dit :
"Ma fille,
Dis à la Révérende Mère qu'elle ne prenne pas les médicaments. Je la guérirai.
Sur toutes Mes filles, Je fais descendre dans leurs âmes mes flots de grâces. Je
vous bénis".
Elle fit sur nous un lent signe de croix. En s'élevant, ses yeux restèrent fixés
dans le lointain. Avant de disparaître son dernier regard et sourire furent pour
ma Révérende Mère.
Je ressens en ce moment dans mon âme une grande joie.
Lundi 10 décembre 1945 :
Le soir à 8h20 dans notre cellule, aux pieds du crucifix, je récitais les trois
aves fleuris. Restant quelque minute silencieuse, je demandais à Jésus de me
réconforter. Dans l'invisible Sa voix grave, pesante me dit :
"Ma Jeannette,
tu fais l'expérience de ta faiblesse. Sois énergique pour accepter cette
souffrance. Tu dois te réjouir continuellement, encore que la fatigue et la
croix pèsent sur tes épaules. Je suis avec toi pour alléger et bénir ton
fardeau.
Tu auras des coups à donner, des luttes à soutenir. Parfois si Je juge sage de
frapper un peu fort, J'ai le coup porté, la divine délicatesse de M'arrêter.
Réjouis-toi d'être à Moi, consacre-Moi tes forces, même avec tes défauts. C'est
sur ces défauts que Ma grâce travaille. Je te veux une épouse douce et humble.
Point de tristesse égoïste, tu es à Moi. Livre-toi, laisse-toi faire. Ouvre ton
cœur à l'Amour, dilate-le dans la pensée que tu es Ma chose.
Contente-toi de Me dire : voilà les fruits de mon jardin, et puis, tout
doucement, remets-toi à marcher d'un meilleur pas, à ramener par confiance la
sérénité dans ton âme.
Tu es une Souveraine à Mon Divin Service, et qu'il te sied de garder l'attitude
noble et généreuse qui est ton cachet!
En Haut, Ma Jeannette, en Haut dans l'abandon plein de foi.
Sois une épouse généreuse ne redoutant pas de souffrir. Il faut que tu Me
consoles.
Je bénis ton Père et le Lieu Béni.
Sur ta Révérende Mère, sur tes Sœurs, et sur toi, Je vous embrase de Mon immense
Amour".
Ces paroles me firent un grand bien, le poids que j'avais sur le cœur diminua et
je m'endormis en paix. Merci, ô mon Jésus d'être venu à moi si faible.
Mercredi 12 décembre 1945
A 6h à la chapelle, pendant le chapelet des cinq plaies, à la 4è dizaine
brusquement un éclair passa devant mes yeux, je fus détachée d'un coup de tout
ce qui m'entourait, et je me trouvai en présence de Notre Seigneur. Il apparut
au milieu du chœur sur un nuage. Entre ce nuage qui formait une immense couronne
se trouvait des rayons, puis du bleu.
Notre Seigneur était habillé d'une grande robe blanche très ample et de tissus
assez épais. Majestueusement Il tenait les bras étendus, et dans la paume de Ses
mains je voyais des sillons rouges qui s'agrandirent, et vinrent à flots sur chacune
de nos sœurs. Il nous regarda avec gravité, puis Sa voix grave dit :
"Ma fille,
Le bonheur de ton âme consiste à ce qu'elle se rende conforme à Ma Très Sainte
Volonté, car c'est là où Mon cœur trouvera la paix, ton esprit, la joie, et le
repos.
Ne crains rien, confie-toi en Moi. Je suis ton Protecteur et ta caution personne
ne pourra la troubler, et celui de ton amour dans ton cœur qui te donnera une
joie que personne ne pourra ôter.
"Mes Épouses, Brûlez du feu divin, Oui consumez-vous. Je vous élèverai en Moi
autant que Je vous trouverai anéanties. Faites tout par Amour et par humilité.
(Secret).
Je demande à ta Révérende Mère de ne pas s'inquiéter, ce qu'elle fait, c'est
selon Mes désirs. Je bénis particulièrement cette lettre.
Mes Épouses priez pour les prêtres. Je vous bénis".
Au chapelet de 5h1/4 à la communauté nous avions récités le chapelet pour une
lettre, la Très Sainte Vierge resta invisible; ce fut au chapelet des cinq
plaies que Jésus se manifesta. Il regarda profondément Son petit instrument, Il
nous bénit, l'éclair revint, tout s'évanouit. Je sentais en mon cœur un grand
bonheur. Quelle grandeur, quelle beauté, mais surtout quelle lumière en mon
pauvre cœur encore si attaché.
VENDREDI 14 DÉCEMBRE 1945 :
A 5h1/4 à la salle de la communauté avec Notre Révérende Mère et toutes mes
Sœurs, nous avons récité le chapelet pour des intentions différentes.
A la 4è dizaine je sentis en mon cœur une douce lumière; les Aves dans un léger
murmure s'évanouirent. Toute remplie d'allégresse j'attendais celle qui me
ravit. Elle arriva cette Bonne Maman avec un Manteau bleu azur parsemée
d'étoiles. Un chœur d'anges les mains jointes formaient autour de leur
Souveraine une immense couronne. La Très Sainte Vierge était entourée de lys les
uns bien droits, les autres inclinant légèrement leur calice. Tout près de ses
pieds étaient des rosiers, et je voyais avec admiration les boutons qui
s'entr'ouvraient et exhalaient un parfum qui n'est pas de la terre.
Comme elle était belle, lumineuse, encore plus épanouie qu'au Lieu Béni, je
sentais qu'elle était chez elle, parmi ses filles qu'elle préfèrent.
Les bras étaient étendus, et de ses mains virginales jaillissait sur ce champ de
lys et de roses des gerbes de gouttelettes cristallines.
Je la vis avec joie s'arrêter sur chacune de nos sœurs, les gouttelettes
enveloppaient chacune, puis la Très Sainte Vierge fixait avec un doux sourire sa
fille et la bénissait particulièrement. Elle fit sur toute ce geste maternel.
Sur Notre Révérende Mère, Elle s'arrêta plus longuement, Elle étendit Ses deux
Mains sur sa tête, et ce furent des rayons qui pleuvaient sur notre Révérende
Mère. Elle s'arrêta au milieu de nous, bénit chacune des novices et me regardant
si amoureusement Elle dit de Sa voix qui est comme une douce mélodie :
"Mes filles bien-aimées,
je vais vous montrer l'importance de l'acte d'amour de Dieu.
Il n'est rien au monde d'aussi réel, et d'aussi substantiel que l'Amour de mon
Divin Fils. En comparaison de cette grande réalité, tout le reste est vide de
sens, et s'évanouit bientôt.
Un acte d'Amour est une œuvre complète, ses effets en sont plus puissants, les
conséquences en sont plus importantes que les effets, et les conséquences de
tout autre acte.
La mort par elle-même ne saurait en égaler la grandeur.
Pour que vous puissiez constituer un acte d'amour, il faut un regard de votre
cœur qui avec la rapidité de l'éclair pénètre dans les cieux.
De pareils actes peuvent se multiplier au-delà de tout calcul et jusqu'au milieu
de vos occupations en apparence les plus propres à vous distraire.
Loin d'en être affaiblies, vous puiserez dans la répétition une nouvelle
intensité, une puissance inconnue: toutefois ils n'exigent aucun effort ce sera
pour vous un plaisir de les formuler.
Subissez toujours plus l'influence de mon Divin Fils par une douce et constante
attention, admirez, aimez, attirez à vous le Cœur de votre Epoux, rendez-Lui à
tout moment le tribut de tendresse, de dévouement, de fidélité, d'actions de
grâces, d'Amour qui Lui est dû.
Soyez humblement radieuses toujours, pour faire comprendre combien votre Jésus
est radieux.
Dans l'âme de toutes les Epouses de mon Divin Fils, Je fais découler mes rayons
de lumière.
Je bénis avec Amour ta Révérende Mère, ton Père, ta famille et le Lieu Béni".
La Très Sainte Vierge sourit à chaque novice, qu'elle bénit particulièrement
avec une grande tendresse.
Avec tristesse je la vis s'élever doucement, je voudrais partir avec elle pour
ne plus voir cette terre si lourde.
Le voile revint et me cacha notre Douce Maman.
Magnificat.
Samedi 15 décembre 1945 :
A 5h1/4 à la salle de la communauté avec notre Révérende Mère, et toutes mes
sœurs nous avons récités le chapelet; au chant du Magnificat le voile descendit,
étant debout je tombai à genoux, transportée dans une paix infinie, j'entendis
le chant qui mourait, c'était très impressionnant.
Dans un faisceau de lumière blanche apparut la Très Sainte Vierge habillée de
blanc, portant une grande cape blanche parsemée de fleurs de lys. Elle était
encerclée de trois couronnes de roses blanches, rouges et jaunes.
Sur son voile était posée une couronne d'étoiles à cinq branches. Sur son bras
droit Elle tenait l'Enfant-Jésus habillé d'une robe de dentelle. Jésus tenait
dans Sa Main droite la terre surmontée d'une croix; Sa petite main gauche était
levée, et Il tenait deux doigts droits, de la direction du Ciel.
La Très Sainte Vierge reposait sur une boule bleue parsemée de milliers de
petites étoiles. Elle avait le bras gauche tendu, et de ses doigts partaient des
flots de rayons qui inondaient la terre. Dans le lointain, apparut une grande
croix noire, au milieu de laquelle était un Cœur palpitant.
Au-dessus de ce Cœur se tenait un ange prosterné qui de Sa main droite tenait un
calice où les gouttes de sang venaient tomber. Au-dessus de cette croix une
banderole où étaient écrit en lettres noires :
Priez pour les âmes qui vont tomber.
La Très Sainte Vierge et le Divin Enfant étaient très grave. Le regard fixé dans
le lointain d'une voix profonde et lente la Très Sainte Vierge dit :
"Mes filles,
Travaillez à l'accroissement de la gloire de mon Divin Fils. La gloire
intrinsèque, intime, de mon Divin Fils est infinie, immuable.
Elle n'est donc pas capable d'aucun accroissement. Il n'en est pas ainsi de Sa
gloire extérieure, irradiation de Sa gloire éternelle, qui se manifeste et
resplendit dans Ses œuvres extérieures, aussi bien dans les chefs-d’œuvre de la
nature que dans les merveilles de la grâce, dès qu'ils frappent une intelligence
capable de la comprendre, un cœur apte à Lui rendre grâce.
De même que le soleil conserve toujours en lui-même un éclat constant et
cependant révèle sa présence et répand les bienfaits de sa chaleur, avec
d'autant plus d'abondance que l'horizon est plus dégagé, l'atmosphère plus
claire, sans nuages, ni brumes, ainsi que la gloire de Votre Époux, toujours
semblable à elle-même, se révèle d'autant plus qu'Il Lui est donné de rayonner
dans vos intelligences les plus limpides, plus enrichies des lumières de la
vérité, et dans vos âmes plus pures, plus étincelantes des beautés de la
charité.
Quand vous avez mal, appelez votre Dieu, partez avec Lui bien loin de la
douleur, brisez la chaîne du temps, et fuyez vers l'Immobile, fixez vos cœurs là
où règne l'éternelle sérénité, là où est votre place et où tend, d'un timide ou
vaste essor, ce coup d'aile en vous qui s'appelle l'espérance. N'est-ce pas en
finir avec les agitations et les rancœurs, avec les grossissements prétentieux
que la souffrance, comme l'orgueil, suggère avec les révoltes et les désespoirs,
avec les dépressions et les engourdissements tristes?
Si c'est fait, vous êtes dans la vérité de la douleur chrétienne qui est
passivité active et soumission dans la magnanimité".
(La Très Sainte Vierge et Jésus dirent ensemble)
"Priez, Priez. Nous vous bénissons".
La Très Sainte Vierge et Jésus firent tous deux un lent signe de croix sur nous.
Jésus se retourna et fixa avec tristesse la grande croix noire.
La Très Sainte Vierge avait les yeux rivés dans le lointain et elle pleura, les
larmes vinrent se poser sur la boule qui tenait son Divin Fils.
Un voile noir couvrit la croix et le cœur dont le sang tombait à flots dans le
calice.
Toutes deux s'élevèrent gravement, Jésus avant de disparaître me regarda avec
Amour.
Quand je revins à moi je sentais en mon âme une tristesse qui ne ressemble pas à
celle de la terre.
Il faut prier pour tous nos frères qui vont tomber, je l'ai vu dans les yeux de
notre Maman du Ciel.
Dimanche 16 décembre 1945 :
A 5h1/4 à la salle de la communauté avec notre Révérende Mère et toutes nos
sœurs nous avons récités le chapelet pour différentes intentions.
A la 3è dizaine les Ave s'estompèrent, le voile blanc descendit sur la statue de
la Vierge, majestueusement il s'entr'ouvrit, et dans une mer de nuages apparut
la Très Sainte Vierge. Elle était en robe blanche. Autour d'elle une couronne
d'étoiles à cinq branches qui scintillait. Sur sa tête reposait une couronne de
boutons de roses blanches. Elle arriva les Mains jointes, le visage recueilli,
puis je l'entendis qui disait :
"Ma pauvre France, Je pleure sur toi"
Elle abaissa son doux regard sur nous, puis d'une voix grave profonde, lentement
elle dit :
"Mes filles bien-aimées,
Heureux les cœurs purs car ils verront mon Divin Fils dans mon Ciel, les élus
ne peuvent voir Dieu face à face, dans la lumière de gloire que s'ils sont
purifiés dans toutes leur subsistance.
Si cette purification n'est pas faite suffisamment sur terre elle leur est
imposée dans le Purgatoire. Mais de toutes manières, pour voir Dieu tel qu'Il
est et jouir de Lui, il faut être pur, être simplifié. Il faut que vos coeurs
crient Son Amour en une parfaite unité; dans l'ordre absolu de mon Divin Fils :
Dieu seul aimé et tout pour Dieu!
Vos âmes doivent se dégager de toute attache charnelle, et plus haut que cela,
de toute attache qui ne rapporte pas à votre Divin Époux. Vous devez simplifier
vos coeurs, aimer Dieu, et tout pour Dieu.
Plus cette unité se fait, plus vos âmes seront dégagées, plus elles deviendront
limpides, plus aussi elles sont aptes à recevoir les divines illuminations du
Saint-Esprit, aucun obstacle, aucun nuage n'intercepte Ses rayons. Vous pouvez
voir Dieu en vous-mêmes, quand Il Lui plaît de se révéler Lui-même, de vous
faire sentir Sa présence. Car malgré cette préparation nécessaire de la pureté,
même à son plus haut degré l'Esprit-Saint garde toute Sa liberté d'action et se
manifeste selon Ses vues sanctifiantes.
Vos âmes doivent Lui répéter humblement:
"Mon cœur est prêt, et attend votre aimable et douce vérité".
Et déjà quand Il
vous parle, quand Il vous illumine, vous jouissez d'une joie intérieure qui est
un avant-goût des joies du Ciel.
Mes filles, Je vous bénis, et répand sur chacune de vous mes rayons de
lumière.
Mon enfant, Je bénis ton Père et le Lieu Béni.
La Très Sainte Vierge avec un léger sourire fit un lent signe de croix, le nuage
s'éleva et je la vis disparaître dans un fond bleu. Aussitôt un voile noir
descendit, brusquement il se déchira et j'aperçus une mer de nuages noirs puis
un fleuve très large et qui roulait des eaux houleuses.
Une petite banderole apparut sur laquelle était marqué : Rhin.
De l'autre côté s'avancèrent, comme un cheval en furie, une armée en désordre,
et je voyais descendre des petits papiers blancs qui se posaient sur les têtes
des soldats où était inscrit : Russes. Allemands.
Ils franchirent un immense pont, il y avait des soldats qui tombaient dans le
fleuve. C'était affreux, tous couraient et ils étaient hideux et mal vêtus, les
uns étaient en gris, les autres en vert.
Cette cohue, je ne puis que l'appeler ainsi pénétra dans une ville, le fleuve
avait disparu, et cette ville était Paris. Là les soldats mirent le feu,
d'autres massacraient le peuple. D'autres entraient dans les églises, marchaient
sur les statues, profanaient les Saintes Hosties, fracassaient les tabernacles.
Je n'entendais aucun bruit, et le ciel, sillonné de grands éclairs. Cette
horrible vision ne dura pas longtemps, le voile noir cacha ces cruautés et
s'évanouit.
Ce que j'ai vu était affreux, pauvres hommes!
Mon âme ressentait un peu, quelque chose des souffrances de la Très Sainte
Vierge, Elle souffrait beaucoup je l'ai vu dans Ses yeux.
Mardi 18 décembre 1945 :
A 7h du matin à la chapelle nous récitons le chapelet devant le Très Saint
Sacrement exposé.
A la 5è dizaine les Aves s'estompèrent, une joie céleste descendit en mon cœur,
et le voile blanc descendit au milieu du chœur. Remplie de joie je le voyais
s'entr'ouvrir, et mes yeux virent dans une apothéose de lumière blanche la Très
Sainte Vierge habillée d'une grande robe blanche. Elle était portée sur un nuage
qui formait autour d'elle une immense couronne. Je voyais monter de la terre des
roses blanches, chacune allait se poser dans la Main de la Très Sainte Vierge
qui appuyait au cœur de la rose ses lèvres virginales, ensuite elle
l'effeuillait et les pétales s'envolaient vers le Ciel c'était d'une beauté que
je ne puis décrire. La Très Sainte Vierge faisait ce geste avec un grand Amour,
je voyais qu'elle était très heureuse et avec qu'elle tendresse elle nous
regarda, de plus en plus je la sens plus remplie de joie et surtout plus belle.
Quelle lumière. Tout en baisant les roses, et les effeuillant, Jésus dans
l'invisible d'une voix suave dit :
"Mes Épouses très chères à Mon Sacré-Cœur. Ma Divine Mère est la Porte du Ciel.
Le Ciel est le but de votre vie, il est le centre de vos aspirations. Vous êtes
créés pour le Ciel. Par la pensée du Ciel la terrible épreuve de la mort prend
un sens. Plus souvent tôt que tard, la douleur vient à vous, et nul ne peut se
dire vraiment exempt de ses coups.
Alors si vos cœurs semblent se broyer en se voyant arracher de façons
différentes mais toujours combien pénible, vos affections les plus chères, ne
perdez pas courage. Au plus fort de la douleur, il vous reste une inexprimable
consolation. C'est alors que votre pauvre nature, trop faible pour s'élever tout
d'un coup vers votre Divin Époux, cherche un intermédiaire. Votre Maman du Ciel
se présente à votre esprit; voyez-la se pencher sur les êtres aimés que vous
perdrez attendre leur dernier soupir, les recueillir pour ensuite les introduire
dans la cité sainte auprès de Moi.
Cette même pensée doit vous soutenir quand votre dernière heure sera venue.
Marie, Porte du Ciel, invoquez la encore plus spécialement et avec toute
l'ardeur de votre foi.
Vos Aves en arrivant près d'elle se transforment en roses.
Ma Divine Mère dans un geste délicat baise le cœur, et effeuille les pétales qui
vont orner sa Nacelle.
Le rosaire lui fait la plus belle couronne de pierreries dont l'Ave Maria est la
perle la plus précieuse.
Avec Ma Divine Mère nous vous bénissons".
La Très Sainte Vierge sourit profondément, fit sur nous un lent signe de croix,
joignit les mains et s'éleva portée par le nuage.
C'est la première fois que je la contemple dans un rayonnement si pur.
Le voile apparut puis s'évanouit.
Mon cœur est noyé d'une joie du ciel.
Mercredi 19 décembre 1945 :
Au chapelet de 5h1/4 à la salle de communauté avec notre Revérende Mère et
toutes les soeurs, nous avons récités le chapelet aux intentions demandées.
A la 5è dizaine je sentis peu à peu une douceur infinie m'envelopper. Quelque
chose me détacha de la terre, c'était comme une main invisible. La voix de nos
soeurs mourait et ceci est très impressionnant et très beau. Le voile blanc
descendit à mesure que le silence devenait plus profond les deux pans du voile
se séparaient.
Je vis tout d'abord un long sentier lumineux qui montait très haut, j'entendis
comme le souffle du vent qui se rapproche et qui s'éloigne, une douce musique,
c'était deux cortèges d'anges avec des harpes et des guitares, et autres
instruments que je ne connais pas qui descendaient majestueusement.
Quand le sentier fut bordé d'anges qui étaient inclinés, j'aperçus bien loin un
petit point minuscule qui s'avançait ou plutôt qui glissait.
De la terre s'élevaient des roses qui d'elles-mêmes s'effeuillaient, et
faisaient un tapis que le sentier, toutes les roses étaient blanches, elles
exhalaient un suave parfum. Tous ces pétales se mirent à trembler, c'était
comme un long ruisseau quand l'eau sous un beau ciel bleu fait des jeux de
lumière et des petites vagues.
Ce petit point blanc grossissait, et je vis dans une nacelle blanche parsemée de
fleurs de lys la Reine du Ciel qui était assise, elle portait sur son voile une
couronne de pierres blanches. Elle tenait ses Mains jointes dans un geste de
prière.
La barque s'arrêta car devant deux petits anges, tiraient la Nacelle avec des
cordes dorées. Aux pieds de la Très Sainte Vierge se tenait une Sainte, au
visage doux et souriant. Autour de sa tête une auréole où était inscrit : Sainte
Claire.
La Très Sainte Vierge se mit debout, sourit à chacune, et pendant que les anges
étaient recueillis, Sa voix pure, musicale dit :
"Mes filles très chères au Coeur de Votre Époux.
Appartenir au Christ, c'est d'abord avoir en vous l'Esprit de mon Divin Fils.
Par l'Esprit vous avez été, avec le baptême de l'eau, incorporées à votre Dieu :
ce fut la nouvelle Vie, dont le germe fut déposé alors en vous, et qui tend à
croître sans cesse en vos âmes, la nouvelle Naissance toute spirituelle,
l'entrée dans le Royaume divin. Celui qui ne renaît pas de l'eau et de
l'Esprit-Saint ne peut pas entrer dans le Royaume de mon Divin Fils.
Par l'Esprit vous êtes en contact avec l'humanité Sainte et glorifiée du
Sauveur, vivant au sein du Père. Il est au Ciel et quelles que soient vos
conceptions du ciel comme lieu et les distances qui semblent vous séparer de
Lui, vous n'avez cette Humanité Sainte avec certitude près de vous que lorsque
vous êtes au pied du tabernacle.
Mais les distances ici ne comptent pas, car Votre Époux est présent en vous par
Son Esprit Divin. Lui et vous, vous participez au même principe vital :
l'Esprit-Saint.
Du Haut du Ciel ou du fond du Tabernacle, Jésus comme Homme Dieu vous envoie Son
Esprit à tout instant.
Son Esprit habite en vous, pour vous communiquer Sa vie même et faire de vous
d'autres Christ.
Je vais dire quelques mots à Sœur Marie Agnès (maitresse des novices)
Ma fille,
Ton Époux est un sublime artiste, un incomparable statuaire. Quand Il veut créer
une sainte, Il frappe de grands coups, Il fait de multiples retouches à
l'ébauche primitive jusqu'à ce qu'Il soit parvenu à former une image parfaite,
exemplaire premier de toute sainteté.
Brûle, meurs d'amour, Jésus veut s'emparer de ton âme pour la travailler, la
posséder, Se l'identifier.
Sois sans crainte, Il t'aime.
Je bénis mes filles, chacune de leurs familles, et pour vous Je fais descendre
mes flots de lumière. Je bénis ton Père, et le Lieu Béni".
La Très Sainte Vierge fit sur nous un lent signe de croix, de ses Mains
jaillissaient des flots de lumière qui embrasaient la Nacelle.
Sainte Claire se leva, et nous regarda en souriant, elle bénit, puis se tournant
vers la Reine du Ciel, elle s'inclina, et tomba à genoux.
Ses anges prirent leurs instruments de musique, se retournèrent et tous
remontèrent le sentier lumineux. Les deux petits anges firent volte-face, et la
barque glissa sur les pétales mouvants de roses qui s'effacèrent à mesure que la
Nacelle s'éloignait. La Très Sainte Vierge était tournée vers nous, et en
souriant elle disparut. Le voile blanc me cacha cette merveilleuse vision.
J'étais toute transportée d'une grande joie, la Très Sainte Vierge m'avait
apportée un coin du ciel. Magnificat.
Vendredi 21 décembre 1945 :
A 5h1/4 à la salle de la communauté avec notre Révérende Mère et toutes mes
Sœurs, nous avons récités le chapelet pour diverses intentions.
A la 4è dizaine je sentis mon cœur battre très rapidement, j'avais peine à
réciter les Aves, quand soudain un éclair fit baisser mes paupières, j'étais en
face de Notre Seigneur. Quelle grandeur, je voyais mon néant devant cette
Majesté si grave.
Il était porté par un nuage qui formait une grande couronne. Derrière Notre
Seigneur, une grande croix noire, au milieu de laquelle se trouvait un Cœur
palpitant. Notre Jésus était habillé d'une grande robe rouge et d'un manteau de
même couleur, c'était rouge écarlate.
Entre Lui et le nuage, était tous des rayons. Ce n'était que rayons.
Il avait les bras dirigés vers la terre, et dans la paume, se trouvait la trace
des clous, d'où sortaient des milliers de petits flots de sang qui venaient nous
inonder.
Fixant avec une intensité d'amour chacune de ses filles, Sa voix grave,
prenante, prononça avec un peu de tristesse :
"Mes Épouses,
Ce soir Je veux vous faire voir clairement que par toutes les paroles que vous
pourriez Me dire, l'Amour à Lui seul suffit et remplace avantageusement tous les
autres actes, c'est l'Amour que Je désire le plus.
Mon Cœur en est tout consumé, et Je désire communiquer cette divine flamme sans
pouvoir satisfaire Mon désir, car lorsque J'envoie quelques traits aux âmes même
à celles qui M'ont voué toutes les affections de leur cœur, Je ne reçois pas le
retour que J'attends, et c'est ce qui Me blesse profondément.
Pour soulager Mes blessures que Je reçois chaque jour, Je veux trouver dans vos
âmes un Amour pur, généreux, désintéressé, qui puisse pénétrer jusqu'au fond des
blessures qui Me sont faites pour les guérir.
L'Amour qui n'a pas ces qualités ne peut cicatriser que la surface de Mes
blessures. Vous devez M'aimer sans chercher un amour qui transporte vos âmes et
lui fait croire quelquefois qu'ils est très ardent, et capable de Me consoler
beaucoup, mais qui console plus vos âmes elles-mêmes que l'objet de Mon Amour.
Je ne reçois véritable consolation et réparation que quand il y a le sacrifice,
tandis que l'Amour senti, l'âme n'a qu'à se laisser entraîner par cette ardeur
et n'a presque rien à donner d'elle-même.
Appréciez davantage et au-dessus de tout l'Amour envers Votre Époux qui ne sait
pas même s'il existe par l'absence de tout sentiment, mais qui fait toujours
mouvoir votre volonté pour immoler votre moi en toute occasion, sans mesurer, ni
regarder, ni vous rechercher en rien, mais donner toujours sans presque le
savoir et sans jamais dire : c'est assez.
A Mes futures épouses.
Ames bien-aimées.
Faites peu d'efforts pour avoir des impressions surnaturelles.
Mettez-vous, et maintenez-vous dans les dispositions de mort intérieure à tout
sentiment, désir naturel, même le plus petit, qui Me permettra de vous envoyer
Mes grâces quand Je le voudrai.
Voyez peu, marchez recueillies, simplement sous Mon regard.
Rappelez-vous que Je vous suis, vous appelle, vous parle.
Aimez votre abjection".
(Au dernier passage je m'étais trompée, à 11h devant le St Sacrement une
lumière en mon cœur me fit soudain voir qu'il fallait que j'écrive la fin du
message en poésie, et les paroles se firent claires).
"Plus vous serez à votre Jésus,
Et plus par Sa lumière,
Les défauts de vos vertues,
De votre âme la misère,
Se montreront à vos yeux,
Mais aimez votre bassesse,
Souriez, soyez toujours heureuses
C'est toujours la petitesse
C'est la douce humilité
Qui Me plaît et M'attire
De Ma Mère l'a chanté
Ainsi l'immortelle lyre.
Priez, souffrez pour Mon Apôtre Bien-Aimé, il passa par l'agonie, maintenant il
va mourir, et ce sera la Résurrection.
Je bénis tous Mes pasteurs de la Mission.
Je vous enveloppe Mes bien-aimées dans Mon Amour infini".
Notre Seigneur fixa avec quelque chose de magnifique dans Son regard, chacune de
Ses Epouses, et futures Epouses. Il leva Sa Main droite, et la tint un long
moment levée, puis Il fit majestueusement un signe de croix : Son visage devint
moins triste, et après avoir posé sur moi un regard d'Amour, Il me bénit
particulièrement. Brusquement l'éclair passa sur Notre Seigneur et lentement je
revins à moi sur cette terre si lourde.
Dimanche 23 décembre 1945 :
A 2h à la salle de communauté avec notre Revérende Mère et toutes nos Soeurs
nous avons récités le chapelet. A la 4è dizaine, les Aves s'estompèrent, le
voile apparut qui à mesure que les Aves mouraient se séparait en deux.
Dans une lumière blanche je vis la Très Sainte Vierge habillée de blanc
portée sur un nuage, deux petits boutons de roses blanches étaient posés sur le
bord de sa robe. Autour d'elle une magnifique couronne de roses blanches et
au-dessus de son front une étoile à cinq branches.
Elle avait les Mains jointes, son chapelet entre les doigts. Souriante elle nous
regarda puis sa voix pure s'éleva :
"Mes grandes filles,
j'aime à descendre parmi vous, vos âmes sont si belles, si pures que je ne puis
pas venir. Vous êtes une petite élite préférée de mon Divin Fils qui vous
comblera dans tous vos désirs.
Je vais vous parler de l'Hostie. Le Firmament est son trône, la terre son
marchepied, l'Eternel est Son Nom, l'Infini Son essence, Son souffle est partout
et Sa vie dans l'Hostie.
Par-delà les soleils Il règne encore, toute grandeur s'élève et se mesure en
Lui, mais de Sa puissance la merveille suprême n'en est pas moins de descendre
dans l'Hostie.
Sous les voiles transparents de la nature, Mon Divin Fils est sensible à toutes,
l'intelligence la découvre, l'ordre et la beauté le trahissent, mais Lui-même ne
Se révèle que caché dans l'Hostie.
Si vos cœurs sont éteints par le doute et l'abandon, goûtez et voyez, le refuge
est dans l'Hostie, écoutez-Le dans l'Hostie.
Mon Divin Fils est venu pour mettre le feu à la terre, et ce qu'Il veut c'est
qu'elle en soit toute embrasée.
Votre Epoux s'approche de vous avec Ses grâces et Ses bénédictions uniquement
pour vous, car vos cœurs sont un lieu, et un asile de paix et d'amour.
Tous deux nous bénissons cette grande image, ce Sacré-Cœur donnera beaucoup de
grâce.
Mes grandes filles, votre Maman du Ciel vous inonde de ses rayons d'Amour".
La Très Sainte Vierge fit sur chacune de nous un signe de croix.
En s'élevant elle écarta les bras et de ses mains virginales jaillirent des
rayons. Le voile revint et me cacha la douce Reine du Ciel.
Notre Révérende Mère nous avait demandé de prier pour un carton qui était posé
sur la table.
J'ignorais totalement ce qu'il contenait, ce fut une grande surprise, car ce
Sacré-Cœur fut peint par sœur Marie Ange.
Lundi 24 décembre 1945 :
A 5h1/4 à la salle de la communauté, nous avons récité le chapelet pour demander
au Ciel, si notre Révérende Mère devait avertir Monseigneur Blanchet de ma
présence à l'Arche Sainte.
A la 5è dizaine, le voile blanc couvrit la statue de la Vierge, les Aves
s'éloignèrent, ce fut une douce mélodie, puis je fus plongée dans une paix
céleste.
Je fus devant un ange tout lumineux, et tout auréolé de rayons presque blancs.
Tout d'abord je ne le reconnu pas, tellement il était beau, mais une banderole
se posa au-dessus de Sa tête, c'était l'Archange Saint-Michel. Il était
habillé d'une cuirasse blanche, mais qui semblait être de la soie. Il portait
sur ses cheveux blonds une couronne de pierres rouges, et il tenait dans sa Main
droite un lys. Dans le lointain se dessina un chemin, puis je vis une colline où
étaient perchées de petites maison très basses et toutes blanches. Une banderole
arriva, c'était inscrit, en lettres dorées.
En route vers Bethléem
Cette ville était enveloppée d'une douce clarté, le ciel était bleu foncé et
j'apercevais petit à petit les étoiles qui scintillaient.
Sur ce chemin je vis la Très Sainte Vierge Marie habillée d'un manteau bleu, et
d'un voile blanc.
A ses côtés Saint Joseph vêtu d'un long manteau brun, Ils marchaient doucement
recueillis, et sur leurs pas se traçait un sillage blanc. C'était splendide.
Dans le lointain silence j'entendis venant de Bethléem une petite cloche qui
s'égrenait lentement. Marie et Joseph s'arrêtèrent, se sourirent, puis se mirent
à genoux je pense que c'était l'Angélus, je ne puis définir ce que c'était.
Ils reprirent leur marche, tandis que Saint Michel dans une apothéose de
lumière, très grave, il parla.
"Mes enfants, Je suis l'envoyé de ma Divine Maîtresse, et le message que vous
allez recevoir commence par ces mots :
En route vers Bethléem.
Comparez avec le silence recueilli, la suave union à Dieu de Marie et de Joseph.
La Vierge sait le divin trésor qu'elle porte.
La Trinité dont elle est remplie, elle, l'immaculée, riche de grâces
sanctifiantes, et puis l'Homme Dieu qui bientôt apparaîtra au monde.
Joseph, riche lui aussi de vie surnaturelle, lui le juste, bénit de Dieu qui le
fait participer, du dehors sans doute, mais si étroitement au mystère de la
sublime Nativité.
Humblement à côté de Ma Divine Maîtresse si grande, il n'accepte de n'être que
ce qu'il est. Et elle, Marie ne songe qu'à ce qu'en elle, chétive, le grand Dieu
a osé accomplir.
Tous deux recueillis, tous deux humbles, tous deux obéissants, ils vont où Dieu
les mène, où ils ne savent pas. A Bethléem, oui pour se faire inscrire. Mais
trouveront-ils une place? Et si non, où aller? N'importe, c'est l'ordre; bien
plus haut que l'édit de César, ce qu'ils voient, ce sont les dispositions de la
Providence et leur soumission n'a rien d'amer. Peut-être ne comprennent-ils pas
tout à fait. Est-ce utile? Dieu a Ses dessins, ils s'abandonnent.
Ma Divine Maîtresse désire que votre Révérende Mère ne laisse pas le Prince de
l'Eglise dans les ténèbres. Il ne faut pas qu'elle l'invite. Il verra ce qu'il
aura à faire. Je le bénis.
Mes enfants,
Joyeux Noël. Dieu vous donnera de grandes joies, puisque vous êtes petites,
humbles, et pauvres.
Je verse dans vos âmes les rayons de Ma Divine Maîtresse.
Mon enfant,
Tu verras de belles choses cette Nuit".
Saint Michel gravement nous regarda, et des rayons venant du Ciel tombèrent en
pluie sur chacune de nos sœurs. C'était d'une magnifique beauté. Je voyais
toujours la Très Sainte Vierge et Saint Joseph qui marchaient et la nuit se
faisait plus profonde.
Le voile lentement revint sur ce décor d'une splendeur que je ne puis décrire,
je vis Saint Michel s'élever, puis tout s'évanouit.
Quelle grande joie en nos cœurs. C'était la première fois depuis que je suis
dans l'Arche Sainte que je goûte une paix si intime. Sursum Corda.
Lundi 24 décembre 1945 :
A minuit pendant que notre Révérende Mère et toutes nos sœurs chantaient les
anges dans nos campagnes, une joie débordait de mon pauvre cœur, le chant
lentement s'évanouit, le voile blanc descendit. Tout auréolé de lumière je fus
en présence du grand Archange Saint Michel escorté d'une grande file d'anges
habillés de blanc. Sous leurs pas, c'était tout un sillage lumineux. Ils se
tenaient à gauche. A droite, dans la nuit claire toute pointée de petites clous
d'or, se trouvait la petite ville de Bethléem endormie et paisible. J'entendais
seule la bise qui soufflait. Sur cette ville une banderole blanche se posa, où
était inscrit en lettres noires :
Bethléem refuse Marie et Joseph
Sur la route j'aperçus la Très Sainte Vierge assise sur un âne que conduisait
Joseph. Tous étaient nimbés d'une douce lumière blanche. La très Sainte Vierge
était toute recueillie, la tête légèrement inclinée, et enveloppée dans un voile
blanc. Un grand manteau bleu azur la couvrait et lentement ils marchaient sur la
route. C'était beau que je ne puis pas décrire. De temps en temps Saint Joseph
regardait Marie, quel regard d'Amour. Ils ne disaient rien, mais Ils se
comprenaient. Pendant que tous deux avançaient dans la nuit froide, Saint Michel
prenant la parole solennellement Il dit :
"Mes enfants,
"Bethléem refuse Marie et Joseph".
Tous deux sortent de la ville inhospitalière. Ils descendent la colline et
entrent dans une grotte.
(Ici je vois Saint Joseph s'arrêter. Une magnifique
étoile s'était posée sur un énorme rocher. Il aida la Très Sainte Vierge à
descendre, se prosternèrent avant de franchir la grotte. Marie passa la
première. Elle était toute jeune, belle comme jamais je ne l'ai encore vue.
Saint Joseph était plus âgé, mais d'une beauté qui inspirait le respect. Il
pénétra dans la grotte avec l'âne, puis un voile me cacha ce doux spectacle).
C'est là que le pauvre couple va chercher refuge entre deux animaux. Hélas
l'Esprit des habitants de Bethléem, c'est l'esprit du monde qui a oublié Dieu,
ce sont les âmes qui ferment continuellement la porte aux bénédictions célestes.
Quel usage font-elles de toutes leurs peines, de leurs souffrances, de leurs
humiliations, qui sont les visites de la miséricorde divine. Elles n'habituent
pas leur esprit aux pensées surnaturelles de la foi, et souvent elles jugent des
choses, et elles en parlent comme le font ceux qui ne sont pas chrétiens. De là
une grande diminution de la grâce, et un continuel scandale donné au prochain.
Appliquez-vous à vous établir pleinement dans l'idée chrétienne.
Ouvrez à Jésus quand Il frappe à votre porte, ne le laissez jamais entrer en
vous dans une étable ouverte à tous les vents.
Donnez-Lui la meilleure place et recevez-Le de votre mieux car Il est bien
rejeté de tous, bien oublié, bien méprisé, et Il veut vos cœurs pour y demeurer.
Les mystérieuses ombres de la Nuit d'hiver qui le virent naître, les profondeurs
silencieuses de la grotte de Bethléem, les anges radieux qui chantent Son
avènement, les fervents hommages de ceux qui L'entourent, tout vous invite au
recueillement et à l'amour.
Oui Il est beau dans l'infirmité, le dénuement, la misère. Votre foi le connait,
admirez et adorez Sa grandeur infinie tandis que vos yeux ne voient que bassesse
et anéantissement, mais plus violent est le contraste plus vive et plus
pénétrante est l'éloquence avec laquelle Il parle à vos cœurs.
Impossible de ne pas aimer du plus grand des Amours le Dieu que l'Amour
anéantit.
Ce message est pour toutes les âmes qui te connaissent".
St Michel s'éleva suivi de Sa troupe d'anges qui chantent à plusieurs voix
Gloria in exelcis. Le voile qui couvrait l'entrée de la grotte se déchira, et
toute baignée de lumière blanche je contemplai et j'adorai le Divin Enfant qui
me sourit. A Sa droite un peu reculée se trouvait Marie toute recueillie et
nimbée de rayons. Saint Joseph grave regardait en joignant les mains le petit
Jésus.
Le Divin Enfant se mit assis, un lange blanc couvrait Son petit corps. Autour de
Sa petite tête bouclée de cheveux blonds, était une auréole dans laquelle je
voyais une croix. Qu'Il était beau. Sa toute petite main s'éleva et j'entendis
venant des profondeurs de la grotte une petite voix toute cristalline mais très
profonde.
"Mes Epouses, Je vous rends participantes de Ma joie, la seule vraie joie qui
puisse vous satisfaire, qui ne doit connaitre ni éclipse, ni déclin. Elle est le
partage des coeurs purs, des coeurs qui sont à Moi. Je vous ai créé un coeur
pur, le plein jour est au Ciel. Ici-bas c'est l'aurore, mais elle est ravissante
et suave.
Ma fille bien-aimée,
au Lieu Béni Je bénis ton Père. Je verse en son âme un grand Amour. Sur ta
famille Je répands Mes plus belles bénédictions. Sur tous les pasteurs, et les
âmes qui prient pour toi, Je les embrase de Ma grande tendresse.
Mes petites filles,
méditez Ma pauvreté. Sur toutes Je répands mes flots de lumière".
Le petit Jésus fit lentement un signe de croix. Il se recoucha et nous regarda
un long moment en souriant. C'était splendide. Les anges continuèrent à chanter.
Saint Michel donna le signal, et tous remontèrent au Ciel, le chant
s'évanouissait à mesure que le voile couvrait la crèche.
Pendant la messe de minuit, j'étais infiniment heureuse.
Mardi 25 décembre 1945 :
A 3h à la chapelle pendant la couronne franciscaine, je me sentis tout à coup
environnée d'une grande douceur, tournant la tête vers la crèche, je vis avec
joie le voile blanc qui était déjà entr'ouvert. Quand les Aves se furent
éteints, je me trouvai devant la grotte toute illuminée d'une douce clarté.
Agenouillés et profondément prosternés étaient Marie et Joseph. Dans une petite
crèche brune sur un peu de paille, était un lange blanc où reposait l'Enfant
Jésus, recouvert d'un linge blanc. Au-dessus de la crèche une couronne d'anges
adorait le Divin Messie. Tout était silencieux, quelques moutons étaient couchés
devant le petit Jésus. Tout auréolé de rayons, Jésus se mit debout dans la
crèche, joignit Ses Petites Mains, nous fit un gracieux sourire, et Sa petite
voix toute claire, toute pure, toute pénétrante s'éleva.
"Mes petites filles,
plus tard Mes Petites Mains de nouveau-né seront de grandes Mains d'adolescent.
Un jour, et de longues heures, de longs jours, Elles tiendront l'outil du labeur
qui les fera usées et dures.
Un jour Elles toucheront les malades pour les guérir, un jour Elles brandiront
le fouet pour chasser les vendeurs du temple. Un jour Elles s'étendront sur le
lac et apaiseront la tempête. Un jour Elles caresseront les petits enfants,
montreront les paysages, indiqueront le Ciel. Un jour Elles prendront la main du
jeune mort, ou de la jeune morte, et les ressusciteront. Un jour Elles pèseront
de tous le poids du corps sur le sable sanglant de Gethsémani. Un jour Elles
seront liées par les cordes, et le lendemain de ce jour Elles seront clouées à
la croix, déchirées, saignantes, crispées, bleuies.
Un jour et éternellement levées vers le Père, Elles offriront la prière pour le
monde coupable et fidèlement aimé".
(La Très Sainte Vierge se retourna et tendrement prenant Jésus dans ses bras
elle dit) :
"mon Divin Fils naissant vous prêche la simplicité.
La vérité est dans le monde, non plus comme un principe ni quelque chose
d'abstrait mais comme un vivant qui veut parler à des vivants.
Elle est venue sous la forme la plus simple; l'enfant.
Elle est là, non plus comme les philosophes essayaient de vous le faire croire,
résultat d'efforts intellectuels considérables, cimes qu'on ne peut atteindre
qu'au prise de labeurs particuliers, réservés à l'élite, mais accessible à tous,
couchée sur la terre nue, s'offrant à qui veut le prendre, comme on fait d'un
enfant à qui l'on tend les bras.
Elle est venue sous une forme aimable : celle de l'enfant.
Les bergers qui Lui firent les premières visites, les simples, se sont toujours
sentis particulièrement attirés vers Elle.
Pour la posséder en effet, il s'agit d'avoir moins en partage l'intelligence et
la science (de la vérité) qualités de l'esprit, que l'Amour de la vérité et la
droiture qui sont qualités de l'âme.
Et que vient-elle vous apprendre? Avant tout la science du salut, les moyens de
l'obtenir. Ils se résument en un mot : soumission simple aux lois divines :
Amour de mon Divin Fils, et par Lui conquête d'un bonheur assuré, non seulement
dans l'autre vie, mais déjà dans celle-ci.
Ce qu'il faut à vos âmes, c'est la simplicité. Se simplifier tout est là
surtout pour retrouver celui qui est la simplicité même.
Votre Révérende Mère doit seulement dire en quelques mots, au Prince de l'Eglise
que tu es maintenant dans le cloître. L'Esprit-Saint lui donnera les lumières,
et Je bénirai sa lettre.
Mes enfants Nous vous bénissons".
La Très Sainte Vierge et le Divin Enfant nous bénirent. Avant de disparaître
Jésus nous envoya avec Sa petite Main un long baiser.
Lentement le voile revint sur cette humble étable pour moi j'étais envahie d'une
grande joie.
Le même jour à 5h1/4 notre Révérende Mère avait posée sur la table la lettre
pour Monseigneur. Quand je lui ai apporté ce message du 25 décembre notre
Révérende Mère venait de terminer sa lettre pour Monseigneur, en quelques mots
elle lui disait le nombre des novices et ma présence. A la 5è dizaine le voile
apparut, dans un silence de paix la Très Sainte Vierge se manifesta sur un
nuage. Autour d'elle une couronne de rayons. De ses mains jaillissaient des
petites gouttelettes cristallines qui venaient inonder la lettre. Elle nous
sourit, puis nous bénit, mais elle ne parla pas. Au-dessous d'elle notre Saint
Père le Pape habillé de blanc agenouillé sur un prie Dieu, le visage enfoui dans
ses mains. Il n'avait rien sur la tête, mais il semblait affaissé, terrassé. La
Très Sainte Vierge le regarda longuement, et je vis deux larmes à ses paupières.
Le Saint Père resta dans cette pose, je ne vis pas sa figure, mais je sentais
qu'il souffrait. La Très Sainte Vierge le bénit, le voile apparut et revint sur
notre douce Maman qui avait approuvée la lettre.
Jeudi 27 décembre 1945 :
A 5h1/4 au chapelet que l'on récite à la salle de communauté avec notre
Révérende Mère et toutes nos soeurs, à la 5è dizaine petit à petit je me sentis
enveloppée de silence, les voix s'éloignèrent, le voile apparut. Toute
débordante de joie, j'attendais le grand moment. Lentement le voile tiré par une
main invisible s'écarta, je fus en présence d'un doux tableau.
Entourée d'un cœur d'anges, la Très Sainte Vierge était assise sur un trône
blanc. Sur ses genoux dormait le petit Jésus, un sourire épanouissait Son doux
visage. Il était habillé d'une robe de dentelle, et un pan du manteau blanc de
la Très Sainte Vierge était posé sur Ses pieds.
Tout était lumineux, Marie regardait avec Amour son Divin Fils, et les anges
prosternés adoraient. Sur le voile de la Très Sainte Vierge était posée une
couronne de roses. Après avoir baisé le front du petit Jésus, la Très Sainte
Vierge nous regarda, un sourire illumina son doux visage, puis sa voix tendre,
maternelle s'éleva.
"Mes grandes filles.
Mes enfants.
Vous trouvez aujourd'hui à la grotte de Bethléem, avec le souvenir de mon Divin
Enfant, celui des chrétiens de tous les siècles qui y sont venus honorer le
mystère sublime de l'Incarnation. De cette œuvre qui dépasse fort la
compréhension de votre esprit, vous pourrez cependant entrevoir les convenances.
D'abord mon Divin Fils s'est fait homme pour se rapprocher de vous. Pour se
mettre à la portée de votre faible esprit, et de votre cœur débile. Le spirituel
a pris un corps. L'Insaisissable a voulu être touché. L'Infiniment grand est
devenu petit comme vous. L'Eternel a pris vie au milieu des êtres contingents.
Dieu s'est fait enfant, pauvre et souffrant.
Pouvait-il s'approcher de vous de plus près et unir plus admirablement le ciel
et la terre?
D'autre part, le Fils de Dieu s'est fait homme pour offrir à Son Père, au nom de
la Création, un sacrifice digne de Sa Majesté suprême.
Plus mon Divin Fils s'imposait de souffrances, et d'imitations d'humiliations,
meilleur Il rendait Son sacrifice; et parce que à la crèche Il est descendu au
dernier degré de l'abaissement, Il a offert à Son Père la plus admirable des
louanges.
Le mystère de Noël a toujours rempli d'une extrême joie les âmes.
Elles se fondent en actions de grâces en présence de ce Dieu-enfant qui commence
déjà à expier leurs péchés, qui veut les rendre participantes de Sa vie divine
et naître en quelque sorte en elles par la grâce sanctifiante; qui les invite
amoureusement à entrer dans Bethléem, c'est à dire dans la maison du pain où Il
Se donnera à elles, sous la forme d'une Hostie, pour qu'elles soient consumées
dans l'unité avec Lui, corps à corps, esprit à esprit, qui les investit de
l'admirable lumière de Son Évangile, dont l'étoile des Mages était le symbole,
et qui leur assure enfin, pour l'Eternité un trône glorieux au milieu des anges,
où elles chanteront dans un ravissement inexprimable le cantique de l'action de
grâces! Gloria in excelsis Deo.
Priez tous les jours le Divin Enfant pour qu'Il se fasse le propriétaire de
votre vie du dedans et du dehors. Il devrait peu vous importer de jouir ou de
pâtir pourvu que la Volonté du Maître s'accomplisse, que Son œuvre se fasse, que
Son règne s'établisse en vous, et autour de vous.
Mes petites filles.
Mes enfants.
Dans ce message Je pense à toutes les âmes qui vont le lire.
Je vous bénis".
La Très Sainte Vierge nous sourit et fit un lent signe de croix. Puis elle se
pencha sur son Divin Fils et le sera sur son Cœur.
Jésus dormait toujours. Les anges firent une douce mélodie avec leurs voix et le
nuage qui soutenait le trône s'éleva. Le voile me cacha ce doux coin du Ciel.
Cette vision était très touchante. Chaque jour je vois des choses les unes plus
belles que les autres.
Vendredi 28 décembre 1945 :
A 9h du soir à la salle de communauté avec notre Révérende Mère et toutes nos
sœurs, nous avons récités une dizaine de chapelet. Toute la journée nous avons
ris, causé, chanté, joué. La fête des Saints Innocents est une journée où le
silence est rompu, où l'on s'en donne à cœur joie, et où l'on mange toute la
journée.
Au 3è ave fleuri, le voile descendit. La Très Sainte Vierge se manifesta en
blanc portée sur un demi-cercle bleu. Elle était entourée des trois couronnes de
roses blanches, rouges et jaunes, puis un immense chœur de petits enfants
habillés de robes blanches couronnait la Très Sainte Vierge qui les Mains
jointes, une étoile à cinq branches au-dessus de son front souriante, d'une voix
mélodieuse dit :
"Mes grandes filles.
Pour clôturer cette belle journée à laquelle j'ai participée à votre grande joie
Je vous bénis".
Majestueusement elle fit un lent signe de croix, regarda notre Révérende Mère et
ses filles avec Amour, puis elle s'éleva et disparut derrière le voile. Pour
toutes notre joie fut plus grande, puisque la Très Sainte Vierge nous avait
approuvées.
Fin des messages.